1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Expliquer les facteurs favorables à la décolonisation des Etats africains.
- Discuter des différentes décolonisations selon les régions africaines.
- Expliquer ce qu’est le panafricanisme, et l’intérêt qu’il comporte toujours de nos jours.
- Expliquer la particularité du nationalisme en Afrique.
- Démontrer que la décolonisation n’est pas un cadeau fait par les colonisateurs, mais un long combat des Africaines, et des Africains.
2 ¦ Introduction
La décolonisation désigne le processus de changement multiforme par lequel le peuple d’un pays colonisé use de tous les moyens pour se débarrasser de la domination et de l’exploitation étrangères. Cette émancipation résulte, selon le cas, de la violence (émeutes, insurrections, lutte armée, guerre de libération) ou de méthodes non violentes mobilisées par des partis politiques ou des mouvements sociaux.
Au XXe siècle, la décolonisation va commencer en Asie après la Seconde Guerre mondiale, et va gagner l’ensemble du continent africain. Elle est le fait des femmes et des hommes qui ont résisté et milité pour obtenir leur indépendance. Des facteurs internes et externes permettent de comprendre cet évènement important du XXe siècle.
3 ¦ Les facteurs favorables à la libération des peuples africains
3.1. Les peuples africains et le « nationalisme »
Dès le XIXe siècle, les peuples africains ont fait preuve de résistance face à la colonisation européenne. Des résistances, et des révoltes armées voient le jour durant toute la période coloniale, et dans toute l’Afrique. Des résistances « passives » comme le fait de ne pas respecter les règles imposées par le colonisateur, de fuir le travail forcé, de perpétuer les coutumes anciennes malgré leur interdiction sont aussi présentes durant toute la période coloniale. Elles sont l’œuvre des anciennes élites qui ont perdu leur pouvoir à cause de la colonisation, ou des peuples de manière générale qui ne supportent pas la domination européenne.
Toutefois, ces résistances, et ces révoltes ne sont pas organisées à grande échelle, mais se situent à des niveaux locaux, et rarement au même moment. Il faut attendre la Seconde Guerre mondiale, et les années 1950, pour qu’une organisation politique « nationaliste » vienne véritablement structurer les résistances et les révoltes en Afrique. La conscience nationale n’existe pas avant cette période (et même parfois encore après l’indépendance), car les frontières des colonies ne tiennent pas compte, à de rares exceptions, des structures politiques préexistantes.
La formation scolaire va entrainer l’apparition d’une classe d’intellectuels qui n’hésitera pas à retourner contre les colonisateurs les acquis intellectuels et idéologiques qu’ils leur ont fournis, surtout dans les années 1950. Ce sera principalement le cas dans les colonies britanniques, puis françaises et néerlandaises. Les Belges et les Portugais, eux, limiteront au maximum le développement d’un enseignement (secondaire et supérieur) afin de ne pas être confrontés, pensent-ils, à ces problèmes. Ces intellectuels qui se trouvent en Afrique et en Europe créent des partis politiques, des syndicats, et des associations culturelles. À Paris, par exemple, une diaspora d’étudiants africains, proches de la gauche politiquement (ensemble des groupes, et partis favorables à l’application maximale des réformes démocratiques, politiques, sociales, et à la solidarité internationale), édite des revues, des journaux, et élabore le concept de négritude. Toutefois, lors de l’apparition de partis, et des journaux. Le pouvoir colonial réagit par la répression, et par l’arrestation des leaders.
3.2. Le panafricanisme
Le panafricanisme est courant de pensée et un mouvement dont le premier congrès se tient en 1900 à Londres lors d’une conférence organisée par le Noir américain William E. B. Du Bois. À l’origine le mouvement entend défendre la « race africaine » aussi bien en Afrique que dans le reste du monde. Par la suite, il militera pour la création d’une unité africaine aussi bien politiquement qu’économiquement.
On distingue habituellement deux grandes périodes du panafricanisme. De 1900 aux années 1945, et de 1945 à 1963. La première période est surtout le fait de Noirs de la diaspora et principalement des États-Unis. Le mouvement va toucher les Africains à partir de 1920, mais surtout dans les colonies britanniques, car certains, dont Kwame Nkrumah (futur leader du Ghana indépendant), vont étudier aux États-Unis, et en Grande-Bretagne et répandent les idées sur le continent africain. Dans les colonies belges, et portugaises, avant la Seconde Guerre mondiale, les colonisés n’ont pas le doit de circuler en dehors des colonies. Dès lors les idées panafricanistes ne se diffusent pas. Dans les colonies françaises, le mouvement sera également limité malgré une plus grande mobilité vers la métropole. Avant la Seconde Guerre mondiale, le mouvement ne parle pas d’indépendance africaine, mais lutte contre les discriminations raciales (notamment aux États-Unis), prône l’amélioration des conditions de vie, et le de développement intellectuel des Noirs du monde entier. La Première Guerre mondiale change la donne. Une partie du mouvement reste attaché aux premiers principes comme Du Bois, mais deux nouveaux courants apparaissent : un, animé par le Jamaïquain Marcus Grey préconise le retour à la « mère patrie » africaine pour les Noirs, l’autre, représenté par George Padmore, est très influencé par le communisme. Toutefois, le courant panafricaniste dominant reste modéré. Le mouvement agit comme un groupe de pression auprès des partis politiques, et des gouvernements.
La deuxième période, à partir de 1945, commence avec le Congrès panafricain de Manchester. Le mouvement panafricaniste revendique l’autonomie et l’indépendance pour les Africains. Kwame Nkrumah et George Padmore prennent la tête du mouvement. Le panafricanisme ne s’intéresse plus aux seuls Noirs, mais devient un projet politique intégrant l’ensemble du continent africain. Pour Nkrumah, l’unité de toute l’Afrique est nécessaire économiquement, et politiquement. Économiquement, l’Afrique serait plus forte avec une prise de décision à l’échelle du continent, ce qui permettrait d’éviter les concurrences néfastes et profiterait à toutes les régions du continent. Politiquement, cela permettrait d’éviter au moment des indépendances, un néo-colonialisme et la main mise des puissances étrangères sur les pays nouvellement indépendants. Toutefois, la vision de Nkrumah n’est pas partagée par l’ensemble du mouvement, et des Africains.
Les colonisateurs, eux, sont hostiles au panafricanisme, car il peut créer une lutte commune anticoloniale, et affaiblirait la mainmise de ces pays sur les anciennes colonies lors de leur indépendance. La France, notamment, met la pression sur les dirigeants africains comme Houphouët-Boigny pour ne pas rejoindre le mouvement. Senghor, lui, cultivera le panafricanisme sur le plan culturel.
Différentes visions s’opposent sur le panafricanisme une fois les indépendances obtenues vers 1960. Certains soutiennent Nkrumah, d’autres sont plus modérés. C’est ce dernier courant qui l’emporte. En 1963, au Sommet d’Addis-Abeba, on s’accorde sur la nécessité d’une concertation entre États africains, mais aussi peu contraignante que possible, les frontières coloniales sont considérées comme intangibles, et on condamne l’ingérence dans les affaires intérieures des États.
3.3. Les deux guerres mondiales, l’ONU, et le nouvel ordre mondial
A. Les deux guerres mondiales
Pendant la Première Guerre mondiale, des soldats africains vont combattre pour la Grande-Bretagne et pour la France en Europe. La plupart seront enrôlés de force, et se mutineront à plusieurs reprises. La Belgique refuse d’employer des soldats noirs sur son sol. Les soldats vont constater que le Blanc qu’on leur présentait comme invincible et supérieur, peut, non seulement être battu, mais n’est pas plus fort qu’eux. Certaines promesses du colonisateur pour inciter les Africains à combattre ne seront pas tenues après le conflit, ce qui suscitera de la rancœur, mais on n’assiste pas à la naissance d’un véritable mouvement indépendantiste.
La Seconde Guerre mondiale va par contre marquer un tournant dans la décolonisation. Les combats gagnent l’Afrique, et les Africains contribuent encore plus, en termes de soldats, mais aussi de matières premières à alimenter le conflit. Les défaites françaises, belges, et britanniques montrent à quel point les Européens sont fragiles, loin de l’image invincible qu’ils défendent. Le travail forcé est imposé dans la plupart des colonies, ce qui provoque des révoltes qui seront matées dans le sang. Des mouvements « nationalistes » se développent dans les différentes colonies. De nouvelles promesses non tenues vont alimenter la rancœur et le désir de s’émanciper de la tutelle européenne. En Asie, d’ailleurs, le lendemain de la Guerre entraine des guerres d’indépendance, notamment en Indonésie, et en Indochine.
B. L’ONU
La Charte des Nations Unies du 26 juin 1945 contient des principes favorables à la promotion des droits des peuples et à la protection des libertés fondamentales. Toutefois, la France parvient à interdire toute intervention de la part de l’ONU dans les affaires intérieures des États. À ces débuts, l’ONU n’occupe donc qu’une place modeste dans la décolonisation. Toutefois, les colonies s’appuient sur la charte de l’ONU pour justifier leur lutte. Avec l’accession de plus en plus importante d’anciennes colonies à l’indépendance après la Seconde Guerre mondiale et surtout autour de 1960, le nombre de pays anciennement colonisés augmente à l’ONU qui devient alors une tribune pour l’anticolonialisme. Ces pays se rassemblent et parviennent à mettre en place « Le Comité de décolonisation » qui œuvre à la décolonisation des territoires toujours soumis à l’autorité occidentale.
C. Le nouvel ordre mondial
La fin de la Seconde Guerre mondiale consacre l’avènement des deux grands vainqueurs du conflit : les États-Unis, et l’URSS. Les pays colonisateurs perdent leur place de grandes puissances, et dépendent des aides financières américaines pour leur reconstruction. Les États-Unis et l’URSS s’opposent à la colonisation pour des raisons diverses et sont favorables à la fin des empires coloniaux. Les États-Unis font référence à leur propre histoire pour défendre leur position anticoloniale. En effet, les États-Unis sont une ancienne colonie britannique. Toutefois, la comparaison avec les colonies du XXe siècle s’arrête là. En effet, les Américains qui ont lutté pour l’indépendance étaient des colons blancs, et pas des colonisés, et ont eux-mêmes mis en place un esclavage puis une ségrégation raciale néfaste pour les Noirs. De plus, les États-Unis sont eux-mêmes une puissance coloniale en ayant mis la main sur les Philippines, Hawaï, ou encore Puerto Rico. Quoi qu’il en soit, les États-Unis considèrent le système colonial comme arriéré, et comme un frein pour le libre commerce, cher à l’idéologie américaine.
L’URSS, et le communisme dans sa globalité ont toujours été contre la colonisation, symbole, à leurs yeux, du capitalisme occidental. De nombreux partis communistes militent, dès le début, contre la colonisation. Une branche du panafricanisme est d’ailleurs très influencée par le communisme. L’URSS sous Staline soutient théoriquement la fin des empires coloniaux, mais ses successeurs seront plus actifs, surtout pour ne pas laisser à la Chine populaire, dont le régime est communiste, le monopole de l’anticolonialisme.
Au-delà des convictions théoriques des deux superpuissances, il y a également une volonté de mettre la main sur les anciennes colonies qui joueront un rôle important durant la Guerre froide (1945 – 1991), en établissant les sphères d’influence des deux grandes puissances, bien que la plupart des pays nouvellement indépendants revendiquent un statut de non-aligné.
3.4. Le mouvement anticolonial international
A. En Europe
En Europe aussi des critiques s’élèvent contre la colonisation, et ce, dès le XIXe siècle. Toutefois, le mouvement est globalement impuissant et discret. L’impérialisme triomphe dans les sociétés européennes. Déjà avant la Première Guerre mondiale, l’anticolonialisme se retrouve à gauche de la sphère politique. Les partis socialistes critiquent les abus, comme Émile Vandervelde en Belgique, mais sont surtout partisans d’un réformisme plutôt que d’une suppression totale du colonialisme. L’accès des travaillistes au pouvoir en Grande-Bretagne dans les années 1920 ou le Front populaire en France dans les années 1930 n’apporteront que peu de changements à la situation coloniale. Les partis communistes, eux, considèrent le colonialisme comme une manifestation du capitalisme et y sont formellement opposés. Toutefois, au sein des principaux pays colonisateurs, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, ces partis pèsent peu de poids. Et outre un anticolonialisme de fait, les partis communistes s’intéressent davantage à la situation en Europe que dans les autres continents. Après la Seconde Guerre mondiale, l’anticolonialisme va toucher de plus en plus l’opinion publique dans la société européenne, même si certains défendent ardemment les empires coloniaux.
Toutefois, les communistes, et en particulier le Parti communiste français, probablement le parti communiste le plus important parmi les puissances coloniales, vont contribuer à former et à soutenir les révolutionnaires. En 1927, le premier congrès contre le colonialisme et l’impérialisme va se tenir à Bruxelles à l’initiative des communistes européens. Il rassemblera des intellectuels européens comme Einstein, mais aussi des représentants des peuples colonisés comme Nehru, futur premier ministre de l’Inde indépendante. Des intellectuels européens prennent ouvertement position contre le colonialisme même si la tendance dominante reste l’impérialisme.
B. En Asie
Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs pays d’Asie accèdent à l’indépendance suite à des luttes armées comme l’Indonésie (1945, mais reconnue en 1949). Les représentants de ces pays indépendants vont prendre la tête du mouvement anticolonial mondial. Une première conférence entre Asiatiques a lieu à New Delhi en 1947. En 1955, à Bandoeng, une rencontre afro-asiatique a lieu. Elle rassemble 29 États indépendants ou en passe de devenir indépendants. Ces États sont unis contre l’impérialisme occidental, mais sont en désaccord sur leurs choix politiques et économiques. De cette conférence, ressort la condamnation de tout impérialisme, mais aucune institution n’est créée. Toutefois, l’évènement est important, car en pleine Guerre froide (le bloc USA s’opposant au bloc URSS), on a un ensemble de pays du Sud qui s’expriment d’une seule voix sur la scène internationale. La conférence marque le début du « non-alignement », c’est-à-dire le fait de ne pas choisir le camp des USA ou de l’URSS. Toutefois, ce « non-alignement » est plus théorique qu’effectif, car dans les faits les anciennes colonies s’allieront d’une façon ou d’une autre aux USA ou à l’URSS.
4 ¦ Les voies de la décolonisation de l’Afrique
La décolonisation ne s’est pas déroulée de la même manière dans les différentes régions d’Afrique. Elle est surtout le fait de femmes et d’hommes de ces régions, et n’est pas un cadeau fait par le colonisateur. Des luttes violentes ont dû être menées pour arracher l’indépendance. Jusqu’en 1945, et même au delà, aucun colonisateur n’envisage de donner l’indépendance à ses colonies. S’ils le font, c’est en garantissant un maximum leurs intérêts dans ces régions. Certains veulent voir dans la réussite ou non des pays africains actuels les traces d’une décolonisation réussie ou ratée à mettre au mérite des pays colonisateurs. Ainsi, jusqu’à nos jours, pour certains, il est inenvisageable de penser qu’un pays africain puisse bien fonctionner grâce aux qualités de sa population. Si le pays a une bonne santé économique, et des droits sociaux reconnus, c’est forcément grâce aux anciens colonisateurs. Or, des décolonisations « préparées » ont entrainé certains pays dans le chaos, alors que d’autres, moins organisées ont donné lieu à des pays stables et en bonne santé économiques. On remarque deux constantes dans l’histoire de la décolonisation (africaine) : la volonté du colonisateur de retarder l’inévitable, et son obsession à maintenir ses intérêts après l’indépendance.
5 ¦ La décolonisation de l’Afrique occidentale
L’Afrique occidentale est principalement colonisée par les Français (Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo, Bénin) et les Britanniques (Sierra Leone, Ghana, Nigéria) entrainant des conflits armés, des luttes, et d’âpres négociations.
L’Afrique occidentale a la particularité d’avoir vu naitre une classe intellectuelle très brillante, bien avant la colonisation. En effet, une forte communauté européenne est présente dans la région depuis longtemps, et le métissage, ainsi que le rapatriement d’anciens esclaves d’Amérique contribuent à la propagation de l’enseignement «occidental ». Les missionnaires et leur enseignement sont favorablement accueillis dans la région. Au XIXe siècle, des écoles apparaissent ainsi que la presse, et l’édition d’ouvrages. Une classe d’Africains lettrés (pasteurs, médecins, enseignants) se constitue et certains se mettent au service des Britanniques au Nigéria et au Ghana actuel.
5.1. Décolonisation britannique
5.2. Décolonisation française
6 ¦ La décolonisation de l’Afrique centrale
Dans cet espace, on retrouve le Congo belge, le Rwanda, le Burundi, l’Afrique-Équatoriale française (Gabon, Congo-Brazzaville, Oubangui-Chari (République centrafricaine)), le Cameroun, l’Angola, la Rhodésie du Nord (Zambie), et le Malawi.
L’Afrique centrale a particulièrement souffert de la colonisation, et des découpages territoriaux effectués par les Européens qui ne tiennent pas compte des structures politiques préexistantes. L’Afrique centrale est constituée de grands espaces vides d’hommes, mais riches en ressources. Les pays colonisateurs vont forcer de manière violente les populations à extraire les richesses pour leur profit. Cet espace a été particulièrement brutalisé et les violences ont été condamnées par les contemporains, notamment par E. Morel contre le Congo de Léopold II, René Maran contre l’Oubangui-Chari (République centrafricaine) ou encore André Gide contre le Congo-Brazzaville. Partout le travail forcé est imposé aux populations.
Dans cet espace, l’éveil politique est assez tardif et se concentre surtout après la Seconde Guerre mondiale pour plusieurs raisons : un régime particulièrement coercitif, une contestation qui s’opère surtout via des mouvements messianiques, ou encore une élite africaine peu développée.
6.1. Décolonisation française
6.2. Décolonisation belge
6.3. Décolonisation britannique
7 ¦ La décolonisation de l’Afrique orientale
L’Afrique orientale possède deux caractéristiques majeures par rapport au reste de l’Afrique. D’une part, elle rassemble un important assemblage de peuples, et de cultures, qui ne se sont pas beaucoup mélangées. On retrouve des Africains, des Indonésiens, des Arabes, des Indiens et des Européens. La coexistence de ces peuples a entrainé des difficultés politiques, mais a donné naissance à une langue spécifique : le swahili, mélange d’arabe et de langues bantou. D’autre part, sa situation géographique stratégique en a fait l’objet de convoitise internationale et un lieu de tensions permanentes entre les différents peuples, et entre les différentes puissances qui veulent dominer la région. Dans cet espace, on retrouve l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, et Madagascar.
7.1. Décolonisation britannique
7.2. Décolonisation française
8 ¦ La décolonisation de la Corne de l’Afrique
La Corne de l’Afrique rassemble l’Éthiopie, la Somalie, l’Érythrée, et Djibouti. La région a été peu marquée par la colonisation. L’Éthiopie est une des rares régions d’Afrique a avoir échappé à la colonisation européenne grâce à la victoire d’Adoua en 1896 des troupes de l’empereur Ménélik face aux Italiens. Elle ne connait qu’une occupation de 5 ans entre 1936 et 1941 par les troupes de Mussolini. Toutefois, le pays, alors qu’il aurait pu suivre l’exemple du Japon et se moderniser, préfère se maintenir dans une structure archaïque et oppressive. Le Négus (empereur) se comporte en monarque absolu et bien que jouissant d’une bonne image à l’étranger, doit faire à des contestations et à une pauvreté très importante au sein de son pays. L’Érythrée ne va connaitre la domination italienne que de 1882 à 1947 avant d’être fédérée à l’Éthiopie puis d’être annexée en 1962. Une guerre d’indépendance va alors être entreprise et aboutira en 1993. Toutefois les pays resteront en guerre jusqu’en 2018. La Somalie a été très négligée politiquement et économiquement par le colonisateur britannique et accède à l’indépendance en 1960. Seul Djibouti a connu une occupation plus importante de la part de la France et ne connaitra son indépendance qu’en 1977.
9 ¦ La décolonisation de l’Afrique australe
En Afrique australe, on retrouve l’Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, le Zimbabwe, le Mozambique, le Lesotho et le Swaziland. Dans la région, l’Afrique du Sud a beaucoup de mines de diamant et d’or et va chercher sa main-d’œuvre dans les territoires voisins, et y place ses capitaux. Le régime politique sud-africain de l’Apartheid (les communautés noires et blanches vivent de manière séparée, avec tous les avantages accordés aux Blancs) a tendance à se répandre dans les territoires voisins comme au Zimbabwe ou en Namibie.
La Namibie a été dominée par l’Allemagne jusqu’à la Première Guerre mondiale, puis est passée sous domination sud-africaine jusqu’à son indépendance en 1990. La domination sud-africaine sous un régime d’apartheid semblable à l’Afrique du Sud a entrainé une résistance armée de la part de la South West Africa People’s Organisation (SWAPO) soutenue par Cuba et les pays de l’Est. L’indépendance obtenue en 1990 est surtout politique, tant le pays dépend économiquement de l’Afrique du Sud.
Le Mozambique, colonisé par les Portugais, ne l’a été que superficiellement à cause du manque de moyens dont bénéficiait le Portugal pour entreprendre une telle entreprise.
La Rhodésie du Sud (Zimbabwe) est obtenue par la Grande-Bretagne en 1888 suite aux ruses de Cecil Rhodes et administrée par une firme commerciale (British South Africa Company) qui accapare la plupart des terres au détriment des Africains.
Le Botswana, le Swaziland et le Lesotho acceptent un protectorat britannique au XIXe siècle afin d’échapper aux Européens d’Afrique du Sud. Le Lesotho accède à l’indépendance en 1966, le Swaziland en 1968, demeurant toutefois dépendant de l’économie sud-africaine par leur position enclavée.
En Afrique du Sud, les Boers, arrivés en 1652 s’opposent aux Anglais arrivés en 1795. Lors de la guerre des Boers (1899 -1902), les Anglais triomphent. L’Afrique du Sud devient un dominion britannique, c’est-à-dire une colonie qui possède énormément de droits, mais ces derniers sont exercés uniquement par la minorité blanche. Depuis 1948, la domination et la discrimination blanche ont été institutionnalisées. Le racisme qui sert de base à l’organisation politique de l’ Afrique du Sud se couple à la crainte de la minorité blanche de voir se développer une élite noire concurrente, et redoute la pression démographique noire. En 1923, l’ANC est créée et se radicalise en 1949, notamment avec l’arrivée de Nelson Mandela.
L’ANC est réprimée par la minorité blanche, et répond par des émeutes violentes qui vont contribuer à l’arrestation des dirigeants de l’ANC, dont Mandela en 1962. La minorité blanche s’accorde un répit, mais les indépendances de la Zambie, de l’Angola, et du Mozambique et le soutien apporté par ces derniers à l’ANC oblige l’Afrique du Sud à apporter quelques aménagements à l’apartheid. En 1985, de nouveaux attentats de l’ANC entrainent de nouvelles répressions. La pression internationale est de plus en plus forte, et les sanctions économiques obligent Frederick De Klerk, Premier ministre sud-africain à plus d’ouverture que ses prédécesseurs. La Namibie, sous domination sud-africaine, obtient son indépendance en 1990, et Mandela est libéré la même année après 26 années de prison. La ségrégation raciale est abolie, et l’ANC abandonne la lutte armée. Les premières élections multiraciales portent au pouvoir Mandela en 1994.
10 ¦ Résumé
Tout comme l’histoire de la colonisation, celle de la décolonisation est non seulement présente dans les archives et les documents édités, mais elle est également encore fraîche dans la mémoire de toutes les personnes qui l’ont vécue et qui en témoignent grâce aux sources orales. Cette décolonisation s’est inscrite dans un contexte historique favorable, après la Seconde Guerre mondiale, où les grandes puissances commencent à se faire la Guerre froide entre le Bloc capitaliste de l’Ouest et le Bloc socialiste de l’Est. La décolonisation de l’Afrique est donc intervenue au moment opportun même si certaines puissances coloniales trainent les pieds à accorder l’indépendance aux territoires sous leur domination.