Dura lex sed lex ou l’exemple romain de rigueur et d’impartialité
Savoir dire non
La personne juridique
La propriété
Droit de vote
Droit international et justice international
Faux et usage de faux
Attention au chanvre
Les associations et la loi
Tapage nocturne
Pourquoi les enfants sont-ils des mineurs?
Liberté d’expression
Comment porter une affaire civile devant le tribunal?
Le problème de l’héritage
Comment s’organise la justice?
À quoi sert la justice?
Les droits fondamentaux de l’homme
Qu’est-ce qu’une constitution?
Les Arabes et l’islam
mission civilisatrice
Occupation économique de l’État indépendant du Congo
Carte – Organisation internationale de la francophonie autour du monde
Bibliographie module 1 Histoire constitutionnelle de la République démocratique du Congo
Fiche pédagogique : Analyser un document iconographique
Fiche pédagogique : Analyser un document écrit
Parcours pédagogique : La colonisation de l’Afrique, et en particulier du Congo, par l’Europe au XIXe siècle
Parcours pédagogique : Les traites négrières, le racisme et la mémoire
Parcours pédagogique : La traite négrière orientale et ses résistances
Parcours pédagogique : le concept d’esclavage
Parcours pédagogique : comment voter ? jeu de rôles
Les élections en pratique
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Connaître le système électoral congolais et le cadre légal qui le sous-tend.
- Définir les trois périodes du cycle électoral.
- Connaître le rôle des élus pour les différents postes électifs (Président, Sénateurs, Députés, etc.)
- Identifier et définir les différentes sortes de violence rencontrées en période électorale.
2 ¦ Introduction
Bien que ce module de formation se concentre principalement sur la démocratie, le vote et les élections, il développe également les compétences et connaissances indispensables à tout.e citoyen.ne dans un État de Droit. L’apprentissage acquis grâce à cette formation permet aux participants de s’engager dans une société démocratique, dont l’un des moments clef est la participation aux élections.
3 ¦ Pourquoi voter ?
Voter est un privilège. C’est un droit acquis au prix de grands sacrifices durant plusieurs décennies de luttes et de combats acharnés, de guerres civiles parfois. Nous avons pour devoir de défendre ce droit, de préserver cet héritage. Voter nous permet de choisir librement, sans fraudes ni menaces, ni violences les élus qui seront appelés à prendre en main la destinée du pays ; ceux qui auront la gestion de la chose publique, la res publica.
Pourquoi voter ?
• Pour éliminer les dirigeants inefficaces et élire des dirigeants efficaces
Le vote est très important car votre vote est votre seule opportunité d’exprimer votre choix de dirigeant. Votre vote permet d’élire un dirigeant en qui vous avez confiance et que vous pensez être capable de gouverner au mieux le pays et représenter vos intérêts. Votre vote vous permet également de remplacer un gouvernement qui n’a, selon vous, pas réalisé un bon travail en terme de gouvernement.
• Améliorer le système politique général
En utilisant votre vote avec sagesse, vous contribuez aussi à améliorer la qualité des partis politiques. Les partis politiques réaliseront que s’ils sont élus et qu’ils n’écoutent pas les points de vue du peuple, ils peuvent se faire éliminer lors des prochaines élections. En conséquence, lorsqu’ils sont élus, ils font de leur mieux pour écouter et représenter les points de vue du peuple.
• Elire un candidat convenable
Vous avez le droit démocratique de choisir la personne qui représentera le mieux vos points de vue à la fois au niveau local et national. Ceux que nous élisons votent les lois et les politiques qui nous affectent tous. Il est donc essentiel que tout le monde vote de manière à s’assurer que les candidats ou les partis que nous élisons agissent dans l’intérêt du peuple lorsqu’ils sont au gouvernement.
• Choisir votre gouvernement
La démocratie signifie que les gens choisissent leur propre gouvernement. Utilisez votre vote pour élire un gouvernement qui :
– protège les intérêts de tous ses concitoyens
– n’est pas corrompu
– a une idée claire de la marche à suivre pour résoudre les problèmes du pays
– est redevable vis-à-vis de tous ses concitoyens et concitoyennes.
Dans une démocratie, les élections constituent un moyen pacifique d’améliorer ou de changer un gouvernement. Dans leur article intitulé “Qu’est-ce qui fait que des élections sont libres et équitables”,Jorgen Elklit et Palle Svensson ont développé une liste de vérifications pour permettre une évaluation des élections. Cette check-list ne prétend pas être exhaustive mais devrait servir de ligne directive schématique au processus d’évaluation. Cliquez ICI.
• Pour exercer son droit de vote
Il s’est avéré très important en tant que citoyens d’aller aux urnes pour :
– Remplir son devoir civique
– Pour combler la vacance du corps législatif
– Pour renouveler le personnel politique
– Pour l’équilibre des pouvoirs politique
4 ¦ Qui peut voter et pour qui voter ?
C’est un devoir d’aller aux urnes pour élire les gens que vous souhaitez voir aux commandes des affaires de l’Etat, que vous estimez dans votre âme et conscience être qualifiées et compétentes pour remplir telles ou telles autres fonctions. C’est aussi le moyen que vous avez, par votre vote, de redonner votre confiance à ceux dont vous estimez qui, durant leur mandat, ont rempli leurs fonctions respectives avec compétence, honnêteté et équité. Personne n’a le droit de vous dire pour qui voter : le choix est secret et personnel.
En RDC, l’article 5 de la Constitution stipule « sont électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par la loi, tous les Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques.
5 ¦ Le système électoral
Qu’est-ce qu’un système électoral?
Le système électoral (appelé aussi mode de scrutin, système de vote ou régime électoral) désigne le type de processus permettant l’expression du choix d’un corps électoral donné (par ex. le corps électoral des congolais.es) afin de choisir des élus pour exercer un mandat en tant que représentants de ce corps électoral.
Dans le cadre d’élections, les systèmes électoraux sont :
– soit des scrutins utilisant la règle de la majorité, dits scrutins majoritaires,
– soit des systèmes cherchant à représenter plus ou moins fidèlement le vote des électeurs via le principe de la représentation proportionnelle,
– soit des systèmes mixtes alliant ces deux types de système.
(pour aller plus loin avec un public intéressé par ces questions, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_%C3%A9lectoral
Le cadre légal
Le cadre légal du système électoral congolais est composé de :
• La Constitution
Elle fixe des dispositions relatives au processus électoral, décrit la composition des membres et le mandat de la CENI, établit également les règles relatives au vote telles : l’âge nécessaire pour exercer les droits civils et politiques, qui est de dix-huit (18) ans. La Constitution est la législation la plus forte au niveau national; les lois, décrets, arrêtés et autres textes relatifs au processus électoral doivent se conformer aux dispositions de la Constitution.
• La Loi Electorale
La Loi Electorale est le texte central décrivant le processus électoral. Elle décrit les acteurs et fixe le cadre de base des élections.
Description du cycle électoral
Le cycle électoral est divisé en trois grandes périodes :
- Période pré-électorale qui est subdivisée en 5 phases qui sont :
– Cadre juridique
– Planification et mise en œuvre
– Formation et éducation
– Enregistrement
– Campagne
2. Puis vient la période électorale constituée de l’organisation du jour du scrutin, de la compilation, de la publication et de la vérification des résultats, suivie de la période contentieuse.
3. Elle est suivi de la période post-électorale au cours de laquelle on retrouve les activités d’audit, évaluation, renforcement institutionnel, reforme juridique, archivage et mise à jour de la liste électorale.
6 ¦ Les violences électorales
On ne saurait intervenir sur la question des élections en RDC sans évoquer cet élément crucial que sont les violences électorales qui constituent la gangrène qui mine le cycle électoral congolais .
Dans un premier temps, il s’agit de définir ce que l’on entend par violence électorale tout en identifiant certaines d’entre elles. Aussi définissons-nous les violences électorales comme étant toutes les formes de violence survenue à n’importe quelle étape du cycle électoral. Elles peuvent être le résultat de différences de points de vue, d’opinions et de pratiques. Toutefois ce qu’il faut retenir c’est que la violence électorale nuit à la compétition politique et criminalise toute opinion dissidente.
Quel qu’en soit le lieu, les violences électorales mettent en péril la démocratie et altèrent les mécanismes courants de la compétition politique. Mentionnons que certaines sont spécifiques aux femmes et mettent en péril les femmes candidates sans se soucier de leur programme.
7 ¦ Comment voter ?
8 ¦ Qu’est-ce qui fait que des élections sont libres et équitables ?
Liste de vérification
Jorgen Elklit et Palle Svensson, dans leur article intitulé “Qu’est-ce qui fait que des élections sont libres et équitables” ont développé une liste de vérifications pour permettre une évaluation de l’intégrité du processus électoral. Cette liste, présentée ci-dessous, ne prétend pas être exhaustive mais devrait servir de ligne directive schématique au processus d’évaluation.
9 ¦ En guise de conclusion
Hommage aux colibris
Un jour, dit la légende amérindienne, un grand incendie ravagea la forêt. Effrayés, les animaux se réfugièrent sur la plage pour échapper aux flammes. Ils regardaient avec chagrin leur habitat flamber quand l’un d’entre eux eu une réaction plutôt inattendue. Le colibri s’activait à prendre de l’eau de mer dans son bec, vola jusqu’au-dessus de la forêt et jeta les quelques gouttes sur le feu. Il revint et répéta l’opération. Les animaux le regardèrent faire, incrédules.
Après un moment, le tatou agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Tu es fou Colibri, cela ne sert à rien, ce n’est pas avec quelques gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ».
Et le colibri lui répondit, imperturbable : « Je le sais, mais je fais ma part ».
FAISONS CHACUN NOTRE PART POUR CONSTRUIRE LA DEMOCRATIE !
Histoire des élections en République démocratique du Congo
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Définir l’importance d’une constitution.
- Discuter de ce que signifie la démocratie, et de retracer son histoire dans le cadre du Congo
2 ¦ Introduction
Bien que ce module de formation se concentre principalement sur la démocratie, le vote et les élections, il développe également les compétences et connaissances indispensables à tout.e citoyen.ne dans un État de Droit. L’apprentissage acquis grâce à cette formation permet aux participants de s’engager dans une société démocratique, dont l’un des moments clef est la participation aux élections.
3 ¦ Démocratie et élections dans le passé du Congo
Anciennement, élection du roi parmi les candidats issus du clan royal
Pendant la période coloniale,
- les chefs traditionnels ont été utilisés par le pouvoir colonial comme relais
- instauration d’une hiérarchie administrative et politique sur base de nominations
- interdiction formelle des partis politiques
- émergence d’associations socio culturelles congolaises
Fin des années 50,
- utilisation de ces associations comme éléments de regroupement et de recrutement en vue des élections communales
- incitation aux relations conflictuelles entre associations par l’autorité coloniale
- mutation de certaines de ces associations en partis politiques
Les élections de 1960 :
- émergence des leaders charismatiques régionaux.
- Importation au Congo des conflits internationaux (Est-Ouest) qui débouche sur
- les sécessions
- la paralysie du Gouvernement central et de son Chef issu de la majorité parlementaire
- les rebellions
Les élections de 65 :
- regroupement des partis politiques en cartels autour des leaders Tshombe (Conaco) et KasaVubu (front démocratique congolais)
- la Conaco sort majoritaire du scrutin législatif ; par crainte d’une victoire de son leader aux présidentielles, un coup d’état soutenu de l’extérieur met en place un troisième homme : Mobutu
- On s’arrête de voter en 65
Suppression des partis politiques et création du parti unique
En 77, après la guerre de 80 jours,
- ouverture du régime, par peur et suite aux pressions internationales, à des candidats non désignés par la hiérarchie du MPR
- premières interpellations critiques et publiques du régime, apparition d’une gauche parlementaire de laquelle émergera le groupe des 13,
- réaction du pouvoir, emprisonnement, réhabilitions, répressions,…
24 avril 1990 Discours d’ouverture au multipartisme qui débouche sur la Conférence Nationale Souveraine (CNS) qui aboutit à ses objectifs mais ne peut mettre ses résolutions en œuvre suite à une succession de blocages, de freins liés aux intérêts partisans.
1990-94 : Guerre du Rwanda qui s’exporte au Congo
Prise de pouvoir par LD Kabila qui interdit les partis politiques, désigne de nouveaux parlementaires, guerre d’agression, suivie de rébellions congolaises, accord global et inclusif, nouveau parlement désigné par les composantes du dialogue
Annonce de nouvelles élections sous l’égide la Communauté internationale
2006 : Elections à la fin de la période de transition 2011 : Elections 2016 : Report des élections 2018 : Elections présidentielle, législatives nationales et provinciales. Contestation des résultats.
En ce compris les dernières élections présidentielles, le choix des électeurs n’a jamais été respecté, le citoyen se méfie donc du et de la politique
4 ¦ Démocratie et élections aujourd’hui et demain
La Constitution congolaise proclame que le Congo est un pays, un État démocratique (art.1), c’est-à-dire un pays où le pouvoir de diriger appartient au peuple et où le peuple doit avoir le dernier mot dans la direction du pays. Mais, sauf quand on organise un référendum qui permet au peuple, c’est à dire à tous les habitants en âge de voter, de donner son avis sur un sujet précis, il n’est pas possible, pour gouverner un État, de demander à tous les habitants de donner leur avis chaque fois qu’il faut prendre une décision. Faire un référendum coûte très cher, est très compliqué et prend beaucoup de temps. C’est pourquoi le pouvoir suprême de diriger est, dans les pays démocratiques, confié par le peuple à des personnes qu’il choisit et qui le représentent. Ce sont, par exemple, le Président, les députés nationaux et provinciaux, les conseillers communaux, etc. élus au suffrage direct. Ceux-ci, à leur tour, éliront les gouverneurs de province, les sénateurs, les bourgmestres, etc.
La Constitution, généralement, énonce, dans les grandes lignes, comment doivent être choisies les personnes à qui le peuple confie la responsabilité de diriger le pays. Ainsi, la Constitution congolaise souligne dans son article 5 quelques grands principes
La souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants.
Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.
La loi fixe les conditions d’organisation des élections et du référendum.
Le suffrage est universel, égal et secret. Il est direct ou indirect.
Sans préjudice des dispositions des articles 72, 102 et 106 de la présente Constitution, sont électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par la loi, tous les Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques.
Les élections sont l’un des modes d’expression de la démocratie moderne. A travers elles, le peuple participe à la gestion des affaires publiques. L’élection est le choix que l’on exprime par le vote, c’est l’acte par lequel le citoyen d’un pays exprime son opinion. Les élections constituent donc un des piliers les plus importants dans une démocratie. Cependant, le fait d’avoir des élections ne fait pas d’un pays, une démocratie. Il y a de nombreux exemples dans le monde où le peuple n’avait pas la vraie liberté de choix ou n’avait pas de choix faute d’une classe politique suffisamment pluraliste, où les résultats et même le processus électoral ont été manipulés. L’organisation d’élections n’est donc pas le seul baromètre utilisé pour déterminer si un pays est, ou non, démocratique.
Qu’est-ce qui fait que des élections sont libres, transparentes et équitables ?
L’expression «élections libres, transparentes, équitables et … apaisées» est devenue en quelque sorte le mot clé pour les observateurs des élections pour déclarer que le processus électoral s’est déroulé de façon intègre et démocratique. Décider si des élections peuvent être considérées comme libres et équitables pose un certain nombre de problèmes. Tout comme il n’existe pas une seule définition globale du terme de démocratie, il n’y a pas non plus une perception unique de ce que sont des élections libres et équitables. Il y a cependant divers critères et valeurs qui peuvent être utilisés pour déterminer si des élections sont libres et équitables.
L’équité fait généralement référence au traitement équitable des acteurs des élections, en particulier les partis politiques, les candidats, à la fois les indépendants et ceux qui représentent des partis, les médias, les observateurs et ceux qui font le monitoring électoral, les agences faisant la promotion de l’information et de l’éducation électorales.
Indépendance et impartialité de l’administration électorale
On observe, dans les pays en développement, une tendance générale à créer des organismes électoraux indépendants qui, par le biais de la législation, se voient remettre la tâche d’administrer les élections. En RDC, cette tâche est confiée par la Constitution à la Commission Electorale Nationale Indépendante, la CENI, dont l’indépendance, l’impartialité, la crédibilité sont essentielles pour que les élections soient considérées comme légitimes. Ces organismes ou commissions doivent être perçus par l’électorat comme étant indépendants du gouvernement, non partisans dans leurs fonctions et impartiaux dans leur traitement des parties prenantes aux élections. La qualité de l’administration des élections a un impact direct sur la manière dont les élections et leurs résultats sont perçus par les citoyens du pays, par les partis politiques, les médias, les observateurs locaux et la communauté internationale.
Transparence et ouverture
Le processus électoral doit être ouvert à consultation par le public. Les travaux des organismes responsables de l’administration électorale doivent être transparents. Ceci est particulièrement important dans le processus de dépouillement des votes et de compilation et d’annonce des résultats.
Les activités menées par les partis politiques et par leurs représentants et agents doivent être transparentes.
Une presse libre joue un rôle important pour fournir des informations sur le processus au public. Les médias ne devraient pas être perçus comme étant biaisés en faveur d’un parti politique. Dans certains pays, un organisme de diffusion indépendant joue un rôle crucial en s’assurant que les médias agissent de manière juste et non-biaisée et mènent leurs activités de manière ouverte.
Traitement égal de ceux qui participent aux élections
Aucun privilège spécial ne devrait être réservé à certains partis politiques et pas à d’autres. Cela garantit le traitement équitable de tous les partis et candidats indépendants qui participent aux élections.
Il est important de développer un code de bonne conduite qui réglemente le comportement des partis politiques et des candidats. Toute transgression du code de bonne conduite devrait entraîner des sanctions, soit de la part de la commission qui administre les élections (CENI), soit par le biais des tribunaux du pays.
Exercice égal des droits démocratiques par les femmes et les hommes
En RDC, comme dans de nombreux pays, les femmes se voient confrontées à des difficultés pour exercer leur droit de vote pour des raisons culturelles, religieuses et économiques. Les femmes ont fait face et continuent à faire face à des difficultés pour participer aux institutions de gouvernance : les partis politiques ne les choisissent pas comme candidates, et l’électorat reflète et agit en fonction des stéréotypes liés au sexe dans leur société en choisissant des hommes. Cependant, l’un des éléments nécessaire pour avoir des élections libres et équitables est l’exercice égal des droits démocratiques par les femmes et les hommes de la société. Ces droits comprennent le droit de vote et le droit de se présenter aux élections.
Le contrôle citoyen : la présence d’observateurs
Dans la loi électorale congolaise, l’Etat a prévu que l’observation, par des observateurs internationaux et nationaux, doit être admise à toutes les étapes du processus électorale et plus particulièrement à celle du vote. Il s’agit ici d’un véritable pouvoir que doivent s’approprier les citoyens afin d’assurer la transparence des élections. Pour cela il est pertinent que des observateurs-trices contrôlent le bon déroulé des élections. La légitimité d’observer le processus électoral de son pays est le privilège de tout citoyen. Par là, les citoyen(ne)s s’engagent activement dans le processus démocratique.
Le rôle de l’observateur-trice :
– Faire état de ce qu’il a vu et donner des suggestions dans le but d’améliorer le processus électoral ; – Relater toute situation perturbant les opérations démocratiques. Les observateurs peuvent signaler les irrégularités et s’informer auprès des instances compétentes de tous les aspects du processus électoral, des bureaux de vote jusqu’aux centres de compilation des résultats. Les observateurs, nationaux et internationaux, se doivent d’être les garants de la transparence des opérations électorales. Ils et elles sont des sentinelles de la démocratie et du droit de vote.
5 ¦ Résumé
- La Constitution congolaise proclame que le Congo est un pays, un État démocratique (art.1), c’est-à-dire un pays où le pouvoir de diriger appartient au peuple et où le peuple doit avoir le dernier mot dans la direction du pays.
- Les élections sont l’un des modes d’expression de la démocratie moderne. A travers elles, le peuple participe à la gestion des affaires publiques. L’élection est le choix que l’on exprime par le vote, c’est l’acte par lequel le citoyen d’un pays exprime son opinion.
- En RDC, comme dans de nombreux pays, les femmes se voient confrontées à des difficultés pour exercer leur droit de vote pour des raisons culturelles, religieuses et économiques.
La constitution congolaise : du Zaïre à aujourd’hui
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Expliquer et retracer l’évolution de la Constitution de la Deuxième République de la RDC de 1967 qui deviendra la Constitution de la République du Zaïre en 1971.
- Expliquer le contenu et le contexte dans lequel émerge la Constitution de la République Fédérale du Congo en 1992.
- Expliquer le contenu et le contexte dans lequel émerge la Constitution de la République démocratique du Congo en 2006.
2 ¦ L’avènement de la deuxième République : la République du Zaïre
De 1965 à 1970, Mobutu dirige le pays sur décision du Haut-Commandement de l’armée. C’est seulement en 1970 qu’il est élu Président de la République pour la première fois. Mais avant cela, la Constitution de Luluabourg 1964 avait été remplacée. Profondément remaniée, elle avait été soumise à nouveau au référendum et promulguée, le 24 juin 1967, sous l’appellation de la Constitution de la Deuxième République de la République Démocratique du Congo.
La nouvelle disposition constitutionnelle était fort différente de la précédente puisqu’elle était unitariste. Le Président y était élu par le peuple tout entier, les responsabilités du gouvernement appartenaient dorénavant au seul gouvernement central placé sous la direction personnelle et directe du Président. Le Parlement n’était plus constitué que d’une seule assemblée, l’Assemblée nationale, qui s’appellera plus tard le Conseil législatif. Les provinces perdaient tous les pouvoirs qu’elles avaient reçus en 1964. En principe, deux partis politiques seulement pouvaient encore exister dans le pays. Dans les modifications ultérieures, cette clause allait disparaître au profit du parti unique, le Mouvement populaire de la Révolution, créé pour soutenir l’action du Président Mobutu.
De 1967 à 1990, cette Constitution allait être modifiée à plusieurs reprises. D’abord le 29 octobre 1971 puis le 15 août 1974 où elle devint la Constitution de la République du Zaïre ; ensuite le 15 février 1978 et en le 15 novembre 1980, dans le cadre du renforcement du pouvoir du MPR, parti-Etat. Effectivement, à chaque fois, le parti unique devenait plus important, allant jusqu’à réduire les prérogatives du Parlement et du Gouvernement par la création d’autres instances comme le Congrès, le Comité central, le Bureau politique et le Comité exécutif du parti. Le président du M.P.R. sera aussi celui de la République. Même les juges devront obéir au parti. Tout le monde sera membre du parti qui deviendra le Parti-État. Les dernières révisions, le 5 juillet et le 25 novembre 1990 intégrèrent les retombées du processus de démocratisation amorcé à la suite du discours présidentiel du 24 avril 1990.
Le changement du nom du pays, de Congo en Zaïre, ainsi que celui des appellations de certaines provinces, décidé en 1971 par le MPR, fut également consacré par ces révisions constitutionnelles. Ce mouvement de l’authenticité avait des ambitions plus larges, puisqu’il affectait aussi les noms des villes, mais aussi les identités individuelles. Ainsi tous les habitants ont dû prendre des noms africains. Le Président lui-même qui s’appelait Joseph-Désiré Mobutu est devenu Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga.
Malgré ces innovations audacieuses, la promesse de la prospérité économique n’était pas au rendez-vous. Beaucoup de congolais, croyant se soustraire à la misère, avaient abandonné la campagne. Mais dans les villes, la vie devenait de plus en plus difficile car il n’y avait pas assez de travail pour tout le monde. La contestation commença à réapparaître au grand jour. Pour la décourager, les libertés publiques furent de plus en plus bafouées, sans conduire pour autant au résultat souhaité. En fait, depuis les années 60, la révolte n’avait cessé de gronder au sein du peuple. Elle allait simplement se développer. En novembre 1965, le révolutionnaire bolivien Che Guevara est encore au Congo, dans le maquis de Kabila, pour l’aider à reprendre en main la lutte révolutionnaire, en dépit de la chute de Kisangani comme capitale de la République Populaire du Congo. Pierre Mulele, le symbole de l’opposition pure et dure, est certes tué le 2 octobre 1968, mais à cette même époque émergent les grandes contestations estudiantines et celles de l’église catholique. A cela vint s’ajouter une succession de mécontentements et de complots dans l’armée. A chaque fois, leur dénonciation offrait le prétexte pour des épurations impitoyables. En 1977, éclate la guerre de 80 jours, suivie de la guerre du Shaba puis des deux guerres de Moba. Le régime est sauvé de justesse grâce à des interventions extérieures.
Quelques parlementaires, décidés à faire changer les choses se réunissent autour de Tshisekedi wa Mulumba pour créer un autre parti que le MPR. Ils l’appellent l’Union pour la démocratie et le progrès (UDPS). Mais le Président Mobutu n’entend pas discuter avec eux. Pour finir, c’est la grogne de la population face à l’arbitraire politique et la dégradation des conditions de vie qui forcera le Président Mobutu à envisager de changer de cap. La mutation est consacrée par son discours du 24 avril 1990 et, plus tard, par la convocation, le 7 août 1991, d’une Conférence nationale souveraine (CNS), réunissant tous les responsables du pays pour préparer un nouveau projet de société et une nouvelle Constitution.
3 ¦ Vers la Constitution de la Troisième République
3. 1. La gestion des transitions successives
En 1990, on est loin de penser que le changement amorcé allait être si long, qu’il allait durer plus de dix ans et connaître au moins deux phases distinctes : celle dominée par la conférence nationale souveraine, celle de la guerre pour la défense de l’unité du Congo.
La première étape, celle de la Conférence Nationale Souveraine. Elle a pour objectif, après la suspension de la Constitution de la IIè République, d’élaborer le projet de Constitution de la Troisième République à soumettre au référendum mais aussi de définir les principes fondamentaux de la gestion de l’État durant la période transitoire, avant l’avènement de cette nouvelle période constitutionnelle. Avec mille difficultés, ces deux objectifs ont été globalement atteints, même s’ils ne manquaient pas d’être constamment mis en cause par les amis de Mobutu qui ne cessaient de faire pression pour réclamer des révisions les arrangeant.
S’agissant de la transition, l’accord intervenu le 31 juillet 1992 et connu sous le nom de compromis politique global avait adopté quelques principes de base pour la gestion politique de cette période. Il portait notamment sur l’irresponsabilité politique de la fonction présidentielle, sur la plénitude des pouvoirs de gestion reconnue au gouvernement et sur l’indépendance des cours et tribunaux. Cet accord a rendu possible la mise au point, par la CNS, le 2 août 1992, de la charte de la transition, connue sous l’appellation d’Acte portant dispositions constitutionnelles relatives à la transition. Mais, au lieu de le promulguer, le Chef de l’Etat fit procéder à sa révision et rendit publique la version remaniée, qualifié d’Acte harmonisé de la transition. Après des tractations, un texte de compromis fut finalement mis au point. C’est l’Acte Constitutionnel de la Transition, promulgué le 9 avril 1994. La période de transition pouvait enfin démarrer officiellement, après avoir perdu quatre ans. Le 10 juillet 1995, elle est prolongée de 24 mois pour se terminer, en principe, en 1997.
Quant au projet de Constitution de la Troisième République, il avait été adopté dès le 14 novembre 1992 sous l’appellation de Constitution de la République Fédérale du Congo. Troisième Constitution à être rédigée par les Congolais eux-mêmes, après celle de 1964 et de 1967, elle avait opté pour le parlementarisme avec un président élu au suffrage universel, et adopté un système fédéral. Elle prônait aussi le respect des Droits de l’homme et des libertés fondamentales. C’est bien après la CNS, que le projet fut soumis à un ultime toilettage, celui du Haut Conseil de la République- Parlement de Transition (HCR-PT), après que cette institution de la CNS ait été élargie, le 20 janvier 1994, aux anciens parlementaires de l’ex-assemblée nationale du Parti État. Ainsi, le 6 octobre 1996, le projet constitutionnel de la Troisième République devint Constitution de la République Fédérale du Zaïre, avec le « Debout zaïrois » comme hymne national. C’est cette version qui a été publiée comme annexe de la loi référendaire, le 30 décembre 1996, puisqu’une Commission Nationale des élections avait été mise en place dès juin 1995, présidée par le Prof. Bayona ba Meya, l’ancien Premier Président de la Cour Suprême.
Mais l’imprévu se produisit, servant ainsi d’amorce à la deuxième étape de la Transition. La Classe politique congolaise, préoccupée qu’elle était par ses problèmes internes, ne s’était pas rendue compte à temps que la guerre qui sévissait au Rwanda depuis 1990 pouvait, à tout moment, déborder sur le territoire national. Ce danger devint plus précis, en avril 1994, suite à la mort du Président rwandais Juvénal Habyarimana qui déclencha le génocide tutsi, la rive gauche du lac Kivu avait, non seulement, servi de repli à l’armée vaincue de l’ancien régime rwandais, mais abritait aussi de nombreux camps de réfugiés hutu. Ces derniers, pour des raisons de sécurité, avaient fui le théâtre de la guerre. Le débordement de la guerre rwando-rwandaise, qui était à craindre, s’est réalisée finalement à partir d’octobre 1996, avec l’attaque de Uvira puis de Bukavu.
Laurent-Désiré Kabila conçut alors le projet nationaliste de procéder à la réquisition de cette guerre rwando-rwandaise qui, à ce stade, était surtout une opération de poursuite des vaincus sur le territoire congolais afin de les anéantir. Recyclée par Kabila, la guerre prend un tout autre objectif : en finir avec le régime de Mobutu et instaurer un nouvel ordre politique. Cette guerre de Libération allait réussir avec le renfort des anciens gendarmes katangais (les Tigres) et de jeunes recrues (Kadogos). Des villes et provinces du pays tombent, une par une, sous son pouvoir. Le 17 mai 1997, Laurent-Désiré Kabila devient Président de la République Démocratique du Congo. Après avoir suspendu les dispositions constitutionnelles préexistantes, l’Acte Constitutionnel de la Transition, il promulgue le Décret – Loi du 28 mai 1997 relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir en RDC. Sur cette base, il prête le serment constitutionnel, le 29 du même mois.
Mais dès qu’il chercha à se défaire des mercenaires africains, rwandais et ougandais, qui l’avaient aidé à renverser le régime de Mobutu, il se retrouva aux prises avec une nouvelle guerre, la guerre d’agression qui prit la relève de la guerre de libération. Effectivement, de nouvelles hostilités éclatèrent, en août 1998. Le Rwanda et l’Ouganda, sous le prétexte d’impératifs sécuritaires, se mirent à appuyer des rébellions sur le territoire congolais, alimentant par là un climat de violence propice au pillage des richesses du pays. Finalement, deux rébellions se partagèrent les régions du pays, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) et le Mouvement de Libération du Congo (MLC).
Assassiné le 16 janvier 2001, Laurent-Désiré Kabila, auquel allait succéder son fils Joseph Kabila, n’assistera pas à la réconciliation nationale des Congolais qui fut amorcée par les Accords de Lusaka en juillet 1999. Revenant à la raison, ceux-ci allaient, en effet, finir par se mettre d’accord pour refaire l’unité nationale, parachever le processus de mise en place des institutions démocratiques en harmonie avec les pays voisins et reconstruire ensemble leur pays. Le Dialogue inter-congolais de Sun City a marqué le démarrage de ce processus qui s’est poursuivi par la signature, le 17 décembre 2002 à Pretoria en Afrique du Sud, de l’Accord global et inclusif sur la transition en République démocratique du Congo, voulu comme la seule source du pouvoir pendant la transition en cours.
Une Constitution de la Transition, point d’aboutissement de ses efforts, est promulguée le 4 avril 2003. Non seulement elle marque le retour à l’unité nationale, mais fixe, en 205 articles, les règlements de fonctionnement des institutions, au cours de cette période intérimaire. Un Gouvernement d’Union Nationale est mis en place, avec à sa tête un Président et quatre Vice-Présidents.
3. 2. La Troisième République : la Constitution de la République démocratique du Congo
La légitimité retrouvée permit d’amorcer d’autres étapes, en commençant par la mise en place des Institutions républicaines : l’Assemblée Nationale et le Sénat sont instituées, composées respectivement de 500 et 120 membres. L’état-major de la nouvelle armée, les Forces Armées de la RDC (FARDC) est constitué. La durée de la transition est fixée à deux ans, avec une possible reconduction de six mois, au maximum deux fois.
Ce régime, bien que fondé sur une cohabitation inédite, finit par remplir sa mission. Le projet de Constitution élaboré est soumis avec succès au referendum populaire, les 18 et 19 décembre 2005 et la nouvelle Constitution de la République Démocratique du Congo est promulgué le 18 février 2006. Cette première année de la troisième République est marquée par des élections générales. Le premier tour des élections présidentielles, le 30 juillet 2006, mobilise 33 candidats. Les deux premiers candidats en ordre utile, Joseph Kabila Kabange et Jean-Pierre Bemba Gombo, s’affrontent en un second tour, appuyés par leurs cartels respectifs : l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP) et l’Union pour la Nation (UN). Le 29 octobre 2006, Joseph Kabila est élu Président de la République.
Les perspectives des nouvelles élections de 2011 offrirent l’opportunité d’opérer une révision constitutionnelle, par la Loi du 20 janvier 2011. Celle-ci porta entre autres sur le mode d’élection présidentielle qui fut réduit à un seul tour (art. 71), sur le principe de conservation du mandat parlementaire après cessation d’une fonction politique incompatible (art. 110), et sur l’autorisation accordée au Chef de l’Etat d’intervenir dans la suspension d’une Assemblée provinciale ou dans la révocation d’un Gouverneur de province en cas de grave crise politique (art. 197, 198). D’autres révisions portèrent sur l’administration des lois des finances (art. 126) et sur le pouvoir judiciaire (art. 149).
C’est sur cette base que s’organisent les troisièmes élections générales de la Troisième République prévues pour 2023.
4 ¦ Conclusion du module
Quelques constats se dégagent au terme de ce parcours constitutionnel.
De 1960 à nos jours, malgré le grand nombre de dispositifs constitutionnels, la RDC n’a connu en réalité que trois Constitutions qui soient passées par la sanction du referendum constitutionnel. Ces dispositions « définitives » qu’il convient de démarquer des dispositions « provisoires », sont les suivantes : la Constitution de Luluabourg (1 août 1964), la Constitution de la Deuxième République (24 juin 1967) et la Constitution de la République Démocratique du Congo, dite de la Troisième République (18 février 2006).
Au cours de cette période, c’est l’appellation de République Démocratique du Congo qui a prévalu comme nom du pays (de 1964 à 1971 et de 1997 à nos jours). On notera, cependant, que le pays avait également été qualifié de République du Congo Kinshasa (de 1960 à 1964) et de République du Zaïre (de 1971 à 1997). De même, par deux fois, il a failli devenir une République fédérale sans que cette disposition n’ait jamais pu être d’application. Quant à la forme de l’Etat, celle-ci a évolué, de régime parlementaire (1960-67) en régime présidentiel (1974-1997) avant de se stabiliser en régime semi-présidentiel (2006 à nos jours).
Les symboles de la République ont connu globalement une sorte de permanence dans la continuité, sans être exempte, pour autant, de quelques modifications.
D’abord, le drapeau. Héritage de l’emblème de l’AIA, le drapeau bleu ciel étoilé d’or a connu sa première modification en mai 1960, quand le Collège Exécutif Général mis en place après la Table ronde politique de Bruxelles, décida, comme on l’a vu, d’ajouter… « six petite étoiles alignées en bordure de la hampe ». Cette configuration fut revue par la Loi du 30 juin 1963, promulguée par le Président Joseph Kasa-Vubu. L’emblème de la République devint « … le drapeau bleu ciel, orné d’une étoile jaune dans le coin supérieur gauche et traversé de biais d’une bande rouge finement encadrée de jaune ». C’est sous cette forme qu’elle fut inscrite pour la première fois dans une Constitution en 1964 et qu’elle subsiste de nos jours, non sans avoir traversé quelques changements dans sa trajectoire. En effet, entre 1971 et 1997, l’emblème national devint « … le drapeau vert clair orné au centre d’un cercle jaune dans lequel figure une main tenant un flambeau à la flamme rouge ». Elle reprit, peu après, entre 1997 et 2006, la configuration de 1960 avec les six petites étoiles représentant les six provinces de l’époque.
Ensuite, les armoiries. De 1963 à 1997, les armoiries de la République se composaient « … d’une tête de léopard encadrée à gauche d’une branche de palmier et d’une flèche et, à droite, d’une pointe d’ivoire et d’une lance, le tout reposant sur une pierre ». Quant à la devise, après avoir été brièvement « Unité, Justice, Travail » telle que fixée par la Loi du 30 juin 1963, elle devint « Justice, Paix, Travail » en 1964, puis « Paix, Justice, Travail » à partir de 1967, avant de revenir à la forme initiale de 1964. Il est à noter que si la Constitution de 2006 a confirmé la devise de « Justice, Paix, Travail », elle a en revanche revu la configuration des armoiries désormais composées «…d’une tête de léopard encadrée à gauche et, à droite, d’une pointe d’ivoire et d’une lance, le tout reposant sur une pierre ».
Enfin, l’hymne national a connu une évolution similaire. C’est en 1960 que l’hymne du Père Simon-Pierre Boka et Joseph Lutumba fut retenu comme Hymne de l’indépendance par le jury qui organisa un tel concours dans les milieux des Congolais en Belgique. Après le 30 juin 1960, il fit fonction d’hymne national jusqu’en 1967 où il fut inscrit pour la première fois dans une Constitution sous l’appellation de La Congolaise. Mais, suite au changement du nom du pays et à la réforme constitutionnelle qui intervint le 29 octobre 1971, la Congolaise fut remplacée par la Zaïroise, un nouvel hymne composé par les mêmes auteurs, Boka et Lutumba. En mai 1997, lorsque le pays changea à nouveau de nom pour redevenir République Démocratique du Congo, la Congolaise connut une réhabilitation de fait, avant d’être inscrite dans la Constitution de 2006, actuellement en cours, mais sous l’appellation de Debout Congolais.
5 ¦ Résumé de la leçon
- Le 24 juin 1967, une nouvelle constitution est élaborée sous l’appellation « Constitution de la Deuxième République de la République Démocratique du Congo. » La nouvelle disposition constitutionnelle était fort différente de la précédente puisqu’elle était unitariste. Le Président y était élu par le peuple tout entier, les responsabilités du gouvernement appartenaient dorénavant au seul gouvernement central placé sous la direction personnelle et directe du Président. En principe, deux partis politiques seulement pouvaient encore exister dans le pays. Dans les modifications ultérieures, cette clause allait disparaître au profit du parti unique, le Mouvement populaire de la Révolution, créé pour soutenir l’action du Président Mobutu. Le 15 août 1974, elle devient la Constitution de la République du Zaïre.
- La grogne de la population face à l’arbitraire politique et la dégradation des conditions de vie forcera le Président Mobutu à envisager de changer de cap. La mutation est consacrée par son discours du 24 avril 1990 et, plus tard, par la convocation, le 7 août 1991, d’une Conférence nationale souveraine (CNS), réunissant tous les responsables du pays pour préparer un nouveau projet de société et une nouvelle Constitution. La troisième constitution rédigée par des Congolais sera promulguée sous l’appellation de Constitution de la République Fédérale du Congo, puis en 1996, sous le nom « Constitution de la République fédérale du Zaïre« .
- En 1996/1997, Laurent-Désiré Kabila fait chuter Mobutu lors de la guerre de Libération. Il suspend les dispositions constitutionnelles préexistantes, l’Acte Constitutionnel de la Transition, et il promulgue le Décret – Loi du 28 mai 1997 relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir en RDC. Sur cette base, il prête le serment constitutionnel, le 29 du même mois. Une Constitution de la Transition, est promulguée le 4 avril 2003, deux ans après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Non seulement elle marque le retour à l’unité nationale, mais fixe, en 205 articles, les règlements de fonctionnement des institutions, au cours de cette période intérimaire. Un Gouvernement d’Union Nationale est mis en place, avec à sa tête un Président et quatre Vice-Présidents.
- Les 18 et 19 décembre 2005, la nouvelle Constitution de la République Démocratique du Congo est soumise au referendum populaire, approuvée et promulgué le 18 février 2006. Cette première année de la troisième République est marquée par des élections générales. Le 29 octobre 2006, Joseph Kabila est élu Président de la République.
La constitution congolaise : de l’héritage colonial aux premières années de l’indépendance
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Retracer l’évolution historique qui a conduit à la naissance de la République démocratique du Congo.
- Déterminer et d’expliquer les problèmes relatifs à la première constitution du Congo indépendant.
- Retracer les grandes étapes de la crise politique congolaise aux lendemains de l’Indépendance.
- Expliquer le contenu de la constitution de 1964 et pourquoi elle va amener à la prise du pouvoir par Mobutu.
2 ¦ Introduction
Le 30 juin 1960, c’est la naissance du Congo indépendant. Le nouvel État obtient son admission aux Nations-Unies, le 7 juillet. Son emblème est hérité directement du drapeau bleu ciel, étoilé d’or, adopté le 21 juin 1877 au lendemain de la Conférence Internationale de Géographie de Bruxelles et qui avait flotté, pendant près de quatre-vingt ans, sur les hampes de l’État Indépendant du Congo, puis du Congo belge. La continuité historique était donc assurée, à cette nuance près que l’emblème du Congo indépendant possède, en plus, six petites étoiles jaunes rangées longitudinalement et symbolisant les six provinces de l’époque.
Cependant, l’histoire nationale du Congo ne commence pas avec ses années d’indépendance, ni même avec la colonisation belge. C’est une trajectoire bien remplie que le peuple congolais traîne derrière lui depuis que ses ancêtres se sont installés sur cet espace au début du premier millénaire de notre ère. Pendant des siècles, ils ont assuré la maîtrise de l’environnement, façonné des cultures de grande originalité et élaboré des systèmes politiques complexes qui ont produit des chefferies, des royaumes et des empires.
Mais la fin du 19è siècle marque un tournant. En 1885, les pays européens, réunis à Berlin avec les États-Unis et l’empire turc, décident du partage de l’Afrique. Ils conviennent, cependant, de respecter la neutralité des territoires prospectés par les agents de Léopold II. Le roi belge disposait en effet d’une grande notoriété dans le domaine de l’humanitaire, depuis l’initiative de la convocation de la Conférence Géographique de Bruxelles en 1876 et de la création d’une structure philanthropique, « l’Association Internationale Africaine pour l’exploration et la Civilisation de l’Afrique Centrale » (AIA) dont il était le président. Plus tard, il aura bien des difficultés à continuer à dissimuler les ambitions personnelles et nationalistes cachées derrière cette générosité apparente. Mais lors de la Conférence de Berlin, les Puissances présentes lui font encore confiance. C’est donc à la suite de la reconnaissance par chacune d’elles de la neutralité de cet espace qu’est né l’Etat Indépendant du Congo, sous la forme inédite d’une colonie sans métropole. Il s’agit d’un territoire vaste couvrant pratiquement tout le bassin du Congo dont Léopold II devient le roi souverain.
Mais tout ne va pas de soi. La fixation des frontières est le fruit de négociations nombreuses et successives. Entamées avant la conférence de Berlin, elles se sont poursuivies bien après, avec l’Allemagne, la France, l’Angleterre et le Portugal. Tracées pour séparer le territoire national des pays voisins actuels, l’Angola, le Congo (Brazza) et l’Oubangui-Chari (la future Centrafrique), l’actuel Soudan du Sud, l’Ouganda et la Rhodésie du Nord (la future Zambie), le Rwanda-Burundi et le Tanganyika (la future Tanzanie), ces frontières séparaient en même temps des peuples qui vivaient ensemble sous l’autorité de mêmes chefs. C’est ainsi qu’il y a aujourd’hui également des Kongo en Angola et au Congo, des Zande en Centrafrique et au Soudan du Sud et des Lunda en Angola et en Zambie.
3 ¦ Héritage colonial
C’est à Vivi, la première capitale du pays avant son transfert à Boma, que se réalise, le 1er juillet 1885, la proclamation d’indépendance de cet État fictif, propriété privée du roi belge. Pendant 23 ans, il fonctionne sous le régime de l’Acte général de Berlin. Mais en 1908, Léopold II accepte de la céder à la Belgique. L’Etat indépendant du Congo se transforme en Congo belge. Depuis cette date et jusqu’en 1960, il fonctionne sous le régime de la Loi du 18 octobre 1908 dite la Charte Coloniale, votée par le parlement belge. De cette date à 1960, pendant 52 ans, les Belges ont donc dirigé le pays de la même manière que les Anglais gouvernaient le Soudan et la Zambie, les Français le Congo et la Centrafrique, et les Portugais l’Angola.
3.1. Au temps colonial
Sous la colonisation, c’est le gouvernement belge et, en particulier, son ministre des colonies, qui était responsable de l’administration du Congo belge. La Charte coloniale faisait office de constitution, c’est-à-dire de loi principale. En Belgique, au sein du Gouvernement, les affaires du Congo relevaient du ministère des Colonies dont le premier responsable fut Jules Renkin. Au Congo, la Belgique était représentée par un Gouverneur général qui était le chef et le vrai responsable de l’administration de la colonie. Il avait sous ses ordres les Gouverneurs de province, les Commissaires de District et les Administrateurs de Territoire. L’exécutif colonial disposait, pour le conseiller, d’un réseau d’organes de consultation, mais dont le principal défaut était de ne pas faire appel aux congolais eux-mêmes. C’est quelques années seulement avant l’indépendance, qu’ils ont pu en faire partie. Mais le Conseil de gouvernement, comme les Conseils de Province, de District, de Territoire ou de Centre-Extra Coutumier ne pouvaient que donner des avis. La décision revenait aux seuls fonctionnaires coloniaux. La gestion de la colonie Congo n’avait donc rien de démocratique, puisque les Congolais en étaient exclus. Certaines populations locales se sont révoltées contre cette politique parce que, en organisant le pays dans leur intérêt, les Belges leur imposaient beaucoup d’obligations. L’armée de la colonie, appelée la Force Publique, était là pour réprimer ces révoltes et contraindre les populations aux travaux obligatoires et aux recrutements forcés.
Après la seconde guerre mondiale, les élites du pays, appelées les Évolués, se sont mises, elles aussi, à manifester leur mécontentement dans le cadre de leurs réseaux associatifs. Elles s’insurgeaient contre l’injustice sociale et des discriminations pratiquées dans la colonie. Le refus de l’administration coloniale de leur permettre de prendre part à la gestion du pays, l’influence grandissante des idées anticolonialistes dans le monde et les expériences de décolonisation en cours dans certaines autres colonies d’Afrique sont autant de raisons qui les ont finalement conduits à réclamer, elles aussi, l’indépendance. Le point culminant a été les émeutes du 4 janvier 1959 à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa), qui ont fini par faire prendre conscience aux Belges qu’il était grand temps de changer de politique. Par une déclaration publique, le roi Baudouin annonça le 13 janvier 1959 la marche du Congo vers l’indépendance.
3.2. La décolonisation en marche.
La table ronde politique, qui regroupa les leaders politiques congolais à Bruxelles du 20 janvier au 20 février 1960, parmi lesquels les premiers animateurs du pays notamment, Joseph Kasa-Vubu, Patrice Emery Lumumba et Moïse Tshombé, est la conférence qui a décidé de la date de l’indépendance, le 30 juin 1960. Il restait à en accélérer les préparatifs car la tâche était immense. Après les questions politiques, on tenta, en effet, de résoudre les problèmes complexes liés à la situation économique et sociale de l’ancienne colonie. Mais en avril -mai 1960, lors de la table ronde économique qui a eu lieu également à Bruxelles, le résultat fut moins satisfaisant. Et dans les années qui suivirent, la question allait à nouveau être mise sur le tapis, à plusieurs reprises, sous le signe du contentieux belgo-congolais.
Il fallait une nouvelle disposition constitutionnelle, en remplacement de la Charte Coloniale, pour permettre au futur Congo indépendant de fonctionner. Le 19 mai 1960 est promulguée une première disposition, sous le nom de Loi fondamentale relative aux structures du Congo ; elle est suivie, le 17 juin, de la promulgation de la Loi fondamentale relative aux libertés publiques ; les deux Lois fondamentales formant la Constitution provisoire de l’Etat du Congo.
Première Constitution du Congo indépendant, cette loi présentait l’inconvénient d’être une œuvre du Parlement belge et d’être à l’image de sa Constitution. Dans son contenu, le roi était simplement remplacé par un Président de la République désigné par le parlement. Comme le Roi des Belges, ce Président représentait le pays mais ne gouvernait pas. La gestion du pays était confiée aux ministres, conduits par un Premier ministre, et responsables, comme lui, devant le Parlement. Ce dernier était composé de la Chambre des Représentants et du Sénat. Dans cette dernière assemblée, les provinces étaient représentées mais sans tenir compte de l’importance de leur population. A la Chambre, par contre, le nombre des représentants était proportionnel à la population de chaque province. Le Parlement représentait le peuple congolais et était supposé être le grand responsable de la politique dans le pays. Il y avait aussi des juges qui étaient indépendants du gouvernement et devaient garantir que tous les Congolais soient bien traités également sans que le gouvernement n’abuse de son pouvoir.
4 ¦ Les premières années de l’indépendance
L’indépendance a été proclamée à Léopoldville, le 30 juin 1960, par le Roi des Belges, Baudouin Ier. Joseph Kasa-Vubu est le Président de la République et Patrice Lumumba Premier ministre. Mais quelques jours plus tard, les soldats de la Force publique se sont révoltés. En réaction, la Belgique, sans concertation avec le gouvernement de Lumumba, décide de faire intervenir des soldats belges au Congo. C’est la rupture diplomatique entre les deux pays. A la demande du gouvernement congolais, les troupes belges sont remplacées par des soldats des Nations-Unies, les « Casques bleus », provenant principalement d’autres pays africains, Ethiopie, Ghana, Nigeria et Maroc. Ces mutineries de la Force Publique ont eu surtout pour conséquence le départ précipité des fonctionnaires belges qui avaient choisis de rester sur place pour aider la nouvelle administration congolaise. Et comme les Belges n’avaient pas suffisamment formé de cadres congolais à diriger le pays, la situation est devenue fort difficile pour le nouveau gouvernement congolais. Mais d’autres éléments de crise allaient se manifester.
4.1. La crise congolaise
D’abord, la province du Katanga, se sépare, le 11 juillet, du reste du pays dirigée qu’elle était par Moïse Tshombe qui n’était pas un ami de Lumumba. Tshombe était conseillé par des Belges. Certains parmi eux étaient opposés à Lumumba et d’autres espéraient conserver, pour eux et leurs amis congolais, les richesses de la province. Peu après, le 8 août, Albert Kalonji Ditunga, conseillé de la même manière, prend la même initiative de sécession pour ce qui concerne le Sud-Kasaï. A Kinshasa, la situation n’est pas plus calme. Le Président Kasa-Vubu et le Premier ministre Lumumba ne s’entendent plus sur la manière de gouverner le pays. Le Président Kasa-Vubu, soutenu par l’armée commandée par le Colonel Joseph-Désiré Mobutu, révoque le Premier Ministre, le 5 septembre, et ce dernier déclare révoquer à son tour le Président.
Dans cette confusion, le 14 septembre 1960, le colonel Mobutu neutralise l’ensemble de l’exécutif et met en place un Collège de Commissaires généraux pour gérer l’État. Arrêté, le Premier ministre Lumumba est envoyé au Katanga où il est tué, le 17 janvier 1961. C’en était trop ! Les partisans de Lumumba, qui s’étaient regroupés à Kisangani sous la conduite d’Antoine Gizenga, vice-premier ministre du gouvernement Lumumba, décident alors de ne plus accepter l’autorité du gouvernement de Léopoldville et forment leur propre gouvernement, à Kisangani, après avoir proclamé l’existence d’une République libre du Congo. On assiste à l’existence de deux Républiques congolaises, chacune dotée d’un corps diplomatique l’assurant d’une certaine caution internationale mais installées dans deux capitales différentes, Kinshasa et Kisangani.
Le Conclave de Lovanium, qui regroupa tous les élus des années 60 mit fin à ce bicéphalisme, par la mise en place d’un gouvernement d’union nationale présidé par l’ancien syndicaliste, Cyrille Adoula. Deux années plus tard, en janvier 1963, la sécession katangaise était terminée. Mais l’éclatement de la révolution de Pierre Mulele, en juillet de la même année dans le Kwilu et, surtout, le développement rapide du même type de maquis dans l’Est du pays, mené par des Lumumbistes comme Christophe Gbenye, Laurent-Désiré Kabila, Gaston Soumialot et Nicolas Olenga, dans le Nord-Katanga, le Kivu-Maniema et le Sankuru, finissent par faire la preuve de la vulnérabilité des accords de Lovanium. Le pays est à nouveau divisé en deux puisqu’une République Populaire du Congo, distincte de celle de Kinshasa, est à nouveau proclamée à Kisangani. Moïse Tshombe, devenu Premier ministre en 1964, y met fin avec l’appui des pays occidentaux.
4.2. La Première Constitution du Congo décolonisé.
Durant cette période de grande tension et malgré les conflits intérieurs et la poursuite de la contestation lumumbiste sous le signe des rébellions, la Commission Constitutionnelle mise en place à Luluabourg (aujourd’hui Kananga) par le Président Kasa-Vubu travaille. Elle prépare la première véritable Constitution du pays qui doit remplacer la Loi Fondamentale. Soumise au référendum, cette disposition est promulguée le 1 août 1964. Cette Constitution de Luluabourg, qui consacre, pour la première fois, l’appellation de « République Démocratique du Congo », était fort différente de la précédente en ce qu’elle prônait l’existence d’un Etat fédéral dans lequel les provinces avaient beaucoup à dire. Il était même précisé, en son article 178 que la terminologie d’Etat fédéral serait utilisé à partir de la troisième législature partant de l’entrée en vigueur de ladite Constitution. Le Président devait être élu par les Chambres réunies en Congrès. Les responsabilités du gouvernement étaient, quant à elles, partagées entre le gouvernement central à Léopoldville et les gouvernements des provinces. Dans chacune de celles-ci était prévu, en effet, un gouvernement provincial et une assemblée provinciale, fonctionnant sur le modèle central.
Malheureusement, à l’avènement de la Constitution succède une crise politique. Lorsqu’il est question d’élire le Président de la République, en 1965, Kasa-Vubu décide d’être candidat, de même que son Premier ministre, Moïse Tshombe. Comme ce dernier dispose d’une majorité dans le nouveau Parlement, il est crédité d’avance gagnant. Mais le Président refuse de se laisser aller au fatalisme. Décidé à se battre jusqu’au bout, il révoque le Premier ministre et propose au Parlement, en remplacement, la candidature d’Evariste Kimba. Le Parlement refuse. Mais le Président s’entête et désigne à nouveau le même candidat. Une fois de plus, on est en présence d’un blocage institutionnel à cause du conflit entre Président et Premier ministre. L’inattendu se produit alors. L’armée prend le pouvoir, chasse les deux prétendants et proclame son commandant en chef, Joseph-Désiré Mobutu, Chef de l’État, pour cinq ans.
5 ¦ Résumé
- Durant la colonisation belge, c’est la Charte coloniale qui fait office de constitution. Elle est votée par le parlement belge le 18 octobre 1908. Au sein du gouvernement belge, un ministre des colonies est chargé des affaires coloniales. Au Congo, la Belgique est représentée par un Gouverneur général qui avait beaucoup de pouvoir. Sous ses ordres se trouvaient des gouverneurs de province, des commissaires de district, et des administrateurs de territoire. L’ensemble de l’administration était aux mains des Belges.
- Au moment de l’indépendance, on remplace la Charte coloniale par les deux Lois fondamentales : Loi fondamentale relative aux structures du Congo du 19 mai 1960, et la Loi fondamentale relative aux libertés publiques du 17 juin 1960. Première constitution du pays indépendant, elle est l’œuvre du parlement belge, et calque la constitution belge. Le président, comme le roi des Belges, représente le pays mais ne gouverne pas. C’est le premier ministre qui détient véritablement le pouvoir.
- La constitution de Luluabourg de 1964 est la première constitution du Congo décolonisé. Pour la première fois, un texte consacre l’appellation de « République démocratique du Congo ». Cette constitution prévoit que le président doit être élu par les Chambres réunies en congrès. Les responsabilités du gouvernement étaient partagées entre Léopoldville et les provinces. Toutefois, une crise politique succède à l’avènement de la constitution, et l’armée prendre la pouvoir. Joseph Mobutu, son commandant sera proclamé chef de l’État pour cinq ans.
Evolution de la population urbaine au Congo entre 1940 et 1970
Texte : Que faisons-nous au Congo ?
Part des valeurs du caoutchouc dans les valeurs totales du commerce spécial de l’ElC (1896-1901)
Quantité et valeurs de l’ivoire et du caoutchouc exportés de l’ElC (1896-1901)
Texte : Déclarations de reconnaissance de l’Etat indépendant du Congo par les U. S.A. et la Belgique
Effectifs de la Force publique (1889-1914)
Texte : Traditions d’origine du royaume de Bushi
Texte : Naissance de Lianja (extrait de l’épopée de Lianja)
Texte : La fondation de l’empire Lunda
Souverains lunda (Ant Yav)
Souverains luba (balopwe)
Texte : Les princesses dans les royaumes matrilinéaires
Texte : par quoi on remplace le pain et le vin
Texte : origine de la manière de faire le feu
Liste des souverains Kuba (après Shyaam)
Liste des souverains du Kongo (jusqu’à la fin du XVIIe siècle)
L’évolution de la production de matière première au Congo belge pendant la Seconde Guerre mondiale
Coup d’œil sur les droits de l’homme
TABLEAU – Angali, « Temps belge 1919 », 1991
TABLEAU – Tshibumba Kanda Matulu (1947 – 1981), « Discours de Lumumba MNC »
TABLEAU – Sawa, « Colonie belge », 1989
TABLEAU – Kaz, « La mort de chef coutumier Lumpungu »
TABLEAU – Jaspar Beckx (1627-1647), « Don Miguel de Castro, Kongolesisk gesandt », Circa 1643
TABLEAU – Tshibumba Kanda Matulu (1947 – 1981), « Chasseurs d’esclaves – Tippo Tip », 1997
TABLEAU – Tshibumba Kanda Matulu (1947 – 1981), « Avant l’arrivée des belges, les tshokwe ont envahirent le pays lunda », 1973
TABLEAU – Tshibumba Kanda Matulu(1947 – 1981), « Grand chef Katanga des Basanga visite les mines de cuivre traditionnelles »
TABLEAU – Dominique Bwalya Mwando, « 30-06-60 L’Indépendance donnée ou arrachée ? »
TABLEAU – Muteba L, « Porteurs quittant village incendié – Promenade militaire », 2002
TABLEAU – Tshibumba Kanda Matulu (1947 – 1981), « M’Siri chassé du Burundi… »
TABLEAU – Tshibumba Kanda Matulu (1947 – 1981), « Le royaume de Bakuba et son roi »
TABLEAU – Tshibumba Kanda Matulu (1947 – 1981), « Le royaume de Kongo et son dernier roi Antonio Ier »
ART AFRICAIN – Statuette Ndop (Kuba), XIXe siècle
ART AFRICAIN – Vase luba, XIXe siècle
ART AFRICAIN – Maque luba, XIXe siècle
ART AFRICAIN – Buveur malafu (luba ou hemba), fin XIXe siècle
ART AFRICAIN – Sculpture tête d’animal (750 – 850)
ART AFRICAIN – Couteau en cuivre Téké
ART AFRICAIN – Appuie-tête à figurine téké
ART AFRICAIN – Fétiche Téké
ART AFRICAIN – Masque Kuba
TABLEAU – Tshibamba Kanda Matulu (1947 – 1981) « Délégation portugaise auprès du roi du Congo »
TABLEAU- Kitenge « travaux forcés (colonie belge) »
TABLEAU – Tshibamba Kanda Matulu (1947 – 1981) « La mort de Bodson tué par M’Siri à Bunkeya chez Bayeke »
Les familles de langue en Afrique
L’expansion arabo-swahili en Afrique centrale et orientale vers 1875
Résistances en Afrique à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle
Les États fondés sur l’esclavage (XVIIe – XVIIIe siècle)
L’Afrique occidentale au milieu du XIVe siècle
L’Afrique occidentale aux XIIIe et XIVe siècle
L’Afrique occidentale vers 1875
Afrique centrale vers la fin du XVIIIe siècle
Principaux peuples et États en Afrique vers 1875
Ghezo
Otage Benga
Blaise Diagne
Vers l’émergence du panafricanisme
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Identifier quelques mouvements ou associations des intellectuels qui ont été créés dans certains pays ou sous régions
- Identifier quelques leaders des mouvements ou associations de résistance contre la domination des Africains
- Expliquer brièvement le but poursuivi par certains mouvements ou associations des intellectuels
- Identifier quelques intellectuels à l’origine du panafricanisme
- Enumérer les objectifs poursuivis par le panafricanisme
2 ¦ Introduction
Les résistances des populations africaines ont varié aussi bien dans le temps que dans l’espace. À côté des résistances armées, et des contestations sociales, des mouvements rassemblant des intellectuels se sont créés.
Ces associations constituent une sorte de laboratoires au sein desquels les intellectuels réfléchissent à
- l’avenir de leurs États ;
- comment se défendre contre les critiques négatives émises à l’endroit de l’Afrique et des Africains ;
- lutter contre le racisme ;
- définir des stratégies à mettre en place pour rétablir l’homme africain dans ses droits ;
- combattre la colonisation et reconquérir l’indépendance et la liberté des États africains…
3 ¦ Afrique méditerranéenne
A. L’Égypte
En 1883, Djamal al-Din al-Afghani et Muhammad Abu créent la revue panislamique Al-Urwa al-Wuthqa dont l’objectif est le réveil et la libération de l’Egypte. Malgré le fait que la revue est interdite à partir de son dix-huitième numéro, son esprit antibritannique a survécu. Le mouvement nationaliste égyptien est vivace en 1893 avec l’opposition des grandes figures comme le khédive Abbas Hilmi (Abbas II, 1892-1914).
B. La Tunisie
La Tunisie accepte, par la convention de la Marsa de 1883, le protectorat de la France. Celle-ci attribue au Bey la souveraineté interne et l’intégrité du territoire, tandis que la France s’occupe de la défense nationale, de la politique étrangère et du contrôle de l’administration. Cette occupation française, qui réduit à néant toutes les initiatives tunisiennes, a néanmoins permis à l’élite tunisienne de partir étudier en Europe. De retour dans leur pays, les élites tunisiennes créent des cercles culturels d’où naissent des associations qui se transformèrent en partis politiques contribuant à la prise de conscience nationale de l’élite tunisienne.
En 1907, Ali Bach Hamba et Béchir Sfar fondent le mouvement des Jeunes Tunisiens pour la défense des intérêts des autochtones. Ce mouvement harcelle l’administration malgré les répressions. Les partis politiques issus de l’élite tunisienne, de leur côté, mobilisent la population contre la France pour réclamer la souveraineté nationale, pour défendre les intérêts de la population, etc. En 1938, après une grève générale des travailleurs, les dirigeants du parti politique dont fait partie Habib Bourguiba, sont arrêtés et le parti est dissout.
4 ¦ Afrique occidentale
Les intellectuels africains créent des clubs et même des associations au sein desquels ils échangent sur les conditions sociales des populations africaines. Ils utilisent des journaux, des pièces de théâtre, des tracts et des pamphlets pour exprimer leurs protestations.
Parmi ces associations, l’Aborigines Rights Protection Society (ARPS) formée en Gold Coast (Nigéria en 1897) a été la plus active. Non seulement elle a envoyé des délégations à Londres, mais aussi elle a aussi présenté plusieurs pétitions de protestation chaque fois que les intérêts des Africains étaient en danger. Elle est en quelque sorte le porte-parole des clubs et associations des élites et des chefs coutumiers de l’Afrique occidentale, c’est-à-dire le plus grand adversaire du colonialisme avant la création du National Congress of British West Africa, après la première guerre, en 1920.
Il faut également noter la création en 1910 du Club des Jeunes Sénégalais qui réclame l’égalité des droits ainsi que la Peoples Union (1908) et l’Anti-Slavery and Aborigines Protection Society (1912).
5 ¦ À l’origine du panafricanisme
Après l’abolition de la traite et de l’esclavage au XIXe siècle, beaucoup d’esclaves sont libérés et leur nombre augmente d’année en année. Face à ces Noirs libérés, les Blancs développent un comportement raciste dans les anciennes puissances esclavagistes. C’est ainsi que des hommes de science développent
des théories sur l’infériorité des Noirs par rapport aux Blancs tandis que d’autres développent, au début du XIXe siècle, le projet d’exclure les Noirs libres des sociétés occidentales et donc de les renvoyer en Afrique ! En 1816, le révérend Robert Finley et le pasteur Samuel John Mills créent l’American Colonization Society (ACS) dans le but de rapatrier des Noirs libres (issus de l’esclavage mais nés sur le sol américain) notamment sur le littoral de Sierra Leone et au Liberia. C’est ainsi que le Liberia, qui obtiendra son indépendance en 1860, abrite aussi bien les descendants des Afro-américains que les populations autochtones.
Certains membres de la diaspora afro-américaine trouvent favorable le retour des Noirs libres en Afrique. C’est le cas de Edward Wilmot Blyden qui, tout en réfutant la théorie des races supérieures et inférieures, prône la solidarité des Noirs. Cependant, il croit que les Afro-américains ont pour mission de civiliser les autres Noirs, les autochtones.
- De son côté, Joseph-Antenor Firmin prône l’égalité humaine et rejette toutes les théories qui justifieraient l’esclavage ou la colonisation des Noirs.
- Des concertations ont lieu entre plusieurs Africains comme Benito Sylvain, Anténor Firmin et Booker T. Washington qui vont adhérer à l’Association africaine fondée par Henry Sylvester William. Cette organisation a pour objectif de voir les Noirs se réunir et protéger leurs intérêts communs, notamment l’organisation et la résistance à la colonisation.
- C’est au cœur de cette organisation que l’on va préparer la première conférence panafricaine à Londres en juillet 1900. Cette conférence réunit des hommes politiques, avocats, médecins, instituteurs venus des Caraïbes, des États-Unis, du Canada, d’Afrique et du Royaume-Uni. Beaucoup de résolutions y sont adoptées, actant le fait que
- la couleur et la race ne doivent plus être des « critères de distinction » entre les Noirs et les Blancs;
- les populations autochtones d’Afrique et les Noirs dans les anciennes puissances esclavagistes à savoir les États-Unis d’Amérique doivent pouvoir jouir des mêmes droits pour leur développement et leur liberté;
- le respect de l’indépendance et de l’intégrité de l’Éthiopie, du Liberia et d’Haïti… doit être reconnu officiellement.
D’autres congrès panafricains seront organisés sous la présidence de William Edward Burghardt Du Bois :
- Celui de Paris, en 1919, a condamné les abus de la colonisation ;
- ceux de 1921 organisé à Londres, Bruxelles et Paris au cours de la même année ;
- celui de 1923 organisé à Londres qui prône, entre autres, le développement de l’Afrique au profit des Africains ;
- celui de 1927 organisé à New York ;
- celui de Manchester organisé en 1945. Il a été le dernier congrès panafricain organisé à l’extérieur de l’Afrique. Parmi ses organisateurs, on retrouve George Padmore, Kwame Nkrumah et W. E. B. Du Bois. Ce congrès a revendiqué, entre autres :
- l’abolition des lois empêchant de développer les ressources économiques de leur pays sans entraves,
- l’abolition de toutes les lois de discrimination raciale,
- le droit à la liberté de parole, de presse, d’association et d’assemblée ;
- le droit à l’éducation obligatoire et gratuite ;
- l’installation d’un service de santé et d’aide sociale pour tous ;
- l’octroi du droit de vote à tous les hommes et femmes de plus de 21 ans ;
- l’abolition du travail forcé et l’introduction du principe « à travail égal, salaire égal.
- Kwame Nkrumah, devenu chef du gouvernement au Ghana en 1951, organise le Congrès panafricain de Kumasi en décembre 1953.
De très nombreux rassemblements politiques vont ainsi avoir lieu en Afrique et donneront naissance aux partis politiques qui conduiront les différents pays à leur indépendance.
6 ¦ Résumé
Les intellectuels africains ont initié leur façon de résister contre la domination européenne par la création de mouvements ou d’associations au sein desquels ils échangent sur les stratégies à utiliser pour reconquérir l’indépendance de leurs Etats et réhabiliter l’homme africain dans une dimension mondiale.
De mouvements d’abord limités au niveau des Etats, on est passé à la création d’un grand mouvement au niveau continental : le panafricanisme animé non seulement par les Africains de l’Afrique, mais aussi par ceux d’Europe, d’Amérique et d’ailleurs.
Les contestations sociales
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Expliquer ce qu’est une contestation sociale
- Expliquer les causes des contestations sociales
- Lister quelques cas de contestations sociales
- Citer quelques leaders qui ont dirigé des mouvements de contestations sociales
2 ¦ Introduction
Même si les résistances politiques à la colonisation ont échoué, les Africains ont continué à résister par diverses actions comme le refus de pratiquer les cultures obligatoires, le refus d’exécuter les travaux forcés, le refus de payer les impôts, etc. Quand les travailleurs trouvent que leurs conditions de travail et de vie ne sont pas acceptables, ils manifestent leur volonté de déclencher une grève, en posant des conditions pour la reprise du travail.
On se trouve face à un mouvement de mécontentement de la population face à la dégradation d’une situation sociale donnée.
Les contestations sociales ont pour objectifs, soit de recouvrer l’indépendance ou la souveraineté perdue, soit de limiter certains abus ou actions oppressives du colonisateur.
Le peuple n’envisage comme solutions à ses problèmes que la résistance à travers des révoltes, des migrations, des grèves ou des contestations idéologiques, etc.
Il faut aussi noter que si le peuple a résisté, des rois et des chefs religieux se sont aussi mobilisés contre la domination des puissances européennes.
Nous retrouvons ces formes de résistance partout en Afrique: Afrique méditerranéenne, Afrique occidentale, Afrique centrale, Afrique orientale et Afrique australe.
3 ¦ L’Afrique méditerannéenne
● Algérie
En dépit du « mythe kabyle », cette politique française qui tentait d’assimiler la population kabyle à la culture française par, entre autres, une scolarisation plus poussée que dans d’autres régions, les Algériens résistent massivement à la colonisation. Nombreux sont les Kabyles à participer à la création,
- en 1913, de l’Amicale des instituteurs indigènes, tout comme à celle,
- en 1931, de l’Association des oulémas algériens, dont les médersas, les écoles coraniques, serviront de lieu de diffusion des idées nationalistes.
- En 1926, parmi les émigrés qui fondent l’Étoile nord-africaine, 5 sur 8 des premiers dirigeants sont originaires de Kabylie.
- Mais la région est touchée de plein fouet par les événements du 8 mai 1945 avec une grande insurrection, qui, partie de Sétif s’étend à Kherrata et Guelma. Mais l’insurrection est réprimée par l’armée française qui bombarde les abords de Kherrata et fait des milliers de morts parmi la population. On assiste là à l’éclatement du principal mouvement nationaliste algérien.
Parmi les autres résistants algériens, certains sont éliminés, d’autres, sous la menace de l’exclusion, se rallient à l’orientation alors dominante.
● Tunisie
Outre la lutte armée menée par différentes tribus, on assiste aussi en Tunisie à des soulèvements populaires.
Celui d’avril 1906, connu sous le nom de révolte des Frashish, est dû à la confiscation des terres autochtones dans la région de Thala-Kasserine.
En septembre 1911, des incidents populaires sont dus à la tentative de la municipalité d’intégrer la nécropole (don de l’ascète kariouanais Muhammad al-Djallaz pour abriter les sépultures des musulmans) au domaine municipal dans le but d’y faire passer une ligne de tramway et une route.
D’autres soulèvements ont eu lieu pendant la Première Guerre mondiale et ont été menés par les Wadarna. Ces insurrections dirigées par des Daghbaji et Béchir ibn Sidira se sont poursuivies jusqu’aux années 1920.
Au cours des années 1950 naît un mouvement de résistance connu sous le nom de « mouvement des Fellagas », suite au refus de la France d’accorder une suite favorable aux revendications tunisiennes d’aboutir à l’autonomie interne de la Tunisie. Ces résistances se sont poursuivies jusqu’à l’indépendance de la Tunisie en 1956.
4 ¦ L’Afrique occidentale
Il y a eu de nombreuses résistances en Afrique occidentale, comme la rébellion des Ashanti en 1900 sous la direction de la reine d’Edweso Nana Yaa Asantewoa.
- En Sierra Leone, les Britanniques créent une taxe foncière sur l’habitation. En 1898, les chefs Temne et Mende refusent de payer cet impôt de case et se révoltent sous la conduite de Bai Bureh. Ils attaquent, pillent les comptoirs et tuent des soldats, des fonctionnaires britanniques et tous les Africains qu’ils considèrent comme complices des Britanniques.
- En Sénégambie, entre 1885 et 1887, beaucoup des Soninke, recrutés pour la construction du chemin de fer reliant Kayes au Niger, ont créé un mouvement de protestation à cause des mauvaises conditions de travail amenant à une mortalité élevée. Mamadou Lamine, qui avait été en pèlerinage à La Mecque, n’hésite pas à parler de crise religieuse dans ses sermons publics. Pour lui, il est interdit aux musulmans de vivre sous une autorité non islamique. Et il compte sur la supériorité numérique et le fanatisme de ses troupes convaincues de lutter pour Dieu et la patrie. Cette stratégie religieuse lui a permis de faire de son mouvement d’opposition, une guerre contre les chrétiens.
5 ¦ L’Afrique centrale
– En République centrafricaine et au Congo-Brazzaville après la période de la conquête vient celle des sociétés concessionnaires. Les populations locales opposent une résistance contre les abus commis par les colons français tels que l’impôt de capitation (impôt « par tête » ou par habitant), le travail forcé, les taxes de toutes sortes, la corvée du portage, l’obligation de participer à la construction du chemin de fer… Les nombreuses atrocités offrent des prétextes à des exécutions sommaires, des amputations, des tortures qui n’épargnent ni les femmes ni les enfants. Ces événements ont poussé la population à des contestations sociales comme les insurrections Mandjia (1902-1904) et de Lobaye en (1906).
– Au Congo (actuelle RDC), on peut distinguer, au moins, deux formes de résistance, une résistance « silencieuse » qui s’illustre par la fuite des travailleurs afin de ne pas subir le travail forcé notamment, et une résistance plus violente, où les populations se révoltent contre le colonisateur. Entre 1885 et 1905, plus d’une douzaine de groupes du Bas-Congo et du Congo Central se révoltent. Parmi les groupes dont la résistance est bien organisée, on retrouve les Yaka qui résistent jusqu’en 1906 et les Budja et les Boa qui se révoltent à la fin du XIXe siècle contre le travail forcé dans les plantations de caoutchouc. Les Chokwe infligent de lourdes pertes à la Force publique (armée coloniale) pendant vingt ans.
- Dans l’ancienne province du Katanga, on note plusieurs résistances populaires : beaucoup de Sanga, Aushi, Lomotwa, Lala, etc., ont émigré vers la Rhodésie du nord (actuelle Zambie) et ont refusé de travailler pour les colonisateurs belges.
- Dans le nord du Katanga, après la relégation du chef Kasongo Nyembo des Luba, opposé à la gestion administrative des colonisateurs, la population a continué à désobéir à certains ordres des colonisateurs. Ces derniers devaient aussi faire face aux raids de et de ses partisans Yaka et à l’appui apporté par les Luba aux rebelles Kiwilu.
De temps à autre, les Africains, recrutés par les colonisateurs pour écraser les dissidents, se révoltent à leur tour pour protester contre les abus des colonisateurs. Ils s’insurgent contre les salaires de misère, les sanctions sévères et le comportement capricieux de leurs officiers européens.
- C’est dans l’État indépendant du Congo (E.I.C) qu’éclatent les plus violentes mutineries. En 1895, l’ensemble de la garnison de Luluabourg s’insurge. Les soldats, sous la conduite de sous-officiers mutins, massacrent le chef de poste pour se venger de son intolérable tyrannie. Pendant plus de six mois, les rebelles contrôlent la presque totalité de la province du Kasaï, mais ils finissent par être vaincus par les troupes restées loyales.
La période de l’entre-deux-guerres a connu de grands bouleversements sur le plan économique, social, politique et culturel sur l’ensemble du Congo belge. Sur le plan culturel, on assiste à la naissance des mouvements messianiques qui prônent la libération de l’homme noir du joug de l’homme blanc.
L’un des premiers mouvements messianiques, est celui du prophète Simon Kimbangu, ancien catéchiste, puis diacre chez les Frères Baptistes qui prétend avoir reçu de Dieu, sa mission de prophète. Il déclare que « les Blancs seraient Noirs et les Noirs seraient Blancs ». Des foules nombreuses le suivent et refusent de payer l’impôt et de se soumettre au pouvoir colonial. L’administration coloniale, inquiète du désordre créé, arrête Kimbangu en 1921. Il est jugé à Thysville en octobre 1921 et condamné à mort par un conseil de guerre. Mais le Roi Albert Ier commue sa peine en détention à perpétuité. Il est transféré en janvier 1922 à la prison d’Elisabethville. Kimbangu y purge sa peine jusqu’à sa mort, le 12 octobre 1951. En 1960, les restes de Kimbangu sont inhumés à Nkamba, la nouvelle Jérusalem. Actuellement, la prison de Kasombo est devenue un lieu de mémoire et de pèlerinage.
Le deuxième cas est celui du Kitawala appelé aussi Mwana Lesa, (fils de Dieu). C’est un autre mouvement philosophique qui tend à faire fusionner plusieurs doctrines dont la Watch Tower Bible and Tract Society créée aux États-Unis d’Amérique. Ce mouvement est entré au Congo en 1925 par l’ancienne province du Katanga, via l’Afrique du Sud et la Zambie. Ses animateurs prêchent la fin de la colonisation et le départ des Blancs, qui abandonneraient leurs femmes aux Noirs. Kitawala est arrêté et ramené en Zambie où il est condamné à mort et pendu en 1926.
En 1931 va éclater la révolte dite des Pende contre l’autorité coloniale. Cette révolte, intervenue en pleine crise économique mondiale, a été provoquée par la brutalité de l’administration du territoire, la pression due à la production accrue exigée par les compagnies concessionnaires (Huileries du Congo belge et Compagnie du Kasaï), les rivalités entre les tribus, l’hostilité des chefs coutumiers évincés par l’administration coloniale et l’émergence de la secte magico-religieuse Tupelepele dont les adeptes participent à la révolte. Cette révolte a été réprimée très sévèrement par la Force Publique qui, pendant trois mois, se bat pour rétablir l’ordre public.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le Congo belge a été le théâtre de diverses agitations sociales. On a assisté au déclenchement, en décembre 1941, de la première grève des travailleurs noirs de l’Union Minière du Haut-Katanga à Lubumbashi, alors Elisabethville. Cette grève correspond à la deuxième forme de résistance des travailleurs contre leurs mauvaises conditions de vie et de travail. Cette grève des travailleurs africains, bien que la plus grande jamais enregistrée jusque-là, n’est pas un cas isolé. En effet, le mécontentement a gagné la plupart des milieux à forte concentration de main-d’œuvre. C’est ainsi qu’on enregistre des troubles parmi les travailleurs de la Géomines à Manono au cours de la même année, ainsi qu’une grève à Matadi, dans le Bas-Congo, en 1945.
6 ¦ L’Afrique Orientale
- Dans les colonies portugaises, plusieurs causes ont entrainé une résistance de la part de la population : l’accroissement ou la perception plus rigoureuse des impôts ; l’introduction de la taxe d’habitation ; les réquisitions de main-d’œuvre ; la perte des terres ; l’absence de libertés politiques et la non-prise en considération de leur culture. Dans la vallée du Zambèze, on compte entre 1890 et 1905, pas moins de seize insurrections. La plupart de ces révoltes sont dirigées contre la compagnie du Mozambique et la compagnie de Zambézia. Ces deux sociétés imposent une lourde taxe sur les habitations et exposent la main-d’œuvre au travail forcé.
- Au Kenya, comme ailleurs en Afrique, les premières réactions de peuples comme les Mazrui et les Nandi sont destinées à protéger leur indépendance face aux menaces étrangères. Chez les Luo, dans le Kenya occidental, l’opposition à la domination des missions conduit à la création, sous la direction de John Owalo, d’une église indépendante en 1910. Celui-ci aurait reçu de Dieu l’autorisation de fonder son église. Il construit ses propres écoles primaires et exige une école secondaire libre de toute influence des missionnaires. En 1913, le culte Mumbo, qui est un mouvement contre la domination blanche utilise la religion comme une idéologie. Son fondateur, Onyango Dande, qui n’a pas un discours politique, proclame que « tous les Européens sont vos ennemis, mais le temps est proche où ils disparaitront de votre pays. » Les autorités coloniales réagissent en interdisant le mouvement. Dans la partie septentrionale du pays, en Onyanda, les Acholi, se révoltent en 1911 contre les Anglais. Ils réagissent aux réquisitions de travail ainsi qu’aux tentatives de les désarmer.
- Au Tanganyika, entre juillet 1905 et août 1907, le mouvement Mayi Mayi, dirigé par Kinjikitile Ngwale, rassemble plus de vingt groupes ethniques différents. Ce mouvement paysan de masse dirigé contre l’exploitation coloniale a utilisé la religion et la magie comme moyens de révolte. Dépossédés de leurs terres, de leurs foyers, de leur liberté et de leur volonté par les fonctionnaires coloniaux et les compagnies commerciales, les Africains, par leurs révoltes courageuses et incessantes, ne sont pas les témoins muets de leur impuissance. Si ce mouvement est brutalement écrasé par les Allemands, il est néanmoins le premier mouvement de résistance à grande échelle en Afrique orientale.
7 ¦ L’Afrique du Sud
– Chimurenga est le nom que les Shona donnent à leur résistance armée au Matabeleland et au Mashonaleland en 1896.
Le mouvement débute le 20 mars 1896 par l’assassinat d’un policier africain employé par la Compagnie Rhodes.
La première attaque contre des Européens a lieu le 22 mars et cause la mort de 7 Blancs et 2 Africains dans la ville d’Essexvale. Au bout d’une semaine, 130 Blancs sont tués au Matabeleland.
Les forces armées de la compagnie Rhodes recourt à la tactique de la terre brûlée pour affamer les résistants.
Les prophètes (Svikiro) jouent un rôle déterminant dans l’expansion du mouvement chimurenga. Ils affirment aux Ndebele et aux Shona que les Blancs sont la cause de leurs souffrances (travail forcé, impôt, châtiments corporels (fouet) et même de fléaux naturels (sauterelles, peste divine, sécheresse). Craignant d’être supplantés par les missionnaires européens, ils persuadent un grand nombre d’Africains que le dieu Shona Mwari, ému par les souffrances de son peuple, a décrété que les Blancs devaient être chassés du pays, et que les Africains n’ont rien à craindre, car le dieu Mwari est à leur côté et rend les balles de l’homme blanc aussi inoffensives que de l’eau. Ces prophètes (Svikiro), en tant que gardiens des traditions, sont avant tout des prophètes révolutionnaires qui exposent les causes fondamentales du chimurenga et expriment l’opinion générale de la population, sans laquelle leur prédication aurait perdu toute crédibilité et tout impact. En 1903, le Chimurenga est finalement maitrisé.
– Dans les entreprises minières, un mouvement grève est déclenché le 12 août 1946. C’est la grève des mineurs de la mine d’or dans la région de Witwatersrand, en Afrique du Sud. Comme l’entreprise minière ne répond pas à la requête des travailleurs d’améliorer leurs conditions de travail et de vie, le syndicat des travailleurs, l’African Mine Workers Union, déclenche une grève. La riposte des autorités est très forte. La grève est fortement réprimée et il y a beaucoup de morts et de blessés parmi les grévistes.
8 ¦ Résumé
Les contestations sociales sont des mécontentements exprimés par les populations africaines en réponse aux abus des colonisateurs : les conditions de travail et de vie difficiles, l’impôt de capitation, le portage, etc. Ces abus ont amené les populations africaines à déclencher des mouvements de grève, à créer des mouvements de résistance parfois armés, etc. Les mouvements religieux se sont aussi joints à ce mouvement pour revendiquer l’indépendance et la liberté de leurs pays. Partout, ces contestations sociales ont été réprimées et leurs dirigeants arrêtés ou tués.
Les résistances à la domination européenne
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Indiquer sur la carte de l’Afrique les différents Etats précoloniaux dont les chefs ont opposé une résistance à la domination européenne ;
- Identifier les différents chefs africains qui ont opposé une résistance à la domination européenne
- Identifier les États précoloniaux où les femmes ont pris une part active dans les conflits contre la domination européenne.
- Epingler la stratégie utilisée parfois par les européens, à savoir, l’art de diviser pour régner, en s’alliant avec un groupe contre un autre.
2 ¦ Introduction
Suite à la conquête militaire de l’Afrique par les Européens à la fin du XIXe siècle, la plupart des Africains, opposés à cette domination extérieure, entrent en résistance.
Cette résistance revêt plusieurs formes. On rencontre ainsi des résistances pacifiques, des résistances diplomatiques et des résistances armées. Comme pour les résistances à la conquête, les résistances à la domination sont observées dans tout le continent africain : Afrique méditerranéenne, Afrique occidentale, Afrique centrale, Afrique orientale et australe.
3 ¦ Les résistances à la domination
3.1. En Afrique méditerranéenne
A. La Libye
Depuis 1880, les Italiens adoptent une politique de pénétration pacifique à partir de la région Tripolitaine. Ils y exercent des activités commerciales et y implantent des écoles. En 1911, l’Italie s’attaque à l’Empire ottoman, prétextant qu’elle doit sécuriser ses ressortissants dans la région Tripolitaine. L’Italie occupe alors la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Dodécanèse. Entre 1922 et 1943, on assiste à la colonisation de la Libye par les Italiens et à de nombreux actes de résistance armée sous l’égide d’Omar Al Mokhtar. Celui-ci sera arrêté et pendu le 16 septembre 1931. La Libye est occupée militairement après vingt ans de résistance libyenne. À partir de janvier 1943, la Libye passe de l’occupation italienne à l’occupation britannique. La Libye accède à l’Indépendance le 1er janvier 1952.
B. L’Égypte
De son côté, la Grande-Bretagne occupe l’Egypte mais la résistance, à la fois armée et populaire, rend difficile l’occupation anglaise. En 1882, les Égyptiens décident de repousser les Britanniques, résistant ainsi aux bombardements d’Alexandrie. Le colonel Urabi déclare le djihad contre les Britanniques. Mais, forts d’une armée de 20.000 soldats, les Anglais écrasent la résistance armée égyptienne. Les Britanniques ont également rencontré la résistance du Mahdi Mohamed Ahmed au Soudan, fondateur d’un État théocratique au Soudan qui finira par tomber en 1898.
3.2. En Afrique Occidentale
A. Les résistances face à la France
Au Dahomey, la reine Tasi Hangbè a créé une compagnie de femmes guerrières pour les utiliser dans les différents conflits contre ses voisins. Son successeur, le roi Ghézo, leur donne le nom de « Amazones vierges du Dahomey ». Le roi Béhanzin les utilise ensuite pour s’opposer à l’occupation française, puisqu’il s’est assigné comme mission en 1893 de chasser les Européens de son pays. Après avoir lutté, il se rend finalement en 1894 et est déporté à la Martinique puis en Algérie. Des femmes guerrières ont été présentes dans d’autres armées africaines. Au Sénégal, les femmes guerrières, les Linguères sont les sœurs et cousines des rois. On trouve aussi des femmes guerrières chez les Zulu.
B. Les résistances face au Royaume-Uni
Les Britanniques, à l’instar des Français, ont recours tantôt à des actions pacifiques comme en Sierra Leone, en Gambie ou en Gold Coast, tantôt à des affrontements armés comme chez les Ashanti, les Yoruba, le nord du Nigéria, etc. Ils ont surtout utilisé l’intervention militaire pour l’occupation du Nigéria qui accueillait déjà de nombreux missionnaires et des compagnies commerciales. Ils ont ainsi signé des traités de protectorat avec certains chefs Yoruba. Par contre, ils n’ont pas réussi à décider la tribu d’Ijebu qui a résisté à toutes leurs sollicitations et a décidé au contraire de les attaquer. Battus, les Ijebu et les autres tribus Yorubas ont fini par signer un traité de paix. D’autres tribus ont tenté de poursuivre la résistance armée, mais ont été battues. Dans la partie nord du Nigéria, certains chefs africains ont préféré mourir plutôt que de renoncer à leur foi. C’est le cas des chefs Kontagora en 1900, Adamowa en 1901, Bauchi en 1902, Kano, Sokoto et Burwuri en 1903.
3.3. En Afrique Centrale
A. Le Cameroun
À l’instar des Britanniques et des Français, les Allemands ont fait face à des résistances armées, populaires et culturelles au Cameroun. La résistance armée a commencé sous la direction du roi Kum’a Mbape ou Lock Priso en 1884.
Ne disposant pas de beaucoup de soldats allemands, les colonisateurs ont poussé les chefs camerounais à se battre entre eux, se trahir, se neutraliser. Les Allemands et les chefs camerounais auxquels ils se sont alliés vont battre le roi Lock Priso en 1885 et le contraindre à signer un traité de paix et à transférer la souveraineté de son État à l’Allemagne. Les résistances armées vont encore se poursuivre à l’intérieur du Cameroun, au centre, avec les Bakoko et Bassa, à l’ouest avec les Bafia, les Sanaga et les Babuté, à l’est avec les Baya, Maka et les Njem et au nord avec d’autres tribus, notamment l’armée de Mahaman. Toutes ces résistances, qui continuent jusqu’au début des années 1900, sont finalement écrasées par les colonisateurs.
B. La République centrafricaine, le Gabon, le Congo-Brazza
La population de la future République centrafricaine a connu plusieurs types de violences même si, jusqu’en 1883, elle a surtout résisté à l’esclavage. Si l’intrusion des colonisateurs français met fin à celui-ci, elle n’empêche pas pour autant la poursuite des exactions parmi la population locale. Le négrier Rabah continue même à sévir jusqu’à ce que les troupes françaises le tue en 1901. Mais la conquête de la RCA par les Français, qui fondent Bangui en 1889 n’est pas pacifique. Les expéditions françaises sont attaquées de toutes parts par les populations locales : les Bondjo, les Langbassi, les Senoussistes, les Gbaya, les Mandjia, les Ngbougous…
C. Le Congo (actuellement RDC)
1. Originaire de l’Unyamwezi dans le Tanganika, M’Siri est arrivé dans la région du chef Mpande des Sanga vers 1850 à la recherche d’ivoire et d’esclaves. À la mort du chef Mpande, il soumet les Sanga, crée et étend son royaume appelé Garenganze et fait de Bunkeya sa capitale. Il refuse l’offre de Léopold II de placer son royaume dans le giron de l’État Indépendant du Congo (EIC). Il est assassiné par le capitaine belge Bodson le 20 décembre 1891 et son royaume Garenganze tombe entre les mains des troupes de l’EIC. Le fils aîné de M’Siri, Mukanda Bantu succède à son père, et s’allie aux colonisateurs pour soumettre les différentes révoltes des populations autochtones, à savoir les Sanga, Aushi, Lomotwa, Lala, Lamba, etc.
2. Dans la région du Lac Tanganyika, chez les Tabwa, les colonisateurs ont fait face à une forte résistance du chef Lusinga lwa Ng’ombe. Pour s’en débarrasser, Emile Storms, qui commande la 4e expédition de l’Association Internationale Africaine (AIA), dont l’objectif est d’explorer la région du Lac, tue le chef Lusinga, lui tranche la tête et ramène le crâne en Europe comme un butin de guerre. À propos du crâne de Lusinga, Storms écrira : « Cet homme est mort parce qu’il a menti à l’homme blanc (…). Je fais apporter la tête de Lusinga au milieu du cercle. Je dis : ‘Voilà l’homme que vous craigniez hier. Cet homme est mort parce qu’il a toujours cherché à détruire la contrée et parce qu’il a menti à l’homme blanc ». Le crâne du chef Lusinga sera conservé en Belgique, où il servira d’objet d’étude pour des analyses anthropologiques à caractère raciste.
D. L’Angola
Au cours de la dernière décennie du XIXe siècle, les Etats Chikunda battent à plusieurs reprises l’armée portugaise qui est désorganisée. C’est ainsi qu’au sud de l’Angola, en 1896, les Bihé organisent une embuscade contre un détachement portugais chargé d’établir des postes administratifs à l’intérieur du pays.
Lors de combats de 1904, les Humbe et les Cuamaro repoussent plusieurs attaques portugaises au cours desquelles ils tuent beaucoup de portugais. Au nord du Nyasaland, les Yao tiennent l’armée coloniale britannique en échec pendant près de cinq ans. Mais les succès les plus éclatants sont ceux de l’alliance Swahili-Makwa qui réussit à échapper à la tutelle portugaise jusqu’en 1910 et celle des Cuamoro alliés aux Cuanhama dont la défaite n’est définitive qu’en 1915.
3.4. En Afrique orientale
A. Le Kenya
La réaction kenyane à la colonisation est à la fois militaire et diplomatique. Elle se caractérise par le recul, la non-coopération ou la passivité.
– Parmi les peuples du Kenya, les Nandi s’opposent militairement à la construction du chemin de fer sur leur territoire. Cette résistance, qui commence dans les années 1890, ne s’achève que lorsque leur chef est tué en 1905.
– La réaction de Waiyaké du groupe des Gikuyu est également remarquable. Ses parents sont des Masaï venus s’installer au Kenya au XIXe siècle. Quand il était en état de force, il s’attaquait aux Britanniques ; en position de faiblesse, il devenait l’allié des envahisseurs.
– Sur la côte, Mbaruk bin Rashid du groupe Mzrui, mène une guerre de harcèlement contre les forces britanniques supérieurement équipées, à la fin du XIXe siècle. Il faudra faire venir des troupes indiennes pour le vaincre. Mbaruk Bin Rashid s’enfuit alors au Tanganyika et tombe entre les mains des Allemands.
– Dans le Kenya occidental, chez les Abaluyia, le roi des Wanga, Mumia, est également un adepte décidé de la diplomatie. Il considère les Britanniques comme des alliés qu’il peut utiliser pour étendre son influence sur tout le Kenya occidental et qui l’aideraient à vaincre ses adversaires Yteso et les Lus. C’est ainsi que l’occupation britannique s’accomplit, en grande partie, grâce à Mumia qui meurt en 1949.
B. Le Tanganyika
Au Tanganyika, on réagit comme au Kenya par l’emploi de la force et les alliances. Mais les Allemands, comme les Anglais au Kenya, sont passés maîtres dans l’art de diviser pour régner, en s’alliant avec un groupe contre un autre. Alors que plusieurs peuples prennent les armes pour défendre leur indépendance, Mbunga se heurte aux forces allemandes en 1891 et en 1893, tandis que l’arrière-pays Kilna, lutte les armes à la main sous la direction de Hasan Bin Omari. Les Makondé repoussent l’invasion allemande jusqu’en 1899. Les Hehe, avec leur chef Nkwawa, s’opposent aux Allemands en 1891 et en tuent près de 290. Mais, en 1894, les troupes allemandes ravagent la région Hehe, et s’emparent de sa capitale. Nkwawa réussit à s’enfuir, mais, à la suite d’une poursuite qui dure quatre ans, il se suicide pour éviter d’être capturé. Sur la côte du Tanganyika, la résistance s’organise également autour de la personne d’Abushiri.
C. Ouganda
Entre 1891 et 1899, il y a eu des heurts entre les forces de Kabarega, le roi du Bunyoro, et celles des Britanniques. Après plusieurs combats où les troupes de Kabarega sont vaincues, ce dernier recourt à la diplomatie.
4 ¦ Résumé
Les chefs africains, accompagnés de leurs populations, ont poursuivi leurs résistances contre la domination européenne. Face à ces adversaires armés, les Africains adoptent des stratégies différentes. Certains signent des traités de paix, d’autres résistent les armes à la main avant de signer un traité de soumission.
Parfois aussi, les Européens provoquent des divisions entre les différents royaumes voisins pour les diviser et pouvoir les dominer. Beaucoup de chefs africains sont morts sur le champ de bataille. Certains États de l’Afrique occidentale ont créé des compagnies de femmes guerrières. C’est l’exemple des Amazones du Dahomey.
Les résistances à la conquête européenne
1830 – 1880
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Expliquer les différentes résistances des peuples d’Afrique contre l’expansionnisme des colons et l’accaparement des terres et des richesses par les concessionnaires et la colonisation
- Signaler les divers modes d’opposition présents au niveau de l’Afrique
- Citer les principaux animateurs des résistances en Afrique
- Connaître les principales causes des résistances africaines
- Connaître les stratégies mises sur pied par les Africains dans leur résistance
- Connaître les différentes stratégies mises sur pied par les colonisateurs pour mettre fin aux résistances africaines
2 ¦ Introduction
Au XIXe siècle, l’Europe est en pleine révolution industrielle et cherche partout dans le monde de nouvelles ressources et de nouveaux débouchés pour ses produits industrialisés. C’est ainsi que les Européens s’intéressent à l’Afrique. Depuis les XVe et XVIe siècles, ils se sont installés sur les côtes occidentales africaines et se sont adonnés à la traite des esclaves avec la complicité des États africains côtiers. Au XIXe siècle, au moment où l’Afrique, affaiblie par la traite des esclaves, veut se rétablir, les différents pays européens veulent conquérir et coloniser toujours plus de territoires Africains. Ils se servent de l’Afrique comme d’une vitrine leur permettant d’affirmer leur puissance et leur pouvoir les uns par rapport aux autres.
C’est à cette époque que les Africains prennent conscience du danger que représente la colonisation pour leur souveraineté et leur indépendance et commencent à réagir.
3 ¦ Définitions
3.1. Qu’est-ce que la résistance?
Par résistance, il faut entendre un mouvement d’autodéfense en vue de garder sa liberté et sa dignité.
Dans le cas qui nous concerne, il s’agit de l’opposition manifeste des Africains à l’occupation et l’exploitation de l’Afrique par les puissances européennes.
Les causes générales des résistances africaines sont :
- l’occupation de l’Afrique par les puissances européennes
- la perte de l’indépendance des Africains, de leur souveraineté et de leurs terres.
3.2. Les formes de résistance
Les résistances à la colonisation revêtent plusieurs formes :
- Les résistances politiques :
Les rois africains, et leurs armées s’opposent aux envahisseurs européens par les armes pour préserver leur indépendance et leur souveraineté. Ces résistances se situent à l’époque de la pénétration de l’Afrique par les Européens au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.
- Les résistances populaires :
Même si, avec le temps, les résistances politiques ont échoué, les Africains ont continué à résister à la colonisation par diverses actions comme le refus de cultiver telle ou telle culture (telles que les cultures obligatoires), d’exécuter les travaux forcés, de payer les impôts, etc.
- Les résistances religieuses :
Des rois religieux (convertis à l’Islam, par exemple) se sont opposés à la pénétration des puissances européennes pour des raisons religieuses. C’est le cas, par exemple, des rois religieux El Hadji Omar Tall ou Samori Touré au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Nous pouvons aussi citer le cas des mouvements messianiques comme le Kitawala ou le Kimbanguisme en République Démocratique du Congo (au cours des années 1920).
La colonisation de l’Afrique occidentale commence, dès la fin du XVIIe siècle en Sierra Leone, du fait de la traite négrière. Mais c’est au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle qu’elle se généralise en Afrique. L’intention des colonisateurs européens est d’étendre leur occupation territoriale à l’intérieur de l’Afrique. C’est ainsi que ces différentes résistances vont se retrouver partout en Afrique : en Afrique méditerranéenne, Afrique occidentale, Afrique centrale, Afrique orientale et Afrique australe.
4 ¦ Les résistances à la conquête européenne
4.1. Afrique méditerranéenne
L’Afrique méditerranéenne est sous la domination de l’Empire ottoman jusqu’au XIXe siècle. Elle comprend l’Algérie (dirigée par un Dey), la Tunisie (dirigée par un Bey), l’Égypte (dirigée par un Pacha). Le Maroc, par contre, est indépendant. Les puissances européennes vont profiter de l’affaiblissement de l’Empire ottoman pour chercher à conquérir et à occuper ces États africains. Mais, elles font face à des résistances armées.
A. L’Algérie
En Algérie, les Français, qui commencent leur conquête vers 1830, se dirigent vers Alger. En voulant occuper l’ensemble du pays, ils se heurtent à la résistance des tribus algériennes sous le commandement d’Abdel Kader. Si les tribus algériennes harcèlent les troupes françaises, celles-ci vont néanmoins conquérir successivement la Petite Kabylie en 1844, puis la Haute Kabylie après une farouche résistance de Lalla Fatma N’Soumer et du chérif Boubaghla qui prône une guerre sainte contre les Français. En 1854, ce chef religieux meurt au combat.La domination française ne prend durablement le dessus en Kabylie qu’après la chute d’Icheriden, en juin 1857. Cependant, des soulèvements sporadiques ont lieu dans cette région. Ainsi, en 1870-1871 ont lieu les soulèvements des Mokrani pour des raisons à la fois politiques, économiques et religieuses.
En 1872 la résistance est écrasée : les résistants sont arrêtés, d’autres sont déportés en Nouvelle-Calédonie et plusieurs milliers d’hectares de terres sont confisqués par les Français.
B. La Tunisie
En Tunisie, l’occupation française commence en 1881 quand le Bey de Tunisie ordonne à ses troupes (plus ou moins deux mille combattants) de n’opposer aucune résistance face aux trente mille soldats français bien équipés et entraînés. Il signe le traité du Bardo en 1881 qui impose à la Tunisie le protectorat français. Mais, lorsque l’armée française commence à se déployer à l’intérieur du pays, elle se heurte aux tribus des steppes sous le commandement d’Ali ibn Khalifa, qui a décidé de poursuivre la résistance armée malgré la capitulation du Bey. Cette résistance armée est suivie par d’autres tribus et par des soldats du Bey mécontents de la capitulation. C’est ainsi que l’armée française, qui marche sur les différentes villes, notamment la ville sainte de Kairouan, se retrouve face à des villes en ruines du fait des résistants, car les citadins ne veulent pas donner aux envahisseurs français l’occasion de détruire leurs sanctuaires. Les troupes tunisiennes ne sont pas bien coordonnées et manquent cruellement de munitions. Ali ibn Khalifa continue à harceler l’armée française à partir de la frontière libyenne jusqu’à sa mort en 1885.
4.2. En Afrique occidentale
L’Afrique occidentale va être colonisée par les Britanniques, et par les Français. Les colonisateurs français ont confié la mission d’occupation aux officiers militaires qui ont préféré la conquête militaire à toute autre forme d’occupation.
A. La Sénégambie
En Sénégambie, le roi Lat-Dior Diop, le Damel du Kayor, entretient au début de bons rapports avec les Français. Mais, en 1862, ces bonnes relations se détériorèrent pour des raisons d’ordre politique et économique. En effet, le roi du Kayor s’oppose au projet des Français de construire un chemin de fer qui relierait Dakar à Saint-Louis.
Pour lui, ce chemin de fer va mettre fin à l’indépendance de son État. Pour contrecarrer le projet français, il interdit à ses sujets de fournir une aide quelconque aux Français et de cultiver des arachides pour eux. Il leur recommande de se tenir à distance des postes français et demande aux chefs africains musulmans de s’allier à lui pour combattre les Français. La lutte armée commence en 1882. Le roi du Kayor, qui se sait incapable d’affronter de front l’ennemi, préfère la guérilla et se déplace d’un village à un autre. Mais, les Français le poursuivent et le Kayor tombe entre les mains des troupes françaises en 1886 après plusieurs batailles, et meurt au combat. Le pouvoir du Kayor est confié à Samba Laobe Fall, membre de la famille de Lat-Dior Diop, que les Français jugent docile et dévoué à leur cause. Le roi Samba veut montrer son dévouement aux Français en s’attaquant au roi du Djoloff, où Lat-Dior Diop s’était réfugié, mais il est battu. Le gouverneur français transforme le Kayor en une confédération de six provinces autonomes confiées aux anciens captifs de la couronne.
B. L’Empire toucouleur
Dans l’Empire Toucouleur, à l’instar de tous les chefs africains, Ahmadu Tall, l’empereur, veut sauvegarder l’indépendance de son État tout en recourant à l’alliance avec les Français. Sur le plan politique, l’empereur veut obtenir des Français la reconnaissance de son autorité et de la souveraineté de son empire, mais également la fourniture d’armes à feu et de munitions, car il veut disposer d’une armée forte et bien équipée. En contrepartie, l’empereur doit permettre aux Français d’exercer librement leur commerce dans son État, de construire et entretenir des routes commerciales et de construire des bateaux et les faire circuler sur le fleuve Niger. On comprend mieux le choix de Ahmadu Tall de s’allier aux Français, quand on sait qu’à l’intérieur de son État, il est en conflit avec, à la fois, ses frères et des chefs locaux (Bambara, Peuls) qui contestent son pouvoir et aspirent à recouvrer leur indépendance politique. Ahmadu Tall parvient néanmoins à pacifier son empire avant même que le traité signé avec la France ne soit ratifié par cette dernière. Les relations avec la France finissent par se détériorer. Et Ahmadu Tall choisit la voie de l’affrontement armé. L’invasion de l’empire par les troupes françaises commence en 1881. Bamako tombe, puis les autres villes comme Djenné, Kundian, Wesebugu, Nioro. Et Ahmadu finit par se réfugier à Sokoto.
C. L’empire Wassoulou
L’empire Wassoulou, fondé par Samori Touré en 1878, dispose d’une grande armée nationale, homogène et dotée d’un équipement militaire moderne, contrairement aux autres rois africains de la région. Il l’a équipée et modernisée grâce, entre autres, à la vente d’ivoire, d’or, d’esclaves et de chevaux. Son armée lui permet d’agrandir son empire, annexant différentes régions comme, par exemple, Buré, Wasulu, Konyan, Toron, Sankaran, Kabasarana… Mais quand, en 1882, il remonte la région du Haut-Niger (Haut-Fleuve) afin de la soumettre, il fait face aux Français. Son avancée vers Bamako, au carrefour des voies commerciales est un échec, car les Français y ont envoyé leurs troupes. Le contrôle des mines d’or, des voies commerciales et de tous les trafics d’armes et chevaux est un enjeu majeur. Pour contrecarrer le projet d’invasion française, il veut s’allier aux Anglais. Il signe ainsi un traité plaçant son empire sous le protectorat britannique. Mais ce traité n’est pas appliqué, car l’Angleterre s’en tient à un traité signé en 1889 avec la France qui impose la non interférence à l’intérieur de leurs protectorats Après de longues et dures batailles entre les troupes françaises et celles de Samori, ce dernier est capturé et fait prisonnier en 1898. Déporté dans l’île de l’Ogooué, il y meurt en 1900.
D. La Gold Coast
En Gold Coast, les Ashanti ont longtemps résisté aux colonisateurs britanniques. Leurs conflits trouvent leur origine dans le refus des Britanniques de payer l’impôt sur la traite des esclaves et dans leur désir d’imposer un protectorat. Les Ashanti ont combattu les Britanniques entre 1760 et 1824, et ont plusieurs fois battu les troupes britanniques et leurs alliés, tuant même leur commandant, Charles Mac Carthy, gouverneur de Gold Coast. Ils ont également réussi à reprendre leurs territoires côtiers et méridionaux.Mais en 1874, les Britanniques, bien équipés militairement, battent les Ashanti à Amufu, ce qui entraine la désintégration de l’empire Ashanti et l’émancipation des États vassaux au nord de Volta. En 1896, les Britanniques placent les Ashanti sous le régime de protectorat après s’être emparés de Koumasi, leur capitale. Prempeh I et sa suite sont arrêtés et déportés en Sierra Leone puis aux îles Seychelles en 1900.
4.3. En Afrique orientale
A. L’Éthiopie
L’Éthiopie est le seul pays africain à n’avoir pas été colonisé. Abeto Menelik s’est particulièrement illustré dans la résistance armée contre la colonisation italienne. Il a été nommé gouverneur de Shewa par l’empereur Ethiopien Yohannes IV (Règne 1872-1889) qui était à la tête d’une armée redoutable. À la mort de ce dernier, il s’impose partout sous le nom de Menelik II et fonde sa capitale à Addis Abeba. En 1889, il signe avec les Italiens le traité de Wichale (ville éthiopienne appelée Ucciali en italien). Selon les Italiens, Menelik II accepte la soumission de l’Éthiopie au protectorat de l’Italie tandis que, pour Menelik II, il s’agit uniquement d’un acte d’amitié. Mécontent de la supercherie des Italiens, Menelik II dénonce le traité.Redoutant l’influence que pourrait exercer la France sur Menelik II et soucieuse de construire une ligne de chemin de fer entre Addis Abeba et Djibouti, l’Italie décide alors de précipiter la conquête de l’Éthiopie. En décembre 1895, les troupes italiennes subissent leur première défaite face aux troupes éthiopiennes à Amba Alafi, et en mars 1896, elles sont battues et mises en déroute par l’armée éthiopienne lors de la bataille d’Adoua. La guerre se termine par le traité d’Addis Abeba en 1896 par lequel l’Italie reconnaît l’indépendance de l’Éthiopie.
4.4. En Afrique Australe
Dans le royaume Zulu, Cetshwayo, roi des Zulu, entreprend dès 1877 une résistance armée contre l’occupation illégale de leurs fermes (terres) par les Afrikaners et les colons blancs qui en réclament les titres de propriété. En 1879, la guerre éclate entre l’armée britannique et l’armée Zulu. Elle se solde par la victoire de l’armée Zulu à la bataille d’Isandhlwana. Le 4 juillet de la même année, les représailles de l’armée britannique obligent Cetshwayo à l’exil au Cap. Le Zululand est démembré et les Zulu doivent subir la colonisation britannique.
La nation Ndebele : Après avoir longtemps résisté à la colonisation britannique, Lobengula, roi de la nation Ndebele, finit par signer avec un missionnaire anglais, une convention, dénommée traité Moffat, aux termes de laquelle il aliène sa souveraineté aux Britanniques alors qu’il pense ne signer qu’un traité d’amitié. Lorsque Lobengula et ses conseillers (Induna) découvrent qu’ils ont été bernés, ils sollicitent en 1889, mais sans succès, l’annulation du traité Moffat auprès de la reine Victoria d’Angleterre.En 1893, la guerre éclate entre la nation Ndebele et les colons du Mashonaland et de l’Afrique du sud. Devant la machine de guerre bien entrainée des colons et malgré son armée estimée à 20.000 hommes, Lobengula capitule, évacue le Matabeleland, et s’enfuit avec son peuple vers la Rhodésie du Nord. La nation Ndebele cesse d’exister et est totalement sous la domination britannique.
5 ¦ Résumé
- La résistance est une opposition manifeste des Africains à l’occupation et à l’exploitation de l’Afrique par les puissances européennes.
- Les résistances africaines pour leur territoire revêtent plusieurs formes, à savoir : politique, populaire, et religieuse.
- Des résistances armées à la conquête européenne ont eu lieu partout en Afrique méditerranéenne, occidentale, centrale, orientale et australe. Elles ont été menées par des chefs africains déterminés. Mais ces résistances, à l’exception de l’Éthiopie, ont fini par échouer pour plusieurs raisons :
- Les armées africaines, bien que dirigées par des chefs de guerre expérimentés, n’étaient pas aussi bien équipées que celles des colonisateurs. Ces derniers pouvaient généralement compter sur plus de combattants que les chefs africains puisqu’ils utilisaient les combattants des entités déjà occupées.
- Les tentatives de voir les chefs africains conjuguer leurs efforts pour combattre ensemble l’ennemi commun étaient rares sinon absentes. Alors que les Européens se sont mieux organisés diplomatiquement.
Les anciens États de l’Afrique orientale et australe
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- de situer dans le temps et dans l’espace le royaume de Zimbabwe (Monomotapa), et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace le royaume du Buganda, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace le royaume du Rwanda, et ses principales caractéristiques.
2 ¦ Introduction
Baignée par l’océan Indien, cette partie de l’Afrique est en contact avec les régions du golfe Persique, de l’Asie du Sud-est et de l’Asie centrale, dès le 2e millénaire av. J.-C., comme l’indique la présence de plantes originaires de ces régions. On suppose que ce sont des populations austronésiennes et indonésiennes venues s’installer sur la côte orientale qui les ont emmenées. À cette première vague migratoire, succède, au début de notre ère, une installation progressive, sur la côte orientale, de populations africaines d’agriculteurs pratiquant la métallurgie du fer et la poterie qui s’intensifie jusqu’au Moyen-Âge.
Des populations bantoues, arabes et persanes s’installent ainsi sur la côte, ce qui favorise le développement d’un commerce océanique entre la côte et l’intérieur des terres, ainsi que l’apparition de sociétés étatiques et politiques complexes, et une civilisation spécifique : la culture swahili. Des Etats-cités tels Kilwa, Songo Mnara, Mombasa, etc. sont associés à cette culture swahili. En dehors des Etats-Cités swahilies établies sur la côte longeant l’océan Indien, un grand royaume intérieur se développe : le royaume du Zimbabwe (ou royaume Monomotapa).
3 ¦ Le royaume de Zimbabwe (Monomotapa) (XIe – XVIIIe siècle)
3.1. Contexte historique
L’émergence de ce royaume s’explique par sa situation favorable. En effet, c’est une région de plateaux aux températures fraîches, aux sols fertiles et aux pluies abondantes ce qui constitue des conditions idéales pour l’agriculture et l’élevage. La civilisation fondatrice de cet ancien royaume est très peu documentée, et l’origine des constructions en pierre qu’on y a trouvée reste encore un mystère. On sait seulement qu’une population bantouphone d’éleveurs de moutons s’installe au Ier siècle après J.-C. dans cette région située entre le fleuve Limpopo au sud et le fleuve Zambèze au nord, suivie aux Xe et XIe siècle par une population d’éleveurs de bovins et de métallurgistes. Ces derniers vivent dans des habitats faits de boue séchée et de pisé, et exploitent les nombreux gisements d’or et de cuivre de la région.
Le royaume de Monomotapa atteint son apogée au XVe siècle grâce au commerce de l’or, époque où sera érigé le site en pierre du Grand Zimbabwe (XIV-XVe siècles). Mais la région manque de stabilité et des entités plus ou moins indépendantes se battent pour sa suprématie. Le désordre à l’intérieur du pays a des conséquences sur le commerce côtier et la pression des commerçants portugais et arabes commence à changer l’équilibre des forces dans la région. Au début XVIe siècle, une série de conflits armés oppose les différentes entités politiques sous le joug des souverains du Grand Zimbabwe. Trois entités tentent d’imposer leur hégémonie : les royaumes de Manica, d’Uteve et de Mwene Mutapa. C’est ce dernier qui se démarque, et Mwene Mutapa devient le souverain du royaume. À la mort de Mutapa, la capitale est déplacée vers le Nord. Son fils Matope est un grand conquérant.
À la même époque, les Portugais installent des comptoirs le long de la côte indienne, construisant une forteresse à Sofala. Les conflits jouent en faveur des colons portugais qui lancent des campagnes entre 1572 et 1597 pour prendre le contrôle des mines d’or. D’autres groupes de populations comme les Zimba prennent également les armes contre Mwene Mutapa, qui doit finalement s’allier aux Portugais pour maintenir son royaume, leur donnant en contrepartie accès à de nombreuses mines.
L’empire Monomotapa décline pour des causes internes : luttes entre factions rivales et épuisement de l’or des rivières qu’il contrôle. Le commerce de l’or est ensuite remplacé par le commerce des esclaves. À cette époque, les États arabes de Zanzibar et Kilwa deviennent dominants dans la région grâce à la traite des Noirs vers l’Arabie, la Perse et l’Inde.
En 1629, le royaume de Zimbabwe, en déclin, est obligé de reconnaître la souveraineté portugaise. Il ne retrouvera jamais son indépendance même si Mutota et ses successeurs étendent leur hégémonie dans la région fondant le royaume de Zimbabwe qui va perdurer jusqu’au XVIIIe siècle. Les derniers représentants des familles royales établissent le royaume Mutapa au Mozambique, parfois appelé « Karanga ». Les rois Karanga s’appellent mambo et vont régner sur la région jusqu’en 1902.
3.2. Organisation politique et sociale
Le Mwene Mutapa est généralement choisi par le Conseil des anciens. « Mwene » signifie « Seigneur » en langue bantoue, et « Mutapa » « Pillage » en langue locale, ce qui s’expliquerait par le fait qu’il se soit imposé dans la région en menant une série de razzias. Mais son nom pourrait également signifier « Minerais métallifères », une explication plausible compte tenu du fait que les mines de cuivre et d’or ont joué un rôle non négligeable dans le développement des sociétés de cette région. « Mutapa » devient le titre de ses successeurs ainsi qu’un terme géographique désignant le territoire et son royaume. Si le royaume possède une organisation centralisée, dotée d’une administration, d’une armée et d’institutions étatiques, c’est le lignage dominant qui monopolise les fonctions politiques (ex : les Rozwi). Le Mwene Mutapa peut compter sur les chefs locaux (les Fumu).
3.3. Économie
Le Zimbabwe est un grand royaume qui s’est développé grâce à l’exploitation des gisements d’or et de cuivre de la région. L’exploitation des salines et la métallurgie du fer, du plomb, de l’or et du cuivre assurent aux élites politiques et économiques une prospérité importante. L’agriculture et l’élevage représentent également une des activités principales de la société zimbabwéenne.
Le commerce peut bénéficier d’un réseau reliant la côte aux Indes, à l’Asie du Sud-est, à l’Arabie et à l’Europe qui permet l’échange de produits divers (perles, étoffes en coton, etc.) venus des Indes ou des confins de la Chine. Les échanges interrégionaux occupent eux aussi une place importante dans l’économie de la région. Une taxe de circulation, la curva est imposée aux commerçants étrangers portugais.
4 ¦ La région des Grands lacs
Cette vaste région, composée de savane boisée et de lambeaux de forêts semi-tropicales, couvre une série de grands lacs africains, dont les principaux sont les lacs Kyoga, Victoria, Turkana, Rushwa, Thema, Wamara, Edouard, Kivu, Albert et Georges. Ce système lacustre est interconnecté au grand fleuve Nil. C’est aussi une région montagneuse sur laquelle se trouve la grande faille géologique de la Rift Valley. Cette région est également dotée d’un environnement très fertile et des conditions climatiques favorables aux cultures.
Propice au développement de foyers de peuplement, cet espace est occupé dès la préhistoire comme le révèlent différents témoins de la présence de chasseurs-cueilleurs ou les anciennes traces du travail du fer remontant au VIIIe siècle après J.-C. On y retrouve des populations de langues Bantu, nilotiques et nilo-sahariennes.
L’histoire ancienne de la région des Grands Lacs est très complexe. Elle est caractérisée par la présence d’États, de sociétés lignagères et segmentaires ainsi que de vagues migratoires de peuples pasteurs et d’agriculteurs qui se succèdent dans le temps pour occuper ces régions très fertiles.
D’après les mythes, on recense notamment l’existence des premières chefferies d’agriculteurs. Chefferies qui seront supplantées par des États à dominance pastorale. Concernant les origines des formations politiques dans la région, les traditions orales transmises par les clans dominants, dont le prestigieux royaume du Rwanda, le Lusoga, Nkole, Bunyoro (dans l’actuel Ouganda), et le Buganda nous permettent d’en imaginer les lignes principales :
- L’œuvre civilisatrice et la formation des États prennent leur source chez des pasteurs immigrés (identifiés comme des Nilotiques) qui ont apporté le principe de la royauté, des éléments de la religion et l’importance de la vache. Mais il est avéré que l’éclosion et le développement d’États plus ou moins centralisés ne sont pas uniquement l’œuvre des pasteurs migrants.
- Plusieurs entités politiques d’agriculteurs de langue bantoue ont mis en place une organisation complexe. La formation d’États parmi ces sociétés d’agriculteurs serait même antérieure aux vagues migratoires des communautés d’éleveurs qui auraient déferlé dans cette région au XVIe siècle. En effet, en termes de mobilité sociale, un agriculteur peut devenir pasteur en acquérant du bétail, et l’inverse était aussi possible lorsqu’un pasteur perd son bétail.
- Il existe également une mobilité entre lignages et clans. Des pactes permettent à des familles d’adhérer au clan ou au lignage de leur choix. Ainsi, les clans ne sont pas nécessairement composés de descendants de mêmes ancêtres.
Au XIXe siècle, les royaumes les plus importants sont le Rwanda, le Burundi, le Bunyoro, le Bushi et le Buganda.
5 ¦ Le Buganda (XIVe siècle – XIXe siècle)
5.1. Contexte historique
Ce royaume, qui a donné son nom à l’actuel Ouganda, est situé au nord-ouest du lac Victoria. Il aurait été fondé par l’ancêtre mythique Kintu au XVe – XVIe siècle. Les populations à l’origine de ce royaume sont les Ganda ou Baganda (Ganda est le singulier de Baganda). Le préfixe « Bu » devant le terme Ganda désigne un lieu, un espace géographique dans toutes ces sociétés de la région de Grands Lacs. Ainsi le terme Buganda renvoie à un espace géographique occupé par les Ganda.
Bien avant que la seigneurie des Baganda n’établisse son hégémonie régionale, on recense aux périodes plus anciennes la chefferie de Bangaizi peuplée de Bachwezi et celle des Basita qui règnent dans la région des Grands Lacs.
- Les Bangaizi contrôlent les sites des salines, le commerce du bétail et les gisements de fer. La capitale, Mwenge, est située près des Monts Ruwenzori.
- Le Basita est renommé pour sa maîtrise de la métallurgie du fer, qui a assis sa prééminence politique dans cet espace géographique.
Ces chefferies seront ensuite conquises par Ruhenga, qui fonde la dynastie des Tembuzi. Toutefois la région va passer sous la domination du Bunyoro vers le XIVe siècle. Le Bunyoro apporte des changements sociopolitiques importants dans la région, notamment un système monarchique centralisé. Entre 1350 et 1500, le Bunyoro domine une partie de la région des Grands Lacs, formant un véritable empire. Vers le XVIe siècle, une autre vague migratoire de populations venues de la région du Nil envahit le Bunyoro. Il s’agit des populations Luo. Cela entraine la désintégration de l’empire dont les frontières politiques se resserrent sur le royaume Bunyoro. Les Luo fondent la dynastie des Babito. L’effondrement de l’empire favorise aussi l’indépendance des anciens États vassaux : Ankole, Karagwa, Busoga et Buganda.
Le royaume de Buganda, situé à l’est du Bunyoro, commence alors à s’agrandir. Grâce aux conditions écologiques favorables permettant l’élevage et les cultures agricoles, les souverains Ganda réussissent à centraliser le pouvoir, à réduire les luttes de succession et à stabiliser le royaume. C’est cette capacité de neutraliser les luttes de succession qui a permis la stabilité de cette monarchie dont l’essor eut lieu au XVIe ou XVIIe siècle. L’expansion du royaume, à l’ombre du Bunyoro dont il était vassal, se fait par processus graduel en parallèle aux razzias des Arabes musulmans et à l’esclavage.
Ce petit royaume, qui construit son hégémonie grâce à la désintégration du royaume Bunyoro va devenir une nouvelle puissance régionale des Grands Lacs. Son apogée correspond à son expansion sur les lacs Victoria, Kioga et Albert. Cette expansion, qui eut lieu au tournant du XIXe siècle, sous le règne du roi Kamanya, (règne 1798- ?) lui permit de contrôler les voies commerciales et avoir le monopole du trafic. Sous le roi Muteza Ier (règne : 1856-1884), petit-fils de Kamanya, le processus de centralisation du royaume arrive à son terme. Il développe des relations commerciales avec les Britanniques installés sur la côte indienne et dote son armée de fusils achetés à Zanzibar. Plus favorable à l’islam, il accepte néanmoins que les missionnaires protestants et plus tard les pères blancs s’installent dans son royaume. Le royaume du Buganda devient allié et partenaire de la colonisation britannique.
Il est difficile de parler du déclin de ce royaume, car bien que le Buganda passe sous protectorat britannique, devenant ainsi une colonie, le souverain a gardé certains privilèges et pouvoirs sous la colonisation. En effet, l’administration coloniale s’appuie sur ce royaume fort et prospère pour asservir les autres entités politiques comme les Lusoga. Sous la pression coloniale désireuse de réduire les avantages de ce royaume et de le faire disparaître au profit d’un Etat colonial, le roi Mutesa II va s’y opposer en proposant que le traité de protectorat britannique soit annulé. Il sera exilé à Londres. Mais face aux revendications persistances, le roi sera réinstallé. Ce royaume a fini par se diluer à l’indépendance, en 1962, dans la nouvelle république. Mais des revendications d’autonomie n’ont pas cessé et continuent d’alimenter l’histoire de l’Ouganda moderne.
5.2. Organisation politique et sociale
La royauté n’est pas héréditaire. Le roi porte le titre de Kabaka ce qui au départ est un titre de noblesse. Parmi les regalia du roi, on trouve une couronne ancienne, des tambours, des flèches, des lances et autres objets royaux.
Le collège électoral du roi est composé du Katikiro, qui est le deuxième personnage du royaume, une sorte de Premier Ministre et du Mougenia, le chef du plus grand clan. La reine mère a un rôle important à la cour.
5.3. Économie
Outre les travaux artisanaux du tissage, et de la forge, l’économie est essentiellement agricole et tournée sur les rives du lac Victoria.
Le commerce de l’ivoire et des esclaves est aussi très important, et est monopolisé par la cour royale.
Au XVIIIe siècle, le royaume Buganda est connecté au réseau commercial au nord menant vers l’Egypte et à l’est traversant la Tanzanie jusqu’à la côte de Zanzibar. Mais ce réseau est peut-être beaucoup plus ancien, car les cauris provenant de la côte Swahili, qui sont utilisés comme monnaie, avaient une grande importance dans les transactions commerciales liées à la traite négrière.
6 ¦ Le Rwanda (XVe – XIXe siècle)
6.1. Contexte historique
Comme les informations sur le royaume du Rwanda nous sont parvenues grâce à la tradition orale, il est parfois difficile de démêler le mythe des réalités historiques. Même si l’histoire contée ne rend pas compte de toutes les dynamiques sociales, économiques et politiques qu’a connues cet espace, elle permet une reconstitution historique des chroniques des rois successifs et des traditions royales dans cette région.
L’histoire du royaume de Rwanda est aussi liée aux mouvements migratoires de groupes d’agriculteurs et d’éleveurs qui ont eu lieu entre le Xe et le XVIe siècle (Kitara, Bachwezi, Ruhinda et Rwanda). Le royaume connait une série d’extensions entre le XVe et le XIXe siècle. La tradition, récoltée au XXe siècle, mentionne que le Mwami Ruganzu « le conquérant » (1510 -1543 ou 1600-1623) est l’un des fondateurs d’une monarchie héréditaire au Rwanda. Il mène des attaques sur les chefferies de la région. Le royaume voit son territoire officiellement placé sous l’hégémonie de l’Allemagne en 1896. Son déclin n’intervient pas directement avec la pénétration européenne. Le royaume survit avec une certaine autonomie durant la colonisation allemande et belge. Ce n’est que suite aux troubles sanglants menés par la classe paysanne en 1961 et la déclaration de l’indépendance qui a suivi que ce royaume ancien d’Afrique de l’Est disparait.
6.2. Organisations politique et sociale
Le royaume est dirigé par le Mwami qui est assisté par les abiiru, les gardiens des traditions, des conseillers, et par les administrateurs des entités inférieures. Il y a aussi la corporation ubwiiru, rassemblant les conseillers chargés de conduire les rites consacrés à la prospérité du royaume. La reine mère possède aussi un rôle important à la cour. L’institution socioreligieuse Bwami est influente au sein de la société et la structure. Au niveau administratif, la capitale Nyanza est au centre du pouvoir.
Le royaume du Rwanda est une société féodale. Certains seigneurs possèdent des domaines fertiles dans lesquels les paysans travaillent. Cette situation de dépendance foncière des paysans fait en sorte que les seigneurs sont les personnes les plus riches de la société.
Au XIXe siècle, l’institutionnalisation de la corvée (uburetwa) auprès des masses paysannes donne lieu à la subdivision de la société en classes sociales renforçant le sentiment d’appartenance aux communautés Hutu ou Tutsi :
- la masse paysanne et vassale formant la communauté Hutu
- et la classe dirigeante celle des Tutsi.
6.3. Économie
Lorsqu’il y a une saison trop pluvieuse ou une sécheresse prolongée, les cultures agricoles sont durement touchées. Les périodes de disettes liées à cet ennemi mortel permanent qu’est la famine sont gravées dans la mémoire collective des populations de cet espace. Famines et sécheresses perturbent l’organisation sociopolitique et entraînent des mutations économiques, politiques et territoriales, contribuant à l’influence grandissante des éleveurs dans la région.
Posséder une vache est devenu un critère de richesse, et donc un élément d’emprise politique sur la production agricole.
7 ¦ Résumé
- Le royaume de Zimbabwe (Monomotapa) (XIe – XVIIIe siècle) connait son apogée au XVe siècle grâce au commerce de l’or. C’est à cette époque également qu’est construit le site en pierres du Grand Zimbabwe. Au XVIe siècle, des troubles armés entrainent une instabilité dans le royaume. Parallèlement, les Portugais établissent des comptoirs le long de la côte indienne et tentent de prendre le contrôle des mines d’or. En 1629, le Monomotapa doit accepter un quasi-protectorat de la part des Portugais.
- Le Buganda (XIVe – XIXe siècle) commence son expansion vers le XVIe siècle. Le royaume se stabilise et connait des conditions écologiques favorables à son développement. Suite à la désintégration du royaume voisin, dont il était vassal, le Bunyoro, le Buganda va devenir une des puissances de la région. Au XIXe siècle, le Buganda développe des relations commerciales avec les Britanniques. Le Buganda deviendra un protectorat britannique.
- Le Rwanda (XVe – XIXe siècle) est lié aux migrations d’agriculteurs et d’éleveurs qui ont lieu en le Xe et le XVIe siècle. Entre le XVe et le XIXe siècle, le royaume s’agrandit et devient l’un des principaux États de la région. En 1896, le Rwanda signe un traité, devenant un protectorat allemand.
Les anciens États de l’Afrique centrale
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- de situer dans le temps et dans l’espace le royaume Kongo, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace l’espace Téké, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace le royaume Kuba, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace le royaume Luba, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace lunda, et ses principales caractéristiques.
2 ¦ Introduction
L’Afrique centrale, australe, mais aussi orientale ont accueilli diverses expériences de formation d’États au cours de leur histoire. Les savanes et les forêts étant favorables à la concentration de la population, elles ont offert de multiples opportunités d’évolution pour ces populations. Les chefferies et royaumes se sont ainsi multipliés dans la savane du sud et la forêt équatoriale.
La naissance d’un État du point de vue interne s’explique à la fois par le nombre élevé d’habitants (grande densité de population), les environnements productifs sur le plan agricole, les communications faciles entre communautés locales et interrégionales, et le commerce. Mais également par les sites favorables comme le terminus de navigation, l’embouchure des fleuves, les régions montagneuses, les vallées, les confluents des rivières, les lieux où l’on trouve des richesses particulières tels que les minerais, le sel, les pâturages. Ces lieux attirent les convoitises des voisins, dans la mesure où leur exploitation et commercialisation garantissent l’avenir des sociétés occupant ces espaces.
Mais il ne faut pas oublier l’initiative des dirigeants qui, s’appuyant sur divers modes de pouvoir, ont contribué à la centralisation politique et donc à la formation des États. Dans ce monde en mutation, la complexité du pouvoir a souvent nécessité la mise en place d’une force militaire qui permette d’imposer sa domination sur les autres, mais également la maîtrise des moyens techniques supérieurs : les armes en fer perfectionnées et les outils qui facilitent le travail dans les champs. Les forgerons et autres fabricants d’armes ont donc une place importante dans les chefferies puissantes.
D’autres États se sont formés du fait d’influences externes. Bien que nous commencions seulement à comprendre comment se déroule le processus de centralisation politique, l’Afrique centrale n’est pas absente de l’histoire des foyers de formation des États dans le monde. La formation de ces États d’Afrique centrale se caractérise par un processus d’intégration politique et économique complexe et varié marqué par l’intensification de la hiérarchie, l’expansion et l’intégration territoriale, la spécialisation économique, le contrôle du travail, les communications de longue distance, les échanges culturels et une formulation d’idéologies d’État.
Du fait de la production grandissante, du contrôle, de la circulation et de la commercialisation des produits, des États se sont créés, mettant en place des organisations toujours plus complexes et moins souples que les organisations lignagères des villages qui sont présentes jusque-là dans ces régions. Si certaines sociétés lignagères ne se sont pas centralisées politiquement et économiquement, d’autres ont utilisé la centralisation comme un levier pour créer des institutions politiques très élaborées. Parmi celles-ci figurent les États de Kuba, Kongo, Luba et Lunda.
3 ¦ Le royaume Kongo (XIVe – XIXe siècle)
Le royaume Kongo est l’une des organisations sociopolitiques d’Afrique centrale qui a joué un rôle crucial dans l’évolution historique de la région. À cheval sur les territoires actuels de la RDC, du Congo-Brazzaville, et de l’Angola, ce royaume est organisé autour d’un ensemble d’agglomérations nommées « mbanza » et de provinces, dont les principales sont Sundi, Pangu, Bata, Soyo, Pemba et Bamba.
Son histoire est très bien documentée grâce aux écrits des missionnaires européens, des commerçants, de l’élite et des souverains du Kongo, et grâce aussi aux nombreuses études historiques qui lui ont été consacrées.
3.1. Contexte historique
1.Origine et naissance du royaume
Des populations, établies dès le IIe siècle avant J.-C. dans la région, parlent des variantes de la langue Kikongo et des communautés fondées sur l’agriculture s’y installent depuis le Ier siècle avant J.-C. L’origine du royaume semble remonter à 1375 avec Ntinu Wene Nimi Lukeni, prince et fils d’un souverain du Royaume de Bungu, au nord du fleuve Congo. Avec son armée, il s’impose comme leader incontesté de cet espace géographique et constitue le royaume Kongo en s’alliant à quelques chefs autochtones. La formation du royaume a également été facilitée par le fait que les peuples présents sur ce territoire partagent des cultures et des langues proches. Une autre tradition rapporte qu’un forgeron, fondateur de la première dynastie régnante, s’impose dans la région grâce à l’apport de techniques métallurgiques.
Le royaume est très tôt en contact avec l’Europe et développe une civilisation authentique qui suscite respect et curiosité chez les Européens. À l’arrivée des Portugais au XVe siècle, le royaume dispose déjà de structures solidement établies qui contribuent à la centralisation politique du territoire. Le roi Nzinga a Nkuwa (1482 – 1506) est intéressé par ces Portugais, et demande qu’ils lui envoient des missionnaires et des artisans. Il se fera baptiser sous le nom de Joao Ier. Des échanges économiques, culturels, religieux et politiques soutenus par des relations diplomatiques s’établissent entre le Royaume Kongo, l’Espagne, le Portugal, le Brésil, le Saint-Siège et la France dès le milieu du XVIe siècle. Des diplomates du royaume Kongo sont envoyés en Europe, notamment Antoine Emmanuel Nsaku ne Vunda. Il est envoyé à Rome en 1604 et y meurt en 1608. La christianisation du royaume est favorisée par les prêtres envoyés par le Portugal établis dans les paroisses disséminées dans les provinces. Des missionnaires franciscains, dominicains, capucins et jésuites sillonnent également le royaume. A partir de 1509, le clergé catholique a même un pouvoir décisionnel dans la politique du royaume.
2. Ingérence du Portugal
Mais des mouvements de résistance voient le jour. A la mort de Joao Ier en 1506, c’est son fils, le prince Panzu qui monte sur le trône et refuse l’ingérence étrangère – notamment européenne – dans le royaume. Il est tué par le prince Nzinga Mbemba, un de ses frères. Celui-ci devient le second Ntinu chrétien du royaume Kongo sous le nom de roi Afonso Ier du Kongo (1506-1543). Il s’appuie sur ses relations avec les Portugais et les missionnaires catholiques pour mener ce coup d’État et asseoir son pouvoir. Sous son règne le royaume se modernise, des écoles sont créées dans la capitale et les enfants issus de la noblesse et de la famille royale sont envoyés en Europe pour suivre leurs études. Certains deviennent à leur retour des interprètes officiels de la cour, à l’instar de Joao Texeira, secrétaire du roi Afonso Ier, qui rédige en portugais les correspondances adressées au roi du Portugal. Afonso Ier christianise également le royaume. Son fils, Dom Henrique, est ordonné prêtre et est élevé au rang d’évêque au sein de l’Église Catholique. Toutefois, les Portugais, dès 1510, achètent des esclaves et souhaitent développer le commerce. Afonso s’oppose à l’essor de la traite qui affaiblirait son royaume. Il tente d’expulser les trafiquants d’esclaves, mais en vain. Il meurt en 1543.
De plus en plus impliqués dans les affaires politiques de l’État, les Portugais viennent ensuite en aide à Nimi a Lukeni lua Mvemba, petit-fils d’Afonso Ier connu sous le nom de roi Alvaro Ier (1567-1587) pour contrer l’attaque des Jaga, qui envahissent le Kongo. Après avoir battu l’armée d’Alvaro, les Jaga atteignent la capitale et la détruisent. Le roi tente de résister, mais il est contraint de se retirer avec la noblesse dans une île du fleuve Congo tandis que les habitants de la capitale Mbanza-Kongo fuient dans les montagnes. Les Portugais aident alors Alvaro à repousser les Jaga et le rétablissent sur son trône. Pour les remercier de leur soutien militaire, les Portugais reçoivent les territoires du sud, situés dans le Royaume Ndongo, leur ouvrant un accès direct à la traite négrière.
La christianisation du royaume s’accélère, en même temps que le sentiment antireligieux exacerbé par le comportement de certains missionnaires qui n’hésitent pas à brûler les objets sacrés des populations rurales et imposent le sacrement du baptême.
3. Affaiblissement du royaume Kongo
La traite négrière affaiblit la structure étatique du royaume sur le plan démographique, culturel, social et économique. La fondation de la colonie portugaise de l’Angola vers 1575 va marquer le déclin du Kongo. Les Portugais vont envahir militairement le Ndongo, royaume voisin du Kongo, début XVIIe siècle, époque où la traite négrière est de plus en plus intense. Nzinga, reine du Ndongo en 1624, va lutter contre les Portugais, pendant de longues années, avant de conclure la paix avec les Portugais, assortie de garanties réelles. Parallèlement, la colonie portugaise de l’Angola va s’intéresser aux richesses du royaume Kongo, et commencent des incursions dès 1622, ce qui donne lieu à la bataille de Bumbi qui met fin à l’alliance entre le Kongo et la colonie portugaise d’Angola. Le roi Garcia II du Kongo (1641-1660) se rapproche des Néerlandais qui occupent Luanda, et ensemble, attaquent les Portugais. Toutefois, l’Angola réussit à battre
les Néerlandais en 1641, et le roi Garcia II va signer un traité de quasi-protectorat en 1649. Son successeur, Antonio Ier (1660-1665) remet en cause le traité et se fera tuer par les Portugais, lors de la bataille de Mbwila, le 29 octobre 1665. S’ensuivent alors des guerres civiles, et des affrontements qui continuent à affaiblir le royaume. La capitale est même abandonnée pendant un moment. La pratique du christianisme chute en même temps. En 1700, les Portugais veulent restaurer l’unité du royaume Kongo, et choisissent de soutenir Pedro IV Alphonse (1709-1718) qui semble le plus qualifié. Mais le Royaume Kongo ne retrouve plus sa grandeur et ses territoires passés. Kimpa Vita, une princesse du Kongo va, au début du XVIIIe siècle lutter contre les Portugais. Elle veut unir et libérer le royaume Kongo de l’ingérence
portugaise, mais sera capturée et exécutée par les Portugais. La colonisation, à la fin du XIXe siècle, fait éclater et disparaître le Royaume Kongo.
3.2. L’organisation politique et sociale
Le roi du Kongo, le Mani Kongo, pour le différencier des Mani provinciaux, est élu parmi la famille royale et se trouve au sommet de la hiérarchie. Les symboles de la royauté (regalia) sont le couvre-chef, le bracelet en cuivre, le sac des impôts, le tambour sacré et l’enclume royale. Le royaume est dirigé par une caste de nobles (princes et princesses), une assemblée élective du roi, des gouverneurs de provinces, des chefs de villages et une armée. La société est organisée en classes sociales composées de nobles, de paysans, de fonctionnaires et d’esclaves.
Administrativement, le royaume est organisé en agglomérations nommées (mbanza) et en provinces, composées de villages et de chefs-lieux. Les provinces se modifient au gré des alliances et des conquêtes. Les villes sont administrées et reliées entre elles par un réseau de communication. La capitale, Mbanza Kongo, se trouve dans la province de Mpemba. Elle compte 60 000 habitants au XVIIe siècle, ce qui la place parmi les villes les plus peuplées du monde à cette époque.
3.3. Économie
Les nombreux axes de communication qui traversent le royaume Kongo favorisent une économie prospère. Le Kongo dépend surtout des revenus issus du commerce de produits agricoles, des textiles et des minerais précieux.
Un impôt (mpaku) est collecté aux postes de péage (kimpaku) répartis sur les grands axes commerciaux, et les gouverneurs des provinces apportent à la capitale les revenus récoltés dans leurs entités administratives respectives.
En plus de ses ressources naturelles (bois, ivoire), le royaume dispose de gisements de fer et de cuivre. Les forgerons y ont donc un statut particulier, le roi étant le premier d’entre eux.
Le royaume a deux monnaies : l’une en coquillage (nzimbu) provenant d’une pêcherie de l’île de Luanda, dont le roi a l’exclusivité de la production, l’autre en carrés de tissu raphia (mbongo) dont le circuit de production et son lien avec le pouvoir central sont encore mal définis.
La noblesse et les hauts fonctionnaires vivent dans la capitale. Tout comme le roi, ils possèdent des plantations où travaillent des esclaves.
4 ¦ L’espace Téké (XVe – XIXe siècle)
Lorsqu’on parle d’espace Téké, il ne s’agit pas d’une seule entité politique mais de plusieurs structures politiques étalées sur un espace géographique allant de l’est du Gabon au Pool Malebo en République Démocratique du Congo. Cet espace figure parmi les structures politiques qui ont joué un rôle économique essentiel en Afrique centrale et a développé une civilisation qui est l’une des plus anciennes du bassin congolais.
Le royaume Tio, le royaume de Makoko, l’anzicana ou le royaume des Anziques sont des appellations que l’on retrouve sur les cartes anciennes des XVIIe et XVIIIe siècles, et font partie des organisations politiques Téké les plus illustres. Cet espace est voisin de celui de Loango à l’Ouest, du royaume Kongo au Sud et Sud-Est.
4.1. Contexte historique
On connait peu de choses sur l’origine et l’essor de l’espace Téké. L’espace Téké n’a pas de contact direct avec la mer, cet espace ne sera quasiment jamais visité par les explorateurs et les missionnaires européens avant le XIXe siècle. Aucune influence extérieure n’a justifié sa naissance ou le maintien de son unité. Le processus de formation étatique serait donc le fruit d’une longue évolution locale. La conviction des Tékés de partager une même culture et une même religion représentée par une forêt sacrale et mystique constitue le fondement de ce royaume qui est attesté depuis le XVe siècle dans les sources historiques du royaume Kongo.
Au XVIIe siècle, le Royaume Téké connait une expansion vers le sud du fleuve Congo sur les deux rives du Pool Malebo. Le royaume se heurte à l’opposition des princes des territoires attenants du royaume Kongo et plus particulièrement de la province de Nsundi. Des batailles ont lieu durant la seconde moitié du XVIIe siècle pour le contrôle du Pool Malebo. Les Tékés, sous la direction du chef Ngobila, finissent par s’imposer et chassent de la plaine du Pool Malebo les groupes Kongo. La traite négrière s’intensifie, et les Téké deviennent des intermédiaires pour le trafic d’esclaves.
Au XVIIIe siècle, en revanche, les groupes Kongo de la province de Nsundi prennent le contrôle des mines de cuivre au sud du royaume. Le royaume Téké perd ainsi son monopole sur les mines de cuivre de Mindouli-Boko Songho.
Au XIXe siècle, la traite négrière prend fin, et les Téké se concentrent dès lors sur l’ivoire. Le roi des Tékés, le roi Iloo choisit la collaboration plutôt que la confrontation. En 1880, il négocie un traité avec la France par l’intermédiaire de l’explorateur Savorgnan de Brazza. L’exécution de ce traité sonne le déclin du royaume, la cour royale Téké n’a plus que des pouvoirs protocolaires. Avant sa mort en 1892, le roi Iloo épouse en secondes noces une jeune femme du nom de Ngassié. Cette dernière est intronisée reine et succède au roi Iloo sous le nom de Ngalifuru, jusqu’à sa mort en 1956.
4.2. Organisation politique et sociale
Chez les Téké, le pouvoir est pyramidal. Au sommet, on trouve l’Onkoo (la forme « Makoko » serait une déformation en langue Vili). Le roi est écouté et vénéré à la manière d’une divinité.
Il est élu par les dignitaires (ministres et chefs), mais choisi par les ancêtres, il est initié à ses futures fonctions. Bien que le pouvoir soit héréditaire (lignée maternelle d’un défunt roi), le candidat doit présenter une bonne constitution physique, une conduite exemplaire, une allure autoritaire et doit être estimé du peuple. L’Onkoo détient les fonctions politiques, administratives et religieuses. Il est théoriquement le maître de la terre et de toutes ses richesses. Son intronisation, sa mort et sa succession font l’objet de tout un cérémonial et d’un ensemble de rites. Après le roi, le pouvoir politico-administratif est détenu au niveau de chaque province par le Nnga-nkobi, ou gouverneur, qui transmet les ordres du roi aux chefs de lignage et de chefferies et via ceux-ci aux chefs de village. C’est le gouverneur qui apporte au roi les tributs et prestations de son peuple. La société est très hiérarchisée.
4.3. Économie
Le cuivre qui provient des mines de Mindouli-Boko Songo est recherché au même titre que l’or dans plusieurs régions d’Afrique, c’est ainsi que le contrôle de ces gisements a joué un rôle important dans l’histoire du royaume. Les Téké savent fondre le fer et le cuivre. Le travail de fonte du cuivre, attesté depuis le XIIIe siècle, y a perduré jusqu’au XIXe siècle.
Les Téké (terme qui signifierait « marchands » ou « vendeurs ») sont de grands commerçants. Ils servent aussi d’intermédiaires dans les réseaux commerciaux entre la côte et l’intérieur des terres. Ils font le commerce du cuivre, du raphia, ainsi que des produits nouvellement introduits dans la région tels que le tabac et le maïs avec les régions du Bas-Kasaï et du haut fleuve Congo. Ils servent également d’intermédiaires lors des traites négrières, en fournissant des esclaves au royaume de Loango et au royaume Kongo.
Les Téké utilisent plusieurs monnaies : soit des barrettes de cuivre mitako, soit des pièces de raphia tissé tsulu, ou encore les coquillages olivancillaria nana appelés nzikè. Le tsulu est l’équivalent du mbongo des Kongo.
4.4. Croyances
Responsable devant les hommes, l’Onkoo l’est aussi devant les ancêtres qu’il représente.
Il est le seul grand prêtre des Téké, le grand détenteur des forces vitales et du nkwe-mbali, le génie tutélaire du peuple qui habiterait les chutes de la rivière Léfini, en amont de Mwabé.
5 ¦ Le royaume Kuba (XIIe (?) – XXe siècle)
Le royaume Kuba s’est développé sur un territoire compris entre la rivière Sankuru au nord et la rivière Luluwa au sud-ouest. Hormis l’ethnie principale qui compose ce royaume, il existe diverses formations ethniques : Leele, Pende Ding, Kete, Luba, Luluwa, Mongo. La langue Kuba est proche des parlers Mongo de l’Équateur.
Le royaume Kuba, aussi appelé royaume des Bushong est l’une des entités politiques les plus connues de l’Afrique centrale, tant pour ses activités artistiques que pour son art de cour : un art royal et aristocratique, dont la plupart des objets figurent aujourd’hui dans les musées et les collections privées en dehors du Congo.
5.1. Contexte historique
L’origine du royaume est controversée. D’après les traditions orales, il aurait été fondé vers le VIe siècle par des populations bantoues venues du nord de la rivière Kasaï. Sous le règne de Woot, fondateur du Royaume Kuba, fils du ciel et de la terre, la femme se voit concéder une place prépondérante. Son neveu Nyimi Loong, de la dynastie Bushoong, monte ensuite sur le trône. Mais son règne est marqué par d’incessantes guerres de succession qui ne prennent fin qu’avec l’avènement d’un roi de l’ethnie Leele, Musha Mishaang Matuun.
Au XVIIe siècle, le roi Shyaam a Mbul a Ngwoong, s’inspire des structures sociopolitiques des régions du Bas-Kasaï et de l’espace Kongo pour perfectionner l’organisation du royaume et introduire des nouveautés sociales, politiques et linguistiques. Il rapporte également du Bas-Congo la culture du maïs, du manioc, des haricots, du tabac, le tissage, la broderie, de nouveaux styles de forge et de sculpture sur bois. Le royaume atteint son apogée entre les XVIIIe et XIXe siècles grâce au commerce à longue distance avec la colonie portugaise d’Angola. C’est aussi à cette époque que le terme kuba s’est généralisé pour identifier la population de ce royaume.
Des guerres civiles au début du XXe siècle fragilisent le royaume. Malgré des invasions Luluwa rapidement matées, le royaume se retrouve vulnérable face à l’armée coloniale de Léopold II. le roi Kot a Pe, farouche résistant à l’occupation coloniale, est vaincu en 1902, et fait prisonnier et déporté à Lusambo en 1907. Un accord de paix est négocié avec l’État indépendant du Congo.
5.2. Organisation politique et sociale
Le roi, qui est une personne sacrée, a un pouvoir politique et judiciaire, mais il n’est pas seul à décider. Le roi Shyaam impose aux dignitaires du royaume de résider dans la capitale.
La gestion de la chose publique est basée sur des institutions contrebalançant le pouvoir royal. Elle repose sur quatre structures :
- le conseil de couronnement (Ibaam) dont le rôle est d’élire, d’introniser et de conseiller le roi.
- la structure chargée des affaires courantes (Ishyaame) qui s’apparente à un gouvernement ;
- le conseil national (Ibaanc) qui se tient sur la Grand-Place de la capitale et auquel tout le monde peut participer ;
- et enfin le conseil (Mbok Ilaam) qui se tient dans l’enceinte de la cour royale et qui n’est pas accessible au grand public.
L’organisation se perfectionne par la suite sous une forme plus centralisée autour du roi.
Le roi accède au trône après avoir été élu, malgré le caractère héréditaire de la succession au sein de la famille royale. Le nouveau roi n’accède au trône qu’après le décès naturel ou provoqué du précédent. La succession se fait par ailleurs selon le système matrilinéaire : le pouvoir passe au fils de la sœur du roi, en tenant compte de l’âge et de la moralité du candidat. La reine mère joue aussi un rôle important dans la gestion des affaires du royaume.
Le système judiciaire intervient à deux niveaux de prise de décision : au niveau local et au niveau de la capitale. Le roi n’intervient qu’en dernier ressort. Le roi Shyaam transforme le système judiciaire en introduisant les jurys, composés de délégués des parties en conflit.
5.3. Économie et art
Le tissage est une activité tellement connue dans cet espace bantu que le terme kuba finit par désigner les populations de ce royaume. Vers les XVIIIe et XIXe siècles, les Bushong sont appelés du nom commun « tisserands » (bakuba) par les populations voisines. Ils sont experts en tissage d’étoffes, de tapis, de nattes. Les tapisseries ornées de dessins shoowa, les sculptures aux décors géométriques variés, les masques et les statuaires (représentation des rois appelés ndop), contribuent également à la célébrité de la culture kuba.
Les arts kuba jouissent d’une telle réputation que les œuvres des Bushoong sont connues sur toute la côte, dans le Bas-Kasaï et jusqu’à Luba. Certaines pièces (tissus en velours, sculptures) sont même collectées et vendues par les antiquaires européens depuis 1890. Elles sont exposées dans le salon d’honneur de l’exposition de Bruxelles à Tervuren en 1897.
L’un des réseaux commerciaux du royaume Kuba est l’Angola, ce qui suscite l’intérêt des Portugais installés dans cette région depuis le XVIe siècle. Ceux-ci tentent à plusieurs reprises de nouer des liens commerciaux directs avec eux pour éviter de recourir à des intermédiaires tels que les Kongo, les Tshokwe, les Pende et les Imbangala de Kasanje.
6 ¦ Le royaume luba (XVIe – XIXe siècle)
6.1. Contexte historique
L’identité luba remonte au VIIIe siècle après J.-C., lorsque des travailleurs du cuivre forment des villages autour du lac Kisale, tandis que des agriculteurs s’implantent sur les hauts plateaux très fertiles. Ces communautés villageoises se structurent en entités politiques dans un paysage constitué de savane et de lambeaux de forêts comme en témoignent les insignes du pouvoir, dont des haches de parade retrouvées dans des tombes du IXe siècle. La richesse alimentaire des cours d’eau et des lacs de la dépression de l’Upemba permet aux communautés humaines d’y maintenir un niveau de vie élevé pendant plusieurs siècles.
Des chefferies se développent sur place et sont à l’origine des groupes culturels à la base du royaume Luba. Ces formations vivent d’échanges commerciaux et matrimoniaux. Des signes monétaires (comme les croix de cuivre) apparaissent à cette époque.
Les traditions orales divergent quant à la fondation, au début du XVIe siècle, du royaume Luba. Pour les uns, le fondateur serait Kongolo (chef des Kalundwe) pour les autres, ce serait Kalala Ilunga. Originaire de l’est vers les lacs Moero et Tanganyka, ce dernier serait à l’origine de l’introduction de nouvelles techniques, comme l’art de la forge.
Au XVIIe siècle des troubles apparaissent dans la région en raison, d’une part de sécheresses et de famines qui entrainent des vagues migratoires plus ou moins importantes, et, d’autre part, des guerres de succession dans les chefferies du royaume. L’empire Luba serait né au XVIIIe siècle des conquêtes des territoires kanyok au nord-ouest et des migrations des leaders luba vers les rives de la rivière Lubilash. D’autres États font également partie de ce grand ensemble : Kayumba, Mulongo, Butumba, etc.
Son expansion s’arrête avec la montée en puissance des Songye. La tradition rapporte qu’ils vainquent le roi Kadilo et s’imposent dans toute la région, influençant même la succession chez les Luba.
La présence de commerçants arabes contribue également à la déstabilisation du royaume. Ces derniers mènent en effet des razzias et des campagnes militaires à Mulongo, et participent à la guerre fratricide qui sévit dans la région.
L’empire commence à s’effriter en raison des guerres de succession. L’espace luba est divisé en deux grands ensembles, l’un dirigé par Kasongo Kumwimba, l’autre par Kasongo Nyembo. La guerre engagée vers 1886 par ces deux hommes aboutit à l’exil de Kasongo Nyembo. Il fait alors appel aux troupes de l’État Indépendant du Congo pour recouvrer son trône, au prix d’un pouvoir politique réduit. Cette scission politique entraîne une division du territoire en deux chefferies : celle de Kumwimba au nord-est, et celle de Nyembo au sud-ouest.
6.2. Organisation politique et sociale
L’État est organisé comme une pyramide de pyramides, avec des relations de parenté très complexes. Le roi ou Mulopwe est au sommet et n’appartient à aucun clan ou lignage pour montrer qu’il est au-dessus de la mêlée et du combat politique. L’empire est gouverné depuis la capitale. Au XIXe siècle, la cour royale est installée à Kabongo.
Le roi, qui porte les regalia, symboles du pouvoir, gouverne avec le soutien de l’association des Bambudye qui exercent un contrôle religieux et séculier sur le roi lui-même et sur le pays. Ses membres sont chargés de maintenir les traditions orales. Il y a également un conseil de notables (tshidie) et une cour de justice (tshihangu). Si la société est patrilinéaire, la reine mère (ndalamba) y joue un rôle rituel.
Les principaux fonctionnaires sont
- le premier ministre (twite),
- le chargé des insignes royaux et des rites (nabanza),
- le premier juge (lukunga),
- le chef de l’armée (mwana mwilamba) et
- le gardien de la tradition et des lois (mwine lundu)
L’armée n’est pas permanente. L’administration du territoire est entre les mains de gouverneurs (bilolo), qui sont des notables, chefs de guerre ou d’entités administratives, et des dignitaires de la cour à la tête des entités administratives (kibwindji). Ils sont choisis dans les familles régnantes par les habitants et confirmés (ou parfois imposés) par le roi.
L’armée n’est pas permanente. L’administration du territoire est entre les mains de gouverneurs (bilolo), qui sont des notables, chefs de guerre ou d’entités administratives, et des dignitaires de la cour à la tête des entités administratives (kibwindji). Ils sont choisis dans les familles régnantes par les habitants et confirmés (ou parfois imposés) par le roi.
Les villages sont organisés sur le même modèle que celui de la capitale. Les liens de clans et de lignées cimentent les relations au niveau des villages.
Le modèle politique Luba sera adopté par l’empire Lunda situé au sud.
6.3. Économie
L’économie de la région repose sur le commerce : les régions lacustres foisonnent de poissons et la savane est riche en gibier. Les échanges sont alimentés par les gisements de sel, de fer et de cuivre. Un réseau routier relie les différentes régions de cet espace. Les perles et les croix en cuivre servent de monnaie aux Luba.
7 ¦ L’espace Lunda (Xe (?) – XIXe siècle)
7.1. Contexte historique
Au Xe siècle, des chefferies de pêcheurs et d’agriculteurs s’installent dans la région des savanes du sud autour des vallées du Haut Lualaba, au sud de la dépression de l’Upemba. Ces différents groupes, qui comptent des Ruund, des Lozi, des Ndembo, des Luena et des Imbangala s’allient sous un même système politique à l’origine de l’entité Lunda qui signifie « amitié ». La tradition rapporte que le chasseur Tshibinda Ilunga fonde ce royaume, introduisant le modèle Luba chez les Lunda. Il épouse une princesse locale, prend le contrôle du royaume, et crée une dynastie.
Mais les bases de l’empire sont posées sous le règne de Mwant Yav qui étend les frontières jusqu’au bassin supérieur du Zambèze au sud, et jusqu’au bassin du Kasaï au nord-ouest. Son nom devient un titre dynastique. Toutefois, c’est son successeur, Naweej, qui organise véritablement l’empire. Il commerce avec les Européens de la côte atlantique, les Portugais du Mozambique et les Arabes de la côte indienne en leur livrant des esclaves et des produits divers.
Lors de son apogée, l’Empire Lunda s’étend jusqu’au bassin du Zambèze au sud, jusqu’au lac Moero à l’est et le long de la rivière Kwango, chez les Yaka à l’ouest. L’expansion répond à une volonté de contrôler le commerce des esclaves avec la colonie portugaise d’Angola.
Plusieurs entités se forment dans l’espace lunda dont le royaume de Kazembe et le royaume Yeke. Kazembe, un général du Mwant Yav, tisse des liens de coopération avec les colonies portugaises de la côte indienne. Entre 1790 et 1830, les échanges commerciaux avec les villes de Sena et Tete, permettent au Kazembe d’acquérir une certaine autonomie vis-à-vis du Mwat Yav installé à Musumba.
Le Royaume Yeke a été créé par M’Siri, venu de l’actuelle Tanzanie. Ce dernier contrôle, depuis sa capitale Bunkenya, les réseaux commerciaux du sud-est katangais. Ce royaume s’impose entre 1870 et 1886 grâce au commerce du cuivre, de l’ivoire et des esclaves. Le roi est assassiné en 1891 par Bodson, un officier belge au service de l’État indépendant du Congo, car il représente un obstacle à la conquête coloniale.
7.2. Organisation politique et sociale
Le Mwant Yav, qui est à la tête du royaume, règne sur un espace très vaste. Il est élu par quatre grands dignitaires de la cour, qui représentent les maîtres de la terre (tubung) s’occupant de l’administration du territoire. Les gouverneurs, qui disposent d’une certaine autonomie de gestion, sont nommés par le Mwat Yamv auquel ils versent un tribut. L’armée est dirigée par un chef militaire (kalala) qui commande l’avant-garde, et un commandant en chef (swan mulopwe).
Le Mwant Yav contrôle un réseau dense d’agglomérations comme Kazembe, Musumba, Casanje, Ishindi, Musokantanda, Shinje, Kanongesh… qui rassemblent des populations hétérogènes qui finissent par s’identifier au groupe originel Ruund. L’expansion Lunda favorise l’unité culturelle, mais elle est aussi à l’origine de ravages et de concentrations de populations denses dans certaines zones.
8 ¦ Résumé
Plusieurs structures politiques existent en Afrique centrale, bien avant la colonisation.
- Le royaume Kongo, fondé au XIVe siècle, est sans doute le plus célèbre de la région. Très tôt, le royaume est en contact avec l’Europe grâce au commerce. Lorsque les Portugais arrivent au XVe siècle, des échanges culturels, et religieux vont avoir lieu. Les rois du Kongo vont devenir chrétiens, et certains notables seront envoyés en Europe. Toutefois, avec la traite négrière qui s’intensifie, les relations entre le royaume Kongo et les Portugais vont se détériorer. Le Kongo doit fournir des esclaves. Plusieurs révoltes vont avoir lieu, jusqu’à l’extinction du royaume au XIXe siècle.
- L‘espace Téké est enclavé dans les terres, et son origine remonte au XVe siècle. Ils se situent au nord du fleuve Kongo, pas loin du royaume du même nom. Au XVIIe siècle, une expansion vers le sud va avoir lieu. Ils servent d’intermédiaires lors de la traite négrière. Au XVIIIe, ils perdent le contrôle des mines de cuivre qui passe aux mains du royaume Kongo. Avec la fin de la traite négrière au XIXe siècle, les Téké se concentrent sur le commerce de l’ivoire. En 1880, le roi Iloo collabore avec la France, et signe un traité qui marque le déclin du royaume.
- Le royaume Kuba, situé entre la rivière Sankuru et la rivière Luluwa a produit un artisanat resté très célèbre. Son origine remonterait au VI siècle. Au XVIIe siècle, les structures sociopolitiques du royaume se perfectionnent, ainsi que les cultures. Au XVIIIe, et XIXe siècle, le royaume connait son apogée grâce au commerce avec le Portugal (par l’intermédiaire de la colonie de l’Angola). Des guerres civiles au XXe siècle vont fragiliser le royaume qui va être soumis à l’État Indépendant du Congo.
- Le royaume Luba remonte au XVIe siècle. Plusieurs chefferies se développent et commercent ensemble. Au XVIIe siècle, le royaume Luba connait plusieurs difficultés à cause de sécheresses, et de famines. Au XVIIIe siècle, le royaume s’agrandit et atteint son expansion maximale. Les commerçants arabes vont déstabiliser le royaume, ainsi que des guerres de succession. En 1886, Kasongo Nyembo accepte de prêter allégeance à l’État indépendant du Congo afin de retrouver son trône, au prix d’un pouvoir politique très réduit.
- L’espace Lunda remonte au Xe siècle avec des chefferies de pêcheurs et d’agriculteurs installés dans le Haut Lualaba. Les Lunda vont commercer avec les Européens basés sur la côte atlantique, et avec les Arabes basés sur la côte orientale. Ils leur livrent principalement des esclaves. Le royaume va s’agrandir tout en voyant apparaitre des royaumes distincts sur son espace, comme le royaume de Kazembé au XVIIIe siècle et le Garenganze de M’Siri au XIXe siècle.
Les anciens États de l’Afrique occidentale
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- de situer dans le temps et dans l’espace l’Empire du Ghana, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace l’Empire du Mali, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace l’Empire Songhay, et ses principales caractéristiques.
- de situer dans le temps et dans l’espace le royaume du Dahomey, et ses principales caractéristiques.
2 ¦ Introduction
Quand on étudie l’histoire de l’Afrique, on est frappé par l’originalité des civilisations enracinées dans les traditions culturelles. Si certaines ont disparu, d’autres se sont construites sur la base des anciennes civilisations et se sont complexifiées en intégrant de nouveaux apports, savoirs, connaissances et savoir-faire.
Les sociétés africaines ont toujours connu des transformations et des mutations sociales, économiques, idéologiques et culturelles. Elles sont en effet plurielles, dynamiques et complexes tant les réalités sont nombreuses et diversifiées sur ce continent : institutions politiques, systèmes économiques définissant la production et la circulation des techniques, des produits et des matières premières, systèmes de croyances variés, représentations artistiques et artisanales originales.
Toutes les régions du continent n’ont pas connu une même évolution. C’est ainsi que l’Afrique a accueilli diverses formations étatiques dont celles du delta du Nil où se sont développées, de la fin du quatrième millénaire avant J.-C. au Ve siècle après J.-C., les royaumes d’Égypte pharaonique, de Nubie et d’Aksoum. Ces régions correspondent actuellement aux pays nommés Égypte, Soudan et Sud-Soudan, Érythrée et Éthiopie.
Dans le reste de l’Afrique, si les États sont apparus plus tardivement, avec l’apparition de chefferies entre les IIIe et IXe siècles après J.-C., qui évoluent ensuite en royaumes et empires, il est utile de remarquer que certains territoires ne sont constitués que de sociétés lignagères dans lesquelles le pouvoir appartient exclusivement au chef de lignage.
Le processus de formation des sociétés et des États africains s’appuient sur des ressources locales : populations denses, environnements agricoles productifs, échanges entre communautés locales et sur des ressources extérieures : communications diverses interrégionales amenant au développement du commerce et à l’avènement des échanges de longue distance. Mais elle est aussi dépendante du développement de l’islam et de l’action de dirigeants aux modes de pouvoir variés qui jonglent parfois avec les ressources culturelles et les idéologies pour faire pencher la balance politique vers telle ou telle forme de gouvernance étatique.
3 ¦ Particularités de l’Afrique de l’ouest
Malgré un climat désertique et tropical sec, la région de l’Afrique de l’Ouest comporte des zones de peuplement denses dans les bassins des fleuves Sénégal et Niger, et du lac Tchad, où les terres sont propices à l’agriculture et à l’élevage. Des institutions politiques élaborées s’y sont construites, sans influence externe, grâce aux échanges commerciaux et aux revenus tirés de l’exploitation des richesses minières qu’on y trouve.
La recherche de l’or et des esclaves par les marchands musulmans, arabes, berbères et juifs à partir du VIIe siècle favorise la prospérité tout autant que la fragilité de cette région qui perd souvent le monopole commercial de l’extraction de l’or et du sel, ainsi que les revenus des plantations, au profit des Arabo-Berbères, des courtiers commerçants intermédiaires et des souverains locaux.
Quatre États, dont l’histoire s’entrecroise, illustrent l’évolution politique de l’Afrique occidentale : le Ghana, le Mali, le Songhay et le royaume côtier de Dahomey. Ils se succèdent du IVe au XVIe siècle et se renforcent suite aux luttes contre les peuples nomades qu’ils souhaitent intégrer politiquement et économiquement. Ces empires, essentiellement sédentarisés, sont situés dans les boucles des fleuves Sénégal et Niger favorables à la pêche, l’agriculture et l’élevage. Cette sédentarisation fait en sorte que l’agriculture devient une ressource précieuse pour les pouvoirs politiques en place.
4 ¦ L’empire du Ghana (IV-XIe siècle)
4.1. Contexte historique
Le Ghana, fondé par les Sarakolés (ou Soninkés) au IIIe ou IVe siècle, est le premier empire de l’Afrique occidental. Il s’élargit au VIIe siècle sous la dynastie Maghan. Couvrant initialement le territoire d’Aouker, il s’est élargi sous le règne de Kaya Maghan au VIIe siècle au Bakoumou, au Wadagou, au Ka’arta, à tous les petits royaumes de l’ouest, ainsi qu’aux chefferies berbères d’Aoudaghost et Walata. La politique expansionniste et la puissance militaire du Ghana assurent son hégémonie sur la région. Le royaume connait son apogée au Xe siècle. Il regroupe alors tous les territoires situés entre les boucles des fleuves Sénégal et Niger.
Fragilisé par les conflits de succession, le Ghana est envahi en 1076 par les Almoravides musulmans. La chute de l’Empire favorise l’implantation de l’Islam, et contraint les populations à se convertir ou à s’exiler ce que vont faire les Sarakollés, les Mandés et les Peuls. Libérés du pouvoir central, les royaumes périphériques reprennent leur indépendance tandis que l’Empire du Mali succède à celui du Ghana.
4.2. L’organisation politique et sociale
L’Empereur ou Kaya-Magha, au pouvoir absolu de droit divin, dirige l’État avec le concours du Conseil Impérial et du gouvernement, ainsi que des représentants et des rois vassaux dans les provinces. La transmission du pouvoir se faisait selon le principe de la matrilinéarité : un neveu en lignée maternelle succède ainsi au Kaya-Magha. Le Conseil Impérial est constitué de grands personnages (comme le confident du roi, le Premier ministre, les ministres, les anciens). Le Ghana est divisé en provinces dirigées par des vassaux ou des représentants personnels du Kaya-Magha. Les provinces payent un impôt ou un tribut, en nature ou en or.
Pour assurer les conquêtes de l’Empire et sa défense contre les envahisseurs, les rois disposent d’une armée composée de troupes d’élite (les guerriers Soubas), de casseurs de villages (les Ka-Goros) et de cavaliers (les Maga-Sis). Ces derniers appartiennent à une classe noble de hauts fonctionnaires qui possèdent des esclaves, captifs de guerre. Les peuples du Ghana sont organisés en familles dont les ancêtres communs forment des clans, eux-mêmes constitués en tribus. Les activités politiques ont donné lieu à des classes de nobles, de seigneurs et de marchands exploitant tant les hommes libres que les esclaves.
4.3. L’économie
La population ghanéenne s’adonne principalement au travail du fer, à l’élevage et à l’agriculture. On cultive des céréales dans les vallées fluviales (mil, riz, blé dur), des palmiers dattiers au Sahel, ou encore du sorgho, des haricots, du coton, de l’igname, du henné, des légumes, du cola et du riz africain. Les souverains possèdent des terres agricoles qu’ils font exploiter par des esclaves. L’élevage est également varié et florissant : bœufs, moutons, chèvres, chameaux, chevaux. De par sa position de carrefour, l’Empire du Ghana est un centre d’échanges de marchandises entre l’Afrique du Nord, d’où proviennent tissus, cuivre, argent, dattes, figues, barres de sel en provenance du Sahara, et les pays du Sud qui apportent plumes rares, ivoire, esclaves, gomme arabique, bétail, céréales et or. Les marchés attirent les marchands venus de toute l’Afrique occidentale et du Maghreb. La ville de Djenné devient ainsi un grand centre commercial dès 800 après J.-C. Le transport des marchandises est assuré par des chameaux et des ânes. Le Kaya-Magha tire des revenus substantiels du commerce grâce aux impôts. Les artisans travaillent principalement dans les villes comme orfèvres, forgerons, tisserands, travailleurs du cuir, maçons ou menuisiers. Les mines d’or se situent dans les régions de Bouré et Falemé sur le territoire des Mandingues.
4.4. Les croyances
Farouchement opposée à l’Islam, la population ghanéenne reste fidèle aux croyances locales dont le culte était assuré par le Kaya-Magha. Les musulmans vivent quant à eux à l’écart, dans leurs propres quartiers. Ils ont cependant apporté beaucoup d’innovations urbaines, vestimentaires et artisanales.
5 ¦ L’Empire du Mali (XIe –XVe siècle)
5.1. Contexte historique
La région du Mandingue (ou Manden), qui était divisée en trois provinces dirigées par des clans malinkés est le berceau de l’empire du Mali. Vers 1050, le clan des Keita Konaté se convertit à l’islam et l’emportant sur les autres clans, refuse la soumission à l’empire du Ghana voisin. À la fin du XIIe siècle, le père de Soundjata Keita règne sur le Mandingue. Il cherche à s’allier avec les royaumes voisins afin de s’opposer aux nomades venant du Sahara pour capturer des esclaves. Au XIIIe siècle au nord, Sumaoro Kanté, roi du Sosso conquiert les petits royaumes voisins et constitue une armée très disciplinée. Voulant contrôler les mines d’or, il attaque le Mandingue. En difficulté devant les attaques de Sumaoro Kante, les Malinkés font appel à Soundjata Keita qui devient roi. Lors de son intronisation en 1232, il proclame la charte du Manden. Soundjata organise une armée avec l’aide des Mandingues et des guerriers malinkés et entreprend la guerre contre le roi du Sosso. Après plusieurs batailles, Soundjata Keita vainc l’armée de Soumaoro Kanté en 1235 à Kirina puis conquiert tous les royaumes de la région qu’il unifie pour former l’Empire du Mali.
En quelques années, Soundjata Keita s’assure la possession du Ghana et des royaumes voisins, créant l’empire Mali qui s’étend de l’Océan à la zone d’inondation du Niger. Proclamé Mansa Mussa (ou Maghan), c’est-à-dire « Roi des Rois » ou « Empereur ». La capitale Niani a été fondée à cette époque, c’est une ville riche en or et en fer probablement située sur le site de Niani sur le Sankarini (en Guinée). Si presque tous les empereurs du Mali sont musulmans, ce n’est pas le cas de Soundjata Keita, qui perpétue la tradition mandingue sous son règne, de 1230 à 1255. Après sa mort, ses successeurs poursuivent la formation territoriale de l’empire tout en renouant avec l’Islam.
L’Empire du Mali connait son apogée sous Kankan Moussa « le Navigateur » (1312-1337), qui reçut une éducation arabo-musulmane. Sur le plan politique, Kankan Moussa règne sur un immense empire qui s’étend de l’Atlantique à Tadmekka, et du Sahara à la zone forestière au sud. Son armée est puissante mais il entretient des relations pacifiques avec tous les Etats musulmans d’Afrique du Nord. C’est l’un des hommes les plus riches de son temps.
La mort de Kankan Moussa en 1337 marque le début des luttes de succession et le déclin de l’Empire du Mali. Son fils et successeur, Maghan Ier, ne peut contenir l’invasion et le pillage de Tombouctou et du delta du Niger par les Mossis de Yatenga en 1337. Puis, sous le règne de Souleymane et malgré le renforcement des liens avec les pays voisins, dont le Maroc, les successeurs suivants échouent à contrôler un Empire ruiné dont le peuple est accablé d’impôts. Les provinces éloignées reprennent leur indépendance et l’Empire du Songhay remplace celui du Mali.
5.2. L’organisation politique et sociale
Le Mansa (à l’exception de Soundjata Keita,) empereur de droit divin, tient compte à la fois des coutumes ancestrales et des préceptes de l’Islam. Il dispose d’une garde de trois cents guerriers armés de lances et de flèches. Les périodes de succession au pouvoir sont marquées par des conflits armés entre les factions. En effet, l’Islam encourage le fils aîné à succéder à son père tandis que la coutume privilégie le frère cadet de l’Empereur. La famille royale, ainsi que les courtisans, les otages envoyés par les rois vassaux, les officiers supérieurs de l’armée et les griots, vivent dans le palais royal construit sur le modèle des palais arabes, à Niani, capitale de l’Empire.
Le Mansa, qui incarne le pouvoir, est chargé des affaires intérieures et extérieures de l’empire. Ses décisions sont soumises au Conseil Impérial composé des Anciens, du cadi (juge), du prédicateur, du chef des griots, et de dignitaires civils et militaires. Les actes impériaux sont rédigés en arabe et envoyés dans toutes les provinces pour exécution. Le gouvernement est composé du Premier ministre et des ministres chargés de secteurs particuliers (trésor, justice, péages, armée, affaires étrangères, etc.). Le Mansa nomme des représentants provinciaux qui contrôlent la vie politique des provinces. Chacun d’entre eux dispose d’une cour, d’un conseil, de secrétaires, d’une garde personnelle et d’une armée. Les rois vassaux, quant à eux, gouvernent leur royaume selon leurs propres coutumes, et leurs enfants sont élevés à la cour impériale.
Les Maliens sont jugés selon leur appartenance religieuse : selon la loi islamique s’ils sont musulmans, ou selon les coutumes locales s’ils ne sont pas musulmans. Le juge, dépendant directement de l’Empereur, est assisté par un conseil de lettrés et d’Anciens. L’Empereur et ses représentants veillent à ce que la justice soit rendue convenablement.
Les sujets de l’Empire du Mali sont divisés en classes :
- L’aristocratie, à savoir les familles alliées à Soundjata Keita (les Condé, Koroma, Traoré et Camara), est composée des grands dignitaires, de commerçants et de lettrés. Elle seule peut accéder à la fonction civile et militaire.
- Les hommes libres, appartenant aux clans libres du Mandingue et les sociétés de chasseurs, pas d’origine mandingue, mais qui ont joué un grand rôle dans la conquête militaire de l’empire.
- Les marabouts, appartenant à l’une des 5 familles gardiennes de la foi, sont associés au pouvoir. Ils sont respectés et jouissent de nombreux avantages.
- Les eunuques (hommes castrés) et les griots occupent souvent des fonctions importantes au sein de la cour. Les griots, qui sont à la fois musiciens, poètes, philosophes et historiens, sont les archives vivantes des Empereurs.
- Les esclaves, soumis aux travaux forcés par les dignitaires de l’Empire ou vendus aux commerçants arabo-berbères pour alimenter le trafic d’esclaves en Asie.
La musique occupe une place importante, tant dans la cour impériale que dans l’ensemble de la société malienne.
5.3. L’économie
L’économie est basée sur l’agriculture (céréales, ignames, fruits et karité pour la production d’huile), ainsi que sur les richesses du sous-sol (sel, cuivre, or, fer). De nouvelles cultures, notamment de coton, sont développées dans la ville de Balandugu. Les régions de Buré et du Bambuk sont quant à elles exploitées pour leurs mines d’or, principale richesse du Mali et produit de prestige.
Dans les centres urbains, le commerce est entre les mains des marchands mandingues et sarakolés. Ils échangent leurs produits contre ceux des Arabes et des Berbères (cauris, sel, cuivre, or, cotonnades) et contribuent ainsi à répandre la civilisation de l’Empire dans les régions du Sud, le pays Haussa et le Bornu.
Les Mandingues, qui livrent leurs produits dans la région du Sahel par chameaux, ânes et porteurs parcourent les routes bien entretenues et parsemées de baobabs qui protègent les voyageurs du soleil et dont le tronc conserve l’eau potable pour étancher la soif. En ouvrant à partir de 1325 le pays aux commerçants arabo-berbères, Mansa Kankan Moussa, transforme des villes comme Gao, Tombuctu, Djenné et Niani en grands centres commerciaux pour les marchands ayant traversé le Sahara.
5.4. Les croyances
L’Islam est la religion officielle de l’Empire du Mali. Elle est principalement pratiquée par l’aristocratie politique et marchande. L’islamisation s’ancre surtout dans les centres urbains, les pratiques ancestrales sont encore bien présentes à l’intérieur de l’Empire.
Sur le plan religieux, Kankan Moussa et d’autres pèlerins mandingues prônent un Islam orthodoxe. Son admiration pour la culture islamique le pousse à aligner son empire sur le monde arabe, notamment au niveau des lettres et de la religion, avec la construction de mosquées-écoles dans toutes les grandes agglomérations. Par ailleurs des religieux étrangers propagent pacifiquement la religion musulmane dans le pays, renforçant le brassage des populations tandis que des Blancs maghrébins s’installent notamment à Niani en épousant des princesses locales.
6 ¦ L’empire Songhay (XV-XVIe siècle)
6.1. Contexte historique
Le Royaume Songhay, fondé autour de la boucle du Niger vers le VIe siècle après J.C., se développe à partir du XIe siècle, grâce aux contacts avec les Arabo-Berbères. L’indépendance du Royaume Songhay intervient suite aux troubles de succession provoqués par la mort de Kankan Moussa en 1337 au Mali. Profitant de la faiblesse du Mali, le Songhay se lance à la conquête de régions importantes. De la seconde moitié du XVe siècle à la fin du XVIe siècle, l’Afrique de l’Ouest est dominée par l’Empire Songhay, un État centralisé s’étendant du Tchad à l’est jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal à l’ouest dont le prince Ali Konen en est le fondateur (1464-1492). Il s’empare du pouvoir et conquiert avec sa redoutable armée les villes de Djenné et Tombouctou en 1464. Il se fera appeler « Soni Ali Ber ou Soni Ali le Grand» par la population. D’abord « Dâli » (maître de la magie songhay), Soni Ali Ber se convertit à l’Islam sans en suivre pour autant tous les préceptes. Il est considéré comme l’un des plus grands généraux de l’histoire africaine. Son armée est composée de fantassins et de cavaliers, ainsi que d’une flottille de guerre le long du Niger. Les soldats sont des volontaires, des étrangers, et même des prisonniers de guerre des pays voisins (Mossis, Daribas et Touaregs).
Bakara Baa succède à son père Soni Ali Ber en 1493. S’éloignant de l’Islam, il est dépossédé du pouvoir la même année par Mamadu Touré de la dynastie Hombori, d’origine Soninké, qui prend le nom d’Askia Mohammed, fondant ainsi la dynastie des Askia (qui régna jusqu’à 1592). Il échoue néanmoins à imposer l’Islam aux populations du Mossi, repousse les Touaregs dans l’Aïr et s’empare d’Agadès. Sous son règne l’Empire englobe les provinces septentrionales de l’Empire du Mali, et touchait le Royaume du Bornu à l’est, le Tekrur à l’ouest, et le Sibiridugu (Ségou) au sud-ouest.
La richesse de l’Empire du Songhay suscite la convoitise de son voisin marocain, le souverain El-Mansour, qui se lance à la conquête du Songhay. La défaite de Tondibi en 1591 marque la fin de l’Empire Songhay qui passe alors sous la domination du Royaume du Maroc. D’autres entités politiques en profitent pour se développer suite au vide laissé par l’empire du Songhay. Parmi ceux-ci, le royaume bambara, composé d’adeptes de la religion traditionnelle va s’affirmer.
6.2. L’organisation sociale et politique
Bien organisé sous le règne de Soni Ali Ber qui établit un pouvoir centralisé, l’Empire est agrandi par les Askia successifs. Askia Mohammed, qui a le pouvoir suprême, règne selon les préceptes du Coran et les coutumes. Il porte les insignes de Khalife reçus à la Mecque, ainsi qu’un tambour et des drapeaux. Le gouvernement est composé de dignitaires, de griots, de jurisconsultes et de ministres. L’empire est divisé en provinces, dirigées par des gouverneurs. Les grandes villes frontalières ont une administration propre. Tant au niveau central qu’au niveau provincial, la justice est rendue par un cadi (juge) dont les sentences sont sans appel.
À Gao, les propriétaires les plus importants sont issus de la famille des Askia, tandis que l’aristocratie politique et religieuse rassemble des hauts fonctionnaires, des lettrés et des cadres musulmans. Les plantations, qui appartiennent au domaine royal sont exploitées par des fonctionnaires. Elles donnent du travail à une grande masse d’esclaves. Ces derniers travaillent sous l’autorité d’un chef, le « fanfa » (ou « fanafi »). Il y a dans l’empire deux sortes d’esclaves : les esclaves familiaux, attachés à une famille dont les descendants font partie de leurs biens, et les esclaves capturés lors des campagnes militaires.
6.3. L’économie
Les terres autour du fleuve Niger ont permis l’implantation de cultures variées et abondantes qui ont favorisé les échanges commerciaux, assurant ainsi la prospérité de la région et le contrôle des zones minières et agricoles. De plus, l’Empire compte des mines d’or ainsi que les salines de Teghaza, importantes sources de richesse à l’époque.
L’économie est basée sur l’élevage, l’agriculture céréalière, la chasse et la pêche qui favorisent un commerce dynamique et contribuent au développement des villes de l’Empire. On cultive des céréales (sorgho, mil et blé réservé à une certaine classe sociale) et des légumes (courge, navet, ail, aubergine, chou, haricot, oignon et tubercules) dans cet empire dont les souverains sont les plus grands propriétaires terriens. Par contre, ce sont surtout les communautés juives qui s’occupent du maraîchage au sud de Tombuctu et vendent les récoltes à des négociants.
Le commerce est un enjeu politique déterminant pour asseoir l’hégémonie des souverains songhays. De par leur position géographique, les villes de Djenné et Tombuctu représentent des pôles importants rayonnant dans tout le Maghreb et le bassin méditerranéen. Tombuctu est située sur les grandes pistes empruntées par les caravanes chargées de tissus, d’armes, de bijoux, de dattes et de livres qui sont échangés contre du cuivre, des esclaves, de l’or et du sel.
6.4. Les croyances
L’Islam est solidement implanté dans les villes, où les marabouts, lettrés et juges sont très respectés.
7 ¦ Le royaume du Dahomey (XVe – XIXe siècle)
7.1. Contexte historique
Les États situés entre les savanes soudanaises et l’Océan Atlantique ont été fondés par les Fons vers le XVe siècle. Les rois de cette région, surnommée « Côte des esclaves » par les Européens, ont vu leur influence et leur pouvoir renforcés grâce au commerce des esclaves lors de la traite atlantique.
Le Royaume de Dan Homey (transformé en Dahomey par les Européens) est un État côtier qui s’est développé dans un paysage forestier. Au XVIIe siècle, le roi Uegbadja fonde la cité Abomey, annexe les petites chefferies de la région et règne sur un territoire acquis par des alliances, des guerres et la ruse. Il promulgue des lois, nomme des ministres et développe l‘administration, la religion et la culture politique qui caractérise le Dahomey. Le Royaume s’agrandit sous le règne d’Agadja (1707-1732) avec l’annexion de plusieurs petits États (Allada, Ouidah, Djekin) qui lui donnent accès à l’océan. Grâce à sa position ouverte sur l’Atlantique, le Royaume peut alors contrôler le commerce des esclaves avec les comptoirs européens. Les Européens installés sur la côte (notamment à Ouidah, Dékin et Porto Novo) soutiennent certains chefs.
Le Royaume connait son apogée sous le règne du roi Ghezo Kokulo, « le Coq » (1818-1858) qui renforce les institutions politiques et économiques du Royaume, modernise l’armée en la dotant d’armes à feu, et étendit le Royaume à tout le pays fon. Son armée de 16 000 soldats et 15 000 amazones soumet les révoltés savés, mahis et adjas, et envahit les Yoroubas pour y capturer des esclaves. En 1858, le Royaume s’étend de la rivière Mini à l’ouest, au pays Yorouba à l’est, et des pays Mahi et Ana au nord, à l’océan atlantique au sud.
Le Dahomey résiste à l’hégémonie colonialiste européenne dans cette région côtière jusqu’en 1887. Les souverains font échouer la tentative portugaise d’imposer un protectorat dans ce royaume entre 1885-1887. Les autorités de cet État refusent de reconnaître les droits de protectorat français au royaume de Porto Novo. Sous le roi Béhanzin (1889-1894) une guerre éclate contre ce protectorat français. Les affrontements cessent par la signature d’un traité de paix à Ouidah. En 1892, la guerre reprend, mais le roi Béhanzin doit capituler en 1894. Arrêté et exilé en Martinique, il plaidera la cause de son royaume jusqu’à sa mort.
7.2. L’organisation politique et sociale
Le Roi est choisi dans la famille des fondateurs du Royaume. Avant de régner, il doit effectuer une retraite de 3 mois à Porto Novo pour se livrer à la méditation sur la chose publique et recevoir une initiation politique. Il est ensuite consacré au temple d’Aholuhokhunon. La mort du Roi n’est annoncée qu’au bout de 3 mois, ouvrant la compétition de la succession aux princes (les princesses étaient exclues).
Le Roi règne avec ses ministres. Certains postes de ministres sont héréditaires. Le Premier ministre est appelé Migan, et le gouverneur des provinces est le Mehou. D’autres ministres, qui occupent des secteurs divers, résident dans leurs provinces et ont à leur service de nombreux esclaves (lari) et des hommes libres (anato).
Sur le plan social, il existe des inégalités criantes entre les princes et les nobles d’un côté, et les hommes libres d’autre part. Viennent ensuite les nombreux esclaves, victimes des guerres, qui pour la plupart sont livrés aux courtiers esclavagistes. Ceux qui restent sur place sont soumis aux travaux de diverses natures.
7.3. L’économie
Dans le domaine économique, le roi Ghezo Kokulo apporte une véritable révolution avec sa politique agricole. Roi éclairé, il introduit la culture de plantes nouvelles dans tout le pays comme le manioc, la banane, l’arachide, le néré et le tabac qui permettent de résoudre les problèmes de pénurie alimentaire.
S’appuyant sur une main-d’œuvre d’esclaves, il élargit également les plantations royales de palmiers et de cocotiers faisant en sorte que ses propres domaines servent d’exemple pour les cultures et que l’huile de palme produite alimente le commerce très prolifique avec l’Angleterre. Néanmoins, le commerce des esclaves entraîne une fragilité économique, puisque certaines régions du Royaume (et des pays voisins) se retrouvent ruinées et privées de leurs habitants.
7.4. Les croyances
Le culte du Vodun (Vodu), qui s’articule autour d’un clergé et de temples dispersés dans tout le pays, vise à apaiser ou à attirer les faveurs du Vodu, esprit présent à tout moment dans la vie des hommes qui peut aussi bien faire du mal que soutenir ses fidèles. Les peuples fons du Dahomey croient à l’immortalité de l’âme et à la vie dans l’au-delà. Ils croient aussi à l’Être suprême et à une multitude de divinités ou d’esprits. Les croyances religieuses ont favorisé la création artistique (représentations de divinités, objets de culte, statuettes politiques en bois ou en fer, bijoux et colliers en cuivre ou argent, portraits royaux…). Le clergé, composé de prêtres et de prêtresses, est bien organisé. Les principales divinités sont Maou et Lissa (la lune et le soleil), Hévioso (le tonnerre), Dan (la fécondité) et Ogun (les forgerons). Typiquement africain et pratiqué par les esclaves de Dahomey, le culte de Vodu est apporté et développé par l’entremise des esclaves dans diverses parties de l’Amérique.
8 ¦ Résumé
- L’Empire du Ghana (IVe – XIe siècle) est le premier grand empire d’Afrique occidentale. Il s’élargit au cours du temps en annexant des petits royaumes. Le Ghana connait son apogée au Xe siècle, avant d’être envahi en 1076 par les Almoravides qui vont contraindre les populations à se convertir à l’Islam ou à s’exiler.
- L‘Empire du Mali (XIe – XVe siècle) succède à l’Empire du Ghana. Vers 1050, le clan Keita se convertir à l’Islam et refuse de se soumettre au Ghana. Des affrontements vont avoir lieu avec le royaume du Sosso jusqu’à la prise de pouvoir de Soundjata Keita en 1232 qui va battre le Sosso. En quelques années, Soundjata va prendre possession de tous les territoires autour du sien, et véritablement fonder l’Empire du Mali. L’Islam va s’implanter chez les élites après la mort de Soudjata Keita. L’Empire va connaitre son apogée sous Kankan Moussa (1312-1337). A sa mort, des luttes de succession vont affaiblir le royaume qui va petit à petit s’effondrer.
- L‘Empire Songhay (XVe – XVIe siècle) remonte au VIe siècle, mais va se développer par la suite. Profitant de la faiblesse du Mali suite à la mort de Kankan Moussa en 1337, le Songhay va partir à la conquête de régions importantes. Sonni Ali Ber (1464-492) s’empare du pouvoir et va conquérir des villes importantes comme Djenné et Tombouctou. Il est considéré comme le fondateur de l’Empire Songhay. L’Empire Songhay est très riche et le Royaume du Maroc, voisin, va se lancer à sa conquête. En 1591, c’est la fin de l’Empire Songhay.
- Le royaume du Dahomey (XVe – XIXe siècle) est un État côtier qui va profiter de la traite négrière transatlantique pour s’enrichir considérablement. Le royaume connait son apogée au XIXe siècle. Le roi Ghezo Kokulo (1818 – 1858) va moderniser son armée et l’équiper d’armes à feu. L’armée redoutable du Dahomey permet de maintenir la paix dans ses frontières. Le royaume va résister à la colonisation européenne pendant des années, avant de capituler définitivement en 1894.
Les migrations anciennes
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- d’expliquer et de situer les migrations bantoues
- d’expliquer et de situer les migrations des Oubanguiens
- d’expliquer les différents mouvements migratoires en Afrique à partir du XVIIIe siècle, et leurs causes
2 ¦ Introduction
L’être humain occupe depuis très longtemps l’espace de l’actuel Congo, territoire de 2,3 millions de km carrés qui est le seul pays d’Afrique installé sur deux fuseaux horaires. Les traces les plus anciennes de la présence humaine révèlent la présence de communautés de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs aux époques préhistoriques, comme en témoignent les pierres taillées et les nombreuses œuvres gravées ou peintes découvertes dans plusieurs régions grâce à l’archéologie. Au cours de ces périodes, les hominidés se sont déplacés d’un endroit à un autre de l’Afrique. Ces mouvements migratoires sont liés aux changements climatiques et de végétation qui se succédèrent sur le continent africain. Pour reconstruire l’histoire des espaces de ces temps anciens et des populations qui les ont occupés, on a recours à l’archéologie et à l’étude des langues. L’archéologie identifie, grâce aux témoins matériels, les cultures qui y sont associées et tente de corréler ces éléments aux langues.
La comparaison des langues permet de regrouper celles-ci en familles, de déterminer comment elles divergent au sein de chaque famille, et d’identifier leurs régions d’origine. Il existe quatre grandes familles de langue sur le continent africain : Niger-Congo, Afro-asiatique, Nilo-saharienne et Khoisane. Ces grandes familles comprennent des sous-groupes, subdivisés en sous-branches. Elles nous renseignent sur l’histoire du continent. On a ainsi pu esquisser, pour l’Afrique, les mouvements de populations humaines en observant la façon dont les langues se sont diffusées à travers le continent. S’ajoute à cela un long processus de différenciation des parlers donnant lieu à diverses langues dont sont issues les langues parlées actuellement. On retrouve au Congo les langues appartenant à la famille Niger-Congo, notamment des langues du sous-groupe Bénoué Congo, du sous-groupe Bantu et du sous-groupe Oubanguien ainsi que des langues de la famille nilo-saharienne, du sous-groupe africain central et des sous-groupes Soudanique centrale et Nilotique.
3 ¦ Les migrations bantoues
Le vocable bantu est un concept linguistique qui signifie « homme » dans différentes langues d’Afrique subsaharienne. Le groupe des langues bantoues appartient aux Niger-Congo, l’une des quatre grandes familles de langues parlées actuellement en Afrique.
Le phénomène bantu doit être compris comme une migration, une expansion, une diffusion des langues, des cultures, des savoirs de groupes d’individus par vagues migratoires. Compte tenu de l’importance de son aire d’expansion, qui couvre presque les 3/4 de l’Afrique subsaharienne, le phénomène des migrations bantoues, qui aurait débuté il y a environ 4000 ans avant J.-C., est l’un des plus complexes et des plus exceptionnels.
Le foyer originel des langues bantoues se trouve dans la région des Grassfields, au sud de la Bénoué, à la frontière du Cameroun et du Nigéria. Les migrations bantoues ont bouleversé les modes de vie au sein des espaces et des populations, amenant au fil du temps l’évolution des traditions, le développement de la production alimentaire, la diffusion des techniques céramiques et métallurgiques, la propagation des différentes cultures, le développement du commerce ou l’émergence d’autres pratiques environnementales.
3.1. Les itinéraires suivis par les Bantous pour atteindre l’Afrique centrale
Les communautés de migrants bantous venus peupler le territoire actuel du Congo ont suivi deux itinéraires différents : une première vague migre vers l’ouest et forme le groupe dit « Bantou occidental » et une autre emprunte la voie orientale pour former le groupe dit « Bantou oriental ».
- Les Bantous occidentaux ont suivi trois directions :
- un premier groupe aurait longé la côte atlantique pour s’y installer.
Les deux autres mouvements migratoires ont été encouragés par un changement climatique survenu entre 2000 et 600 avant J.-C. qui favorise la migration et la sédentarisation des populations bantoues occidentales vers le centre du bassin du Congo, faisant reculer la forêt en faveur du développement de la savane sur un espace couvrant la région du Pool Malebo et du bassin de la rivière Sangha.
- un deuxième groupe aurait traversé la forêt tropicale vers les rivières Ubangi et Sangha.
Ces communautés, qui produisent des céramiques connues sous le nom d’Imbonga (400 avant J.-C.) forment des villages près de Mbandaka, sur la rivière Momboyo et autour du lac Tumba. Cette colonisation progressive entraîne de multiples interactions et mélanges avec les précédents habitants déjà installés, à savoir les pêcheurs-cueilleurs non-bantous.
- un troisième groupe aurait traversé le fleuve Congo au niveau du Pool Malebo.
L’éclaircissement de la savane favorise l’implantation de groupes de populations dans le Pool Malebo et jusque dans les régions du Kongo Central et du Kwango. Les premières traces de villages sont avérées dans la province du Kongo Central grâce aux céramiques de type Ngovo (200 avant J.-C.) qu’on y a trouvées.
2. Les Bantous orientaux ont suivi deux itinéraires :
- Un groupe a longé la lisière nord de la forêt équatoriale jusqu’à la partie orientale de l’Afrique. Ils se sont d’abord déplacés dans la région des Grands Lacs.
La durée très longue pendant laquelle se constitue ce peuplement donna lieu à une culture originale en constante expansion dans des espaces où le paysage offre un développement harmonieux. La réussite de ces installations se traduit par une croissance démographique remarquable, qui fait de cette région l’une des plus densément peuplées du Congo. La présence de ces Bantous orientaux dans cette région est avérée grâce aux poteries de type Urewe (600 avant J.-C.). Au XVIe siècle après J.-C. et durant plusieurs siècles, des populations bantoues, qui occupaient la région de l’Ouganda, s’introduisent au Congo et s’installent dans les provinces de la Tshopo, du Maniema, et du nord et sud Kivu sous la pression des Nilotiques. Ces mouvements prennent la forme à la fois de multiples déplacements de petits groupes en quête de zones à défricher et de pâturages, et de grignotage progressif des terres disponibles
- Un autre groupe a continué sa migration vers le sud du continent.
Certains atteignent le Congo et s’installent dans la dépression de l’Upemba, sur le fleuve Lualaba (à la source du fleuve Congo). Au Xe siècle, se sont constituées au sein de cet espace des communautés villageoises et des royaumes puissants.
4 ¦ Les migrations des Oubanguiens
Les populations bantoues ne sont pas les seules à migrer vers le territoire de l’actuel RDC. Au sein de la famille Niger-Congo, il existe une sous-branche appelée Oubanguiens.
Une première vague de peuples oubanguiens s’installe dans le bassin du Haut-Ubangi et de l’Uélé, au nord de la RDC. Cette expansion est intervenue entre 4000 à 3500 ans av. J.-C. Cette vague migratoire a eu comme résultat de bouleverser le territoire des populations de langue soudanique déjà établies.
Au Xe siècle après J.-C., des populations oubanguiennes, qui maîtrisent les techniques de production alimentaire, la poterie et la métallurgie du fer, occupent progressivement la frange nord de la forêt équatoriale, le long de l’Ubangi-Mbomou. Ils se dirigent ensuite par vagues migratoires vers le sud-ouest en empruntant les cours d’eau du bassin congolais. Ces migrations se produisent probablement de manière localisée et progressive. On trouve peu de traces matérielles de cette communauté.
Les dernières vagues migratoires de groupes oubanguiens ont lieu entre le XVIe et le XIXe siècle, et s’expliquent en raison surtout des guerres esclavagistes menées par les peuples islamisés du Nord. En effet, après avoir soumis les États chrétiens du Soudan au XIVe siècle, les Arabes musulmans d’Egypte investissent dès le XVe siècle le Darfour et le Kordofan, et chassent les populations Mangbetu, Zandé et Ngbandi qui prennent la direction du sud pour se fixer au nord du Congo. Ces poussées s’exercent par le Kanem-Bornou (Tchad), le Sokoto (Nigéria), le Darfour et le Kordofan (Soudan). Ils affrontent, chassent et absorbent les peuples bantous qui occupent alors cet immense territoire situé entre les deux bras de l’Ubangi : le Mbomu et l’Uélé. Les Bantous de cette région étaient des Baboa, des Ngombe et des Mbuza plus au sud.
Au milieu du XIXe siècle, des migrants venus directement du Tchad et du nord du Nigéria traversent la boucle de l’Ubangi et s’attaquent aux populations Ngbaka et Mbanza établies dans la région. Ils portent le nom générique de Soudanais (puisqu’ils étaient originaires du Soudan géographique).
5 ¦ Les migrations des langues soudaniques centrales
Bien que majoritaire, les populations de la grande famille Niger-Congo ne sont pas les seules à se disperser sur le territoire de l’actuel RDC. Un ensemble de populations de langues nilo-sahariennes se déplace à l’est et au nord de l’Afrique centrale. Son foyer d’origine serait la région comprise entre l’Ethiopie actuelle et le Soudan. La vague migratoire est donc partie de ce foyer pour se répandre de l’est à l’ouest pour atteindre le Congo actuel. Dans cette expansion, il y a des langues soudaniques centrales et des langues nilotiques.
Les migrations des langues soudaniques centrales
Ce groupe de population de langue soudanique centrale est présente dans la frange nord-est de la RDC. C’est dans la région au nord du lac Albert que se trouve son foyer de dispersion. Il est difficile de savoir avec précision quand ces vagues migratoires ont commencé. Certains avancent la date de 4000 ans av. J.-C.
Les populations parlant ces langues soudaniques centrales se répartissent du lac Albert au lac Tchad. Les familles linguistiques qui la composent en RDC sont : Lendu (autour de lac Albert), Moru-Madi (le long de la rivière Uele), Mangbetu (entre l’Uele au nord et le fleuve Congo au sud jusqu’au lac Edouard) et le groupe Sara-Bongo-Bagirmi qu’on retrouve dans les provinces actuelles d’Ubangi.
Les migrations des populations Nilotiques
Parmi les derniers groupes de migrants, il faut noter la présence de populations de langues nilotiques. Elles arrivent du Soudan nilotique en passant par le Bahr El-Ghazal et par l’Ouganda pour occuper le nord-est de la RDC actuelle, plus précisément les régions de l’Ituri-Uélé-Béni. Représentées par les populations Alur et Hema, elles ne bouleversent pas la démographie de la région, car elles sont très marginales dans l’ensemble de la République Démocratique du Congo.
A la chute de l’empire égyptien, la migration des populations s’accentue dans toutes les directions. Les Africains migrent par vagues successives vers l’intérieur du continent. Ils construisent de grands empires dans lesquels la richesse et la justice règnent. En dehors de ces mouvements migratoires bantous, nilotiques et ubanguiens très anciens, on peut aussi noter des vagues migratoires beaucoup plus récentes entre le XVIIIe siècle et le début de la colonisation. Liées à la traite négrière, au commerce arabe ou à la pénétration européenne, elles constituent et sont à l’origine de déplacement des populations à l’intérieur du territoire congolais.
6 ¦ Résumé
- Afin de déterminer les mouvements migratoires en Afrique, l’étude des langues, et l’archéologie donnent de précieux renseignements.
- Les migrations bantoues auraient débuté il y a 4000 ans. C’est un phénomène complexe. Le foyer originel des langues bantoues se situe dans la région des Grassfields. Les migrations bantoues vont bouleverser les cultures et les modes de vie locaux. Des Bantous s’installeront dans l’actuel RDC.
- En plus des Bantous, les Oubangui vont également s’installer dans l’espace actuelle de la RDC. Une première vague a lieu vers – 4000 , une deuxième a lieu au Xe siècle, et les dernières vagues ont lieu entre le XVIe et le XIXe siècle.
- De manière plus minoritaire, des populations de langue nilo-sahariennes vont également s’installer sur le territoire actuel du Congo. Ces populations sont originaires d’une région entre l’Éthiopie et le Soudan.
- Des populations nilotiques vont également s’installer dans le territoire de l’actuel Congo. Elles proviennent du Soudan.
- D’autres mouvements migratoires auront lieu à partir du XVIIIe siècle, à cause des traites négrières, du commerce arabe, ou de la pénétration européenne.
La Préhistoire africaine
1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- définir l’Âge de la pierre taillée et ses caractéristiques
- définir l’Âge de la pierre polie et ses caractéristiques
- démontrer en quoi l’Afrique a une place prédominante lors de la Préhistoire
2 ¦ Introduction
L’histoire, c’est l’étude du passé de l’homme à travers des traces écrites, matérielles ou immatérielles.
Apprendre l’histoire de son pays permet de comprendre comment nos ancêtres ont vécu, comment ils se sont organisés et ont travaillé pour améliorer leurs conditions de vie grâce aux progrès des techniques, au développement des sciences et des voies de communication, à l’amélioration des conditions d’habitation et à la généralisation de l’instruction…
L’histoire nous permet de comprendre notre monde actuel, ce qui a précédé, et ainsi de mieux anticiper l’avenir.
3 ¦ L’Âge de la pierre
L’Âge de la pierre taillée est la première période de ce qu’on appelle la Préhistoire. Elle s’étend de plus ou moins 4 000 000 d’années avant J.-C. à 8 000 ans avant J.-C.
Grâce aux ossements et autres vestiges que les archéologues ont trouvé, on sait que la lignée de l’espèce humaine s’est séparée en Afrique, il y a 5 à 7 millions d’années de celle des singes anthropoïdes et qu’il y a 4 millions d’années, l’homme a commencé à marcher debout. Les premiers hominidés sont très différents des êtres humains d’aujourd’hui. Ils sont appelés australopithèques (4 millions d’années à 2 millions d’années). Ils ont évolué pour donner d’abord l’homo habilis (2.3 millions d’années à 1,5 million d’années) que l’on considère comme étant le tout premier humain puis l’homo erectus (1,9 million d’années à 300 000 ans) , puis l’homo sapiens (apparu il y a environ 300 000 ans) dont tous les êtres humains actuels sont les descendants.
C’est donc en Afrique que sont apparus à la fois nos plus lointains ancêtres et les hommes modernes. C’est ce dont témoignent les squelettes d’êtres humains découverts en Tanzanie (dans les gorges d’Olduvaï), au Kenya (garçon de Turkana), en Éthiopie (« Lucy »), en Afrique du Sud (« Little foot ») et au Tchad (« Toumaï »).
Les humains de l’âge de la pierre sont des nomades. Cela veut dire qu’ils se déplacent au fil des saisons à la recherche de nourriture et de points d’eau… Pour chasser et pour pêcher, les hommes de l’âge de la pierre fabriquent des outils et des armes en taillant le bois, la pierre ou les os. Ces outils, servant à leur faciliter le travail, sont de plus en plus sophistiqués comme en témoignent les haches, lames, pointes, flèches, burins, perçoirs, grattoirs, racloirs que les archéologues ont retrouvés. On appelle société de « chasseurs cueilleurs » les sociétés dont le modèle économique se base essentiellement sur l’utilisation des espèces végétales et animales à l’état sauvage. Les êtres humains commencent aussi à échanger leurs produits (« je t’échange ce panier contre 2 poissons … »). C’est ce qu’on appelle le troc.
Vers 7000-6000 ans avant J.-C., l’Afrique est recouverte de savane humide. Avec les désertifications du Sahara et du Kalahari intervenues vers 6000 avant J.-C., certaines communautés de chasseurs cueilleurs se sont sédentarisées et se sont tournées vers la pêche, fondant des villages dans les bassins du Niger, du lac Tchad, du Nil, du Congo et des lacs orientaux. Les plus anciennes traces de la pratique de la pêche se retrouvent le long des cours d’eau depuis le Sahara humide jusqu’en Afrique orientale et australe.
La grande découverte de cette période, c’est le feu. Avec le feu, les hommes peuvent se chauffer, s’éclairer, cuire leur nourriture et éloigner les bêtes sauvages.
Les hommes de la Préhistoire ont parfois laissé des témoignages de leur vie sous forme de dessins. Ils ont peint ou gravé des scènes de chasse ou des portraits d’animaux sur les parois de grottes. Ces grottes servaient parfois de lieu d’abris. Il y a très peu de traces de construction des huttes à ces époques de la Préhistoire.
Petit à petit, les outils en pierre deviennent plus petits et plus spécialisés, les hommes commencent à utiliser des arcs et des flèches. On honore aussi les morts, car on a retrouvé des tombes contenant des squelettes datant de cette époque.
En Afrique centrale, on a découvert deux os couverts de marques qui semblent témoigner d’une pensée mathématique, et datent de 20 000 avant notre ère. Ce sont les bâtons d’Ishango. L’hypothèse d’une pensée mathématique existant depuis aussi longtemps en Afrique est controversée. Mais si elle était avérée, cela signifierait que l’Afrique serait la première région du monde à avoir développé une pensée mathématique.
À la fin de cette période, l’être humain ne taille plus seulement ses outils, mais il les polit pour les rendre plus efficaces, plus tranchants, et surtout il commence à fabriquer des récipients en terre cuite. Le tissage des fibres végétales et le tannage des peaux des animaux permettent de fabriquer des vêtements tandis que la vannerie permet la fabrication des paniers qui servent à transporter des objets ou des aliments.
4. Les débuts de l’élevage, de l’agriculture et les premiers villages
En différentes régions du continent, les populations deviennent progressivement plus sédentaires, commencent à pratiquer l’élevage, l’agriculture et forment des premiers villages. Cette période est appelée l’ère de la pierre polie ou aussi néolithique. Mais un problème se pose pour la périodisation de cette séquence, car ce n’est pas partout en Afrique que se pratique l’élevage, l’agriculture et la formation des premiers villages. Du moins, on constate des transformations importantes chez l’être humain durant cette période. Les familles s’organisent sous la coupe des clans.
Les principaux centres d’élevage se trouvent dans la basse vallée du Nil en Égypte, au Sahara, en Éthiopie et en Afrique orientale.
La domestication des bovins, caprins, porcins, félins et canidés a eu lieu
- vers 2000 avant J.-C. chez les peuples du Sahara, de la corne de l’Afrique et de l’Afrique orientale,
- vers 50 avant J.-C. en Afrique australe.
Les éleveurs ont ainsi succédé aux chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. Certains chasseurs cueilleurs semblent avoir pratiqué la protoculture, qui consiste à favoriser certains végétaux.
L’agriculture, qui exige que l’on travaille le sol susceptible d’accueillir les cultures, est née simultanément sur plusieurs continents. Elle s’est développée lorsque l’homme a voulu résoudre les problèmes liés à la rareté et l’insuffisance de la cueillette et du ramassage en domestiquant des plantes de manière sélective et systématique. L’agriculture en Afrique a débuté en Égypte vers 5200 av. J.-C., ainsi qu’au nord du Soudan et au Sahara. Elle s’est développée plus tardivement au Sahel, car les premières traces d’agriculture ne semblent pas remonter avant 2400 avant notre ère. Dans le reste du continent, elle s’est probablement propagée avec les migrations bantoues vers 2000 ans avant notre ère. En Afrique centrale, elle n’est pas apparue avant 500 avant notre ère.
Les hommes de cette époque ont également développé l’arboriculture, cultivant des arbres fruitiers et la sylviculture tirant parti des forêts qui l’entourent (coupe du bois, protection).
Quelques exemples de cultures exploitées dès ces temps anciens :
- Le sorgho est cultivé comme céréale en Nubie et en Libye vers 500 ans avant J.-C.
- Le riz africain (oriza glaberima) est cultivé depuis 500 avant J.-C. dans le delta du fleuve Niger, au nord du Mali.
- Le palmier à huile a été exploité depuis la fin de l’âge de la pierre.
- La banane est probablement attestée au Cameroun vers 700 avant J.-C.
- Le millet a été domestiqué vers 2400 avant J.-C. en Afrique de l’Ouest. On le trouve, dès 1700 avant J.-C. dans la région comprise entre la Mauritanie et le nord du Sénégal.
- L’igname figure parmi les tubercules exploités aux époques préhistoriques en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
- Le mil qui était cultivé au Mali et au Niger fut envoyé tant en Inde en passant par le Yémen (vers 1 500 avant J.-C) qu’en Afrique du Sud en passant par le Cameroun (de 1 500 avant J.C. à 300 après J.C)
- les légumineuses (amarantes, hibiscus) et les arbres fruitiers (prunier africain ou safou, cola, élémier d’Afrique, figuier).
Avec le développement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, les êtres humains s’installent dans des endroits censés leur apporter protection et nourriture. Ils s’organisent en familles et en tribus, mais aussi en groupes. Ils deviennent sédentaires, créent les premiers villages et voient émerger des chefs de groupe ou de village. La situation de ces villages dépend du climat, du relief, de la végétation sauvage qui s’y trouve et des conditions géographiques telles que la présence de points d’eau, d’une vallée inondée, d’un plateau…
Ils deviennent sédentaires, créent les premiers villages et voient émerger des chefs de groupe ou de village. La situation de ces villages dépend du climat, du relief, de la végétation sauvage qui s’y trouve et des conditions géographiques telles que la présence de points d’eau, d’une vallée inondée, d’un plateau…
La sédentarisation a également engendré des transformations importantes au sein des sociétés humaines, en particulier au niveau des systèmes de filiation avec l’apparition du système matrilinéaire et patrilinéaire.
Le regroupement en villages va faire en sorte que de nouvelles techniques se développent et que de nouveaux métiers voient le jour. C’est ainsi que le tissage et le tannage des peaux d’animaux permet de fabriquer des vêtements, la vannerie de fabriquer des paniers qui servent à transporter les aliments et la poterie, de conserver les aliments (dont les céréales obtenues par la culture), de les cuire et de transporter l’eau. La fabrication de la poterie témoigne de changements dans les pratiques alimentaires. La découverte de la poterie en Afrique remonte à 9500-9000 ans avant J.-C. Les plus anciennes céramiques ont été découvertes dans la région de l’Aïr au Niger, dans les massifs montagneux du Sahara central et méridional, ainsi que dans l’actuelle Libye.
Des outils agricoles pour faciliter l’agriculture tels que les herminettes et les houes apparaissent
Désormais, il y a des agriculteurs, des éleveurs, des potiers dans les communautés … Et comme chaque personne se spécialise dans un métier, l’offre des échanges se diversifie.
5 ¦ L’Âge des métaux
La période suivante à l’âge de la pierre est marquée dans certaines régions par l’apparition du travail du métal, mais surtout par l’invention de l’écriture (vers 3 300 avant J.-C.) en Mésopotamie puis en Égypte (vers 3 000 avant J.-C.). Cette écriture qui a pris, selon les régions, différentes formes (idéogrammes, hiéroglyphes des égyptiens, écriture cunéiforme des Sumériens, écriture grecque…) est, à ses débuts, rudimentaire. En effet, les êtres humains, pour faciliter les échanges et la transmission du savoir, le commerce et la communication, se mettent d’accord pour représenter tel objet par tel signe et tel autre objet par un autre. Il s’agit surtout au début de dessins facilement compréhensibles représentant des objets, des idées, ou des personnes.
La métallurgie (le travail du fer), qui remonte à 1500 ans avant J.-C. chez les Hittites a permis la production d’outils qui ont facilité la pêche et l’agriculture augmentant ainsi les rendements agricoles et la prise de poissons.
Elle permet également la production d’armes de chasse et de guerre ainsi que d’objets d’apparats, de parures ou des objets facilitant les activités quotidiennes. Selon les régions, il y a d’abord eu le travail du cuivre, puis du bronze et enfin celui du fer.
Sur le continent africain, l’origine du travail de réduction du fer est une question épineuse.
Il y a des attestations de la métallurgie du fer le long du Nil, mais aussi :
- au XVIe siècle avant J.-C. dans la région du Niger.
- au IXe siècle avant J.-C. en Afrique centrale et orientale.
- entre les VIIIe et Ve siècles avant J.-C. en Afrique de l’Ouest.
- vers le VIIe siècle avant J.-C. dans la région des Grands Lacs.
Au départ, un seul foyer habité par une famille, la vie en communauté de ces hommes a engendré les villages. Pour garantir l’harmonie, des chefs de village se sont imposés, et leur lignage a gagné en importance dans la société. Leur rôle est de fédérer les énergies, d’écouter et dissiper les conflits entre les membres de la communauté, ainsi que de dompter et contrôler les forces mystiques et de la nature. L’art et les rites religieux qui s’étaient développés ont joué de plus en plus un rôle significatif dans l’organisation politique.
Un autre besoin au sein de ses sociétés a été le développement de divers instruments monétaires destinés à servir dans le cadre des transactions liées au commerce interrégional et que certains produits, comme le fer, le cuivre, l’or, le sel, le raphia, vu la demande et parfois leur rareté, prirent une importance stratégique. Le contrôle des gisements de salines était très important. En Afrique centrale, le cuivre a été utilisé comme instrument monétaire de même que le raphia. Contrôler les gisements, les circuits de production et de circulation donnaient une importance au village ou la chefferie qui en était le possesseur.
Des lignages et des clans se spécialisent dans certaines activités avec l’apparition des nouveaux métiers : forgeron, potier, sculpteur, tisserand, charpentier, éleveur-agriculteur… Tout cela favorise les échanges et les liens entre villages à travers les relations commerciales, mais également par le biais des mariages et des échanges de marchandises et de savoir-faire créant ainsi une hiérarchisation de la société dans certaines régions.
La complexification des systèmes sociaux, due au développement démographique et à l’intensification du commerce sur de vastes régions, entraîna la mise en place d’entités politiques au-dessus des simples regroupements de villages et surtout la mise sur pied d’un système de sécurisation des biens et des personnes sous la bannière d’une entité politique plus ou moins centralisée.
6 ¦ Résumé
- L’Âge de la pierre taillée (- 4 000 000 ; – 8000) est la première période de la Préhistoire. C’est durant cette période que l‘être humain apparaît en Afrique. Durant cet âge, les humains sont d’abord nomades. Ce sont des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. Les êtres humains confectionnent des outils et des armes pour leur faciliter le travail. C’est durant cette période que le feu est apprivoisé.
- L’Âge de la pierre polie (- 8000 ; – 3300) est la seconde période de la Préhistoire. Les outils sont perfectionnés et polis pour les rendre plus efficaces. L’être humain domestique les animaux, et invente donc l’élevage. Les connaissances sur les végétaux se développent, et l’agriculture apparait. L’être humain devient sédentaire ou semi-nomade. De nouvelles techniques se développent, et de nouveaux métiers apparaissent comme le tannage, ou la poterie. L’alimentation se diversifie et les communautés humaines s’agrandissent.
- La fin de l’Âge de la pierre polie voit l’apparition du travail du métal, mais également l’invention de l’écriture en Asie (Mésopotamie), et en Afrique (Égypte) vers – 3000. La métallurgie permet de perfectionner armes et outils. Les systèmes sociaux se complexifient à cause de la sédentarisation, et de l’augmentation de la population. Des hiérarchies se créent, et la monnaie est inventée pour faciliter les transactions commerciales.
Béhanzin
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