1700 (Kongo)
Crucifix Kongo
Clés de compréhension du document
A. Approches possibles du document dans le cadre d’un cours d’histoire
- Le royaume Kongo et ses contacts avec le Portugal durant les Temps modernes.
- Les royaumes en Afrique centrale au Moyen-Âge et aux Temps modernes.
- L’africanisation du christianisme et ses impacts politiques.
- La « mondialisation » : les routes commerciales et les transferts de savoir-faire au XVIe siècle.
- Les dimensions globales de l’histoire du royaume du Kongo.
- Décoloniser le regard sur l’histoire et l’art africain.
B. Contextes du document
1. Le royaume Kongo
Le royaume du Kongo, fondé au XIVe siècle, prospère grâce à une économie diversifiée basée sur le commerce, la cueillette du palmier à huile, la métallurgie du fer et l’utilisation du nzimbu comme monnaie. Intégré dans un vaste réseau commercial, il exerce une influence au-delà de ses frontières reconnues.
En 1482, les Portugais entrent en contact avec le royaume. En 1491, le roi Nzinga a Nkuwu se convertit au christianisme sous le nom de João Ier, marquant un tournant dans les relations diplomatiques. Cependant, vers la fin de son règne, une résistance au catholicisme émerge, et il revient aux pratiques traditionnelles.
Après sa mort en 1506, son fils Alfonso Ier monte sur le trône, soutenu par le Portugal. Il renforce le christianisme et envoie des jeunes Bakongo étudier en Europe, mais les relations avec les Portugais se détériorent. Ces derniers exigent de plus en plus d’esclaves pour leurs colonies, ce qui pousse Alfonso à capturer des populations voisines. Il meurt en 1543 après avoir échappé à un complot.
À partir de 1569, les révoltes des peuples voisins et la pression portugaise affaiblissent le royaume. Álvaro Ier accepte un acte de vassalité envers le Portugal, tandis que Garcia II tente en vain de diversifier les alliances. Après la défaite d’Ambuila en 1665, le royaume du Kongo s’affaiblit, fragmenté par des luttes internes et une influence étrangère croissante. Au XVIIIᵉ siècle, Kimpa Vita tente de réunifier le royaume en fondant un mouvement religieux syncrétique, mais elle sera exécutée en 1706. Bien que le royaume disparaisse comme entité politique au XIXᵉ siècle, son héritage reste vivant dans les traditions des Bakongo, aujourd’hui reconnu à travers des sites comme Mbanza Kongo et la mémoire de figures comme Kimpa Vita.
2. Le christianisme au Kongo
La religion chrétienne apparait dans l’histoire du royaume Kongo à partir de la fin du XVe siècle, lorsque les Portugais établissent des relations diplomatiques avec le mani kongo (roi du Kongo) Nzinga a Nkuwu. Ce dernier se convertit au christianisme en 1491, adoptant le nom de Joao Ier (Jean Ier), marquant ainsi l’introduction officielle du christianisme dans le royaume. Cette conversion s’accompagne de l’arrivée de missionnaires portugais, qui contribuent à diffuser la religion chrétienne tout en cherchant à renforcer les liens politiques et économiques avec le royaume.
Sous le règne d’Alfonso Ier (Nzinga a Mwemba, 1509-1543), la christianisation du royaume atteint son apogée. Alfonso encourage l’établissement d’écoles et l’envoi de jeunes élites Kongo au Portugal pour des études théologiques. Il restructure la capitale, rebaptisée São Salvador, pour en faire un centre chrétien. Cependant, cette adoption du christianisme n’est pas sans tensions : une partie de la population reste attachée aux pratiques religieuses traditionnelles, et des conflits émergent entre les chrétiens et les animistes, notamment à la suite de la mort de Joao Ier.
Au fil du temps, le christianisme au Kongo prend une forme syncrétique, combinant des éléments de la foi chrétienne avec des croyances et des pratiques spirituelles locales. Cette adaptation est particulièrement visible dans des mouvements comme l’antonianisme fondé par Kimpa Vita au XVIIIe siècle, qui revendique une relecture africaine du christianisme.
Malgré les efforts de christianisation, la religion chrétienne dans le royaume Kongo s’est souvent heurtée à des résistances internes et aux ambitions coloniales des Européens, ce qui a complexifié son rôle au sein de la société Kongo.
Pour aller plus loin sur le royaume Kongo :
Cartes disponibles sur Bokundoli :
C. Points d’attention
- Fusion des styles africains et européens (syncrétisme) : Analyser comment les artistes du royaume du Kongo ont intégré des éléments européens du christianisme (comme les scènes bibliques, la croix chrétienne) tout en préservant des motifs et des formes artistiques locales. Par exemple, la façon dont les personnages sacrés sont représentés pourrait montrer des traits distinctement africains (formes stylisées, coiffures, vêtements).
- L’iconographie chrétienne dans le contexte africain : Identifier les représentations chrétiennes spécifiques (par exemple, la crucifixion) et noter les différences par rapport aux représentations chrétiennes européennes. L’attention pourrait être portée sur les traits, les postures ou les accessoires des figures chrétiennes.
- Dimension eurocentrée de l’interprétation : Mettre en évidence les biais dans l’étude des objets d’art africain : perçoit-on cet objet avant tout comme une adaptation de l’art européen ou comme une œuvre kongo à part entière ?
- La croix comme symbole de légitimité royale : Étudier comment la croix, associée au christianisme, servait à renforcer la légitimité des rois du Kongo, en mettant en avant leur alignement avec les puissances chrétiennes européennes. Observer l’adoption de symboles religieux dans les pratiques de gouvernance et de représentation du pouvoir.
D. Biographies
E. Pour aller plus loin :
- Isidore Ndaywel, Histoire générale du Congo, Bruxelles, 1998.
- Jan Vansina, Le royaume du Kongo et ses voisins, dans Histoire générale de l’Afrique, V. : L’Afrique du XVIe au XVIIIe siècle, 1999, p. 601 -642.
- Bruno Pinçon, et Dominique Ngoïe-Ngalla . L’unité culturelle Kongo à la fin du XIXe siècle. L’apport des études céramologiques. Dans: Cahiers d’études africaines, vol. 30, n°118, 1990. pp. 157-177.
- Pierre de Maret, Bernard-Olivier Clist, et Koen Bostoen. « Regards croisés sur le royaume Kongo. » dans: Une archéologie des provinces septentrionales du royaume Kongo. Archaeopress, 2018. 455-460.