Vers l’émergence du panafricanisme

Par Benjamin Hennon,

1 ¦ Objectifs de la leçon

A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
  • Identifier quelques mouvements ou associations des intellectuels qui ont été créés dans certains pays ou sous régions
  • Identifier quelques leaders des mouvements ou associations de résistance contre la domination des Africains
  • Expliquer brièvement le but poursuivi par certains mouvements ou associations des intellectuels
  • Identifier quelques intellectuels à l’origine du panafricanisme
  • Enumérer les objectifs poursuivis par le panafricanisme

2 ¦ Introduction

Les résistances des populations africaines ont varié aussi bien dans le temps que dans l’espace. À côté des résistances armées, et des contestations sociales, des mouvements rassemblant des intellectuels se sont créés.

Ces associations constituent une sorte de laboratoires au sein desquels les intellectuels réfléchissent à

  • l’avenir de leurs États ;
  • comment se défendre contre les critiques négatives émises à l’endroit de l’Afrique et des Africains ;
  • lutter contre le racisme ;
  • définir des stratégies à mettre en place pour rétablir l’homme africain dans ses droits ;
  • combattre la colonisation et reconquérir l’indépendance et la liberté des États africains…

3 ¦ Afrique méditerranéenne

A. L’Égypte
Abbas II est le dernier khédive d’Égypte (1892 – 1914).source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Abbas_Hilmi_II.JPG

En 1883, Djamal al-Din al-Afghani et Muhammad Abu créent la revue panislamique Al-Urwa al-Wuthqa dont l’objectif est le réveil et la libération de l’Egypte. Malgré le fait que la revue est interdite à partir de son dix-huitième numéro, son esprit antibritannique a survécu. Le mouvement nationaliste égyptien est vivace en 1893 avec l’opposition des grandes figures comme le khédive Abbas Hilmi (Abbas II, 1892-1914).

B. La Tunisie

La Tunisie accepte, par la convention de la Marsa de 1883, le protectorat de la France. Celle-ci  attribue au Bey la souveraineté interne et l’intégrité du territoire, tandis que la France s’occupe de la défense nationale, de la politique étrangère et du contrôle de l’administration. Cette occupation française, qui réduit à néant toutes les initiatives tunisiennes, a néanmoins permis à l’élite tunisienne de partir étudier en Europe. De retour dans leur pays, les élites tunisiennes créent des cercles culturels d’où naissent des associations qui se transformèrent en partis politiques contribuant à la prise de conscience nationale de l’élite tunisienne.

En 1907, Ali Bach Hamba et Béchir Sfar fondent le mouvement des Jeunes Tunisiens pour la défense des intérêts des autochtones. Ce mouvement harcelle l’administration malgré les répressions. Les partis politiques issus de l’élite tunisienne, de leur côté, mobilisent la population contre la France pour réclamer la souveraineté nationale, pour défendre les intérêts de la population, etc. En 1938, après une grève générale des travailleurs, les dirigeants du parti politique dont fait partie Habib Bourguiba, sont arrêtés et le parti est dissout.

4 ¦ Afrique occidentale

Les intellectuels africains créent des clubs et même des associations au sein desquels ils échangent sur les conditions sociales des populations africaines. Ils utilisent des journaux, des pièces de théâtre, des tracts et des pamphlets pour exprimer leurs protestations.

Parmi ces associations, l’Aborigines Rights Protection Society (ARPS) formée en Gold Coast (Nigéria en 1897) a été la plus active. Non seulement elle a envoyé des délégations à Londres, mais aussi elle a aussi présenté plusieurs pétitions de protestation chaque fois que les intérêts des Africains étaient en danger. Elle est en quelque sorte le porte-parole des clubs et associations des élites et des chefs coutumiers de l’Afrique occidentale, c’est-à-dire le plus grand adversaire du colonialisme  avant la création du National Congress of British West Africa, après la première guerre, en 1920.

Il faut également noter la création en 1910 du Club des Jeunes Sénégalais qui réclame l’égalité des droits ainsi que la Peoples Union (1908) et l’Anti-Slavery and Aborigines Protection Society (1912).

5 ¦ À l’origine du panafricanisme

Edward Blyden (1832 – 1912) prône la solidarité entre Noirs.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:(1904)_E.W._Blyden.jpg

Après l’abolition de la traite et de l’esclavage au XIXe siècle, beaucoup d’esclaves sont libérés et leur nombre augmente d’année en année. Face à ces Noirs libérés, les Blancs développent un comportement raciste dans les anciennes puissances esclavagistes. C’est ainsi que des hommes de science développent

des théories sur l’infériorité des Noirs par rapport aux Blancs tandis que d’autres développent, au début du XIXe siècle, le projet d’exclure les Noirs libres des sociétés occidentales et donc de les renvoyer en Afrique ! En 1816, le révérend Robert Finley et le pasteur Samuel John Mills créent l’American Colonization Society (ACS) dans le but de rapatrier des Noirs libres (issus de l’esclavage mais nés sur le sol américain) notamment sur le littoral de Sierra Leone et au Liberia. C’est ainsi que le Liberia, qui obtiendra son indépendance en 1860, abrite aussi bien les descendants des Afro-américains que les populations autochtones.

Certains membres de la diaspora afro-américaine trouvent favorable le retour des Noirs libres en Afrique. C’est le cas de Edward Wilmot Blyden qui, tout en réfutant la théorie des races supérieures et inférieures, prône la solidarité des Noirs. Cependant, il croit que les Afro-américains ont pour mission de civiliser les autres Noirs, les autochtones.

  • De son côté, Joseph-Antenor Firmin prône l’égalité humaine et rejette toutes les théories qui justifieraient l’esclavage ou la colonisation des Noirs.

  • Des concertations ont lieu entre plusieurs Africains comme Benito SylvainAnténor Firmin et Booker T. Washington qui vont adhérer à l’Association africaine fondée par Henry Sylvester William. Cette organisation a pour objectif de voir les Noirs se réunir et protéger leurs intérêts communs, notamment l’organisation et la résistance à la colonisation.
  • C’est au cœur de cette organisation que l’on va préparer la première conférence panafricaine à Londres en juillet 1900. Cette conférence réunit des hommes politiques, avocats, médecins, instituteurs venus des Caraïbes, des États-Unis, du Canada, d’Afrique et du Royaume-Uni. Beaucoup de résolutions y sont adoptées, actant le fait que
    • la couleur et la race ne doivent plus être des « critères de distinction » entre les Noirs et les Blancs;
    • les populations autochtones d’Afrique et les Noirs dans les anciennes puissances esclavagistes à savoir les États-Unis d’Amérique doivent pouvoir jouir des mêmes droits pour leur développement et leur liberté;
    • le respect de l’indépendance et de l’intégrité de l’Éthiopie, du Liberia et d’Haïti… doit être reconnu officiellement.

D’autres congrès panafricains seront organisés sous la présidence de William Edward Burghardt Du Bois :

  • Celui de Paris, en 1919, a condamné les abus de la colonisation ;
  • ceux de 1921 organisé à Londres, Bruxelles et Paris au cours de la même année ;
  • celui de 1923 organisé à Londres qui prône, entre autres, le développement de l’Afrique au profit des Africains ;
  • celui de 1927 organisé à New York ;
  • celui de Manchester organisé en 1945. Il a été le dernier congrès panafricain organisé à l’extérieur de l’Afrique. Parmi ses organisateurs, on retrouve George PadmoreKwame Nkrumah et W. E. B. Du Bois. Ce congrès a revendiqué, entre autres :
  1. l’abolition des lois empêchant de développer les ressources économiques de leur pays sans entraves,
  2. l’abolition de toutes les lois de discrimination raciale,
  3. le droit à la liberté de parole, de presse, d’association et d’assemblée ;
  4. le droit à l’éducation obligatoire et gratuite ;
  5. l’installation d’un service de santé et d’aide sociale pour tous ;
  6. l’octroi du droit de vote à tous les hommes et femmes de plus de 21 ans ;
  7. l’abolition du travail forcé et l’introduction du principe « à travail égal, salaire égal.
  • Kwame Nkrumah, devenu chef du gouvernement au Ghana en 1951, organise le Congrès panafricain de Kumasi en décembre 1953.

De très nombreux rassemblements politiques vont ainsi avoir lieu en Afrique et donneront naissance aux partis politiques qui conduiront les différents pays à leur indépendance.

6 ¦ Résumé

Les intellectuels africains ont initié leur façon de résister contre la domination européenne par la création de mouvements ou d’associations au sein desquels ils échangent sur les stratégies à utiliser pour reconquérir l’indépendance de leurs Etats et réhabiliter l’homme africain dans une dimension mondiale.

De mouvements d’abord limités au niveau des Etats, on est passé à la création d’un grand mouvement au niveau continental : le panafricanisme animé non seulement par les Africains de l’Afrique, mais aussi par ceux d’Europe, d’Amérique et d’ailleurs.

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Les contestations sociales

Par Benjamin Hennon,

1 ¦ Objectifs de la leçon

A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
  • Expliquer ce qu’est une contestation sociale
  • Expliquer les causes des contestations sociales
  • Lister quelques cas de contestations sociales
  • Citer quelques leaders qui ont dirigé des mouvements de contestations sociales

2 ¦ Introduction

Même si les résistances politiques à la colonisation ont échoué, les Africains ont continué à résister par diverses actions  comme le refus de pratiquer les cultures obligatoires, le refus d’exécuter les travaux forcés, le refus de payer les impôts, etc. Quand les travailleurs trouvent que leurs conditions de travail et de vie ne sont pas acceptables, ils manifestent leur volonté de déclencher une grève, en posant des conditions pour la reprise du travail.

On se trouve face à un mouvement de mécontentement de la population face à la dégradation d’une situation sociale donnée.

Les contestations sociales ont pour objectifs, soit de recouvrer l’indépendance ou la souveraineté perdue, soit de limiter certains abus ou actions oppressives du colonisateur.

Le peuple n’envisage comme solutions à ses problèmes que la résistance à travers des révoltes, des migrations, des grèves ou des contestations idéologiques, etc.

Il faut aussi noter que si le peuple a résisté, des rois et des chefs religieux se sont aussi mobilisés contre la domination des puissances européennes.

Nous retrouvons ces formes de résistance partout en Afrique: Afrique méditerranéenne, Afrique occidentale, Afrique centrale, Afrique orientale et Afrique australe.

3 ¦ L’Afrique méditerannéenne

●       Algérie

En dépit du « mythe kabyle », cette politique française qui tentait d’assimiler la population kabyle à la culture française par, entre autres, une scolarisation plus poussée que dans d’autres régions, les Algériens résistent massivement à la colonisation. Nombreux sont les Kabyles à participer à la création,

  • en 1913, de l’Amicale des instituteurs indigènes, tout comme à celle,
  • en 1931, de l’Association des oulémas algériens, dont les médersas, les écoles coraniquesserviront de lieu de diffusion des idées nationalistes.
  • En 1926, parmi les émigrés qui fondent l’Étoile nord-africaine, 5 sur 8 des premiers dirigeants sont originaires de Kabylie.
  • Mais la région est touchée de plein fouet par les événements du 8 mai 1945 avec une grande insurrection, qui, partie de Sétif s’étend à Kherrata et Guelma. Mais l’insurrection est réprimée par l’armée française qui bombarde les abords de Kherrata et fait des milliers de morts parmi la population. On assiste là à l’éclatement du principal mouvement nationaliste algérien.

Parmi les autres résistants algériens, certains sont éliminés, d’autres, sous la menace de l’exclusion, se rallient à l’orientation alors dominante.

Déroulement de la manifestation du 8 mai 1945 à Sétifsource: Karim Chaïbi, Atlas historique de l'Algérie, Editions Dalimen, 2012 (https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Manifestation_du_8_mai_1945_%C3%A0_Setif.svg)
●       Tunisie

Outre la lutte armée menée par différentes tribus, on assiste aussi en Tunisie à des soulèvements populaires.

Celui d’avril 1906, connu sous le nom de révolte des Frashish, est dû à la confiscation des terres autochtones dans la région de Thala-Kasserine.

En septembre 1911, des incidents populaires sont dus à la tentative de la municipalité d’intégrer la nécropole (don de l’ascète kariouanais Muhammad al-Djallaz pour abriter les sépultures des musulmans) au domaine municipal dans le but d’y faire passer une ligne de tramway et une route.

D’autres soulèvements ont eu lieu pendant la Première Guerre mondiale et ont été menés par les Wadarna. Ces insurrections dirigées par des Daghbaji et Béchir ibn Sidira se sont poursuivies jusqu’aux années 1920.

Au cours des années 1950 naît un mouvement de résistance connu sous le nom de « mouvement des Fellagas », suite au refus de la France d’accorder une suite favorable aux revendications tunisiennes d’aboutir à l’autonomie interne de la Tunisie. Ces résistances se sont poursuivies jusqu’à l’indépendance de la Tunisie en 1956.

4 ¦ L’Afrique occidentale

Il y a eu de nombreuses résistances en Afrique occidentale, comme la rébellion des Ashanti en 1900 sous la direction de la reine d’Edweso Nana Yaa Asantewoa.

  • En Sierra Leone, les Britanniques créent une taxe foncière sur l’habitation. En 1898, les chefs  Temne et Mende refusent de payer cet impôt de case et se révoltent sous la conduite de Bai Bureh. Ils attaquent, pillent les comptoirs et tuent des soldats, des fonctionnaires britanniques et tous les Africains qu’ils considèrent comme complices des Britanniques.
  • En Sénégambie, entre 1885 et 1887, beaucoup des Soninke, recrutés pour la construction du chemin de fer reliant Kayes au Niger, ont créé un mouvement de protestation à cause des mauvaises conditions de travail amenant à une mortalité élevée. Mamadou Lamine, qui avait été en pèlerinage à La Mecque, n’hésite pas à parler de crise religieuse dans ses sermons publics. Pour lui, il est interdit aux musulmans de vivre sous une autorité non islamique. Et il compte sur la supériorité numérique et le fanatisme de ses troupes convaincues de lutter pour Dieu et la patrie. Cette stratégie religieuse lui a permis de faire de son mouvement d’opposition, une guerre contre les chrétiens.

5 ¦ L’Afrique centrale

– En République centrafricaine et au Congo-Brazzaville après la période de la conquête vient celle des sociétés concessionnaires. Les populations locales opposent une résistance contre les abus commis par les colons français tels que l’impôt de capitation (impôt « par tête » ou par habitant), le travail forcé, les taxes de toutes sortes, la corvée du portage, l’obligation de participer à la construction du chemin de fer… Les nombreuses atrocités offrent des prétextes à des exécutions sommaires, des amputations, des tortures qui n’épargnent ni les femmes ni les enfants. Ces événements ont poussé la population à des contestations sociales comme les insurrections Mandjia (1902-1904) et de Lobaye en (1906).

La construction de la ligne Congo-Océan, dans les colonies françaises, a entrainé de nombreuses pertes humaines.source: https://bruxelles-panthere.thefreecat.org/?p=1660

– Au Congo (actuelle RDC), on peut distinguer, au moins, deux formes de résistance, une résistance « silencieuse » qui s’illustre par la fuite des travailleurs afin de ne pas subir le travail forcé notamment, et une résistance plus violente, où les populations se révoltent contre le colonisateur.  Entre 1885 et 1905, plus d’une douzaine de groupes du Bas-Congo et du Congo Central se révoltent. Parmi les groupes dont la résistance est bien organisée, on retrouve les Yaka qui résistent jusqu’en 1906 et les Budja et les Boa qui se révoltent à la fin du XIXe siècle contre le travail forcé dans les plantations de caoutchouc. Les Chokwe infligent de lourdes pertes à la Force publique (armée coloniale) pendant vingt ans.

  • Dans l’ancienne province du Katanga, on note plusieurs résistances populaires : beaucoup de Sanga, Aushi, Lomotwa, Lala, etc., ont émigré vers la Rhodésie du nord (actuelle Zambie) et ont refusé de travailler pour les colonisateurs belges.
  • Dans le nord du Katanga, après la relégation du chef Kasongo Nyembo des Lubaopposé à la gestion administrative des colonisateurs, la population a continué à désobéir à certains ordres des colonisateurs. Ces derniers devaient aussi faire face aux raids de   et de ses partisans Yaka et à l’appui apporté par les Luba aux rebelles Kiwilu.

De temps à autre, les Africainsrecrutés par les colonisateurs pour écraser les dissidents, se révoltent à leur tour pour protester contre les abus des colonisateurs. Ils s’insurgent contre les salaires de misère, les sanctions sévères et le comportement capricieux de leurs officiers européens.

  • C’est dans l’État indépendant du Congo (E.I.C) qu’éclatent les plus violentes mutineriesEn 1895, l’ensemble de la garnison de Luluabourg s’insurge. Les soldats, sous la conduite de sous-officiers mutins, massacrent le chef de poste pour se venger de son intolérable tyrannie. Pendant plus de six mois, les rebelles contrôlent la presque totalité de la province du Kasaï, mais ils finissent par être vaincus par les troupes restées loyales.
Le travail forcé à sévi au Congo durant l’État Indépendant du Congo (1885- 1908), mais aussi durant le Congo belge (1908 – 1960).source: HO.2013.57.684 collection MRAC Tervuren Kitenge, Travaux forcés,. © Kitenge Tous droits réservés

La période de l’entre-deux-guerres a connu de grands bouleversements sur le plan économique, social, politique et culturel sur l’ensemble du Congo belge. Sur le plan culturel, on assiste à la naissance des mouvements messianiques qui prônent la libération de l’homme noir du joug de l’homme blanc.

Simon Kimbangu, à l’origine d’un mouvement messianique sera arrêté et emprisonné à vie au Congo belge.source: Portrait de Simon Kimbangu. CP.2011.1.1, collection MRAC Tervuren Tous droits réservés

L’un des premiers mouvements messianiques, est celui du prophète Simon Kimbangu, ancien catéchiste, puis diacre chez les Frères Baptistes qui prétend avoir reçu de Dieu, sa mission de prophète. Il déclare que « les Blancs seraient Noirs et les Noirs seraient Blancs ». Des foules nombreuses le suivent et refusent de payer l’impôt et de se soumettre au pouvoir colonial. L’administration coloniale, inquiète du désordre créé, arrête Kimbangu en 1921. Il est jugé à Thysville en octobre 1921 et condamné à mort par un conseil de guerre. Mais le Roi Albert Ier commue sa peine en détention à perpétuité. Il est transféré en janvier 1922 à la prison d’Elisabethville. Kimbangu y  purge sa peine jusqu’à sa mort, le 12 octobre 1951. En 1960, les restes de Kimbangu sont inhumés à Nkamba, la nouvelle Jérusalem. Actuellement, la prison de Kasombo est devenue un lieu de mémoire et de pèlerinage.

Le deuxième cas est celui du Kitawala appelé aussi Mwana Lesa, (fils de Dieu). C’est un autre mouvement philosophique qui tend à faire fusionner plusieurs doctrines dont la Watch Tower Bible and Tract Society créée aux États-Unis d’Amérique. Ce mouvement est entré au Congo en 1925 par l’ancienne province du Katanga, via l’Afrique du Sud et la Zambie. Ses animateurs prêchent la fin de la colonisation et le départ des Blancs, qui abandonneraient leurs femmes aux Noirs. Kitawala est arrêté et ramené en Zambie où il est condamné à mort et pendu en 1926.

En 1931 va éclater la révolte dite des Pende contre l’autorité coloniale. Cette révolte, intervenue en pleine crise économique mondiale, a été provoquée par la brutalité de l’administration du territoire, la pression due à la production accrue exigée par les compagnies concessionnaires (Huileries du Congo belge et Compagnie du Kasaï), les rivalités entre les tribus, l’hostilité des chefs coutumiers évincés par l’administration coloniale et l’émergence de la  secte magico-religieuse Tupelepele dont les adeptes participent à la révolte. Cette révolte a été réprimée très sévèrement par  la Force Publique qui, pendant trois mois, se bat pour rétablir l’ordre public.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le Congo belge a été le théâtre de diverses agitations sociales. On a assisté  au déclenchement, en décembre 1941, de la première grève des travailleurs noirs de l’Union Minière du Haut-Katanga à Lubumbashi, alors Elisabethville. Cette grève correspond à la deuxième forme de résistance des travailleurs contre leurs  mauvaises conditions de vie et de travail. Cette grève des travailleurs africains, bien que la plus grande jamais enregistrée jusque-là, n’est pas un cas isolé. En effet, le mécontentement a gagné la plupart des milieux à forte concentration de main-d’œuvre. C’est ainsi qu’on enregistre des troubles parmi les travailleurs de la Géomines à Manono au cours de la même année, ainsi qu’une grève à Matadi, dans le Bas-Congo, en 1945.

6 ¦ L’Afrique Orientale

  • Dans les colonies portugaises, plusieurs causes ont entrainé une résistance de la part de la population : l’accroissement ou la perception plus rigoureuse des impôts ; l’introduction de la taxe d’habitation ; les réquisitions de main-d’œuvre ; la perte des terres ; l’absence de libertés politiques et la non-prise en considération de leur cultureDans la vallée du Zambèze, on compte entre 1890 et 1905, pas moins de seize insurrections. La plupart de ces révoltes sont dirigées contre la compagnie du Mozambique et la compagnie de Zambézia. Ces deux sociétés imposent une lourde taxe sur les habitations et exposent la main-d’œuvre au travail forcé.
  • Au Kenya, comme ailleurs en Afrique, les premières réactions de peuples comme les Mazrui et les Nandi sont destinées à protéger leur indépendance face aux menaces étrangères. Chez les Luo, dans le Kenya occidental, l’opposition à la domination des missions conduit à la création, sous la direction de John Owalo, d’une église indépendante en 1910. Celui-ci aurait reçu de Dieu l’autorisation de fonder son église. Il construit ses propres écoles primaires et exige une école secondaire libre de toute influence des missionnairesEn 1913, le culte Mumbo, qui est un mouvement contre la domination blanche utilise la  religion comme une idéologie. Son fondateur, Onyango Dande, qui n’a pas un discours politique, proclame que « tous les Européens sont vos ennemis, mais le temps est proche où ils disparaitront de votre pays. » Les autorités coloniales réagissent en interdisant le mouvement. Dans la partie septentrionale du pays, en Onyanda, les Acholi, se révoltent en 1911 contre les Anglais. Ils réagissent aux réquisitions de travail ainsi qu’aux tentatives de les désarmer.
Entre 1905 et 1907, la révolte des Maji – Maji va s’étendre à une région assez importante.source: Maximilian Dörrbecker, Area of the Maji Maji rebellion (https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Maji_Maji_rebellion_-_de.png)
  • Au Tanganyika, entre juillet 1905 et août 1907, le mouvement Mayi Mayi, dirigé par Kinjikitile Ngwale, rassemble plus de vingt groupes ethniques différents. Ce mouvement paysan de masse dirigé contre l’exploitation coloniale a utilisé la religion et la magie comme moyens de révolte. Dépossédés de leurs terres, de leurs foyers, de leur liberté et de leur volonté par les fonctionnaires coloniaux et les compagnies commerciales, les Africains, par leurs révoltes courageuses et incessantes, ne sont pas les témoins muets de leur impuissance. Si ce mouvement est brutalement écrasé par les Allemands, il est néanmoins le premier mouvement de résistance à grande échelle en Afrique orientale.

7 ¦ L’Afrique du Sud

– Chimurenga est le nom que les Shona donnent à leur résistance armée au Matabeleland et au Mashonaleland en 1896.

Le mouvement débute le 20 mars 1896 par l’assassinat d’un policier africain employé par la Compagnie Rhodes.

La première attaque contre des Européens a lieu le 22 mars et cause la mort de 7 Blancs et 2 Africains dans la ville d’Essexvale. Au bout d’une semaine, 130 Blancs sont tués au Matabeleland.

Les forces armées de la compagnie Rhodes recourt à la tactique de la terre brûlée pour affamer les résistants.

Les prophètes Nehanda Nyakasikana (à gauche) avec Sekuru Kaguvi, suite à leur capture par les Britanniques en 1897.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nehanda_Nyakasikana_et_Sekuru_Kaguvi.jpg

Les prophètes (Svikiro) jouent un rôle déterminant dans l’expansion du mouvement chimurenga. Ils affirment aux Ndebele et aux Shona que les Blancs sont la cause de leurs souffrances (travail forcé, impôt, châtiments corporels (fouet) et même de fléaux naturels (sauterelles, peste divine, sécheresse). Craignant d’être supplantés par les missionnaires européens, ils persuadent un grand nombre d’Africains que le dieu Shona Mwari, ému par les souffrances de son peuple, a décrété que les Blancs devaient être chassés du pays, et que les Africains n’ont rien à craindre, car le dieu Mwari est à leur côté et rend les balles de l’homme blanc aussi inoffensives que de l’eau. Ces prophètes (Svikiro), en tant que gardiens des traditions, sont avant tout des prophètes révolutionnaires qui exposent les causes fondamentales du chimurenga et expriment l’opinion générale de la population, sans laquelle leur prédication aurait perdu toute crédibilité et tout impact. En 1903, le Chimurenga est finalement maitrisé.

Les travailleurs de la mine d’or en grève en Afrique du Sud (1946)

– Dans les entreprises minières, un mouvement grève est déclenché le 12 août 1946. C’est la grève des mineurs de la mine d’or dans la région de Witwatersrand, en Afrique du Sud. Comme l’entreprise minière ne répond pas à la requête des travailleurs d’améliorer leurs conditions de travail et de vie, le syndicat des travailleurs, l’African Mine Workers Union, déclenche une grève. La riposte des autorités est très forte. La grève est fortement réprimée et il y a beaucoup de morts et de blessés parmi les grévistes.

8 ¦ Résumé

Les contestations sociales sont des mécontentements exprimés par les populations africaines en réponse aux abus des colonisateurs : les conditions  de travail et de vie difficiles, l’impôt de capitation, le portage, etc. Ces abus ont amené les populations africaines à déclencher des mouvements de grève, à créer des mouvements de résistance parfois armés, etc. Les mouvements religieux se sont aussi joints  à ce mouvement pour revendiquer l’indépendance et la liberté de leurs pays. Partout, ces contestations sociales ont été réprimées et leurs dirigeants arrêtés ou tués.

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Les résistances à la domination européenne

Par Benjamin Hennon,

1 ¦ Objectifs de la leçon

A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
  • Indiquer sur la carte de l’Afrique les différents Etats précoloniaux dont les chefs ont opposé une résistance à la domination européenne ;
  • Identifier les différents chefs africains qui ont opposé une résistance à la domination européenne
  • Identifier les États précoloniaux où les femmes ont pris une part active dans les conflits contre la domination européenne.
  • Epingler la stratégie utilisée parfois par les européens, à savoir, l’art de diviser pour régner, en s’alliant avec un groupe contre un autre.

2 ¦ Introduction

Suite à la conquête militaire de l’Afrique par les Européens à la fin du XIXe siècle, la plupart des Africains, opposés à cette domination extérieure, entrent en résistance.

Cette résistance revêt plusieurs formes. On rencontre ainsi des résistances pacifiques, des résistances diplomatiques et des résistances armées. Comme pour les résistances à la conquête, les résistances à la domination sont observées dans tout le continent africain : Afrique méditerranéenne, Afrique occidentale, Afrique centrale, Afrique orientale et australe.

De nombreuses résistances ont eu lieu face à l’invasion européenne.

3 ¦ Les résistances à la domination

3.1. En Afrique méditerranéenne

A. La Libye

Depuis 1880, les Italiens adoptent une politique de pénétration pacifique à partir de la région Tripolitaine. Ils y exercent des activités commerciales et y implantent des écoles. En 1911, l’Italie s’attaque à l’Empire ottoman, prétextant qu’elle doit sécuriser ses ressortissants dans la région Tripolitaine. L’Italie occupe alors la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Dodécanèse. Entre 1922 et 1943, on assiste à la colonisation de la Libye par les Italiens et à de nombreux actes de résistance armée sous l’égide d’Omar Al Mokhtar. Celui-ci sera arrêté et pendu le 16 septembre 1931. La Libye est occupée militairement après vingt ans de résistance libyenne. À partir de janvier 1943, la Libye passe de l’occupation italienne à l’occupation britannique. La Libye accède à l’Indépendance le 1er janvier 1952.

Omar Al Mokhtar est photographie en 1931 à son arrestation, peu avant d’être pendu par l’occupant italien.source: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8e/Omar_Mokhtar_arrested_by_Italian_Officials.jpg

B. L’Égypte

De son côté, la Grande-Bretagne occupe l’Egypte mais la résistance, à la fois armée et populaire, rend difficile l’occupation anglaise. En 1882, les Égyptiens décident de repousser les Britanniques, résistant ainsi aux bombardements d’Alexandrie. Le colonel Urabi déclare le djihad contre les Britanniques. Mais, forts d’une armée de 20.000 soldats, les Anglais écrasent la résistance armée égyptienne. Les Britanniques ont également rencontré la résistance du Mahdi Mohamed Ahmed au Soudan, fondateur d’un État théocratique au Soudan qui finira par tomber en 1898.

3.2. En Afrique Occidentale

A. Les résistances face à la France

Au Dahomey, la reine Tasi Hangbè a créé une compagnie de femmes guerrières pour les utiliser dans les différents conflits contre ses voisins. Son successeur, le roi Ghézo, leur donne le nom de « Amazones vierges du Dahomey ». Le roi Béhanzin les utilise ensuite pour s’opposer à l’occupation française, puisqu’il s’est assigné comme mission en 1893 de chasser les Européens de son pays. Après avoir lutté, il se rend finalement en 1894 et est déporté à la Martinique puis en Algérie. Des femmes guerrières ont été présentes dans d’autres armées africaines. Au Sénégal, les femmes guerrières, les Linguères sont les sœurs et cousines des rois. On trouve aussi des femmes guerrières chez les Zulu.

Les amazones vierges du Dahomey sont un corps armé du Dahomey jusqu’à la fin du XIXe siècle.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dahomey_amazon2.jpg

B. Les résistances face au Royaume-Uni

Les Britanniques, à l’instar des Français, ont recours tantôt à des actions pacifiques comme en Sierra Leone, en Gambie ou en Gold Coast, tantôt à des affrontements armés comme chez les Ashanti, les Yoruba, le nord du Nigéria, etc. Ils ont surtout utilisé l’intervention militaire pour l’occupation du Nigéria qui accueillait déjà de nombreux missionnaires et des compagnies commerciales. Ils ont ainsi signé des traités de protectorat avec certains chefs Yoruba. Par contre, ils n’ont pas réussi à décider la tribu d’Ijebu qui a résisté à toutes leurs sollicitations et a décidé au contraire de les attaquer. Battus, les Ijebu et les autres tribus Yorubas ont fini par signer un traité de paix. D’autres tribus ont tenté de poursuivre la résistance armée, mais ont été battues. Dans la partie nord du Nigéria, certains chefs africains ont préféré mourir plutôt que de renoncer à leur foi. C’est le cas des chefs Kontagora en 1900, Adamowa en 1901, Bauchi en 1902, Kano, Sokoto et Burwuri en 1903.

3.3. En Afrique Centrale

A. Le Cameroun

À l’instar des Britanniques et des Français, les Allemands ont fait face à des résistances arméespopulaires et culturelles au Cameroun. La résistance armée a commencé sous la direction du roi Kum’a Mbape ou Lock Priso en 1884.

Ne disposant pas de beaucoup de soldats allemands, les colonisateurs ont poussé les chefs camerounais à se battre entre eux, se trahir, se neutraliser. Les Allemands et les chefs camerounais auxquels ils se sont alliés vont battre le roi Lock Priso en 1885 et le contraindre à signer un traité de paix et à transférer la souveraineté de son État à l’Allemagne. Les résistances armées vont encore se poursuivre à l’intérieur du Cameroun, au centre, avec les Bakoko et Bassa, à l’ouest avec les Bafia, les Sanaga et les Babuté, à l’est avec les Baya, Maka et les Njem et au nord avec d’autres tribus, notamment l’armée de Mahaman. Toutes ces résistances, qui continuent jusqu’au début des années 1900, sont finalement écrasées par les colonisateurs.

B. La République centrafricaine, le Gabon, le Congo-Brazza

La population de la future République centrafricaine a connu plusieurs types de violences même si, jusqu’en 1883, elle a surtout résisté à l’esclavage. Si l’intrusion des colonisateurs français met fin à celui-ci, elle n’empêche pas pour autant la poursuite des exactions parmi la population locale. Le négrier Rabah continue même à sévir jusqu’à ce que les troupes françaises le tue en 1901. Mais la conquête de la RCA par les Français, qui fondent Bangui en 1889 n’est pas pacifique. Les expéditions françaises sont attaquées de toutes parts par les populations locales : les Bondjo, les Langbassi, les Senoussistes, les Gbaya, les Mandjia, les Ngbougous…

C. Le Congo (actuellement RDC)

1. Originaire de l’Unyamwezi dans le Tanganika, M’Siri est arrivé dans la région du chef Mpande des Sanga vers 1850 à la recherche d’ivoire et d’esclaves. À la mort du chef Mpande, il soumet les Sanga, crée et étend son royaume appelé Garenganze et fait de Bunkeya sa capitale. Il refuse l’offre de Léopold II de placer son royaume dans le giron de l’État Indépendant du Congo (EIC). Il est assassiné par le capitaine belge Bodson le 20 décembre 1891 et son royaume Garenganze tombe entre les mains des troupes de l’EIC. Le fils aîné de M’Siri, Mukanda Bantu succède à son père, et s’allie aux colonisateurs pour soumettre les différentes révoltes des populations autochtones, à savoir les Sanga, Aushi, Lomotwa, Lala, Lamba, etc.

Après avoir assassiné M’Siri le 20 décembre 1891, Bodson trouve également la mort.source: HO.2013.57.707, collection MRAC Tervuren ; photo MRAC Tervuren © Tshibumba Kanda Matulu (1947 – 1981) : Tous droits réservés

2. Dans la région du Lac Tanganyika, chez les Tabwa, les colonisateurs ont fait face à une forte résistance du chef Lusinga lwa Ng’ombe. Pour s’en débarrasser, Emile Storms, qui commande la 4e expédition de l’Association Internationale Africaine (AIA),  dont l’objectif est d’explorer la région du Lac, tue le chef Lusinga, lui tranche la tête et ramène le crâne en Europe comme un butin de guerre. À propos du crâne de Lusinga, Storms écrira : « Cet homme est mort parce qu’il a menti à l’homme blanc (…). Je fais apporter la tête de Lusinga au milieu du cercle. Je dis : ‘Voilà l’homme que vous craigniez hier. Cet homme est mort parce qu’il a toujours cherché à détruire la contrée et parce qu’il a menti à l’homme blanc ». Le crâne du chef Lusinga sera conservé en Belgique, où il servira d’objet d’étude pour des analyses anthropologiques à caractère raciste.

D. L’Angola

Au cours de la dernière décennie du XIXe siècleles Etats Chikunda battent à plusieurs reprises l’armée portugaise qui est désorganisée. C’est ainsi qu’au sud de l’Angola, en 1896, les Bihé organisent une embuscade contre un détachement portugais chargé d’établir des postes administratifs à l’intérieur du pays.

Lors de combats de 1904, les Humbe et les Cuamaro repoussent plusieurs attaques portugaises au cours desquelles ils tuent beaucoup de portugais. Au nord  du Nyasaland, les Yao tiennent l’armée coloniale britannique en échec pendant près  de cinq ans. Mais les succès les plus éclatants sont ceux de l’alliance Swahili-Makwa qui réussit à échapper à la tutelle portugaise jusqu’en 1910 et celle des Cuamoro alliés aux Cuanhama dont la défaite n’est définitive qu’en 1915.

3.4. En Afrique orientale

A. Le Kenya

La réaction kenyane à la colonisation est à la fois militaire et diplomatique. Elle se caractérise par le recul, la non-coopération ou la passivité.

– Parmi les peuples du Kenya, les Nandi s’opposent militairement à la construction du chemin de fer sur leur territoire. Cette résistance, qui commence dans les années 1890, ne s’achève que lorsque leur chef est tué en 1905.

– La réaction de Waiyaké du groupe des Gikuyu est également remarquable. Ses parents sont des Masaï venus s’installer au Kenya au XIXe siècle. Quand il était en état de force, il s’attaquait aux Britanniques ; en position de faiblesse, il devenait l’allié des envahisseurs.

– Sur la côteMbaruk bin Rashid du groupe Mzrui, mène une guerre de harcèlement contre les forces britanniques supérieurement équipées, à la fin du XIXe siècle. Il faudra faire venir des troupes indiennes pour le vaincre. Mbaruk Bin Rashid s’enfuit alors au Tanganyika et tombe entre les mains des Allemands.

– Dans le Kenya occidental, chez les Abaluyia, le roi des Wanga, Mumia, est également un adepte décidé de la diplomatie. Il considère les Britanniques comme des alliés qu’il peut utiliser pour étendre son influence sur tout le Kenya occidental et qui l’aideraient  à vaincre ses adversaires Yteso et les Lus. C’est ainsi que l’occupation britannique s’accomplit, en grande partie, grâce à Mumia qui meurt en 1949.

Abushiri mène la révolte face aux Allemands sur la côté du Tanganyika.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Buschiri_bi_Salim.jpg

B. Le Tanganyika

Au Tanganyika, on réagit comme au Kenya par l’emploi de la force et les alliances. Mais les Allemands, comme les Anglais au Kenya, sont passés maîtres dans l’art de diviser pour régner, en s’alliant avec un groupe contre un autre. Alors que plusieurs peuples prennent les armes pour défendre leur indépendance, Mbunga se heurte aux forces allemandes en 1891 et en 1893, tandis que l’arrière-pays Kilna, lutte les armes à la main sous la direction de Hasan Bin Omari. Les Makondé repoussent l’invasion allemande jusqu’en 1899. Les Hehe, avec leur chef Nkwawa, s’opposent aux Allemands en 1891 et en tuent  près de 290. Mais, en 1894, les troupes allemandes ravagent la région Hehe, et s’emparent de sa capitale. Nkwawa réussit à s’enfuir, mais, à la suite d’une poursuite qui dure quatre ans, il se suicide pour éviter d’être capturé. Sur la côte du Tanganyika, la résistance s’organise également autour de la personne d’Abushiri.

C. Ouganda

Entre 1891 et 1899, il y a eu des heurts entre les forces de Kabarega, le roi du Bunyoro, et celles des Britanniques. Après plusieurs combats où les troupes de Kabarega sont vaincues, ce dernier recourt à la diplomatie.

4 ¦ Résumé

Les chefs africains, accompagnés de leurs populations, ont poursuivi leurs résistances contre la domination européenne. Face à ces adversaires armés, les Africains adoptent des stratégies différentes. Certains signent des traités de paix, d’autres résistent les armes à la main avant de signer un traité de soumission.

Parfois aussi, les Européens provoquent des divisions entre les différents royaumes voisins pour les diviser et pouvoir les dominer. Beaucoup de chefs africains sont morts sur le champ de bataille. Certains États de l’Afrique occidentale ont créé des compagnies de femmes guerrières. C’est l’exemple des Amazones du Dahomey.

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Les résistances à la conquête européenne

Par Benjamin Hennon,

1830 – 1880

1 ¦ Objectifs de la leçon

A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
  • Expliquer les différentes résistances des peuples d’Afrique contre l’expansionnisme des colons et l’accaparement des terres et des richesses par les concessionnaires et la colonisation
  • Signaler les divers modes d’opposition présents au niveau de l’Afrique
  • Citer les principaux animateurs des résistances en Afrique
  • Connaître les principales causes des résistances africaines
  • Connaître les stratégies mises sur pied par les Africains dans leur résistance
  • Connaître les différentes stratégies mises sur pied par les colonisateurs pour mettre fin aux résistances africaines

2 ¦ Introduction

Au XIXe siècle, l’Europe est en pleine révolution industrielle et cherche partout dans le monde de nouvelles ressources et de nouveaux débouchés pour ses produits industrialisés. C’est ainsi que les Européens s’intéressent à l’Afrique. Depuis les XVe et XVIe siècles, ils se sont installés sur les côtes occidentales africaines et se sont adonnés à la traite des esclaves avec la complicité des États africains côtiers. Au XIXe siècle, au moment où l’Afrique, affaiblie par la traite des esclaves, veut se rétablir, les différents pays européens veulent conquérir et coloniser toujours plus de territoires Africains. Ils se servent de l’Afrique comme d’une vitrine leur permettant d’affirmer leur puissance et leur pouvoir les uns par rapport aux autres.

C’est à cette époque que les Africains prennent conscience du danger que représente la colonisation pour leur souveraineté et leur indépendance et commencent à réagir.

Au XIXe siècle, de nombreuses structures politiques existent sur le continent africain.

3 ¦ Définitions

3.1. Qu’est-ce que la résistance?

Par résistance, il faut entendre un mouvement d’autodéfense en vue de garder sa liberté et sa dignité.

Dans le cas qui nous concerne, il s’agit de l’opposition manifeste des Africains à l’occupation et l’exploitation de l’Afrique par les puissances européennes.

Les causes générales des résistances africaines sont :

  • l’occupation de l’Afrique par les puissances européennes
  • la perte de l’indépendance des Africains, de leur souveraineté et de leurs terres.

3.2. Les formes de résistance

Les résistances à la colonisation revêtent plusieurs formes :

  • Les résistances politiques  :

Les rois africains, et leurs armées s’opposent aux envahisseurs européens par les armes pour préserver leur indépendance et leur souveraineté. Ces résistances se situent à l’époque de la pénétration de l’Afrique par les Européens au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.

  • Les résistances populaires :

Même si, avec le temps, les résistances politiques ont échoué, les Africains ont continué à résister à la colonisation par diverses actions comme le refus de cultiver telle ou telle culture (telles que les cultures obligatoires), d’exécuter les travaux forcés, de payer les impôts, etc.

  • Les résistances religieuses :

Des rois religieux (convertis à l’Islam, par exemple) se sont opposés à la pénétration des puissances européennes pour des raisons religieuses. C’est le cas, par exemple, des rois religieux El Hadji Omar Tall ou Samori Touré au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Nous pouvons aussi citer le cas des mouvements messianiques comme le Kitawala ou le Kimbanguisme en République Démocratique du Congo (au cours des années 1920).

La colonisation de l’Afrique occidentale commence, dès la fin du XVIIsiècle en Sierra Leone, du fait de la traite négrière. Mais c’est au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle qu’elle se généralise en Afrique. L’intention des colonisateurs européens est d’étendre leur occupation territoriale à l’intérieur de l’Afrique. C’est ainsi que ces différentes résistances vont se retrouver partout en Afrique : en Afrique méditerranéenne, Afrique occidentale, Afrique centrale, Afrique orientale et Afrique australe.

4 ¦ Les résistances à la conquête européenne

4.1. Afrique méditerranéenne

L’Afrique méditerranéenne est sous la domination de l’Empire ottoman jusqu’au XIXe siècle. Elle comprend l’Algérie (dirigée par un Dey), la Tunisie (dirigée par un Bey), l’Égypte (dirigée par un Pacha). Le Maroc, par contre, est indépendant. Les puissances européennes vont profiter de l’affaiblissement de l’Empire ottoman pour chercher à conquérir et à occuper ces États africains. Mais, elles font face à des résistances armées.

A. L’Algérie

En Algérie, les Français, qui commencent leur conquête vers 1830, se dirigent vers Alger. En voulant occuper l’ensemble du pays, ils se heurtent à la résistance des tribus algériennes sous le commandement d’Abdel Kader. Si les tribus algériennes harcèlent les troupes françaises, celles-ci vont néanmoins conquérir successivement la Petite Kabylie en 1844, puis la Haute Kabylie après une farouche résistance de Lalla Fatma N’Soumer et du chérif Boubaghla qui prône une guerre sainte contre les Français. En 1854, ce chef religieux meurt au combat.La domination française ne prend durablement le dessus en Kabylie qu’après la chute d’Icheriden, en juin 1857. Cependant, des soulèvements sporadiques ont lieu dans cette région. Ainsi, en 1870-1871 ont lieu les soulèvements des Mokrani pour des raisons à la fois politiques, économiques et religieuses.

En 1872 la résistance est écrasée : les résistants sont arrêtés, d’autres sont déportés en Nouvelle-Calédonie et plusieurs milliers d’hectares de terres sont confisqués par les Français.

B. La Tunisie

Ali ibn Khalifa (1848 – 1932) va poursuivre la résistance face à l’occupant français.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Isa_bin_Ali_Al_Khalifa_(1848_%E2%80%93_1932).png

En Tunisie, l’occupation française commence en 1881 quand le Bey de Tunisie ordonne à ses troupes (plus ou moins deux mille combattants) de n’opposer aucune résistance face aux trente mille soldats français bien équipés et entraînés. Il signe le traité du Bardo en 1881 qui impose à la Tunisie le protectorat français. Mais, lorsque l’armée française commence à se déployer à l’intérieur du pays, elle se heurte aux tribus des steppes sous le commandement d’Ali ibn Khalifa, qui a décidé de poursuivre la résistance armée malgré la capitulation du Bey. Cette résistance armée est suivie par d’autres tribus et par des soldats du Bey mécontents de la capitulation. C’est ainsi que l’armée française, qui marche sur les différentes villes, notamment la ville sainte de Kairouan, se retrouve face à des villes en ruines du fait des résistants, car les citadins ne veulent pas donner aux envahisseurs français l’occasion de détruire leurs sanctuaires. Les troupes tunisiennes ne sont pas bien coordonnées et manquent cruellement de munitions. Ali ibn Khalifa continue à harceler l’armée française à partir de la frontière libyenne jusqu’à sa mort en 1885.

4.2. En Afrique occidentale

L’Afrique occidentale va être colonisée par les Britanniques, et par les Français. Les colonisateurs français ont confié la mission d’occupation aux officiers militaires qui ont préféré la conquête militaire à toute autre forme d’occupation.

A. La Sénégambie

En Sénégambie, le roi Lat-Dior Diop, le Damel du Kayor, entretient au début de bons rapports avec les Français. Mais, en 1862, ces bonnes relations se détériorèrent pour des raisons d’ordre politique et économique. En effet, le roi du Kayor s’oppose au projet des Français de construire un chemin de fer qui relierait Dakar à Saint-Louis.

Le projet de chemin de fer reliant Dakar à Saint-Louis est vu d’un mauvais oeil par le roi Lat-Dior Diop.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:France_%26_Colonies-1894-chemin_de_fer_Saint-Louis_%C3%A0_Dakar.jpg

Pour lui, ce chemin de fer va mettre fin à l’indépendance de son État. Pour contrecarrer le projet français, il interdit à ses sujets de fournir une aide quelconque aux Français et de cultiver des arachides pour eux. Il leur  recommande de se tenir à distance des postes français et demande aux chefs africains musulmans de s’allier à lui pour combattre les Français. La lutte armée commence en 1882. Le roi du Kayor, qui se sait incapable d’affronter de front l’ennemi, préfère la guérilla et se déplace d’un village à un autre. Mais, les Français le poursuivent et le Kayor tombe entre les mains des troupes françaises en 1886 après plusieurs batailles, et meurt au combat. Le pouvoir du Kayor est confié à Samba Laobe Fall, membre de la famille de Lat-Dior Diop, que les Français jugent docile et dévoué à leur cause. Le roi Samba veut montrer son dévouement aux Français en s’attaquant au roi du Djoloff, où Lat-Dior Diop s’était réfugié, mais il est battu. Le gouverneur français transforme le Kayor en une confédération de six provinces autonomes confiées aux anciens captifs de la couronne.

B. L’Empire toucouleur

L’empereur Ahmadu Tall (1836 – 1897) va tout faire pour maintenir l’indépendance de son empire.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ahmadou_segu_pietri_1880.jpeg

Dans l’Empire Toucouleur, à l’instar de tous les chefs africains, Ahmadu Tall, l’empereur, veut sauvegarder l’indépendance de son État tout en recourant à l’alliance avec les Français. Sur le plan politique, l’empereur veut obtenir des Français la reconnaissance de son autorité et de la souveraineté de son empire, mais également la fourniture d’armes à feu et de munitions, car il veut disposer d’une armée forte et bien équipée. En contrepartie, l’empereur doit permettre aux Français d’exercer librement leur commerce dans son État, de construire et entretenir des routes commerciales et de construire des bateaux et les faire circuler sur le fleuve Niger. On comprend mieux le choix de Ahmadu Tall de s’allier aux Français, quand on sait qu’à l’intérieur de son État, il est en conflit avec, à la fois, ses frères et des chefs locaux (Bambara, Peuls) qui contestent son pouvoir et aspirent à recouvrer leur indépendance politique. Ahmadu Tall parvient néanmoins à pacifier son empire avant même que le traité signé avec la France ne soit ratifié par cette dernière. Les relations avec la France finissent par se détériorer. Et Ahmadu Tall choisit la voie de l’affrontement armé. L’invasion de l’empire par les troupes françaises commence en 1881. Bamako tombe, puis les autres villes comme Djenné, Kundian, Wesebugu, Nioro. Et Ahmadu finit par se réfugier à Sokoto.

C. L’empire Wassoulou

Samory Touré (1830 – 1900) va défendre son empire avec acharnement.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Almamy_Samory_Touré-2.jpg

L’empire Wassoulou, fondé par Samori Touré en 1878, dispose d’une grande armée nationale, homogène et dotée d’un équipement militaire moderne, contrairement aux autres rois africains de la région. Il l’a équipée et modernisée grâce, entre autres, à la vente d’ivoire, d’or, d’esclaves et de chevaux. Son armée lui permet d’agrandir son empire, annexant différentes régions comme, par exemple, Buré, Wasulu, Konyan, Toron, Sankaran, Kabasarana… Mais quand, en 1882, il remonte la région du Haut-Niger (Haut-Fleuve) afin de la soumettre, il fait face aux Français. Son avancée vers Bamako, au carrefour des voies commerciales est un échec, car les Français y ont envoyé leurs troupes. Le contrôle des mines d’or, des voies commerciales et de tous les trafics d’armes et chevaux est un enjeu majeur. Pour contrecarrer le projet d’invasion française, il veut s’allier aux Anglais. Il signe ainsi un traité plaçant son empire sous le protectorat britannique. Mais ce traité n’est pas appliqué, car l’Angleterre s’en tient à un traité signé en 1889 avec la France qui impose la non interférence à l’intérieur de leurs protectorats Après de longues et dures batailles entre les troupes françaises et celles de Samori, ce dernier est capturé et fait prisonnier en 1898. Déporté dans l’île de l’Ogooué, il y meurt en 1900.

D. La Gold Coast

En Gold Coast, les Ashanti ont longtemps résisté aux colonisateurs britanniques. Leurs conflits trouvent leur origine dans le refus des Britanniques de payer l’impôt sur la traite des esclaves et dans leur désir d’imposer un protectorat. Les Ashanti ont combattu les Britanniques entre 1760 et 1824, et ont  plusieurs fois battu les troupes britanniques et leurs alliés, tuant même leur commandant, Charles Mac Carthy, gouverneur de Gold Coast. Ils ont également réussi à reprendre leurs territoires côtiers et méridionaux.Mais en 1874, les Britanniques, bien équipés militairement, battent les Ashanti à Amufu, ce qui entraine la désintégration de l’empire Ashanti et l’émancipation des États vassaux au nord de Volta. En 1896, les Britanniques placent les Ashanti sous le régime de protectorat après s’être emparés de Koumasi, leur capitale. Prempeh I et sa suite sont arrêtés et déportés en Sierra Leone puis aux îles Seychelles en 1900.

4.3. En Afrique orientale

A. L’Éthiopie

L’Éthiopie est le seul pays africain à n’avoir pas été coloniséAbeto Menelik s’est particulièrement illustré dans la résistance armée contre la colonisation italienne. Il a été nommé gouverneur de Shewa par l’empereur Ethiopien Yohannes IV (Règne 1872-1889) qui était à la tête d’une armée redoutable. À la mort de ce dernier, il s’impose partout sous le nom de Menelik II et fonde sa capitale à Addis Abeba. En 1889, il signe avec les Italiens le traité de Wichale (ville éthiopienne appelée Ucciali en italien). Selon les Italiens, Menelik II accepte la soumission de l’Éthiopie au protectorat de l’Italie tandis que, pour Menelik II, il s’agit uniquement d’un acte d’amitié. Mécontent de la supercherie des Italiens, Menelik II dénonce le traité.Redoutant l’influence que pourrait exercer la France sur Menelik II et soucieuse de construire une ligne de chemin de fer entre Addis Abeba et Djibouti, l’Italie décide alors de précipiter la conquête de l’Éthiopie. En décembre 1895, les troupes italiennes subissent leur première défaite face aux troupes éthiopiennes à Amba Alafi, et en mars 1896, elles sont battues et mises en déroute par l’armée éthiopienne lors de la bataille d’Adoua. La guerre se termine par le traité d’Addis Abeba en 1896 par lequel l’Italie reconnaît l’indépendance de l’Éthiopie.

Ménélik II (1844 – 1913) a permis à son pays, l’Éthiopie, de garder son indépendance face aux Européens.source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Menelik_II_-_4.jpg

4.4. En Afrique Australe

Le roi Cetshwayo (1826 – 1884), roi des Zoulous a mené les siens à la victoire face aux Britanniques avant de connaitre la défaite.source: Carl Rudolph Sohn, Cetshwayo, King of the Zulus, 1882, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Carl_Rudolph_Sohn_(1845-1908)_-_Cetshwayo,_King_of_the_Zulus_(d._1884)_-_RCIN_407424_-_Royal_Collection.jpg

Dans le royaume Zulu, Cetshwayo, roi des Zulu, entreprend dès 1877 une résistance armée contre l’occupation illégale de leurs fermes (terres) par les Afrikaners et les colons blancs qui en réclament les titres de propriété. En 1879, la guerre éclate entre l’armée britannique et l’armée Zulu. Elle se solde par la victoire de l’armée Zulu à la  bataille d’Isandhlwana. Le 4 juillet de la même année, les représailles de l’armée britannique obligent Cetshwayo  à l’exil au Cap. Le Zululand est démembré et les Zulu doivent subir la colonisation britannique.

La nation Ndebele : Après avoir longtemps résisté à la colonisation britannique, Lobengula, roi de la nation Ndebele, finit par signer avec un missionnaire anglais, une convention, dénommée traité Moffat, aux termes de laquelle il aliène sa souveraineté aux Britanniques alors qu’il pense ne signer qu’un traité d’amitié. Lorsque Lobengula et ses conseillers (Induna) découvrent qu’ils ont été bernés, ils sollicitent en 1889, mais sans succès, l’annulation du traité Moffat auprès de la reine Victoria d’Angleterre.En 1893, la guerre éclate entre la nation Ndebele et les colons du Mashonaland et de l’Afrique du sud. Devant la machine de guerre bien entrainée des colons et malgré son armée estimée à 20.000 hommes, Lobengula capitule, évacue le Matabeleland, et s’enfuit avec son peuple vers la Rhodésie du Nord. La nation Ndebele cesse d’exister et est totalement sous la domination britannique.

5 ¦ Résumé

  • La résistance est une opposition manifeste des Africains à l’occupation et à l’exploitation de l’Afrique par les puissances européennes.
  • Les résistances africaines pour leur territoire revêtent plusieurs formes, à savoir : politiquepopulaire, et religieuse.
  • Des résistances armées à la conquête européenne ont eu lieu partout en Afrique méditerranéenne, occidentale, centrale, orientale et australe. Elles ont été menées par des chefs africains déterminés. Mais ces  résistances, à l’exception de l’Éthiopie, ont fini par échouer pour plusieurs raisons :
    • Les armées africaines, bien que dirigées par des chefs de guerre expérimentés, n’étaient pas aussi bien équipées que celles des colonisateurs. Ces derniers pouvaient généralement compter sur plus de combattants que les chefs africains puisqu’ils utilisaient les combattants des entités déjà occupées.
    • Les tentatives de voir les chefs africains conjuguer leurs efforts pour combattre ensemble l’ennemi commun étaient rares sinon absentes. Alors que les Européens se sont mieux organisés diplomatiquement.

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