Ghezo
Ghezo est le huitième roi du royaume Dahomey. Il est connu pour ses nombreuses guerres de conquête, le renforcement des institutions politiques, la modernisation de l’armée et la réorientation de l’économie de son royaume.
Ghezo est le nom de règne du prince Gapké. Il est relativement jeune quand son père, le roi Agonglo décède en 1794. Le prince Akakpo, le frère de Gapké, succède au sixième roi du Dahomey, sous le nom de règne d’Adandozan. Sous son règne, Adandozan critique les sacrifices humains, une pratique socialement ancrée dans le royaume. Il se montre également critique à l’égard de la traite négrière qui selon lui fait perdre une main-d’œuvre importante au royaume. Ses critiques, sa politique économique et sociale ne font pas l’unanimité. La famille royale, les dignitaires de la cour et une partie de la population se montrent hostile. Ils ne veulent pas changer leurs pratiques et perdre leurs privilèges économiques. Ce mécontentement profite au prince Gakpé chargé de conduire les guerres du royaume. Il devient de plus en plus populaire dans le royaume à cause de ses grands succès militaires. Dans sa quête de pouvoir et de richesse, le prince Gakpé se lie d’amitié avec un riche marchands d’esclave brésilien, Francisco Felix de Souza. Ce dernier fournit des armes et enrichit le prince devenu le favori de la cour royale. En 1818, soutenu par cette même cour et l’armée, il enlève et renverse le roi Adandozan.
Le nouveau roi prend le nom de Ghezo, ce qui signifie : « L’oiseau cardinal ressemble au feu, mais il ne peut mettre le feu à la brousse ». Dès le début de son règne Ghezo est confronté à deux problèmes majeurs. Le premier est de se défaire du joug du royaume d’Oyo. En effet, le royaume du Dahomey doit un tribut annuel au royaume d’Oyo. Le deuxième problème auquel il est confronté, est la relance de l’économie vacillante du royaume. Pour se défaire du joug du royaume d’Oyo, Ghezo entreprend une réorganisation et un renforcement de l’armée. Il recrute massivement et équipe ses soldats d’armes à feu. Il met également en place des corps militaires féminins. Ses femmes soldats reçoivent un entrainement rigoureux et sont directement entraînées par les chefs d’armées du roi. En 1827, Ghezo vainc les troupes d’Oyo à Paonignan. Cette victoire met fin au joug du royaume d’Oyo et affirme le pouvoir politique de Ghezo dans le royaume. Ses sujets le voient désormais comme un libérateur.
Il va de victoire en victoire, et son armée l’aide à agrandir le royaume. Certains captifs des guerres de Ghezo sont vendus comme esclaves. La rentabilité du commerce d’esclave pousse le roi Ghezo à s’y adonner sans réserve. En 1851, après quelques tentatives de négociation ratées des autorités Britanniques pour faire cesser la traite négrière sur les côtes du Dahomey, la Grande Bretagne impose un blocus naval qui contraint le roi Ghezo à signer le traité interdisant l’exportation des esclaves à partir du royaume. Néanmoins, l’application de cette interdiction s’avère difficile car le commerce rapporte beaucoup à l’économie du royaume. Ghezo encourage ses sujets à se lancer dans une culture de rente en cultivant le coton et l’huile de palme. Il encourage également les industries locales dans le tissage et l’exploitation minière. Vers la fin de son règne, Ghezo entreprend des reformes sociales comme l’amélioration des conditions des esclaves, la diminution des sacrifices humains et l’annulation la peine de mort pour l’adultère. Vers la fin de la traite négrière au Dahomey, les matières premières du royaume attirent les pays européens. Le Portugal, la France, et la Grande-Bretagne se disputent la place au Dahomey. Ghezo est un négociateur aguerri et cherche l’intérêt de son royaume. Il veut faire des compromis mais il ne veut en aucun cas perdre sa souveraineté. Il refuse de céder le port de Ouidah aux Britanniques. En 1851, dans une lutte d’influence entre pays européens, les Français réussissent à signer un traité avec Ghezo, protégeant les commerçants et les missionnaires catholiques français. Cette coopération avec la France se poursuit sous le règne de ses successeurs.
En 1857, au cours d’une campagne militaire, le roi Ghezo est grièvement blessé par une flèche empoisonnée. Ghezo arrive à atteindre le palais royal mais sa blessure se cicatrise difficilement. Il confie certaines tâches au prince héritier Badohoun, le futur roi Glélé. Malgré les soins, Ghezo meurt en 1858 à la suite de sa blessure de guerre. C’est l’hypothèse avancée par certains historiens même si un certain mystère entoure sa mort. Le prince Badohoun monte sur le trône et devient le roi Glélé. Il hérite d’un royaume en pleine croissance économique et une armée crainte par les royaumes voisins. Il est le père du roi Béhanzin.
Sources
- Adeyinka Augustus, « King Gezo of Dahomey, 1818-1858: A Reassessment of a West African Monarch in the Nineteenth Century », dans African Studies Review, vol. 17, no. 3, décembre 1974, p. 541-548.
- Law Robin, « The politics of commercial transition: Factional conflict in Dahomey in the context of the ending of the Atlantic Slave Trave », Journal of African History, 38, 1997, p. 212-233.
- Djivo Adrien, GUEZO, la révolution du Dahomey, Paris/Dakar/Abidjan, ABC/NEA, 1977.