1961
Décolonisation britannique en Afrique orientale
Comme pour l’Afrique centrale, la décolonisation britannique en Afrique orientale sera plus lente et plus compliquée qu’en Afrique occidentale. Dès avant la Seconde Guerre mondiale, les populations militent pour une indépendance, mais ce n’est qu’après la guerre, que les Britanniques acceptent de mettre en place un cheminement devant conduire aux indépendances en passant par une autonomie accrue. En Afrique orientale, compte tenu de la coexistence de plusieurs peuples, les Britanniques inventent le concept de multiracialisme, et dans les assemblées représentatives mises en place, demandent à ce que des places soient réservées aux « races immigrées ». Les Africains rejettent ce qu’ils considèrent comme une manœuvre néo-colonialiste de la Grande-Bretagne. En 1961, le Tanganyika (Tanzanie) est la première colonie, bien que la plus pauvre, a accédé à l’indépendance sous la présidence de Nyerere en élaborant un programme politique non racial, et en rassemblant l’ensemble de la population derrière le même projet. En Ouganda, l’accession à l’indépendance est plus troublée. Il y a une forte hostilité des Africains vis-à-vis de la communauté indienne qui jouit d’un certain monopole sur les produits agricoles, et a de meilleures conditions de vie. En 1954 et en 1959, des émeutes raciales éclatent. Le pays accède à l’indépendance en 1962, avec une configuration boiteuse. Au Kenya, l’importance des communautés immigrées entraine un processus assez long qui ne conduit le pays à l’indépendance qu’en 1963. L’insurrection des Mau-Mau entre 1950 et 1953, une organisation secrète qui encadrent les paysans kikuyu a comme effet d’entrainer l’émigration en masse des colons européens. L’autorité britannique élimine les Kikuyus de la vie politique jusqu’en 1960. Jomo Kenyatta, emprisonné de 1952 à 1961, prend la direction de la KANU (Union nationale africaine du Kenya) en 1962, et malgré son rôle dans l’insurrection Mau-Mau apparait désormais comme un garant des intérêts britanniques par le colonisateur. En 1962, Kenyatta accepte la proposition britannique de mettre en place un État avec un Sénat chargé de protéger les intérêts des communautés immigrées.
Sources :
- Mabileau Albert, Jean Meyriat, Décolonisation et Régimes politiques en Afrique noire, dans Cahier de la fondation nationale des sciences politiques, 1967.
- Bat, Jean-Pierre, and Vincent Hiribarren. « Les décolonisations britannique et française de l’Afrique ou la création de l’étalon pour l’impérialisme. » Dans :Fin d’Empires. 2016.