1 ¦ Objectifs de la leçon

A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
  • définir l’Âge de la pierre taillée et ses caractéristiques
  • définir l’Âge de la pierre polie et ses caractéristiques
  • démontrer en quoi l’Afrique a une place prédominante lors de la Préhistoire

2 ¦ Introduction

L’histoire, c’est l’étude du passé de l’homme à travers des traces écrites, matérielles ou immatérielles.

Apprendre l’histoire de son pays permet de comprendre comment nos ancêtres ont vécu, comment ils se sont organisés et ont travaillé pour améliorer leurs conditions de vie grâce aux progrès des techniques, au développement des sciences et des voies de communication, à l’amélioration des conditions d’habitation et à la généralisation de l’instruction…

L’histoire nous permet de comprendre notre monde actuel, ce qui a précédé, et ainsi de mieux anticiper l’avenir.

3 ¦ L’Âge de la pierre

L’Âge de la pierre taillée est la première période de ce qu’on appelle la Préhistoire. Elle s’étend de plus ou moins 4 000 000 d’années avant J.-C. à 8 000 ans avant J.-C.

Grâce aux ossements et autres vestiges que les archéologues ont trouvé, on sait que la lignée de l’espèce humaine s’est séparée en Afrique, il y a 5 à 7 millions d’années de celle des singes anthropoïdes et qu’il y a 4 millions d’années, l’homme a commencé à marcher debout. Les premiers hominidés sont très différents des êtres humains d’aujourd’hui. Ils sont appelés australopithèques (4 millions d’années à 2 millions d’années). Ils ont évolué pour donner d’abord l’homo habilis (2.3 millions d’années à 1,5 million d’années) que l’on considère comme étant le tout premier humain puis l’homo erectus (1,9 million d’années à 300 000 ans) , puis l’homo sapiens (apparu il y a environ 300 000 ans) dont tous les êtres humains actuels sont les descendants.

C’est donc en Afrique que sont apparus à la fois nos plus lointains ancêtres et les hommes modernes. C’est ce dont témoignent les squelettes d’êtres humains découverts en Tanzanie (dans les gorges d’Olduvaï), au Kenya (garçon de Turkana), en Éthiopie (« Lucy »), en Afrique du Sud (« Little foot ») et au Tchad (« Toumaï »).

L’homme moderne est apparu en Afrique avant de gagner le reste du monde.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Spreading_homo_sapiens_la.svg

Les humains de l’âge de la pierre  sont des nomades. Cela veut dire qu’ils se déplacent au fil des saisons à la recherche de nourriture et de points d’eau… Pour chasser et pour pêcher, les hommes de l’âge de la pierre  fabriquent des outils et des armes en taillant le bois, la pierre ou les os. Ces outils, servant à leur faciliter le travail, sont de plus en plus sophistiqués comme en témoignent les haches, lames, pointes, flèches, burins, perçoirs, grattoirs, racloirs que les archéologues ont retrouvés. On appelle société de « chasseurs cueilleurs » les sociétés dont le modèle économique se base essentiellement sur l’utilisation des espèces végétales et animales à l’état sauvage. Les êtres humains commencent aussi à échanger leurs produits (« je t’échange ce panier contre 2 poissons … »). C’est ce qu’on appelle le troc.

Vers 7000-6000 ans avant J.-C., l’Afrique est recouverte de savane humide. Avec les désertifications du Sahara et du Kalahari intervenues vers 6000 avant J.-C., certaines communautés de chasseurs cueilleurs se sont sédentarisées et se sont tournées vers la pêche, fondant des villages dans les bassins du Niger, du lac Tchad, du Nil, du Congo et des lacs orientaux. Les plus anciennes traces de la pratique de la pêche se retrouvent le long des cours d’eau depuis le Sahara humide jusqu’en Afrique orientale et australe.

Les bâtons d’Ishango datent de 20 000 ans avant notre ère.source: © Institut royal des sciences naturelles de Belgique

La grande découverte de cette période, c’est le feu. Avec le feu, les hommes peuvent se chauffers’éclairercuire leur nourriture et éloigner les bêtes sauvages.
Les hommes de la Préhistoire ont parfois laissé des témoignages de leur vie sous forme de dessins. Ils ont peint ou gravé des scènes de chasse ou des portraits d’animaux sur les parois de grottes. Ces grottes servaient parfois de lieu d’abris. Il y a très peu de traces de construction des huttes à ces époques de la Préhistoire.

Petit à petit, les outils en pierre deviennent plus petits et plus spécialisés, les hommes commencent à utiliser des arcs et des flèches. On honore aussi les morts, car on a retrouvé des tombes contenant des squelettes datant de cette époque.

En Afrique centrale, on a découvert deux os couverts de marques qui semblent témoigner d’une pensée mathématique, et datent de 20 000 avant notre ère. Ce sont les bâtons d’Ishango. L’hypothèse d’une pensée mathématique existant depuis aussi longtemps en Afrique est controversée. Mais si elle était avérée, cela signifierait que l’Afrique serait la première région du monde à avoir développé une pensée mathématique.

À la fin de cette période, l’être humain ne taille plus seulement ses outils, mais il les polit pour les rendre plus efficaces, plus tranchants, et surtout il commence à fabriquer des récipients en terre cuite. Le tissage des fibres végétales et le tannage des peaux des animaux permettent de fabriquer des vêtements tandis que la vannerie permet la fabrication des paniers qui servent à transporter des objets ou des aliments.

4. Les débuts de l’élevage, de l’agriculture et les premiers villages

En différentes régions du continent, les populations deviennent progressivement plus sédentaires, commencent à pratiquer l’élevage, l’agriculture et forment des premiers villages. Cette période est appelée l’ère de la pierre polie ou aussi néolithique.  Mais un problème se pose pour la périodisation de cette séquence, car ce n’est pas partout en Afrique que se pratique l’élevage, l’agriculture et la formation des premiers villages. Du moins, on constate des transformations importantes chez l’être humain durant cette période. Les familles s’organisent sous la coupe des clans.

Les principaux centres d’élevage se trouvent dans la basse vallée du Nil en Égypte, au Sahara, en Éthiopie et en Afrique orientale.

La domestication des bovins, caprins, porcins, félins et canidés a eu lieu

  • vers 2000 avant J.-C. chez les peuples du Sahara, de la corne de l’Afrique et de l’Afrique orientale,
  • vers 50 avant J.-C. en Afrique australe.

Les éleveurs ont ainsi succédé aux chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. Certains chasseurs cueilleurs semblent avoir pratiqué la protoculture, qui consiste à favoriser certains végétaux.

L’agriculture, qui exige que l’on travaille le sol susceptible d’accueillir les cultures, est née simultanément sur plusieurs continents. Elle s’est développée lorsque l’homme a voulu résoudre les problèmes liés à la rareté et l’insuffisance de la cueillette et du ramassage en domestiquant des plantes de manière sélective et systématique. L’agriculture en Afrique a débuté en Égypte vers 5200 av. J.-C., ainsi qu’au nord du Soudan et au Sahara. Elle s’est développée plus tardivement au Sahel, car les premières traces d’agriculture ne semblent pas remonter avant 2400 avant notre ère. Dans le reste du continent, elle s’est  probablement propagée avec les migrations bantoues vers 2000 ans avant notre ère. En Afrique centrale, elle n’est pas apparue avant 500 avant notre ère.

Les hommes de cette époque ont également développé l’arboriculture, cultivant des arbres fruitiers et la sylviculture tirant parti des forêts qui l’entourent (coupe du bois, protection).

Quelques exemples de cultures exploitées dès ces temps anciens :

  • Le sorgho est cultivé comme céréale en Nubie et en Libye vers 500 ans avant J.-C.
  • Le riz africain (oriza glaberima) est cultivé depuis 500 avant J.-C. dans le delta du fleuve Niger, au nord du Mali.
  • Le palmier à huile a été exploité depuis la fin de l’âge de la pierre.
  • La banane est probablement attestée au Cameroun vers 700 avant J.-C.
  • Le millet a été domestiqué vers 2400 avant J.-C. en Afrique de l’Ouest. On le trouve, dès 1700 avant J.-C. dans la région comprise entre la Mauritanie et le nord du Sénégal.
  • L’igname figure parmi les tubercules exploités aux époques préhistoriques en Afrique de l’Ouest et  en Afrique centrale.
  • Le mil qui était cultivé au Mali et au Niger fut envoyé tant en Inde en passant par le Yémen (vers 1 500 avant J.-C) qu’en Afrique du Sud en passant par le Cameroun (de 1 500 avant J.C. à 300 après J.C)
  • les légumineuses (amarantes, hibiscus) et les arbres fruitiers (prunier africain ou safou, cola, élémier d’Afrique, figuier).
Le sorgho est cultivé en Nubie et en Lybie depuis au moins 500 avant notre ère.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sorgho_Fourrager_(sud_ouesr)_Cl_J_Weber09_(24083883635).jpg

Avec le développement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, les êtres humains s’installent dans des endroits censés leur apporter protection et nourriture. Ils s’organisent en familles et en tribus, mais aussi en groupes. Ils deviennent sédentaires, créent les premiers villages et voient émerger des chefs de groupe ou de village. La situation de ces villages dépend du climat, du relief, de la végétation sauvage qui s’y trouve et des conditions géographiques telles que la présence de points d’eau, d’une vallée inondée, d’un plateau…

Ils deviennent sédentaires, créent les premiers villages et voient émerger des chefs de groupe ou de village. La situation de ces villages dépend du climat, du relief, de la végétation sauvage qui s’y trouve et des conditions géographiques telles que la présence de points d’eau, d’une vallée inondée, d’un plateau…

La sédentarisation a également engendré des transformations importantes au sein des sociétés humaines, en particulier au niveau des systèmes de filiation avec l’apparition du système matrilinéaire et patrilinéaire.

Le regroupement en villages va faire en sorte que de nouvelles techniques se développent et que de nouveaux métiers voient le jour. C’est ainsi que le tissage et le tannage des peaux d’animaux permet de fabriquer des vêtements, la vannerie de fabriquer des paniers qui servent à transporter les aliments et  la poterie, de conserver les aliments (dont les céréales obtenues par la culture), de les cuire et de transporter l’eau. La fabrication de la poterie témoigne de changements dans les pratiques alimentaires. La découverte de la poterie en Afrique remonte à 9500-9000 ans avant J.-C. Les plus anciennes céramiques ont été découvertes dans la région de l’Aïr au Niger, dans les massifs montagneux du Sahara central et méridional, ainsi que dans l’actuelle Libye.

Des outils agricoles pour faciliter l’agriculture tels que les herminettes et les houes apparaissent

Désormais, il y a des agriculteurs, des éleveurs, des potiers dans les communautés … Et comme chaque personne se spécialise dans un métier, l’offre des échanges se diversifie.

5 ¦ L’Âge des métaux

La période suivante à l’âge de la pierre est marquée dans certaines régions par l’apparition du travail du métal, mais surtout par l’invention de l’écriture  (vers 3 300 avant J.-C.) en Mésopotamie puis en Égypte (vers 3 000 avant J.-C.). Cette écriture qui a pris, selon les régions, différentes formes (idéogrammes, hiéroglyphes des égyptiens, écriture cunéiforme des Sumériens, écriture grecque…) est, à ses débuts, rudimentaire. En effet, les êtres humains, pour faciliter les échanges et la transmission du savoir, le commerce et la communication, se mettent d’accord pour représenter tel objet par tel signe et tel autre objet par un autre. Il s’agit surtout au début de dessins facilement compréhensibles représentant des objets, des idées, ou des personnes.

La métallurgie (le travail du fer), qui remonte à 1500 ans avant J.-C.  chez les Hittites a permis la production d’outils qui ont facilité la pêche et l’agriculture augmentant ainsi les rendements agricoles et la prise de poissons.

Elle permet également la production d’armes de chasse et de guerre ainsi que d’objets d’apparats, de parures ou des objets facilitant les activités quotidiennes. Selon les régions, il y a d’abord eu le travail du cuivre, puis du bronze et enfin celui du fer.

Sur le continent africain, l’origine du travail de réduction du fer est une question épineuse.

Il y a des attestations de la métallurgie du fer le long du Nil, mais aussi : 

  • au XVIe siècle avant J.-C. dans la région du Niger.
  • au IXsiècle avant J.-C. en Afrique centrale et orientale.
  • entre les VIIIe et Ve siècles avant J.-C. en Afrique de l’Ouest.
  • vers le VIIe siècle avant J.-C. dans la région des Grands Lacs.

Au départ, un seul foyer habité par une famille, la vie en communauté de ces hommes a engendré les villages. Pour garantir l’harmonie, des chefs de village se sont imposés, et leur lignage a gagné en importance dans la société. Leur rôle est de fédérer les énergies, d’écouter et dissiper les conflits entre les membres de la communauté, ainsi que de dompter et contrôler les forces mystiques et de la nature. L’art et les rites religieux qui s’étaient développés ont joué de plus en plus un rôle significatif dans l’organisation politique.

Un autre besoin au sein de ses sociétés a été le développement de divers instruments monétaires destinés à servir dans le cadre des transactions liées au commerce interrégional et que certains produits, comme le fer, le cuivre, l’or, le sel, le raphia, vu la demande et parfois leur rareté, prirent une importance stratégique. Le contrôle des gisements de salines était très important. En Afrique centrale, le cuivre a été utilisé comme instrument monétaire de même que le raphia. Contrôler les gisements, les circuits de production et de circulation donnaient une importance au village ou la chefferie qui en était le possesseur.

Des lignages et des clans se spécialisent dans certaines activités avec l’apparition des nouveaux métiers : forgeron, potier, sculpteur, tisserand, charpentier, éleveur-agriculteur… Tout cela favorise les échanges et les liens entre villages à travers les relations commerciales, mais également par le biais des mariages et des échanges de marchandises et de savoir-faire créant ainsi une hiérarchisation de la société dans certaines régions

La complexification des systèmes sociaux, due au développement démographique et à l’intensification du commerce sur de vastes régions, entraîna la mise en place d’entités politiques au-dessus des simples regroupements de villages et surtout la mise sur pied d’un système de sécurisation des biens et des personnes sous la bannière d’une entité politique plus ou moins centralisée.

6 ¦ Résumé

  • L’Âge de la pierre taillée (- 4 000 000 ; – 8000) est la première période de la Préhistoire. C’est durant cette période que l‘être humain apparaît en Afrique. Durant cet âge, les humains sont d’abord nomades. Ce sont des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. Les êtres humains confectionnent des outils et des armes pour leur faciliter le travail. C’est durant cette période que le feu est apprivoisé.
  • L’Âge de la pierre polie (- 8000 ; – 3300) est la seconde période de la Préhistoire. Les outils sont perfectionnés et polis pour les rendre plus efficaces. L’être humain domestique les animaux, et invente donc l’élevage. Les connaissances sur les végétaux se développent, et l’agriculture apparait. L’être humain devient sédentaire ou semi-nomade. De nouvelles techniques se développent, et de nouveaux métiers apparaissent comme le tannage, ou la poterie. L’alimentation se diversifie et les communautés humaines s’agrandissent.
  • La fin de l’Âge de la pierre polie voit l’apparition du travail du métal, mais également l’invention de l’écriture en Asie (Mésopotamie), et en Afrique (Égypte) vers – 3000. La métallurgie permet de perfectionner armes et outils. Les systèmes sociaux se complexifient à cause de la sédentarisation, et de l’augmentation de la population. Des hiérarchies se créent, et la monnaie est inventée pour faciliter les transactions commerciales.