La loi protège l’eau
C’est quoi un code?
Présomption d’innocence
Les institutions de la transition dans notre pays
Un parlement dans un pays, c’est quoi?
Autour de l’autorisation maritale
Dura lex sed lex ou l’exemple romain de rigueur et d’impartialité
Savoir dire non
La personne juridique
La propriété
Droit de vote
Droit international et justice international
Faux et usage de faux
Attention au chanvre
Les associations et la loi
Tapage nocturne
Pourquoi les enfants sont-ils des mineurs?
Liberté d’expression
Comment porter une affaire civile devant le tribunal?
Le problème de l’héritage
Comment s’organise la justice?
À quoi sert la justice?
Les droits fondamentaux de l’homme
Qu’est-ce qu’une constitution?
Bibliographie
En guise d’épilogue : De la lutte pour la toute première alternance politique au sommet de l’Etat
Chapitre 4. Les négociations et accords politiques entre la majorité présidentielle et l’opposition politique en R.D.Congo. Des échecs transformés en faux succès politiques.
Chapitre 3. Quelles leçons tirer des événements du 19 et du 20 septembre 2016 en République Démocratique du Congo ?
Chapitre 2. Nécessité d’une alternance pacifique au sommet de l’Etat en République Démocratique du Congo
Chapitre 1. République Démocratique du Congo : De la crise d’hommes à la crise politique
Prologue : Lutte de recomposition de l’espace autoritaire
Avant-propos
Pages liminaires
Bibliographie
Conclusion générale
Chapitre 9. Le démantèlement forcé des gangs
Chapitre 8. La destruction des socles du gangstérisme
Chapitre 7. Analyse des stratégies actuelles de lutte contre le gangstérisme.
Introduction
Chapitre 6. Les conséquences du gangstérisme
Chapitre 5. Les différentes actions des gangsters
Chapitre 4. De la culture gangstériste
Chapitre 3. Quelques causes du gangstérisme
Chapitre 2. Gangs et gangsters de Kinshasa
Chapitre 1. Aperçu de la ville de Kinshasa, de ses gangs et gangsters
Introduction
Introduction générale
Avant-propos
Préface
Maintien de la paix : les nouveaux défis pour l’ONU et le Conseil de sécurité
La Cour pénale internationale et la République Démocratique du Congo : 10 ans après. Étude de l’impact du Statut de la Cour pénale internationale dans le droit interne congolais
Pollution des sources d’eau en République Démocratique du Congo : réflexion sur les nouveaux modèles de développement dans le secteur minier
La Cour internationale de Justice face aux tiraillements du droit international : les arrêts dans les affaires des Activités armées sur le territoire du Congo
Africains de Belgique, de l’indigène à l’immigré
Le reporter, le missionnaire et l’« homme-léopard ». Réflexions sur les stéréotypes coloniaux dans l’oeuvre
Journée internationale de la femme : quoi de neuf en République démocratique du Congo ?
La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 dans les constitutions des États d’Afrique noire francophone : la greffe et le rejet
Premier congrès mondial des écrivains et artistes noirs
Carte – Organisation internationale de la francophonie autour du monde
Bibliographie module 1 Histoire constitutionnelle de la République démocratique du Congo
Parcours pédagogique : débat : « pourquoi voter ? »
Parcours pédagogique : comment voter ? jeu de rôles
Les élections en pratique
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Connaître le système électoral congolais et le cadre légal qui le sous-tend.
- Définir les trois périodes du cycle électoral.
- Connaître le rôle des élus pour les différents postes électifs (Président, Sénateurs, Députés, etc.)
- Identifier et définir les différentes sortes de violence rencontrées en période électorale.
2 ¦ Introduction
Bien que ce module de formation se concentre principalement sur la démocratie, le vote et les élections, il développe également les compétences et connaissances indispensables à tout.e citoyen.ne dans un État de Droit. L’apprentissage acquis grâce à cette formation permet aux participants de s’engager dans une société démocratique, dont l’un des moments clef est la participation aux élections.
3 ¦ Pourquoi voter ?
Voter est un privilège. C’est un droit acquis au prix de grands sacrifices durant plusieurs décennies de luttes et de combats acharnés, de guerres civiles parfois. Nous avons pour devoir de défendre ce droit, de préserver cet héritage. Voter nous permet de choisir librement, sans fraudes ni menaces, ni violences les élus qui seront appelés à prendre en main la destinée du pays ; ceux qui auront la gestion de la chose publique, la res publica.
Pourquoi voter ?
• Pour éliminer les dirigeants inefficaces et élire des dirigeants efficaces
Le vote est très important car votre vote est votre seule opportunité d’exprimer votre choix de dirigeant. Votre vote permet d’élire un dirigeant en qui vous avez confiance et que vous pensez être capable de gouverner au mieux le pays et représenter vos intérêts. Votre vote vous permet également de remplacer un gouvernement qui n’a, selon vous, pas réalisé un bon travail en terme de gouvernement.
• Améliorer le système politique général
En utilisant votre vote avec sagesse, vous contribuez aussi à améliorer la qualité des partis politiques. Les partis politiques réaliseront que s’ils sont élus et qu’ils n’écoutent pas les points de vue du peuple, ils peuvent se faire éliminer lors des prochaines élections. En conséquence, lorsqu’ils sont élus, ils font de leur mieux pour écouter et représenter les points de vue du peuple.
• Elire un candidat convenable
Vous avez le droit démocratique de choisir la personne qui représentera le mieux vos points de vue à la fois au niveau local et national. Ceux que nous élisons votent les lois et les politiques qui nous affectent tous. Il est donc essentiel que tout le monde vote de manière à s’assurer que les candidats ou les partis que nous élisons agissent dans l’intérêt du peuple lorsqu’ils sont au gouvernement.
• Choisir votre gouvernement
La démocratie signifie que les gens choisissent leur propre gouvernement. Utilisez votre vote pour élire un gouvernement qui :
– protège les intérêts de tous ses concitoyens
– n’est pas corrompu
– a une idée claire de la marche à suivre pour résoudre les problèmes du pays
– est redevable vis-à-vis de tous ses concitoyens et concitoyennes.
Dans une démocratie, les élections constituent un moyen pacifique d’améliorer ou de changer un gouvernement. Dans leur article intitulé “Qu’est-ce qui fait que des élections sont libres et équitables”,Jorgen Elklit et Palle Svensson ont développé une liste de vérifications pour permettre une évaluation des élections. Cette check-list ne prétend pas être exhaustive mais devrait servir de ligne directive schématique au processus d’évaluation. Cliquez ICI.
• Pour exercer son droit de vote
Il s’est avéré très important en tant que citoyens d’aller aux urnes pour :
– Remplir son devoir civique
– Pour combler la vacance du corps législatif
– Pour renouveler le personnel politique
– Pour l’équilibre des pouvoirs politique
4 ¦ Qui peut voter et pour qui voter ?
C’est un devoir d’aller aux urnes pour élire les gens que vous souhaitez voir aux commandes des affaires de l’Etat, que vous estimez dans votre âme et conscience être qualifiées et compétentes pour remplir telles ou telles autres fonctions. C’est aussi le moyen que vous avez, par votre vote, de redonner votre confiance à ceux dont vous estimez qui, durant leur mandat, ont rempli leurs fonctions respectives avec compétence, honnêteté et équité. Personne n’a le droit de vous dire pour qui voter : le choix est secret et personnel.
En RDC, l’article 5 de la Constitution stipule « sont électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par la loi, tous les Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques.
5 ¦ Le système électoral
Qu’est-ce qu’un système électoral?
Le système électoral (appelé aussi mode de scrutin, système de vote ou régime électoral) désigne le type de processus permettant l’expression du choix d’un corps électoral donné (par ex. le corps électoral des congolais.es) afin de choisir des élus pour exercer un mandat en tant que représentants de ce corps électoral.
Dans le cadre d’élections, les systèmes électoraux sont :
– soit des scrutins utilisant la règle de la majorité, dits scrutins majoritaires,
– soit des systèmes cherchant à représenter plus ou moins fidèlement le vote des électeurs via le principe de la représentation proportionnelle,
– soit des systèmes mixtes alliant ces deux types de système.
(pour aller plus loin avec un public intéressé par ces questions, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_%C3%A9lectoral
Le cadre légal
Le cadre légal du système électoral congolais est composé de :
• La Constitution
Elle fixe des dispositions relatives au processus électoral, décrit la composition des membres et le mandat de la CENI, établit également les règles relatives au vote telles : l’âge nécessaire pour exercer les droits civils et politiques, qui est de dix-huit (18) ans. La Constitution est la législation la plus forte au niveau national; les lois, décrets, arrêtés et autres textes relatifs au processus électoral doivent se conformer aux dispositions de la Constitution.
• La Loi Electorale
La Loi Electorale est le texte central décrivant le processus électoral. Elle décrit les acteurs et fixe le cadre de base des élections.
Description du cycle électoral
Le cycle électoral est divisé en trois grandes périodes :
- Période pré-électorale qui est subdivisée en 5 phases qui sont :
– Cadre juridique
– Planification et mise en œuvre
– Formation et éducation
– Enregistrement
– Campagne
2. Puis vient la période électorale constituée de l’organisation du jour du scrutin, de la compilation, de la publication et de la vérification des résultats, suivie de la période contentieuse.
3. Elle est suivi de la période post-électorale au cours de laquelle on retrouve les activités d’audit, évaluation, renforcement institutionnel, reforme juridique, archivage et mise à jour de la liste électorale.
6 ¦ Les violences électorales
On ne saurait intervenir sur la question des élections en RDC sans évoquer cet élément crucial que sont les violences électorales qui constituent la gangrène qui mine le cycle électoral congolais .
Dans un premier temps, il s’agit de définir ce que l’on entend par violence électorale tout en identifiant certaines d’entre elles. Aussi définissons-nous les violences électorales comme étant toutes les formes de violence survenue à n’importe quelle étape du cycle électoral. Elles peuvent être le résultat de différences de points de vue, d’opinions et de pratiques. Toutefois ce qu’il faut retenir c’est que la violence électorale nuit à la compétition politique et criminalise toute opinion dissidente.
Quel qu’en soit le lieu, les violences électorales mettent en péril la démocratie et altèrent les mécanismes courants de la compétition politique. Mentionnons que certaines sont spécifiques aux femmes et mettent en péril les femmes candidates sans se soucier de leur programme.
7 ¦ Comment voter ?
8 ¦ Qu’est-ce qui fait que des élections sont libres et équitables ?
Liste de vérification
Jorgen Elklit et Palle Svensson, dans leur article intitulé “Qu’est-ce qui fait que des élections sont libres et équitables” ont développé une liste de vérifications pour permettre une évaluation de l’intégrité du processus électoral. Cette liste, présentée ci-dessous, ne prétend pas être exhaustive mais devrait servir de ligne directive schématique au processus d’évaluation.
9 ¦ En guise de conclusion
Hommage aux colibris
Un jour, dit la légende amérindienne, un grand incendie ravagea la forêt. Effrayés, les animaux se réfugièrent sur la plage pour échapper aux flammes. Ils regardaient avec chagrin leur habitat flamber quand l’un d’entre eux eu une réaction plutôt inattendue. Le colibri s’activait à prendre de l’eau de mer dans son bec, vola jusqu’au-dessus de la forêt et jeta les quelques gouttes sur le feu. Il revint et répéta l’opération. Les animaux le regardèrent faire, incrédules.
Après un moment, le tatou agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Tu es fou Colibri, cela ne sert à rien, ce n’est pas avec quelques gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ».
Et le colibri lui répondit, imperturbable : « Je le sais, mais je fais ma part ».
FAISONS CHACUN NOTRE PART POUR CONSTRUIRE LA DEMOCRATIE !
Histoire des élections en République démocratique du Congo
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Définir l’importance d’une constitution.
- Discuter de ce que signifie la démocratie, et de retracer son histoire dans le cadre du Congo
2 ¦ Introduction
Bien que ce module de formation se concentre principalement sur la démocratie, le vote et les élections, il développe également les compétences et connaissances indispensables à tout.e citoyen.ne dans un État de Droit. L’apprentissage acquis grâce à cette formation permet aux participants de s’engager dans une société démocratique, dont l’un des moments clef est la participation aux élections.
3 ¦ Démocratie et élections dans le passé du Congo
Anciennement, élection du roi parmi les candidats issus du clan royal
Pendant la période coloniale,
- les chefs traditionnels ont été utilisés par le pouvoir colonial comme relais
- instauration d’une hiérarchie administrative et politique sur base de nominations
- interdiction formelle des partis politiques
- émergence d’associations socio culturelles congolaises
Fin des années 50,
- utilisation de ces associations comme éléments de regroupement et de recrutement en vue des élections communales
- incitation aux relations conflictuelles entre associations par l’autorité coloniale
- mutation de certaines de ces associations en partis politiques
Les élections de 1960 :
- émergence des leaders charismatiques régionaux.
- Importation au Congo des conflits internationaux (Est-Ouest) qui débouche sur
- les sécessions
- la paralysie du Gouvernement central et de son Chef issu de la majorité parlementaire
- les rebellions
Les élections de 65 :
- regroupement des partis politiques en cartels autour des leaders Tshombe (Conaco) et KasaVubu (front démocratique congolais)
- la Conaco sort majoritaire du scrutin législatif ; par crainte d’une victoire de son leader aux présidentielles, un coup d’état soutenu de l’extérieur met en place un troisième homme : Mobutu
- On s’arrête de voter en 65
Suppression des partis politiques et création du parti unique
En 77, après la guerre de 80 jours,
- ouverture du régime, par peur et suite aux pressions internationales, à des candidats non désignés par la hiérarchie du MPR
- premières interpellations critiques et publiques du régime, apparition d’une gauche parlementaire de laquelle émergera le groupe des 13,
- réaction du pouvoir, emprisonnement, réhabilitions, répressions,…
24 avril 1990 Discours d’ouverture au multipartisme qui débouche sur la Conférence Nationale Souveraine (CNS) qui aboutit à ses objectifs mais ne peut mettre ses résolutions en œuvre suite à une succession de blocages, de freins liés aux intérêts partisans.
1990-94 : Guerre du Rwanda qui s’exporte au Congo
Prise de pouvoir par LD Kabila qui interdit les partis politiques, désigne de nouveaux parlementaires, guerre d’agression, suivie de rébellions congolaises, accord global et inclusif, nouveau parlement désigné par les composantes du dialogue
Annonce de nouvelles élections sous l’égide la Communauté internationale
2006 : Elections à la fin de la période de transition 2011 : Elections 2016 : Report des élections 2018 : Elections présidentielle, législatives nationales et provinciales. Contestation des résultats.
En ce compris les dernières élections présidentielles, le choix des électeurs n’a jamais été respecté, le citoyen se méfie donc du et de la politique
4 ¦ Démocratie et élections aujourd’hui et demain
La Constitution congolaise proclame que le Congo est un pays, un État démocratique (art.1), c’est-à-dire un pays où le pouvoir de diriger appartient au peuple et où le peuple doit avoir le dernier mot dans la direction du pays. Mais, sauf quand on organise un référendum qui permet au peuple, c’est à dire à tous les habitants en âge de voter, de donner son avis sur un sujet précis, il n’est pas possible, pour gouverner un État, de demander à tous les habitants de donner leur avis chaque fois qu’il faut prendre une décision. Faire un référendum coûte très cher, est très compliqué et prend beaucoup de temps. C’est pourquoi le pouvoir suprême de diriger est, dans les pays démocratiques, confié par le peuple à des personnes qu’il choisit et qui le représentent. Ce sont, par exemple, le Président, les députés nationaux et provinciaux, les conseillers communaux, etc. élus au suffrage direct. Ceux-ci, à leur tour, éliront les gouverneurs de province, les sénateurs, les bourgmestres, etc.
La Constitution, généralement, énonce, dans les grandes lignes, comment doivent être choisies les personnes à qui le peuple confie la responsabilité de diriger le pays. Ainsi, la Constitution congolaise souligne dans son article 5 quelques grands principes
La souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants.
Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.
La loi fixe les conditions d’organisation des élections et du référendum.
Le suffrage est universel, égal et secret. Il est direct ou indirect.
Sans préjudice des dispositions des articles 72, 102 et 106 de la présente Constitution, sont électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par la loi, tous les Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques.
Les élections sont l’un des modes d’expression de la démocratie moderne. A travers elles, le peuple participe à la gestion des affaires publiques. L’élection est le choix que l’on exprime par le vote, c’est l’acte par lequel le citoyen d’un pays exprime son opinion. Les élections constituent donc un des piliers les plus importants dans une démocratie. Cependant, le fait d’avoir des élections ne fait pas d’un pays, une démocratie. Il y a de nombreux exemples dans le monde où le peuple n’avait pas la vraie liberté de choix ou n’avait pas de choix faute d’une classe politique suffisamment pluraliste, où les résultats et même le processus électoral ont été manipulés. L’organisation d’élections n’est donc pas le seul baromètre utilisé pour déterminer si un pays est, ou non, démocratique.
Qu’est-ce qui fait que des élections sont libres, transparentes et équitables ?
L’expression «élections libres, transparentes, équitables et … apaisées» est devenue en quelque sorte le mot clé pour les observateurs des élections pour déclarer que le processus électoral s’est déroulé de façon intègre et démocratique. Décider si des élections peuvent être considérées comme libres et équitables pose un certain nombre de problèmes. Tout comme il n’existe pas une seule définition globale du terme de démocratie, il n’y a pas non plus une perception unique de ce que sont des élections libres et équitables. Il y a cependant divers critères et valeurs qui peuvent être utilisés pour déterminer si des élections sont libres et équitables.
L’équité fait généralement référence au traitement équitable des acteurs des élections, en particulier les partis politiques, les candidats, à la fois les indépendants et ceux qui représentent des partis, les médias, les observateurs et ceux qui font le monitoring électoral, les agences faisant la promotion de l’information et de l’éducation électorales.
Indépendance et impartialité de l’administration électorale
On observe, dans les pays en développement, une tendance générale à créer des organismes électoraux indépendants qui, par le biais de la législation, se voient remettre la tâche d’administrer les élections. En RDC, cette tâche est confiée par la Constitution à la Commission Electorale Nationale Indépendante, la CENI, dont l’indépendance, l’impartialité, la crédibilité sont essentielles pour que les élections soient considérées comme légitimes. Ces organismes ou commissions doivent être perçus par l’électorat comme étant indépendants du gouvernement, non partisans dans leurs fonctions et impartiaux dans leur traitement des parties prenantes aux élections. La qualité de l’administration des élections a un impact direct sur la manière dont les élections et leurs résultats sont perçus par les citoyens du pays, par les partis politiques, les médias, les observateurs locaux et la communauté internationale.
Transparence et ouverture
Le processus électoral doit être ouvert à consultation par le public. Les travaux des organismes responsables de l’administration électorale doivent être transparents. Ceci est particulièrement important dans le processus de dépouillement des votes et de compilation et d’annonce des résultats.
Les activités menées par les partis politiques et par leurs représentants et agents doivent être transparentes.
Une presse libre joue un rôle important pour fournir des informations sur le processus au public. Les médias ne devraient pas être perçus comme étant biaisés en faveur d’un parti politique. Dans certains pays, un organisme de diffusion indépendant joue un rôle crucial en s’assurant que les médias agissent de manière juste et non-biaisée et mènent leurs activités de manière ouverte.
Traitement égal de ceux qui participent aux élections
Aucun privilège spécial ne devrait être réservé à certains partis politiques et pas à d’autres. Cela garantit le traitement équitable de tous les partis et candidats indépendants qui participent aux élections.
Il est important de développer un code de bonne conduite qui réglemente le comportement des partis politiques et des candidats. Toute transgression du code de bonne conduite devrait entraîner des sanctions, soit de la part de la commission qui administre les élections (CENI), soit par le biais des tribunaux du pays.
Exercice égal des droits démocratiques par les femmes et les hommes
En RDC, comme dans de nombreux pays, les femmes se voient confrontées à des difficultés pour exercer leur droit de vote pour des raisons culturelles, religieuses et économiques. Les femmes ont fait face et continuent à faire face à des difficultés pour participer aux institutions de gouvernance : les partis politiques ne les choisissent pas comme candidates, et l’électorat reflète et agit en fonction des stéréotypes liés au sexe dans leur société en choisissant des hommes. Cependant, l’un des éléments nécessaire pour avoir des élections libres et équitables est l’exercice égal des droits démocratiques par les femmes et les hommes de la société. Ces droits comprennent le droit de vote et le droit de se présenter aux élections.
Le contrôle citoyen : la présence d’observateurs
Dans la loi électorale congolaise, l’Etat a prévu que l’observation, par des observateurs internationaux et nationaux, doit être admise à toutes les étapes du processus électorale et plus particulièrement à celle du vote. Il s’agit ici d’un véritable pouvoir que doivent s’approprier les citoyens afin d’assurer la transparence des élections. Pour cela il est pertinent que des observateurs-trices contrôlent le bon déroulé des élections. La légitimité d’observer le processus électoral de son pays est le privilège de tout citoyen. Par là, les citoyen(ne)s s’engagent activement dans le processus démocratique.
Le rôle de l’observateur-trice :
– Faire état de ce qu’il a vu et donner des suggestions dans le but d’améliorer le processus électoral ; – Relater toute situation perturbant les opérations démocratiques. Les observateurs peuvent signaler les irrégularités et s’informer auprès des instances compétentes de tous les aspects du processus électoral, des bureaux de vote jusqu’aux centres de compilation des résultats. Les observateurs, nationaux et internationaux, se doivent d’être les garants de la transparence des opérations électorales. Ils et elles sont des sentinelles de la démocratie et du droit de vote.
5 ¦ Résumé
- La Constitution congolaise proclame que le Congo est un pays, un État démocratique (art.1), c’est-à-dire un pays où le pouvoir de diriger appartient au peuple et où le peuple doit avoir le dernier mot dans la direction du pays.
- Les élections sont l’un des modes d’expression de la démocratie moderne. A travers elles, le peuple participe à la gestion des affaires publiques. L’élection est le choix que l’on exprime par le vote, c’est l’acte par lequel le citoyen d’un pays exprime son opinion.
- En RDC, comme dans de nombreux pays, les femmes se voient confrontées à des difficultés pour exercer leur droit de vote pour des raisons culturelles, religieuses et économiques.
Module 2
La constitution congolaise : du Zaïre à aujourd’hui
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Expliquer et retracer l’évolution de la Constitution de la Deuxième République de la RDC de 1967 qui deviendra la Constitution de la République du Zaïre en 1971.
- Expliquer le contenu et le contexte dans lequel émerge la Constitution de la République Fédérale du Congo en 1992.
- Expliquer le contenu et le contexte dans lequel émerge la Constitution de la République démocratique du Congo en 2006.
2 ¦ L’avènement de la deuxième République : la République du Zaïre
De 1965 à 1970, Mobutu dirige le pays sur décision du Haut-Commandement de l’armée. C’est seulement en 1970 qu’il est élu Président de la République pour la première fois. Mais avant cela, la Constitution de Luluabourg 1964 avait été remplacée. Profondément remaniée, elle avait été soumise à nouveau au référendum et promulguée, le 24 juin 1967, sous l’appellation de la Constitution de la Deuxième République de la République Démocratique du Congo.
La nouvelle disposition constitutionnelle était fort différente de la précédente puisqu’elle était unitariste. Le Président y était élu par le peuple tout entier, les responsabilités du gouvernement appartenaient dorénavant au seul gouvernement central placé sous la direction personnelle et directe du Président. Le Parlement n’était plus constitué que d’une seule assemblée, l’Assemblée nationale, qui s’appellera plus tard le Conseil législatif. Les provinces perdaient tous les pouvoirs qu’elles avaient reçus en 1964. En principe, deux partis politiques seulement pouvaient encore exister dans le pays. Dans les modifications ultérieures, cette clause allait disparaître au profit du parti unique, le Mouvement populaire de la Révolution, créé pour soutenir l’action du Président Mobutu.
De 1967 à 1990, cette Constitution allait être modifiée à plusieurs reprises. D’abord le 29 octobre 1971 puis le 15 août 1974 où elle devint la Constitution de la République du Zaïre ; ensuite le 15 février 1978 et en le 15 novembre 1980, dans le cadre du renforcement du pouvoir du MPR, parti-Etat. Effectivement, à chaque fois, le parti unique devenait plus important, allant jusqu’à réduire les prérogatives du Parlement et du Gouvernement par la création d’autres instances comme le Congrès, le Comité central, le Bureau politique et le Comité exécutif du parti. Le président du M.P.R. sera aussi celui de la République. Même les juges devront obéir au parti. Tout le monde sera membre du parti qui deviendra le Parti-État. Les dernières révisions, le 5 juillet et le 25 novembre 1990 intégrèrent les retombées du processus de démocratisation amorcé à la suite du discours présidentiel du 24 avril 1990.
Le changement du nom du pays, de Congo en Zaïre, ainsi que celui des appellations de certaines provinces, décidé en 1971 par le MPR, fut également consacré par ces révisions constitutionnelles. Ce mouvement de l’authenticité avait des ambitions plus larges, puisqu’il affectait aussi les noms des villes, mais aussi les identités individuelles. Ainsi tous les habitants ont dû prendre des noms africains. Le Président lui-même qui s’appelait Joseph-Désiré Mobutu est devenu Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga.
Malgré ces innovations audacieuses, la promesse de la prospérité économique n’était pas au rendez-vous. Beaucoup de congolais, croyant se soustraire à la misère, avaient abandonné la campagne. Mais dans les villes, la vie devenait de plus en plus difficile car il n’y avait pas assez de travail pour tout le monde. La contestation commença à réapparaître au grand jour. Pour la décourager, les libertés publiques furent de plus en plus bafouées, sans conduire pour autant au résultat souhaité. En fait, depuis les années 60, la révolte n’avait cessé de gronder au sein du peuple. Elle allait simplement se développer. En novembre 1965, le révolutionnaire bolivien Che Guevara est encore au Congo, dans le maquis de Kabila, pour l’aider à reprendre en main la lutte révolutionnaire, en dépit de la chute de Kisangani comme capitale de la République Populaire du Congo. Pierre Mulele, le symbole de l’opposition pure et dure, est certes tué le 2 octobre 1968, mais à cette même époque émergent les grandes contestations estudiantines et celles de l’église catholique. A cela vint s’ajouter une succession de mécontentements et de complots dans l’armée. A chaque fois, leur dénonciation offrait le prétexte pour des épurations impitoyables. En 1977, éclate la guerre de 80 jours, suivie de la guerre du Shaba puis des deux guerres de Moba. Le régime est sauvé de justesse grâce à des interventions extérieures.
Quelques parlementaires, décidés à faire changer les choses se réunissent autour de Tshisekedi wa Mulumba pour créer un autre parti que le MPR. Ils l’appellent l’Union pour la démocratie et le progrès (UDPS). Mais le Président Mobutu n’entend pas discuter avec eux. Pour finir, c’est la grogne de la population face à l’arbitraire politique et la dégradation des conditions de vie qui forcera le Président Mobutu à envisager de changer de cap. La mutation est consacrée par son discours du 24 avril 1990 et, plus tard, par la convocation, le 7 août 1991, d’une Conférence nationale souveraine (CNS), réunissant tous les responsables du pays pour préparer un nouveau projet de société et une nouvelle Constitution.
3 ¦ Vers la Constitution de la Troisième République
3. 1. La gestion des transitions successives
En 1990, on est loin de penser que le changement amorcé allait être si long, qu’il allait durer plus de dix ans et connaître au moins deux phases distinctes : celle dominée par la conférence nationale souveraine, celle de la guerre pour la défense de l’unité du Congo.
La première étape, celle de la Conférence Nationale Souveraine. Elle a pour objectif, après la suspension de la Constitution de la IIè République, d’élaborer le projet de Constitution de la Troisième République à soumettre au référendum mais aussi de définir les principes fondamentaux de la gestion de l’État durant la période transitoire, avant l’avènement de cette nouvelle période constitutionnelle. Avec mille difficultés, ces deux objectifs ont été globalement atteints, même s’ils ne manquaient pas d’être constamment mis en cause par les amis de Mobutu qui ne cessaient de faire pression pour réclamer des révisions les arrangeant.
S’agissant de la transition, l’accord intervenu le 31 juillet 1992 et connu sous le nom de compromis politique global avait adopté quelques principes de base pour la gestion politique de cette période. Il portait notamment sur l’irresponsabilité politique de la fonction présidentielle, sur la plénitude des pouvoirs de gestion reconnue au gouvernement et sur l’indépendance des cours et tribunaux. Cet accord a rendu possible la mise au point, par la CNS, le 2 août 1992, de la charte de la transition, connue sous l’appellation d’Acte portant dispositions constitutionnelles relatives à la transition. Mais, au lieu de le promulguer, le Chef de l’Etat fit procéder à sa révision et rendit publique la version remaniée, qualifié d’Acte harmonisé de la transition. Après des tractations, un texte de compromis fut finalement mis au point. C’est l’Acte Constitutionnel de la Transition, promulgué le 9 avril 1994. La période de transition pouvait enfin démarrer officiellement, après avoir perdu quatre ans. Le 10 juillet 1995, elle est prolongée de 24 mois pour se terminer, en principe, en 1997.
Quant au projet de Constitution de la Troisième République, il avait été adopté dès le 14 novembre 1992 sous l’appellation de Constitution de la République Fédérale du Congo. Troisième Constitution à être rédigée par les Congolais eux-mêmes, après celle de 1964 et de 1967, elle avait opté pour le parlementarisme avec un président élu au suffrage universel, et adopté un système fédéral. Elle prônait aussi le respect des Droits de l’homme et des libertés fondamentales. C’est bien après la CNS, que le projet fut soumis à un ultime toilettage, celui du Haut Conseil de la République- Parlement de Transition (HCR-PT), après que cette institution de la CNS ait été élargie, le 20 janvier 1994, aux anciens parlementaires de l’ex-assemblée nationale du Parti État. Ainsi, le 6 octobre 1996, le projet constitutionnel de la Troisième République devint Constitution de la République Fédérale du Zaïre, avec le « Debout zaïrois » comme hymne national. C’est cette version qui a été publiée comme annexe de la loi référendaire, le 30 décembre 1996, puisqu’une Commission Nationale des élections avait été mise en place dès juin 1995, présidée par le Prof. Bayona ba Meya, l’ancien Premier Président de la Cour Suprême.
Mais l’imprévu se produisit, servant ainsi d’amorce à la deuxième étape de la Transition. La Classe politique congolaise, préoccupée qu’elle était par ses problèmes internes, ne s’était pas rendue compte à temps que la guerre qui sévissait au Rwanda depuis 1990 pouvait, à tout moment, déborder sur le territoire national. Ce danger devint plus précis, en avril 1994, suite à la mort du Président rwandais Juvénal Habyarimana qui déclencha le génocide tutsi, la rive gauche du lac Kivu avait, non seulement, servi de repli à l’armée vaincue de l’ancien régime rwandais, mais abritait aussi de nombreux camps de réfugiés hutu. Ces derniers, pour des raisons de sécurité, avaient fui le théâtre de la guerre. Le débordement de la guerre rwando-rwandaise, qui était à craindre, s’est réalisée finalement à partir d’octobre 1996, avec l’attaque de Uvira puis de Bukavu.
Laurent-Désiré Kabila conçut alors le projet nationaliste de procéder à la réquisition de cette guerre rwando-rwandaise qui, à ce stade, était surtout une opération de poursuite des vaincus sur le territoire congolais afin de les anéantir. Recyclée par Kabila, la guerre prend un tout autre objectif : en finir avec le régime de Mobutu et instaurer un nouvel ordre politique. Cette guerre de Libération allait réussir avec le renfort des anciens gendarmes katangais (les Tigres) et de jeunes recrues (Kadogos). Des villes et provinces du pays tombent, une par une, sous son pouvoir. Le 17 mai 1997, Laurent-Désiré Kabila devient Président de la République Démocratique du Congo. Après avoir suspendu les dispositions constitutionnelles préexistantes, l’Acte Constitutionnel de la Transition, il promulgue le Décret – Loi du 28 mai 1997 relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir en RDC. Sur cette base, il prête le serment constitutionnel, le 29 du même mois.
Mais dès qu’il chercha à se défaire des mercenaires africains, rwandais et ougandais, qui l’avaient aidé à renverser le régime de Mobutu, il se retrouva aux prises avec une nouvelle guerre, la guerre d’agression qui prit la relève de la guerre de libération. Effectivement, de nouvelles hostilités éclatèrent, en août 1998. Le Rwanda et l’Ouganda, sous le prétexte d’impératifs sécuritaires, se mirent à appuyer des rébellions sur le territoire congolais, alimentant par là un climat de violence propice au pillage des richesses du pays. Finalement, deux rébellions se partagèrent les régions du pays, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) et le Mouvement de Libération du Congo (MLC).
Assassiné le 16 janvier 2001, Laurent-Désiré Kabila, auquel allait succéder son fils Joseph Kabila, n’assistera pas à la réconciliation nationale des Congolais qui fut amorcée par les Accords de Lusaka en juillet 1999. Revenant à la raison, ceux-ci allaient, en effet, finir par se mettre d’accord pour refaire l’unité nationale, parachever le processus de mise en place des institutions démocratiques en harmonie avec les pays voisins et reconstruire ensemble leur pays. Le Dialogue inter-congolais de Sun City a marqué le démarrage de ce processus qui s’est poursuivi par la signature, le 17 décembre 2002 à Pretoria en Afrique du Sud, de l’Accord global et inclusif sur la transition en République démocratique du Congo, voulu comme la seule source du pouvoir pendant la transition en cours.
Une Constitution de la Transition, point d’aboutissement de ses efforts, est promulguée le 4 avril 2003. Non seulement elle marque le retour à l’unité nationale, mais fixe, en 205 articles, les règlements de fonctionnement des institutions, au cours de cette période intérimaire. Un Gouvernement d’Union Nationale est mis en place, avec à sa tête un Président et quatre Vice-Présidents.
3. 2. La Troisième République : la Constitution de la République démocratique du Congo
La légitimité retrouvée permit d’amorcer d’autres étapes, en commençant par la mise en place des Institutions républicaines : l’Assemblée Nationale et le Sénat sont instituées, composées respectivement de 500 et 120 membres. L’état-major de la nouvelle armée, les Forces Armées de la RDC (FARDC) est constitué. La durée de la transition est fixée à deux ans, avec une possible reconduction de six mois, au maximum deux fois.
Ce régime, bien que fondé sur une cohabitation inédite, finit par remplir sa mission. Le projet de Constitution élaboré est soumis avec succès au referendum populaire, les 18 et 19 décembre 2005 et la nouvelle Constitution de la République Démocratique du Congo est promulgué le 18 février 2006. Cette première année de la troisième République est marquée par des élections générales. Le premier tour des élections présidentielles, le 30 juillet 2006, mobilise 33 candidats. Les deux premiers candidats en ordre utile, Joseph Kabila Kabange et Jean-Pierre Bemba Gombo, s’affrontent en un second tour, appuyés par leurs cartels respectifs : l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP) et l’Union pour la Nation (UN). Le 29 octobre 2006, Joseph Kabila est élu Président de la République.
Les perspectives des nouvelles élections de 2011 offrirent l’opportunité d’opérer une révision constitutionnelle, par la Loi du 20 janvier 2011. Celle-ci porta entre autres sur le mode d’élection présidentielle qui fut réduit à un seul tour (art. 71), sur le principe de conservation du mandat parlementaire après cessation d’une fonction politique incompatible (art. 110), et sur l’autorisation accordée au Chef de l’Etat d’intervenir dans la suspension d’une Assemblée provinciale ou dans la révocation d’un Gouverneur de province en cas de grave crise politique (art. 197, 198). D’autres révisions portèrent sur l’administration des lois des finances (art. 126) et sur le pouvoir judiciaire (art. 149).
C’est sur cette base que s’organisent les troisièmes élections générales de la Troisième République prévues pour 2023.
4 ¦ Conclusion du module
Quelques constats se dégagent au terme de ce parcours constitutionnel.
De 1960 à nos jours, malgré le grand nombre de dispositifs constitutionnels, la RDC n’a connu en réalité que trois Constitutions qui soient passées par la sanction du referendum constitutionnel. Ces dispositions « définitives » qu’il convient de démarquer des dispositions « provisoires », sont les suivantes : la Constitution de Luluabourg (1 août 1964), la Constitution de la Deuxième République (24 juin 1967) et la Constitution de la République Démocratique du Congo, dite de la Troisième République (18 février 2006).
Au cours de cette période, c’est l’appellation de République Démocratique du Congo qui a prévalu comme nom du pays (de 1964 à 1971 et de 1997 à nos jours). On notera, cependant, que le pays avait également été qualifié de République du Congo Kinshasa (de 1960 à 1964) et de République du Zaïre (de 1971 à 1997). De même, par deux fois, il a failli devenir une République fédérale sans que cette disposition n’ait jamais pu être d’application. Quant à la forme de l’Etat, celle-ci a évolué, de régime parlementaire (1960-67) en régime présidentiel (1974-1997) avant de se stabiliser en régime semi-présidentiel (2006 à nos jours).
Les symboles de la République ont connu globalement une sorte de permanence dans la continuité, sans être exempte, pour autant, de quelques modifications.
D’abord, le drapeau. Héritage de l’emblème de l’AIA, le drapeau bleu ciel étoilé d’or a connu sa première modification en mai 1960, quand le Collège Exécutif Général mis en place après la Table ronde politique de Bruxelles, décida, comme on l’a vu, d’ajouter… « six petite étoiles alignées en bordure de la hampe ». Cette configuration fut revue par la Loi du 30 juin 1963, promulguée par le Président Joseph Kasa-Vubu. L’emblème de la République devint « … le drapeau bleu ciel, orné d’une étoile jaune dans le coin supérieur gauche et traversé de biais d’une bande rouge finement encadrée de jaune ». C’est sous cette forme qu’elle fut inscrite pour la première fois dans une Constitution en 1964 et qu’elle subsiste de nos jours, non sans avoir traversé quelques changements dans sa trajectoire. En effet, entre 1971 et 1997, l’emblème national devint « … le drapeau vert clair orné au centre d’un cercle jaune dans lequel figure une main tenant un flambeau à la flamme rouge ». Elle reprit, peu après, entre 1997 et 2006, la configuration de 1960 avec les six petites étoiles représentant les six provinces de l’époque.
Ensuite, les armoiries. De 1963 à 1997, les armoiries de la République se composaient « … d’une tête de léopard encadrée à gauche d’une branche de palmier et d’une flèche et, à droite, d’une pointe d’ivoire et d’une lance, le tout reposant sur une pierre ». Quant à la devise, après avoir été brièvement « Unité, Justice, Travail » telle que fixée par la Loi du 30 juin 1963, elle devint « Justice, Paix, Travail » en 1964, puis « Paix, Justice, Travail » à partir de 1967, avant de revenir à la forme initiale de 1964. Il est à noter que si la Constitution de 2006 a confirmé la devise de « Justice, Paix, Travail », elle a en revanche revu la configuration des armoiries désormais composées «…d’une tête de léopard encadrée à gauche et, à droite, d’une pointe d’ivoire et d’une lance, le tout reposant sur une pierre ».
Enfin, l’hymne national a connu une évolution similaire. C’est en 1960 que l’hymne du Père Simon-Pierre Boka et Joseph Lutumba fut retenu comme Hymne de l’indépendance par le jury qui organisa un tel concours dans les milieux des Congolais en Belgique. Après le 30 juin 1960, il fit fonction d’hymne national jusqu’en 1967 où il fut inscrit pour la première fois dans une Constitution sous l’appellation de La Congolaise. Mais, suite au changement du nom du pays et à la réforme constitutionnelle qui intervint le 29 octobre 1971, la Congolaise fut remplacée par la Zaïroise, un nouvel hymne composé par les mêmes auteurs, Boka et Lutumba. En mai 1997, lorsque le pays changea à nouveau de nom pour redevenir République Démocratique du Congo, la Congolaise connut une réhabilitation de fait, avant d’être inscrite dans la Constitution de 2006, actuellement en cours, mais sous l’appellation de Debout Congolais.
5 ¦ Résumé de la leçon
- Le 24 juin 1967, une nouvelle constitution est élaborée sous l’appellation « Constitution de la Deuxième République de la République Démocratique du Congo. » La nouvelle disposition constitutionnelle était fort différente de la précédente puisqu’elle était unitariste. Le Président y était élu par le peuple tout entier, les responsabilités du gouvernement appartenaient dorénavant au seul gouvernement central placé sous la direction personnelle et directe du Président. En principe, deux partis politiques seulement pouvaient encore exister dans le pays. Dans les modifications ultérieures, cette clause allait disparaître au profit du parti unique, le Mouvement populaire de la Révolution, créé pour soutenir l’action du Président Mobutu. Le 15 août 1974, elle devient la Constitution de la République du Zaïre.
- La grogne de la population face à l’arbitraire politique et la dégradation des conditions de vie forcera le Président Mobutu à envisager de changer de cap. La mutation est consacrée par son discours du 24 avril 1990 et, plus tard, par la convocation, le 7 août 1991, d’une Conférence nationale souveraine (CNS), réunissant tous les responsables du pays pour préparer un nouveau projet de société et une nouvelle Constitution. La troisième constitution rédigée par des Congolais sera promulguée sous l’appellation de Constitution de la République Fédérale du Congo, puis en 1996, sous le nom « Constitution de la République fédérale du Zaïre« .
- En 1996/1997, Laurent-Désiré Kabila fait chuter Mobutu lors de la guerre de Libération. Il suspend les dispositions constitutionnelles préexistantes, l’Acte Constitutionnel de la Transition, et il promulgue le Décret – Loi du 28 mai 1997 relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir en RDC. Sur cette base, il prête le serment constitutionnel, le 29 du même mois. Une Constitution de la Transition, est promulguée le 4 avril 2003, deux ans après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Non seulement elle marque le retour à l’unité nationale, mais fixe, en 205 articles, les règlements de fonctionnement des institutions, au cours de cette période intérimaire. Un Gouvernement d’Union Nationale est mis en place, avec à sa tête un Président et quatre Vice-Présidents.
- Les 18 et 19 décembre 2005, la nouvelle Constitution de la République Démocratique du Congo est soumise au referendum populaire, approuvée et promulgué le 18 février 2006. Cette première année de la troisième République est marquée par des élections générales. Le 29 octobre 2006, Joseph Kabila est élu Président de la République.
La constitution congolaise : de l’héritage colonial aux premières années de l’indépendance
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Retracer l’évolution historique qui a conduit à la naissance de la République démocratique du Congo.
- Déterminer et d’expliquer les problèmes relatifs à la première constitution du Congo indépendant.
- Retracer les grandes étapes de la crise politique congolaise aux lendemains de l’Indépendance.
- Expliquer le contenu de la constitution de 1964 et pourquoi elle va amener à la prise du pouvoir par Mobutu.
2 ¦ Introduction
Le 30 juin 1960, c’est la naissance du Congo indépendant. Le nouvel État obtient son admission aux Nations-Unies, le 7 juillet. Son emblème est hérité directement du drapeau bleu ciel, étoilé d’or, adopté le 21 juin 1877 au lendemain de la Conférence Internationale de Géographie de Bruxelles et qui avait flotté, pendant près de quatre-vingt ans, sur les hampes de l’État Indépendant du Congo, puis du Congo belge. La continuité historique était donc assurée, à cette nuance près que l’emblème du Congo indépendant possède, en plus, six petites étoiles jaunes rangées longitudinalement et symbolisant les six provinces de l’époque.
Cependant, l’histoire nationale du Congo ne commence pas avec ses années d’indépendance, ni même avec la colonisation belge. C’est une trajectoire bien remplie que le peuple congolais traîne derrière lui depuis que ses ancêtres se sont installés sur cet espace au début du premier millénaire de notre ère. Pendant des siècles, ils ont assuré la maîtrise de l’environnement, façonné des cultures de grande originalité et élaboré des systèmes politiques complexes qui ont produit des chefferies, des royaumes et des empires.
Mais la fin du 19è siècle marque un tournant. En 1885, les pays européens, réunis à Berlin avec les États-Unis et l’empire turc, décident du partage de l’Afrique. Ils conviennent, cependant, de respecter la neutralité des territoires prospectés par les agents de Léopold II. Le roi belge disposait en effet d’une grande notoriété dans le domaine de l’humanitaire, depuis l’initiative de la convocation de la Conférence Géographique de Bruxelles en 1876 et de la création d’une structure philanthropique, « l’Association Internationale Africaine pour l’exploration et la Civilisation de l’Afrique Centrale » (AIA) dont il était le président. Plus tard, il aura bien des difficultés à continuer à dissimuler les ambitions personnelles et nationalistes cachées derrière cette générosité apparente. Mais lors de la Conférence de Berlin, les Puissances présentes lui font encore confiance. C’est donc à la suite de la reconnaissance par chacune d’elles de la neutralité de cet espace qu’est né l’Etat Indépendant du Congo, sous la forme inédite d’une colonie sans métropole. Il s’agit d’un territoire vaste couvrant pratiquement tout le bassin du Congo dont Léopold II devient le roi souverain.
Mais tout ne va pas de soi. La fixation des frontières est le fruit de négociations nombreuses et successives. Entamées avant la conférence de Berlin, elles se sont poursuivies bien après, avec l’Allemagne, la France, l’Angleterre et le Portugal. Tracées pour séparer le territoire national des pays voisins actuels, l’Angola, le Congo (Brazza) et l’Oubangui-Chari (la future Centrafrique), l’actuel Soudan du Sud, l’Ouganda et la Rhodésie du Nord (la future Zambie), le Rwanda-Burundi et le Tanganyika (la future Tanzanie), ces frontières séparaient en même temps des peuples qui vivaient ensemble sous l’autorité de mêmes chefs. C’est ainsi qu’il y a aujourd’hui également des Kongo en Angola et au Congo, des Zande en Centrafrique et au Soudan du Sud et des Lunda en Angola et en Zambie.
3 ¦ Héritage colonial
C’est à Vivi, la première capitale du pays avant son transfert à Boma, que se réalise, le 1er juillet 1885, la proclamation d’indépendance de cet État fictif, propriété privée du roi belge. Pendant 23 ans, il fonctionne sous le régime de l’Acte général de Berlin. Mais en 1908, Léopold II accepte de la céder à la Belgique. L’Etat indépendant du Congo se transforme en Congo belge. Depuis cette date et jusqu’en 1960, il fonctionne sous le régime de la Loi du 18 octobre 1908 dite la Charte Coloniale, votée par le parlement belge. De cette date à 1960, pendant 52 ans, les Belges ont donc dirigé le pays de la même manière que les Anglais gouvernaient le Soudan et la Zambie, les Français le Congo et la Centrafrique, et les Portugais l’Angola.
3.1. Au temps colonial
Sous la colonisation, c’est le gouvernement belge et, en particulier, son ministre des colonies, qui était responsable de l’administration du Congo belge. La Charte coloniale faisait office de constitution, c’est-à-dire de loi principale. En Belgique, au sein du Gouvernement, les affaires du Congo relevaient du ministère des Colonies dont le premier responsable fut Jules Renkin. Au Congo, la Belgique était représentée par un Gouverneur général qui était le chef et le vrai responsable de l’administration de la colonie. Il avait sous ses ordres les Gouverneurs de province, les Commissaires de District et les Administrateurs de Territoire. L’exécutif colonial disposait, pour le conseiller, d’un réseau d’organes de consultation, mais dont le principal défaut était de ne pas faire appel aux congolais eux-mêmes. C’est quelques années seulement avant l’indépendance, qu’ils ont pu en faire partie. Mais le Conseil de gouvernement, comme les Conseils de Province, de District, de Territoire ou de Centre-Extra Coutumier ne pouvaient que donner des avis. La décision revenait aux seuls fonctionnaires coloniaux. La gestion de la colonie Congo n’avait donc rien de démocratique, puisque les Congolais en étaient exclus. Certaines populations locales se sont révoltées contre cette politique parce que, en organisant le pays dans leur intérêt, les Belges leur imposaient beaucoup d’obligations. L’armée de la colonie, appelée la Force Publique, était là pour réprimer ces révoltes et contraindre les populations aux travaux obligatoires et aux recrutements forcés.
Après la seconde guerre mondiale, les élites du pays, appelées les Évolués, se sont mises, elles aussi, à manifester leur mécontentement dans le cadre de leurs réseaux associatifs. Elles s’insurgeaient contre l’injustice sociale et des discriminations pratiquées dans la colonie. Le refus de l’administration coloniale de leur permettre de prendre part à la gestion du pays, l’influence grandissante des idées anticolonialistes dans le monde et les expériences de décolonisation en cours dans certaines autres colonies d’Afrique sont autant de raisons qui les ont finalement conduits à réclamer, elles aussi, l’indépendance. Le point culminant a été les émeutes du 4 janvier 1959 à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa), qui ont fini par faire prendre conscience aux Belges qu’il était grand temps de changer de politique. Par une déclaration publique, le roi Baudouin annonça le 13 janvier 1959 la marche du Congo vers l’indépendance.
3.2. La décolonisation en marche.
La table ronde politique, qui regroupa les leaders politiques congolais à Bruxelles du 20 janvier au 20 février 1960, parmi lesquels les premiers animateurs du pays notamment, Joseph Kasa-Vubu, Patrice Emery Lumumba et Moïse Tshombé, est la conférence qui a décidé de la date de l’indépendance, le 30 juin 1960. Il restait à en accélérer les préparatifs car la tâche était immense. Après les questions politiques, on tenta, en effet, de résoudre les problèmes complexes liés à la situation économique et sociale de l’ancienne colonie. Mais en avril -mai 1960, lors de la table ronde économique qui a eu lieu également à Bruxelles, le résultat fut moins satisfaisant. Et dans les années qui suivirent, la question allait à nouveau être mise sur le tapis, à plusieurs reprises, sous le signe du contentieux belgo-congolais.
Il fallait une nouvelle disposition constitutionnelle, en remplacement de la Charte Coloniale, pour permettre au futur Congo indépendant de fonctionner. Le 19 mai 1960 est promulguée une première disposition, sous le nom de Loi fondamentale relative aux structures du Congo ; elle est suivie, le 17 juin, de la promulgation de la Loi fondamentale relative aux libertés publiques ; les deux Lois fondamentales formant la Constitution provisoire de l’Etat du Congo.
Première Constitution du Congo indépendant, cette loi présentait l’inconvénient d’être une œuvre du Parlement belge et d’être à l’image de sa Constitution. Dans son contenu, le roi était simplement remplacé par un Président de la République désigné par le parlement. Comme le Roi des Belges, ce Président représentait le pays mais ne gouvernait pas. La gestion du pays était confiée aux ministres, conduits par un Premier ministre, et responsables, comme lui, devant le Parlement. Ce dernier était composé de la Chambre des Représentants et du Sénat. Dans cette dernière assemblée, les provinces étaient représentées mais sans tenir compte de l’importance de leur population. A la Chambre, par contre, le nombre des représentants était proportionnel à la population de chaque province. Le Parlement représentait le peuple congolais et était supposé être le grand responsable de la politique dans le pays. Il y avait aussi des juges qui étaient indépendants du gouvernement et devaient garantir que tous les Congolais soient bien traités également sans que le gouvernement n’abuse de son pouvoir.
4 ¦ Les premières années de l’indépendance
L’indépendance a été proclamée à Léopoldville, le 30 juin 1960, par le Roi des Belges, Baudouin Ier. Joseph Kasa-Vubu est le Président de la République et Patrice Lumumba Premier ministre. Mais quelques jours plus tard, les soldats de la Force publique se sont révoltés. En réaction, la Belgique, sans concertation avec le gouvernement de Lumumba, décide de faire intervenir des soldats belges au Congo. C’est la rupture diplomatique entre les deux pays. A la demande du gouvernement congolais, les troupes belges sont remplacées par des soldats des Nations-Unies, les « Casques bleus », provenant principalement d’autres pays africains, Ethiopie, Ghana, Nigeria et Maroc. Ces mutineries de la Force Publique ont eu surtout pour conséquence le départ précipité des fonctionnaires belges qui avaient choisis de rester sur place pour aider la nouvelle administration congolaise. Et comme les Belges n’avaient pas suffisamment formé de cadres congolais à diriger le pays, la situation est devenue fort difficile pour le nouveau gouvernement congolais. Mais d’autres éléments de crise allaient se manifester.
4.1. La crise congolaise
D’abord, la province du Katanga, se sépare, le 11 juillet, du reste du pays dirigée qu’elle était par Moïse Tshombe qui n’était pas un ami de Lumumba. Tshombe était conseillé par des Belges. Certains parmi eux étaient opposés à Lumumba et d’autres espéraient conserver, pour eux et leurs amis congolais, les richesses de la province. Peu après, le 8 août, Albert Kalonji Ditunga, conseillé de la même manière, prend la même initiative de sécession pour ce qui concerne le Sud-Kasaï. A Kinshasa, la situation n’est pas plus calme. Le Président Kasa-Vubu et le Premier ministre Lumumba ne s’entendent plus sur la manière de gouverner le pays. Le Président Kasa-Vubu, soutenu par l’armée commandée par le Colonel Joseph-Désiré Mobutu, révoque le Premier Ministre, le 5 septembre, et ce dernier déclare révoquer à son tour le Président.
Dans cette confusion, le 14 septembre 1960, le colonel Mobutu neutralise l’ensemble de l’exécutif et met en place un Collège de Commissaires généraux pour gérer l’État. Arrêté, le Premier ministre Lumumba est envoyé au Katanga où il est tué, le 17 janvier 1961. C’en était trop ! Les partisans de Lumumba, qui s’étaient regroupés à Kisangani sous la conduite d’Antoine Gizenga, vice-premier ministre du gouvernement Lumumba, décident alors de ne plus accepter l’autorité du gouvernement de Léopoldville et forment leur propre gouvernement, à Kisangani, après avoir proclamé l’existence d’une République libre du Congo. On assiste à l’existence de deux Républiques congolaises, chacune dotée d’un corps diplomatique l’assurant d’une certaine caution internationale mais installées dans deux capitales différentes, Kinshasa et Kisangani.
Le Conclave de Lovanium, qui regroupa tous les élus des années 60 mit fin à ce bicéphalisme, par la mise en place d’un gouvernement d’union nationale présidé par l’ancien syndicaliste, Cyrille Adoula. Deux années plus tard, en janvier 1963, la sécession katangaise était terminée. Mais l’éclatement de la révolution de Pierre Mulele, en juillet de la même année dans le Kwilu et, surtout, le développement rapide du même type de maquis dans l’Est du pays, mené par des Lumumbistes comme Christophe Gbenye, Laurent-Désiré Kabila, Gaston Soumialot et Nicolas Olenga, dans le Nord-Katanga, le Kivu-Maniema et le Sankuru, finissent par faire la preuve de la vulnérabilité des accords de Lovanium. Le pays est à nouveau divisé en deux puisqu’une République Populaire du Congo, distincte de celle de Kinshasa, est à nouveau proclamée à Kisangani. Moïse Tshombe, devenu Premier ministre en 1964, y met fin avec l’appui des pays occidentaux.
4.2. La Première Constitution du Congo décolonisé.
Durant cette période de grande tension et malgré les conflits intérieurs et la poursuite de la contestation lumumbiste sous le signe des rébellions, la Commission Constitutionnelle mise en place à Luluabourg (aujourd’hui Kananga) par le Président Kasa-Vubu travaille. Elle prépare la première véritable Constitution du pays qui doit remplacer la Loi Fondamentale. Soumise au référendum, cette disposition est promulguée le 1 août 1964. Cette Constitution de Luluabourg, qui consacre, pour la première fois, l’appellation de « République Démocratique du Congo », était fort différente de la précédente en ce qu’elle prônait l’existence d’un Etat fédéral dans lequel les provinces avaient beaucoup à dire. Il était même précisé, en son article 178 que la terminologie d’Etat fédéral serait utilisé à partir de la troisième législature partant de l’entrée en vigueur de ladite Constitution. Le Président devait être élu par les Chambres réunies en Congrès. Les responsabilités du gouvernement étaient, quant à elles, partagées entre le gouvernement central à Léopoldville et les gouvernements des provinces. Dans chacune de celles-ci était prévu, en effet, un gouvernement provincial et une assemblée provinciale, fonctionnant sur le modèle central.
Malheureusement, à l’avènement de la Constitution succède une crise politique. Lorsqu’il est question d’élire le Président de la République, en 1965, Kasa-Vubu décide d’être candidat, de même que son Premier ministre, Moïse Tshombe. Comme ce dernier dispose d’une majorité dans le nouveau Parlement, il est crédité d’avance gagnant. Mais le Président refuse de se laisser aller au fatalisme. Décidé à se battre jusqu’au bout, il révoque le Premier ministre et propose au Parlement, en remplacement, la candidature d’Evariste Kimba. Le Parlement refuse. Mais le Président s’entête et désigne à nouveau le même candidat. Une fois de plus, on est en présence d’un blocage institutionnel à cause du conflit entre Président et Premier ministre. L’inattendu se produit alors. L’armée prend le pouvoir, chasse les deux prétendants et proclame son commandant en chef, Joseph-Désiré Mobutu, Chef de l’État, pour cinq ans.
5 ¦ Résumé
- Durant la colonisation belge, c’est la Charte coloniale qui fait office de constitution. Elle est votée par le parlement belge le 18 octobre 1908. Au sein du gouvernement belge, un ministre des colonies est chargé des affaires coloniales. Au Congo, la Belgique est représentée par un Gouverneur général qui avait beaucoup de pouvoir. Sous ses ordres se trouvaient des gouverneurs de province, des commissaires de district, et des administrateurs de territoire. L’ensemble de l’administration était aux mains des Belges.
- Au moment de l’indépendance, on remplace la Charte coloniale par les deux Lois fondamentales : Loi fondamentale relative aux structures du Congo du 19 mai 1960, et la Loi fondamentale relative aux libertés publiques du 17 juin 1960. Première constitution du pays indépendant, elle est l’œuvre du parlement belge, et calque la constitution belge. Le président, comme le roi des Belges, représente le pays mais ne gouverne pas. C’est le premier ministre qui détient véritablement le pouvoir.
- La constitution de Luluabourg de 1964 est la première constitution du Congo décolonisé. Pour la première fois, un texte consacre l’appellation de « République démocratique du Congo ». Cette constitution prévoit que le président doit être élu par les Chambres réunies en congrès. Les responsabilités du gouvernement étaient partagées entre Léopoldville et les provinces. Toutefois, une crise politique succède à l’avènement de la constitution, et l’armée prendre la pouvoir. Joseph Mobutu, son commandant sera proclamé chef de l’État pour cinq ans.
Module 1
Coup d’œil sur les droits de l’homme
Otage Benga
Le cœur des ténèbres, ou l’Afrique des Belges
Modules
L’ensemble des modules reprennent de façon chronologique la trame de l’Histoire de l’Afrique. Ceux-ci peuvent être utilisés par les enseignants dans le cadre de leurs programmes de cours. En complément à ce support scientifique, la plateforme propose d’explorer l’histoire de façon non linéaires à travers des rubriques reliées aux modules. Les contenus associés à chaque rubrique sont chaque fois contextualisés en fournissant un repère temporel et un repère géographique.
Citoyenneté & droits humains
Titre 1
[…]Texte 1[…].
Titre2
Texte 2
Professeurs initiateurs du projet Bokundoli
Texte explicatif Naissance du projet
BOKUNDOLI est une plateforme de promotion auprès des jeunes congolais, de l’importance d’une meilleure connaissance de l’Histoire du Congo en particulier, de l’Histoire de l’Afrique plus largement. BOKUNDOLI est l’initiative des trois historiens congolais et s’inspire du travail réalisé par l’UNESCO autour de l’utilisation pédagogique du manuel de l’Histoire Générale de l’Afrique adapté au contexte culturel de la RDC.