1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- de situer dans le temps et dans l’espace l’Empire du Ghana, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace l’Empire du Mali, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace l’Empire Songhay, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace le royaume du Dahomey, et ses principales caractéristiques.
2 ¦ Introduction
Quand on étudie l’histoire de l’Afrique, on est frappé par l’originalité des civilisations enracinées dans les traditions culturelles. Si certaines ont disparu, d’autres se sont construites sur la base des anciennes civilisations et se sont complexifiées en intégrant de nouveaux apports, savoirs, connaissances et savoir-faire.
Les sociétés africaines ont toujours connu des transformations et des mutations sociales, économiques, idéologiques et culturelles. Elles sont en effet plurielles, dynamiques et complexes tant les réalités sont nombreuses et diversifiées sur ce continent : institutions politiques, systèmes économiques définissant la production et la circulation des techniques, des produits et des matières premières, systèmes de croyances variés, représentations artistiques et artisanales originales.
Toutes les régions du continent n’ont pas connu une même évolution. C’est ainsi que l’Afrique a accueilli diverses formations étatiques dont celles du delta du Nil où se sont développées, de la fin du quatrième millénaire avant J.-C. au Ve siècle après J.-C., les royaumes d’Égypte pharaonique, de Nubie et d’Aksoum. Ces régions correspondent actuellement aux pays nommés Égypte, Soudan et Sud-Soudan, Érythrée et Éthiopie.
Dans le reste de l’Afrique, si les États sont apparus plus tardivement, avec l’apparition de chefferies entre les IIIe et IXe siècles après J.-C., qui évoluent ensuite en royaumes et empires, il est utile de remarquer que certains territoires ne sont constitués que de sociétés lignagères dans lesquelles le pouvoir appartient exclusivement au chef de lignage.
Le processus de formation des sociétés et des États africains s’appuient sur des ressources locales : populations denses, environnements agricoles productifs, échanges entre communautés locales et sur des ressources extérieures : communications diverses interrégionales amenant au développement du commerce et à l’avènement des échanges de longue distance. Mais elle est aussi dépendante du développement de l’islam et de l’action de dirigeants aux modes de pouvoir variés qui jonglent parfois avec les ressources culturelles et les idéologies pour faire pencher la balance politique vers telle ou telle forme de gouvernance étatique.
3 ¦ Particularités de l’Afrique de l’ouest
Malgré un climat désertique et tropical sec, la région de l’Afrique de l’Ouest comporte des zones de peuplement denses dans les bassins des fleuves Sénégal et Niger, et du lac Tchad, où les terres sont propices à l’agriculture et à l’élevage. Des institutions politiques élaborées s’y sont construites, sans influence externe, grâce aux échanges commerciaux et aux revenus tirés de l’exploitation des richesses minières qu’on y trouve.
La recherche de l’or et des esclaves par les marchands musulmans, arabes, berbères et juifs à partir du VIIe siècle favorise la prospérité tout autant que la fragilité de cette région qui perd souvent le monopole commercial de l’extraction de l’or et du sel, ainsi que les revenus des plantations, au profit des Arabo-Berbères, des courtiers commerçants intermédiaires et des souverains locaux.
Quatre États, dont l’histoire s’entrecroise, illustrent l’évolution politique de l’Afrique occidentale : le Ghana, le Mali, le Songhay et le royaume côtier de Dahomey. Ils se succèdent du IVe au XVIe siècle et se renforcent suite aux luttes contre les peuples nomades qu’ils souhaitent intégrer politiquement et économiquement. Ces empires, essentiellement sédentarisés, sont situés dans les boucles des fleuves Sénégal et Niger favorables à la pêche, l’agriculture et l’élevage. Cette sédentarisation fait en sorte que l’agriculture devient une ressource précieuse pour les pouvoirs politiques en place.
4 ¦ L’empire du Ghana (IV-XIe siècle)
4.1. Contexte historique
Le Ghana, fondé par les Sarakolés (ou Soninkés) au IIIe ou IVe siècle, est le premier empire de l’Afrique occidental. Il s’élargit au VIIe siècle sous la dynastie Maghan. Couvrant initialement le territoire d’Aouker, il s’est élargi sous le règne de Kaya Maghan au VIIe siècle au Bakoumou, au Wadagou, au Ka’arta, à tous les petits royaumes de l’ouest, ainsi qu’aux chefferies berbères d’Aoudaghost et Walata. La politique expansionniste et la puissance militaire du Ghana assurent son hégémonie sur la région. Le royaume connait son apogée au Xe siècle. Il regroupe alors tous les territoires situés entre les boucles des fleuves Sénégal et Niger.
Fragilisé par les conflits de succession, le Ghana est envahi en 1076 par les Almoravides musulmans. La chute de l’Empire favorise l’implantation de l’Islam, et contraint les populations à se convertir ou à s’exiler ce que vont faire les Sarakollés, les Mandés et les Peuls. Libérés du pouvoir central, les royaumes périphériques reprennent leur indépendance tandis que l’Empire du Mali succède à celui du Ghana.
4.2. L’organisation politique et sociale
L’Empereur ou Kaya-Magha, au pouvoir absolu de droit divin, dirige l’État avec le concours du Conseil Impérial et du gouvernement, ainsi que des représentants et des rois vassaux dans les provinces. La transmission du pouvoir se faisait selon le principe de la matrilinéarité : un neveu en lignée maternelle succède ainsi au Kaya-Magha. Le Conseil Impérial est constitué de grands personnages (comme le confident du roi, le Premier ministre, les ministres, les anciens). Le Ghana est divisé en provinces dirigées par des vassaux ou des représentants personnels du Kaya-Magha. Les provinces payent un impôt ou un tribut, en nature ou en or.
Pour assurer les conquêtes de l’Empire et sa défense contre les envahisseurs, les rois disposent d’une armée composée de troupes d’élite (les guerriers Soubas), de casseurs de villages (les Ka-Goros) et de cavaliers (les Maga-Sis). Ces derniers appartiennent à une classe noble de hauts fonctionnaires qui possèdent des esclaves, captifs de guerre. Les peuples du Ghana sont organisés en familles dont les ancêtres communs forment des clans, eux-mêmes constitués en tribus. Les activités politiques ont donné lieu à des classes de nobles, de seigneurs et de marchands exploitant tant les hommes libres que les esclaves.
4.3. L’économie
La population ghanéenne s’adonne principalement au travail du fer, à l’élevage et à l’agriculture. On cultive des céréales dans les vallées fluviales (mil, riz, blé dur), des palmiers dattiers au Sahel, ou encore du sorgho, des haricots, du coton, de l’igname, du henné, des légumes, du cola et du riz africain. Les souverains possèdent des terres agricoles qu’ils font exploiter par des esclaves. L’élevage est également varié et florissant : bœufs, moutons, chèvres, chameaux, chevaux. De par sa position de carrefour, l’Empire du Ghana est un centre d’échanges de marchandises entre l’Afrique du Nord, d’où proviennent tissus, cuivre, argent, dattes, figues, barres de sel en provenance du Sahara, et les pays du Sud qui apportent plumes rares, ivoire, esclaves, gomme arabique, bétail, céréales et or. Les marchés attirent les marchands venus de toute l’Afrique occidentale et du Maghreb. La ville de Djenné devient ainsi un grand centre commercial dès 800 après J.-C. Le transport des marchandises est assuré par des chameaux et des ânes. Le Kaya-Magha tire des revenus substantiels du commerce grâce aux impôts. Les artisans travaillent principalement dans les villes comme orfèvres, forgerons, tisserands, travailleurs du cuir, maçons ou menuisiers. Les mines d’or se situent dans les régions de Bouré et Falemé sur le territoire des Mandingues.
4.4. Les croyances
Farouchement opposée à l’Islam, la population ghanéenne reste fidèle aux croyances locales dont le culte était assuré par le Kaya-Magha. Les musulmans vivent quant à eux à l’écart, dans leurs propres quartiers. Ils ont cependant apporté beaucoup d’innovations urbaines, vestimentaires et artisanales.
5 ¦ L’Empire du Mali (XIe –XVe siècle)
5.1. Contexte historique
La région du Mandingue (ou Manden), qui était divisée en trois provinces dirigées par des clans malinkés est le berceau de l’empire du Mali. Vers 1050, le clan des Keita Konaté se convertit à l’islam et l’emportant sur les autres clans, refuse la soumission à l’empire du Ghana voisin. À la fin du XIIe siècle, le père de Soundjata Keita règne sur le Mandingue. Il cherche à s’allier avec les royaumes voisins afin de s’opposer aux nomades venant du Sahara pour capturer des esclaves. Au XIIIe siècle au nord, Sumaoro Kanté, roi du Sosso conquiert les petits royaumes voisins et constitue une armée très disciplinée. Voulant contrôler les mines d’or, il attaque le Mandingue. En difficulté devant les attaques de Sumaoro Kante, les Malinkés font appel à Soundjata Keita qui devient roi. Lors de son intronisation en 1232, il proclame la charte du Manden. Soundjata organise une armée avec l’aide des Mandingues et des guerriers malinkés et entreprend la guerre contre le roi du Sosso. Après plusieurs batailles, Soundjata Keita vainc l’armée de Soumaoro Kanté en 1235 à Kirina puis conquiert tous les royaumes de la région qu’il unifie pour former l’Empire du Mali.
En quelques années, Soundjata Keita s’assure la possession du Ghana et des royaumes voisins, créant l’empire Mali qui s’étend de l’Océan à la zone d’inondation du Niger. Proclamé Mansa Mussa (ou Maghan), c’est-à-dire « Roi des Rois » ou « Empereur ». La capitale Niani a été fondée à cette époque, c’est une ville riche en or et en fer probablement située sur le site de Niani sur le Sankarini (en Guinée). Si presque tous les empereurs du Mali sont musulmans, ce n’est pas le cas de Soundjata Keita, qui perpétue la tradition mandingue sous son règne, de 1230 à 1255. Après sa mort, ses successeurs poursuivent la formation territoriale de l’empire tout en renouant avec l’Islam.
L’Empire du Mali connait son apogée sous Kankan Moussa « le Navigateur » (1312-1337), qui reçut une éducation arabo-musulmane. Sur le plan politique, Kankan Moussa règne sur un immense empire qui s’étend de l’Atlantique à Tadmekka, et du Sahara à la zone forestière au sud. Son armée est puissante mais il entretient des relations pacifiques avec tous les Etats musulmans d’Afrique du Nord. C’est l’un des hommes les plus riches de son temps.
La mort de Kankan Moussa en 1337 marque le début des luttes de succession et le déclin de l’Empire du Mali. Son fils et successeur, Maghan Ier, ne peut contenir l’invasion et le pillage de Tombouctou et du delta du Niger par les Mossis de Yatenga en 1337. Puis, sous le règne de Souleymane et malgré le renforcement des liens avec les pays voisins, dont le Maroc, les successeurs suivants échouent à contrôler un Empire ruiné dont le peuple est accablé d’impôts. Les provinces éloignées reprennent leur indépendance et l’Empire du Songhay remplace celui du Mali.
5.2. L’organisation politique et sociale
Le Mansa (à l’exception de Soundjata Keita,) empereur de droit divin, tient compte à la fois des coutumes ancestrales et des préceptes de l’Islam. Il dispose d’une garde de trois cents guerriers armés de lances et de flèches. Les périodes de succession au pouvoir sont marquées par des conflits armés entre les factions. En effet, l’Islam encourage le fils aîné à succéder à son père tandis que la coutume privilégie le frère cadet de l’Empereur. La famille royale, ainsi que les courtisans, les otages envoyés par les rois vassaux, les officiers supérieurs de l’armée et les griots, vivent dans le palais royal construit sur le modèle des palais arabes, à Niani, capitale de l’Empire.
Le Mansa, qui incarne le pouvoir, est chargé des affaires intérieures et extérieures de l’empire. Ses décisions sont soumises au Conseil Impérial composé des Anciens, du cadi (juge), du prédicateur, du chef des griots, et de dignitaires civils et militaires. Les actes impériaux sont rédigés en arabe et envoyés dans toutes les provinces pour exécution. Le gouvernement est composé du Premier ministre et des ministres chargés de secteurs particuliers (trésor, justice, péages, armée, affaires étrangères, etc.). Le Mansa nomme des représentants provinciaux qui contrôlent la vie politique des provinces. Chacun d’entre eux dispose d’une cour, d’un conseil, de secrétaires, d’une garde personnelle et d’une armée. Les rois vassaux, quant à eux, gouvernent leur royaume selon leurs propres coutumes, et leurs enfants sont élevés à la cour impériale.
Les Maliens sont jugés selon leur appartenance religieuse : selon la loi islamique s’ils sont musulmans, ou selon les coutumes locales s’ils ne sont pas musulmans. Le juge, dépendant directement de l’Empereur, est assisté par un conseil de lettrés et d’Anciens. L’Empereur et ses représentants veillent à ce que la justice soit rendue convenablement.
Les sujets de l’Empire du Mali sont divisés en classes :
- L’aristocratie, à savoir les familles alliées à Soundjata Keita (les Condé, Koroma, Traoré et Camara), est composée des grands dignitaires, de commerçants et de lettrés. Elle seule peut accéder à la fonction civile et militaire.
- Les hommes libres, appartenant aux clans libres du Mandingue et les sociétés de chasseurs, pas d’origine mandingue, mais qui ont joué un grand rôle dans la conquête militaire de l’empire.
- Les marabouts, appartenant à l’une des 5 familles gardiennes de la foi, sont associés au pouvoir. Ils sont respectés et jouissent de nombreux avantages.
- Les eunuques (hommes castrés) et les griots occupent souvent des fonctions importantes au sein de la cour. Les griots, qui sont à la fois musiciens, poètes, philosophes et historiens, sont les archives vivantes des Empereurs.
- Les esclaves, soumis aux travaux forcés par les dignitaires de l’Empire ou vendus aux commerçants arabo-berbères pour alimenter le trafic d’esclaves en Asie.
La musique occupe une place importante, tant dans la cour impériale que dans l’ensemble de la société malienne.
5.3. L’économie
L’économie est basée sur l’agriculture (céréales, ignames, fruits et karité pour la production d’huile), ainsi que sur les richesses du sous-sol (sel, cuivre, or, fer). De nouvelles cultures, notamment de coton, sont développées dans la ville de Balandugu. Les régions de Buré et du Bambuk sont quant à elles exploitées pour leurs mines d’or, principale richesse du Mali et produit de prestige.
Dans les centres urbains, le commerce est entre les mains des marchands mandingues et sarakolés. Ils échangent leurs produits contre ceux des Arabes et des Berbères (cauris, sel, cuivre, or, cotonnades) et contribuent ainsi à répandre la civilisation de l’Empire dans les régions du Sud, le pays Haussa et le Bornu.
Les Mandingues, qui livrent leurs produits dans la région du Sahel par chameaux, ânes et porteurs parcourent les routes bien entretenues et parsemées de baobabs qui protègent les voyageurs du soleil et dont le tronc conserve l’eau potable pour étancher la soif. En ouvrant à partir de 1325 le pays aux commerçants arabo-berbères, Mansa Kankan Moussa, transforme des villes comme Gao, Tombuctu, Djenné et Niani en grands centres commerciaux pour les marchands ayant traversé le Sahara.
5.4. Les croyances
L’Islam est la religion officielle de l’Empire du Mali. Elle est principalement pratiquée par l’aristocratie politique et marchande. L’islamisation s’ancre surtout dans les centres urbains, les pratiques ancestrales sont encore bien présentes à l’intérieur de l’Empire.
Sur le plan religieux, Kankan Moussa et d’autres pèlerins mandingues prônent un Islam orthodoxe. Son admiration pour la culture islamique le pousse à aligner son empire sur le monde arabe, notamment au niveau des lettres et de la religion, avec la construction de mosquées-écoles dans toutes les grandes agglomérations. Par ailleurs des religieux étrangers propagent pacifiquement la religion musulmane dans le pays, renforçant le brassage des populations tandis que des Blancs maghrébins s’installent notamment à Niani en épousant des princesses locales.
6 ¦ L’empire Songhay (XV-XVIe siècle)
6.1. Contexte historique
Le Royaume Songhay, fondé autour de la boucle du Niger vers le VIe siècle après J.C., se développe à partir du XIe siècle, grâce aux contacts avec les Arabo-Berbères. L’indépendance du Royaume Songhay intervient suite aux troubles de succession provoqués par la mort de Kankan Moussa en 1337 au Mali. Profitant de la faiblesse du Mali, le Songhay se lance à la conquête de régions importantes. De la seconde moitié du XVe siècle à la fin du XVIe siècle, l’Afrique de l’Ouest est dominée par l’Empire Songhay, un État centralisé s’étendant du Tchad à l’est jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal à l’ouest dont le prince Ali Konen en est le fondateur (1464-1492). Il s’empare du pouvoir et conquiert avec sa redoutable armée les villes de Djenné et Tombouctou en 1464. Il se fera appeler « Soni Ali Ber ou Soni Ali le Grand» par la population. D’abord « Dâli » (maître de la magie songhay), Soni Ali Ber se convertit à l’Islam sans en suivre pour autant tous les préceptes. Il est considéré comme l’un des plus grands généraux de l’histoire africaine. Son armée est composée de fantassins et de cavaliers, ainsi que d’une flottille de guerre le long du Niger. Les soldats sont des volontaires, des étrangers, et même des prisonniers de guerre des pays voisins (Mossis, Daribas et Touaregs).
Bakara Baa succède à son père Soni Ali Ber en 1493. S’éloignant de l’Islam, il est dépossédé du pouvoir la même année par Mamadu Touré de la dynastie Hombori, d’origine Soninké, qui prend le nom d’Askia Mohammed, fondant ainsi la dynastie des Askia (qui régna jusqu’à 1592). Il échoue néanmoins à imposer l’Islam aux populations du Mossi, repousse les Touaregs dans l’Aïr et s’empare d’Agadès. Sous son règne l’Empire englobe les provinces septentrionales de l’Empire du Mali, et touchait le Royaume du Bornu à l’est, le Tekrur à l’ouest, et le Sibiridugu (Ségou) au sud-ouest.
La richesse de l’Empire du Songhay suscite la convoitise de son voisin marocain, le souverain El-Mansour, qui se lance à la conquête du Songhay. La défaite de Tondibi en 1591 marque la fin de l’Empire Songhay qui passe alors sous la domination du Royaume du Maroc. D’autres entités politiques en profitent pour se développer suite au vide laissé par l’empire du Songhay. Parmi ceux-ci, le royaume bambara, composé d’adeptes de la religion traditionnelle va s’affirmer.
6.2. L’organisation sociale et politique
Bien organisé sous le règne de Soni Ali Ber qui établit un pouvoir centralisé, l’Empire est agrandi par les Askia successifs. Askia Mohammed, qui a le pouvoir suprême, règne selon les préceptes du Coran et les coutumes. Il porte les insignes de Khalife reçus à la Mecque, ainsi qu’un tambour et des drapeaux. Le gouvernement est composé de dignitaires, de griots, de jurisconsultes et de ministres. L’empire est divisé en provinces, dirigées par des gouverneurs. Les grandes villes frontalières ont une administration propre. Tant au niveau central qu’au niveau provincial, la justice est rendue par un cadi (juge) dont les sentences sont sans appel.
À Gao, les propriétaires les plus importants sont issus de la famille des Askia, tandis que l’aristocratie politique et religieuse rassemble des hauts fonctionnaires, des lettrés et des cadres musulmans. Les plantations, qui appartiennent au domaine royal sont exploitées par des fonctionnaires. Elles donnent du travail à une grande masse d’esclaves. Ces derniers travaillent sous l’autorité d’un chef, le « fanfa » (ou « fanafi »). Il y a dans l’empire deux sortes d’esclaves : les esclaves familiaux, attachés à une famille dont les descendants font partie de leurs biens, et les esclaves capturés lors des campagnes militaires.
6.3. L’économie
Les terres autour du fleuve Niger ont permis l’implantation de cultures variées et abondantes qui ont favorisé les échanges commerciaux, assurant ainsi la prospérité de la région et le contrôle des zones minières et agricoles. De plus, l’Empire compte des mines d’or ainsi que les salines de Teghaza, importantes sources de richesse à l’époque.
L’économie est basée sur l’élevage, l’agriculture céréalière, la chasse et la pêche qui favorisent un commerce dynamique et contribuent au développement des villes de l’Empire. On cultive des céréales (sorgho, mil et blé réservé à une certaine classe sociale) et des légumes (courge, navet, ail, aubergine, chou, haricot, oignon et tubercules) dans cet empire dont les souverains sont les plus grands propriétaires terriens. Par contre, ce sont surtout les communautés juives qui s’occupent du maraîchage au sud de Tombuctu et vendent les récoltes à des négociants.
Le commerce est un enjeu politique déterminant pour asseoir l’hégémonie des souverains songhays. De par leur position géographique, les villes de Djenné et Tombuctu représentent des pôles importants rayonnant dans tout le Maghreb et le bassin méditerranéen. Tombuctu est située sur les grandes pistes empruntées par les caravanes chargées de tissus, d’armes, de bijoux, de dattes et de livres qui sont échangés contre du cuivre, des esclaves, de l’or et du sel.
6.4. Les croyances
L’Islam est solidement implanté dans les villes, où les marabouts, lettrés et juges sont très respectés.
7 ¦ Le royaume du Dahomey (XVe – XIXe siècle)
7.1. Contexte historique
Les États situés entre les savanes soudanaises et l’Océan Atlantique ont été fondés par les Fons vers le XVe siècle. Les rois de cette région, surnommée « Côte des esclaves » par les Européens, ont vu leur influence et leur pouvoir renforcés grâce au commerce des esclaves lors de la traite atlantique.
Le Royaume de Dan Homey (transformé en Dahomey par les Européens) est un État côtier qui s’est développé dans un paysage forestier. Au XVIIe siècle, le roi Uegbadja fonde la cité Abomey, annexe les petites chefferies de la région et règne sur un territoire acquis par des alliances, des guerres et la ruse. Il promulgue des lois, nomme des ministres et développe l‘administration, la religion et la culture politique qui caractérise le Dahomey. Le Royaume s’agrandit sous le règne d’Agadja (1707-1732) avec l’annexion de plusieurs petits États (Allada, Ouidah, Djekin) qui lui donnent accès à l’océan. Grâce à sa position ouverte sur l’Atlantique, le Royaume peut alors contrôler le commerce des esclaves avec les comptoirs européens. Les Européens installés sur la côte (notamment à Ouidah, Dékin et Porto Novo) soutiennent certains chefs.
Le Royaume connait son apogée sous le règne du roi Ghezo Kokulo, « le Coq » (1818-1858) qui renforce les institutions politiques et économiques du Royaume, modernise l’armée en la dotant d’armes à feu, et étendit le Royaume à tout le pays fon. Son armée de 16 000 soldats et 15 000 amazones soumet les révoltés savés, mahis et adjas, et envahit les Yoroubas pour y capturer des esclaves. En 1858, le Royaume s’étend de la rivière Mini à l’ouest, au pays Yorouba à l’est, et des pays Mahi et Ana au nord, à l’océan atlantique au sud.
Le Dahomey résiste à l’hégémonie colonialiste européenne dans cette région côtière jusqu’en 1887. Les souverains font échouer la tentative portugaise d’imposer un protectorat dans ce royaume entre 1885-1887. Les autorités de cet État refusent de reconnaître les droits de protectorat français au royaume de Porto Novo. Sous le roi Béhanzin (1889-1894) une guerre éclate contre ce protectorat français. Les affrontements cessent par la signature d’un traité de paix à Ouidah. En 1892, la guerre reprend, mais le roi Béhanzin doit capituler en 1894. Arrêté et exilé en Martinique, il plaidera la cause de son royaume jusqu’à sa mort.
7.2. L’organisation politique et sociale
Le Roi est choisi dans la famille des fondateurs du Royaume. Avant de régner, il doit effectuer une retraite de 3 mois à Porto Novo pour se livrer à la méditation sur la chose publique et recevoir une initiation politique. Il est ensuite consacré au temple d’Aholuhokhunon. La mort du Roi n’est annoncée qu’au bout de 3 mois, ouvrant la compétition de la succession aux princes (les princesses étaient exclues).
Le Roi règne avec ses ministres. Certains postes de ministres sont héréditaires. Le Premier ministre est appelé Migan, et le gouverneur des provinces est le Mehou. D’autres ministres, qui occupent des secteurs divers, résident dans leurs provinces et ont à leur service de nombreux esclaves (lari) et des hommes libres (anato).
Sur le plan social, il existe des inégalités criantes entre les princes et les nobles d’un côté, et les hommes libres d’autre part. Viennent ensuite les nombreux esclaves, victimes des guerres, qui pour la plupart sont livrés aux courtiers esclavagistes. Ceux qui restent sur place sont soumis aux travaux de diverses natures.
7.3. L’économie
Dans le domaine économique, le roi Ghezo Kokulo apporte une véritable révolution avec sa politique agricole. Roi éclairé, il introduit la culture de plantes nouvelles dans tout le pays comme le manioc, la banane, l’arachide, le néré et le tabac qui permettent de résoudre les problèmes de pénurie alimentaire.
S’appuyant sur une main-d’œuvre d’esclaves, il élargit également les plantations royales de palmiers et de cocotiers faisant en sorte que ses propres domaines servent d’exemple pour les cultures et que l’huile de palme produite alimente le commerce très prolifique avec l’Angleterre. Néanmoins, le commerce des esclaves entraîne une fragilité économique, puisque certaines régions du Royaume (et des pays voisins) se retrouvent ruinées et privées de leurs habitants.
7.4. Les croyances
Le culte du Vodun (Vodu), qui s’articule autour d’un clergé et de temples dispersés dans tout le pays, vise à apaiser ou à attirer les faveurs du Vodu, esprit présent à tout moment dans la vie des hommes qui peut aussi bien faire du mal que soutenir ses fidèles. Les peuples fons du Dahomey croient à l’immortalité de l’âme et à la vie dans l’au-delà. Ils croient aussi à l’Être suprême et à une multitude de divinités ou d’esprits. Les croyances religieuses ont favorisé la création artistique (représentations de divinités, objets de culte, statuettes politiques en bois ou en fer, bijoux et colliers en cuivre ou argent, portraits royaux…). Le clergé, composé de prêtres et de prêtresses, est bien organisé. Les principales divinités sont Maou et Lissa (la lune et le soleil), Hévioso (le tonnerre), Dan (la fécondité) et Ogun (les forgerons). Typiquement africain et pratiqué par les esclaves de Dahomey, le culte de Vodu est apporté et développé par l’entremise des esclaves dans diverses parties de l’Amérique.
8 ¦ Résumé
- L’Empire du Ghana (IVe – XIe siècle) est le premier grand empire d’Afrique occidentale. Il s’élargit au cours du temps en annexant des petits royaumes. Le Ghana connait son apogée au Xe siècle, avant d’être envahi en 1076 par les Almoravides qui vont contraindre les populations à se convertir à l’Islam ou à s’exiler.
- L‘Empire du Mali (XIe – XVe siècle) succède à l’Empire du Ghana. Vers 1050, le clan Keita se convertir à l’Islam et refuse de se soumettre au Ghana. Des affrontements vont avoir lieu avec le royaume du Sosso jusqu’à la prise de pouvoir de Soundjata Keita en 1232 qui va battre le Sosso. En quelques années, Soundjata va prendre possession de tous les territoires autour du sien, et véritablement fonder l’Empire du Mali. L’Islam va s’implanter chez les élites après la mort de Soudjata Keita. L’Empire va connaitre son apogée sous Kankan Moussa (1312-1337). A sa mort, des luttes de succession vont affaiblir le royaume qui va petit à petit s’effondrer.
- L‘Empire Songhay (XVe – XVIe siècle) remonte au VIe siècle, mais va se développer par la suite. Profitant de la faiblesse du Mali suite à la mort de Kankan Moussa en 1337, le Songhay va partir à la conquête de régions importantes. Sonni Ali Ber (1464-492) s’empare du pouvoir et va conquérir des villes importantes comme Djenné et Tombouctou. Il est considéré comme le fondateur de l’Empire Songhay. L’Empire Songhay est très riche et le Royaume du Maroc, voisin, va se lancer à sa conquête. En 1591, c’est la fin de l’Empire Songhay.
- Le royaume du Dahomey (XVe – XIXe siècle) est un État côtier qui va profiter de la traite négrière transatlantique pour s’enrichir considérablement. Le royaume connait son apogée au XIXe siècle. Le roi Ghezo Kokulo (1818 – 1858) va moderniser son armée et l’équiper d’armes à feu. L’armée redoutable du Dahomey permet de maintenir la paix dans ses frontières. Le royaume va résister à la colonisation européenne pendant des années, avant de capituler définitivement en 1894.