1 ¦ Objectifs de la leçon
A la fin de la leçon, l’élève doit être capable de :
- Démontrer que l’espace congolais n’a cessé de se structurer avant la colonisation.
- Démontrer que les Européens ont dû s’appuyer sur les Africains pour parvenir à coloniser.
- Critiquer et démonter l’idée d’une colonie belge modèle et positive pour les colonisés.
- Décrire la violence et le racisme inhérents à la colonisation.
- Démontrer la continuité des pratiques entre l’État Indépendant du Congo et le Congo belge.
2 ¦ Introduction
Avant la colonisation, l’Afrique centrale, et en particulier l’espace congolais connaissent une longue et riche histoire. L’espace congolais entretient des relations avec l’Europe et l’Asie depuis plusieurs siècles. Lorsque les Européens veulent coloniser l’Afrique, des résistances ont lieu de la part des « colonisés », et la domination européenne ne sera jamais totale. La colonisation du Congo comporte deux phases, la première est l’œuvre du roi des Belges Léopold II qui va régner à titre personnel sur le Congo de 1885 à 1908. Durant cette période, le Congo porte le nom d’État Indépendant du Congo. La violence du système va donner lieu à des luttes intérieures très importantes et à une campagne internationale contre Léopold II et son régime. Face aux critiques, la Belgique annexe le Congo en 1908, et ce jusqu’à l’indépendance de 1960. Le Congo s’appellera « Congo belge » pendant cette deuxième phase. La Belgique s’engage à mettre fin aux atrocités constatées. Toutefois, un certain nombre de pratiques du régime léopoldien perdureront jusqu’à l’indépendance.
3 ¦ L’espace congolais au XIXe siècle
L’espace congolais a été traversé par de nombreux royaumes et territoires. Au XIXe siècle, cela fait près de quatre siècles que l’espace congolais est en contact, grâce aux côtes, avec l’Europe. En effet, des échanges commerciaux se sont établis, et de nombreux articles comme l’ivoire, l’or, le fer, le cuivre, ou encore les esclaves sont vendus aux Européens. Certains États d’Afrique centrale vont tirer profit de ce commerce, ou au contraire, vont s’affaiblir à cause de celui-ci, et en particulier à cause de la traite négrière (XVe – XIXe siècle). Le prestigieux royaume Kongo, par exemple, va cesser d’exister. Toutefois, de nouvelles formations politiques voient également le jour au milieu du XIXe siècle, sous l’autorité de commerçants-guerriers comme Tippo-Tip ou encore MSiri qui s’installent dans l’est et le sud-est du Congo actuel, et qui font commerce avec le monde arabe.
Comme ailleurs en Afrique, l’espace congolais est en pleine mutation au XIXe siècle. On observe une densité de population plus importante dans certaines zones, grâce à une amélioration des rendements agricoles. Les échanges commerciaux s’intensifient. Comme dans le reste du continent, l’esclavage est toujours pratiqué au XIXe siècle, malgré l’abolition en Europe, que ce soit pour servir les royaumes locaux ou pour être exportés dans le monde arabe. L’économie africaine repose sur l’esclavage, car selon les mœurs africaines, un homme libre ne peut vendre sa force de travail. Dès lors, le besoin en main-d’œuvre contraint les organisations politiques africaines à pratiquer et à maintenir la pratique. Politiquement, les communautés d’Afrique centrale s’organisent collectivement, et pas avec une hiérarchisation aussi forte qu’en Europe, ce qui va donner parfois l’impression aux observateurs extérieurs que ce territoire n’est pas organisé politiquement, alors que le modèle est simplement différent de celui pratiqué en Europe.
4 ¦ L’Etat Indépendant du Congo (1885-1908)
4.1. Les prémices de l’appropriation (1876 – 1885)
A. Léopold II et son rêve de colonie
La colonisation du Congo est liée au nom d’un homme : Léopold II, roi des Belges. Devenu roi en 1865, il souhaite convaincre la Belgique de se lancer dans la course à la colonisation. Toutefois, seule une petite partie de l’élite belge trouve l’idée intéressante. Elle considère qu’acquérir une colonie pourrait être bénéfique à l’économie du pays, et lui permettrait de se faire une place parmi les grands empires européens. Certains, dont Léopold II, y voient également l’occasion de développer leurs ambitions personnelles. Pour légitimer les ambitions impérialistes, plus que pour les motiver, les Européens considèrent également qu’il est de leur devoir d’apporter la prétendue « civilisation » des Blancs aux autres peuples « moins évolués » de la planète.
À la fin des années 1870, et au début des années 1880, Léopold II va mettre en place plusieurs associations internationales dont le motif officiel est d’explorer les régions du centre de l’Afrique et en particulier le bassin du Congo. Il a recruté l’explorateur Stanley qui connait bien la région. En réalité, les associations servent les intérêts politiques et impérialistes du monarque belge. L’Association internationale du Congo (AIC), fondée en 1879, sous couvert d’une activité scientifique, va établir plusieurs postes au Congo et va conclure des traités avec des chefs africains. Afin d’entreprendre leurs différentes expéditions, les Européens ont besoin des Africains qui leur servent de guides, ou leur fournissent des esclaves pour servir de porteurs.
B. La conférence de Berlin et la reconnaissance de l’État Indépendant du Congo
L’Afrique suscite la convoitise de plusieurs pays européens, et des conflits pourraient éclater en cas de désaccord. Dès lors, les Européens vont décider d’organiser une conférence, elle aura lieu à Berlin en 1884-1885. La conférence de Berlin veut établir un certain nombre de règles pour l’occupation de l’Afrique, et ainsi éviter des conflits entre États européens. Contrairement au mythe bien connu, l’Europe ne se partage pas l’Afrique, mais établit les règles à suivre pour revendiquer un territoire en Afrique. Aucun État africain n’est représenté lors de la conférence de Berlin. En effet, au cours du XIXe siècle, au nom de critères raciaux et civilisationnels, la plupart des pays non européens sont exclus du droit international. De plus, les États européens, bien qu’ils fassent du commerce avec les États africains, estiment que comme ces derniers possèdent des esclaves et en font commerce, ils ne peuvent être reconnus en droit international.
En marge de la conférence de Berlin, les représentants de Léopold II négocient avec les autres puissances européennes pour que l’on reconnaisse le territoire congolais, où sont présents les postes de l’AIC, comme un État sous l’autorité du monarque belge. Le roi déclare qu’il défendra le libre-échange dans cette région, et que, dès lors, n’importe quel pays pourra venir faire du commerce, et payera peu d’impôts. Il se présente également comme un philanthrope, et s’engage à mettre fin à l’esclavage toujours présent dans cette région de l’Afrique. Pour des motifs divers, les pays européens reconnaissent, en juin 1885, les territoires de l’actuel Congo comme un nouvel État : l’État Indépendant du Congo (EIC) sous l’autorité de Léopold II. Toutefois, ce nouvel « État » est indépendant de la Belgique. Refusant de prendre part à la colonisation, le gouvernement belge laisse son souverain dirigé, à titre personnel, le Congo. Bien que l’on retrouve beaucoup de Belges impliqués dans la colonisation du Congo, la majorité des agents du roi sont issus d’autres pays européens comme la Grande-Bretagne, la France, ou encore les pays scandinaves.
4.2. Résistances et appropriation des territoires congolais par l’EIC (1885 – 1908)
Comme d’autres colonisateurs européens, lorsque Léopold II et son entourage acquièrent, suite à des accords entre Européens, l’autorité sur ce qui est aujourd’hui le Congo, ils n’ont pas la moindre idée de ce que contient cette région et de comment s’organisent les peuples qui y vivent. L’entreprise va s’avérer beaucoup plus compliquée qu’imaginée. Certaines zones sont peuplées de communautés qui s’organisent parfois depuis des siècles autour d’une économie et d’une culture propres comme les Chokwe au sud, les Arabo-Swahlis, et le Garanganze, à l’est, ou encore l’Égypte soudanaise au nord, et ces différentes structures politiques n’ont pas l’intention de se soumettre à des étrangers.
Il y a très peu d’Européens sur place, et les expéditions entreprises pour reconnaitre et « occuper » le territoire doivent beaucoup aux Africains qui sont recrutés (souvent des esclaves achetés) et qui servent de soldats, de porteurs, et de guides. Le colonisateur a beaucoup de difficultés à évoluer dans un espace qu’il ne maitrise pas, sans voies de communication classique. Ces expéditions cartographient la région et installent des petits postes afin de signaler aux autres pays européens que la région fait partie de l’État Indépendant du Congo. Toutefois, en 1908, lorsque l’EIC deviendra le Congo belge, on ne compte qu’une centaine de postes occupés par quelques centaines d’Européens et quelques milliers de soldats africains. Impossible, dès lors de parler de véritable contrôle de l’immense Congo. Que ce soit au Congo, ou dans les autres régions d’Afrique, les Européens vont devoir s’appuyer sur les chefs africains qui régnaient déjà sur ces territoires bien avant leur arrivée.
Certains chefs acceptent de traiter avec l’EIC afin d’obtenir différents avantages : nouveaux débouchés économiques, armes européennes, alliance intéressante face aux rivaux locaux. Contrairement à l’idée reçue de chefs africains un peu naïfs qui signent des traités sans se rendre compte de ce qu’ils font, certains ont parfaitement conscience de leurs actions, et constatant la présence réduite des Blancs, ils espèrent continuer à régner avec une liberté plus ou moins totale sur leurs territoires. À certains endroits, des chefs refusent obstinément de plier face au colonisateur, ou malgré les traités signés continuent à se comporter en seuls maitres dans la région. Dans ces cas-là, la Force publique (armée coloniale) composée de quelques officiers européens et de milliers de soldats africains entreprend des expéditions particulièrement violentes afin de forcer les peuples à se soumettre à l’autorité de l’EIC. Malgré les réflexions autour du droit de la guerre, en Europe, notamment au niveau du statut des prisonniers de guerre, et l’invention de la Croix-Rouge en 1864, les armées coloniales ne respectent pas les nouvelles normes et n’hésitent pas à tuer prisonniers et civils.
L’un des exemples les plus marquants de l’hypocrisie coloniale est celui de Tippo-Tip. Marchand arabo-swahili régnant sur un immense territoire dans l’est du Congo, il fait du commerce de l’ivoire et d’esclaves depuis le milieu du XIXe siècle. Il accepte de traiter avec l’EIC pour les raisons évoquées plus haut, et fournit aux Européens des esclaves, de l’ivoire, etc. Il est nommé gouverneur de l’est du Congo. Toutefois, le colonisateur considère que Tippo Tip se comporte de façon trop indépendante vis-à-vis de l’autorité coloniale. Dès lors, de 1892 à 1894, une guerre éclate entre le colonisateur et Tippo-Tip et fera des milliers de victimes, dont beaucoup de civils. La propagande coloniale présentera cette guerre comme un moyen de mettre fin à l’esclavagisme pratiqué par les Arabo-Swahilis alors que non seulement les Européens ont utilisé de nombreux esclaves pour leurs expéditions, mais ont aussi collaboré étroitement avec les marchands arabes pendant des années.
4.3. Économie et violences coloniales dans l’EIC (1885 – 1908)
Une colonie pas si lucrative qu’espéré
Non seulement la réalité du terrain, et l’immensité du territoire congolais obligent le colonisateur à s’aider des structures et des chefs locaux, mais en plus la colonisation du Congo coute énormément d’argent. Léopold II, en tant que propriétaire de cet immense territoire, doit utiliser son immense fortune personnelle pour financer les expéditions, les infrastructures de base, les ports, les hommes sur place, etc. Mais très vite, sa fortune seule ne suffit plus à alimenter la machine coloniale. Il est au bord de la faillite, et le Congo n’est pas aussi rentable qu’il l’avait imaginé. Le commerce, dans les premières années, n’est pas très développé. Alors qu’il s’était engagé à ne rien demander à la Belgique, Léopold II finit par lui demander un prêt en 1889 qui sera accordé.
Pour que la colonie devienne lucrative, Léopold II et son entourage vont prendre plusieurs mesures. Toutes les terres « non cultivées » deviennent propriété de l’État, ce qui permet d’exercer un monopole sur toutes les richesses naturelles du Congo. Les populations locales sont soumises à un travail forcé, c’est-à-dire qu’elles doivent travailler gratuitement et obligatoirement pour l’État, et verser une « taxe » sous la forme de matières premières comme l’ivoire, puis le caoutchouc. Pour réduire les couts au maximum, des entreprises privées acquièrent en concession certaines zones du Congo. Ces entreprises peuvent fixer les prix souhaités des marchandises, elles administrent le territoire, certaines vont avoir leur propre milice, et parfois leur propre monnaie. En échange, l’EIC perçoit un pourcentage sur les profits de ces entreprises. Désormais, des territoires immenses, parfois bien plus grands que la Belgique, sont soumis à la seule autorité d’une entreprise qui n’a qu’un seul objectif : faire le plus de profits possible. Suite à ces réformes, les profits augmentent pour l’État, mais les dépenses aussi. Dès lors, Léopold II demande une nouvelle fois en 1895 l’aide de la Belgique.
Le caoutchouc rouge
La situation des finances de Léopold II n’est pas bonne, et le nouveau crédit obtenu en 1895 aurait dû, en théorie, lui permettre de gagner seulement quelques années avant de devoir céder sa colonie. Toutefois, l’explosion du prix du caoutchouc sur le marché mondial va lui permettre de se refaire financièrement. L’industrie automobile, en plein essor, nécessite du caoutchouc pour fabriquer des pneus. Le Congo contient des forêts riches en caoutchouc, et « grâce » au système de taxes en ressources imposé aux populations ainsi qu’au système de concession, la colonie commence à réaliser d’énormes profits. Le roi refait rapidement sa fortune, rembourse ses dettes et commence à investir en Belgique dans plusieurs projets urbanistiques. La colonie apparait aux yeux des autres colonisateurs comme un modèle d’efficacité, la France va d’ailleurs l’imiter dans ses colonies d’Afrique centrale.
Une telle « efficacité » se fait au détriment des populations locales, soumises à une violence extrême pour atteindre les quotas fixés par l’EIC et les entreprises concessionnaires. La récolte du caoutchouc est une tâche complexe. Les Congolais doivent se rendre en forêt pour trouver des lianes à caoutchouc, en extraire la substance et ramener le tout à des postes situés parfois à des dizaines de kilomètres. Pendant ce temps-là, ils ne peuvent cultiver, ou chasser pour leur propre compte. Dès lors, les populations locales ne se pressent pas pour exécuter ces tâches ingrates. Résultat, face au manque de moyen dont dispose le colonisateur et à cause de son impuissance à convaincre les populations locales de lui fournir le précieux caoutchouc, le pouvoir colonial va forcer les populations à travailler en commettant des exactions d’une rare violence : viols, mutilations, incendie de village, massacres, prises d’otage, etc.
Les demandes en caoutchouc ne cessent d’augmenter, et les fonctionnaires, les officiers, et les agents d’entreprise reçoivent des bonus liés à l’augmentation de la production. Sous cette violence, se cache aussi un racisme latent. En effet, les Européens considèrent que les populations locales sont fainéantes et primitives et que la violence est inévitable pour leur faire comprendre ce qu’on leur demande.
Paradoxalement, on retrouve au sein des troupes de l’EIC ou parmi les hommes au service des entreprises privées d’anciens soldats, ou chefs de guerre qui utilisaient ces techniques violentes au service des Arabo-Swahilis afin de les fournir en esclaves et en ivoire. Dès lors, l’EIC use des mêmes méthodes que celles des esclavagistes arabes qu’elle a prétendu combattre.
Les conséquences de cette violence varient d’une région à l’autre. Certaines ont connu les pires horreurs, alors que d’autres ont été relativement épargnées. Toutefois, le régime de terreur règne sur l’ensemble du Congo. Des régions entières vont être dépeuplées suite aux massacres, à la famine, aux fuites, et aux maladies dues à la colonisation. Il est très difficile, voire quasiment impossible d’estimer le nombre d’individus morts à cause de la colonisation léopoldienne. Les études les plus récentes estiment que la population congolaise a pu diminuer de 1 à 5 millions d’habitants entre 1885 et 1930. Dans tous les cas, ce qui est certain, c’est que la violence a été extrême et a traumatisé des populations entières.
Propagande et zoos humains
Afin de défendre « son œuvre » et de susciter l’intérêt parmi la population belge, Léopold II et son entourage développent une propagande coloniale. C’est-à-dire qu’au travers d’expositions, de livres, d’images, etc., les colonisateurs vont imposer une image de la colonisation conforme à leurs intérêts. Ainsi, les colonisateurs belges sont présentés à la fois comme des sauveurs face à l’esclavagisme et à la barbarie supposée de l’Afrique, mais aussi comme des civilisateurs, dès lors comme des êtres supérieurs, apportant les bienfaits de la prétendue civilisation occidentale. Les Congolais sont présentés comme inférieurs, et sont même déshumanisés afin de convaincre les Belges de la nécessité de les coloniser. Les Arabo-Swahilis sont présentés comme des esclavagistes sanguinaires dont l’accoutrement n’est pas sans rappeler les croisades. Cette propagande a eu un impact très fort sur les mentalités, car pour la plupart des Belges de l’époque, c’est le seul contact qu’ils ont avec le Congo, et dès lors des images stéréotypées se forgent sur ces autres qu’on ne connait pas autrement qu’à travers cette propagande. Outre les affiches, les conférences, etc. les colonisateurs européens, et donc belges, n’hésiteront pas à exposer en Europe, dans ce que l’on appelle des zoos humains, des prétendus villages africains, avec ses villageois censés mimer leur vie de tous les jours. En 1897, lors de l’exposition internationale de Bruxelles, un prétendu village congolais est reconstitué pour divertir la foule. Sept Congolais décèderont des suites des mauvaises conditions.
En 1897, lors de l’exposition internationale de Bruxelles, un prétendu village congolais est reconstitué pour divertir la foule. Sept Congolais décèderont.
Critique et résistances
Face à une exploitation aussi intense et violente, la production commence à décroitre vers 1904. Les réserves de caoutchouc sont épuisées, et il y a de moins en moins de personnes pour extraire la substance. Dans certaines régions, les populations sabotent les récoltes en détruisant les lianes, d’autres se révoltent et prennent les armes face au pouvoir colonial et aux entreprises privées.
La révolte et la résistance locale se couplent à des critiques qui viennent du monde occidental. En 1903, le consul britannique Roger Casement dénonce les violences dans un rapport qui va entrainer des débats importants en Grande-Bretagne, et en Belgique. En 1904, Casement et le journaliste Edmund Morel fondent la Congo Reform Association afin de dénoncer les actes barbares commis au Congo. Des campagnes intenses sont menées contre Léopold II et son régime de violence. Les écrivains Mark Twain et Conan Doyle dénoncent les abus de Léopold II. Des photos de mains coupées, symboles de la violence léopoldienne, circulent dans tout l’Occident. Au Congo, des individus dénoncent également la terreur qu’ils subissent.
Devant la pression internationale, Léopold II envoie une commission d’enquête en 1904 dont il sélectionne lui-même les membres. Il va également corriger le rapport. Malgré cela, lors de sa promulgation en 1905, le rapport fait grand bruit en Belgique et va susciter de vifs débats entre les opposants, et les partisans du roi. Un juriste de l’ULB, Félicien Cattier réalise une étude sur la situation du Congo en se basant sur le rapport de la Commission d’enquête et demande l’annexion du Congo à la Belgique. Les hommes politiques belges Émile Vandervelde et Georges Lorand se montrent également très critiques quant à la gestion du Congo par le roi.
En 1906, la décision est prise : la Belgique va annexer le Congo et s’engage officiellement à mettre fin aux abus. Toutefois, Léopold II va tout mettre en œuvre pour faire durer les négociations et ne cédera sa colonie qu’en 1908.
5 ¦ Le Congo belge (1908 – 1960)
5.1. Rupture avec l’EIC ?
En 1908, le Congo devient officiellement une colonie belge et prend le nom de « Congo belge ». Lors de l’annexion, la Belgique s’engage à mettre fin aux dérives violentes du régime léopoldien. La pratique du travail forcé c’est-à-dire l’obligation pour les populations de travailler pour l’État sans rémunération, dans des conditions épouvantables, est officiellement abolie dans les premiers mois d’existence du Congo belge. Toutefois, le colonisateur belge souhaite entreprendre plusieurs chantiers d’infrastructure, et il y a un manque de main-d’œuvre criant. Les Européens, convaincus par la supériorité de leur modèle économique, pensent, à tort, que les populations locales vont se laisser tenter par le salariat (c’est-à-dire le fait d’échanger sa force de travail contre un salaire). La majorité de la population congolaise préfère pratiquer une agriculture à petite échelle, et une économie de subsistance. De plus, les conditions dans les plantations, sur les chantiers de construction, et dans les mines ne sont pas enviables. Dès lors, le colonisateur belge va très vite réinstaurer la pratique du travail forcé, et ce dès 1909 pour la construction d’infrastructure et dans l’agriculture, en mettant en avant « l’intérêt public » d’une telle mesure. Les entreprises privées vont également toujours avoir recours à la pratique du travail forcé, parfois jusqu’à l’indépendance. Des révoltes auront lieu au sein de la population, mais elles seront toutes matées violemment.
Il n’y a pas d’amélioration non plus au niveau des droits. Aucun droit n’est reconnu aux colonisés (pas de liberté de la presse, pas de syndicat, pas de droit de grève) qui subissent répressions et châtiments arbitraires. Si les Congolais n’ont aucun droit, les coloniaux, eux, bénéficient d’une impunité quasi totale. En cas de conflit entre colonisé et coloniaux, ces derniers gagnent toujours. Le travail forcé, le racisme, et la violence n’ont dont pas cessé avec la reprise du Congo par la Belgique.
5.2. Organisation de la colonie
La trilogie coloniale belge
Déjà durant l’EIC, le régime colonial repose sur trois piliers : l’Église (les missions catholiques), l’administration, et les entreprises privées.
L’Église reçoit le monopole de l’éducation, et est chargée d’éduquer les colonisés tout en les évangélisant. On retrouve des missions religieuses déjà avant la création de l’EIC. Elles vont lutter contre les religions prétendument « primitives » des locaux. En formant les Congolais, l’Église permet la fourniture d’une main-d’œuvre « qualifiée » aux entreprises privées. En effet, il s’agit surtout d’un enseignement technique limité essentiellement au niveau primaire.
L’administration de la colonie est dominée par un Gouverneur général qui applique les décisions prises par Léopold II pendant l’EIC et puis par un ministre des colonies pendant le Congo belge. Toutefois, vu la lenteur de la communication entre les deux pays, le Gouverneur possède une certaine autonomie. La colonie est divisée en districts, dirigés par des administrateurs. Devant la complexité des structures politiques existantes et à cause du peu de moyens dont dispose le colonisateur, les Européens doivent s’appuyer sur des chefs locaux. Ces derniers sont contraints d’appliquer les décisions venant des Européens, mais gardent quand même une forme de liberté dans les régions peu touchées par la présence des Blancs.
Les entreprises privées reçoivent, comme on l’a vu, des concessions pendant l’EIC, et exploitent sans scrupule, et avec une rare violence, les régions occupées. Pendant le Congo belge, certaines entreprises continuent à avoir recours au travail forcé. Elles ne versent qu’un salaire dérisoire et les conditions de travail sont assez déplorables pour la population jusque dans les années 1950. Le racisme qui sous-tend l’ensemble du système colonial contraint les Congolais à rester dans une position inférieure aux Blancs jusqu’à l’indépendance.
Un apartheid à la belge ?
Comme dans d’autres colonies en Afrique, une ségrégation s’installe au Congo. Dans les villes construites par le colonisateur, on crée spécifiquement une « ville européenne » pour les Blancs, et « des cités indigènes » pour les Africains. Les deux parties de la ville sont séparées par une zone neutre. Ce n’est pas une conception propre au Congo. En 1931, s’organise à Paris un Congrès international de l’urbanisme des colonies où différents experts coloniaux s’expriment sur l’intérêt de la ségrégation pour des motifs essentiellement hygiénistes. Les Blancs craignent que les maladies « africaines » ne se répandent dans les habitations des Blancs. Cette ségrégation raciale perdure jusqu’à l’indépendance du Congo.
Toutefois, la volonté d’établir des zones nettement séparées pour les Blancs et les Noirs ne résistent pas toujours à la réalité des faits. À Léopoldville, par exemple, les quartiers se touchent parfois et les petits commerçants grecs, italiens, portugais et « asiatiques » non autorisés dans la ville blanche, se situent dans des zones intermédiaires où se mélangent plusieurs communautés.
5.3. Économie
Tout au long de son histoire, le Congo connaitra une pénurie de main-d’œuvre. Toutefois, ce qui entrainerait normalement une revalorisation salariale, n’est pas le cas au Congo (et dans les autres colonies) où les travailleurs continuent à être payés très faiblement. Le travail forcé, principale forme de travail dans l’EIC, est maintenu pour la construction d’infrastructure, dans l’agriculture, et dans certaines entreprises à l’époque du Congo belge.
Les entreprises, cibles des critiques durant l’EIC, continuent à pratiquer des mesures similaires au Congo belge. En 1911, l’entreprise britannique Lever (qui deviendra Unilever) qui produit du savon, utilise le travail forcé dans ses concessions congolaises afin de produire de l’huile de palme. Faisant face à un manque de main-d’œuvre, ils forcent les populations à travailler. L’entreprise compte sur l’aide de ses mercenaires africains et de l’administration coloniale afin de ratisser les villages pour trouver des travailleurs.
Le Congo belge est une des colonies les plus rentables du monde. Toutefois, ce qui bénéficie aux Belges ne bénéficie pas aux Congolais dont le niveau de vie jusqu’aux années 1950 reste très précaire.
5.4. Les Deux Guerres mondiales
La Première Guerre mondiale
Pendant la Première Guerre mondiale, la colonie belge prend part aux combats, mais le territoire congolais ne connait pas d’affrontements sur son sol. La Force publique (armée coloniale) va surtout combattre en Afrique orientale allemande (actuellement la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi). Elle va triompher et occuper le territoire. En 1917, la Force publique compte 25 000 Congolais dans ses rangs, dirigés par des officiers belges. Mais il faut y ajouter tous les porteurs, et les femmes qui accompagnent les troupes, ce qui porte le chiffre à 260 000 Congolais ayant participé au premier conflit mondial. Les Belges forcent la plupart de ces hommes à s’enrôler. Près de 27 000 d’entre-deux trouveront la mort, sous les balles, ou surtout à cause de maladies.
Pendant le conflit, les Belges refusent d’employer les troupes congolaises en Europe contrairement à la France et à la Grande-Bretagne qui n’hésiteront pas à puiser des centaines de milliers de soldats non européens pour se battre. La Belgique refuse d’utiliser des soldats noirs pour ne pas dévoiler aux colonisés la réalité du quotidien en Belgique, et ne pas saper le prestige de l’homme blanc. À noter que 32 Congolais, présents en Belgique avant la Première Guerre s’engageront dans le conflit volontairement, au sein de l’armée belge. Parmi eux, on retrouve Paul Panda Farnana.
C’est surtout en tant que producteur de matières premières que le Congo va être utile à la Belgique et aux alliés. Le travail forcé, qui n’avait pas totalement disparu suite à la reprise du Congo par la Belgique en 1908, est amplifié dans certaines parties de la colonie. Les conditions de vie sont très dures pour les Congolais contraints de fournir toujours plus de ressources pour alimenter les armées qui combattent en Europe.
Grâce au Congo, la Belgique peut se vanter d’avoir remporté des batailles, en Afrique, lors de la guerre, alors qu’elle a perdu face à l’Allemagne en Europe. Elle recevra même, en récompense, un mandat sur le Rwanda et le Burundi, anciennement allemands. Toutefois, les Congolais ne verront aucune amélioration de leur sort pendant l’Entre-Deux-Guerres, et ce malgré les sacrifices de la population pour un conflit qui ne la regardait pas.
La Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les combats auront lieu encore plus loin que lors du premier conflit. La Force publique va combattre en Abyssinie, où elle battra les Italiens. Elle va également être envoyée en Égypte, au Nigéria et en Palestine, mais sans combattre. En 1942, on compte 34 000 hommes dans la Force publique. La mortalité est moins importante que lors de la Première Guerre mondiale. 700 hommes perdront la vie, principalement des suites de maladie. Comme lors du premier conflit, on n’utilise pas la Force publique en Europe.
Grâce au Congo, la Belgique, envahie par l’Allemagne nazie en 1940, pourra prétendre continuer le combat au côté des Alliés, et son gouvernement en exil à Londres bénéficie d’un certain poids et d’une légitimité.
Comme pour la Première Guerre mondiale, le Congo va surtout être employé comme réservoir de matière première. Le travail forcé va être, une nouvelle fois, amplifié et les populations vont devoir fournir des quantités énormes de matière première. L’uranium qui va servir à réaliser les bombes atomiques américaines sera fourni par la Belgique grâce au travail des Congolais. En 1942, on impose 120 jours de travail obligatoire aux Congolais. Les prix des denrées augmentent, alors que les salaires restent faibles. Des revendications puis des mouvements de révolte éclatent, mais tous seront matés dans le sang.
À l’instar de ce qu’il se passe dans les autres colonies, la reconnaissance de l’effort fourni par les Congolais ne voit pas le jour. Très peu de Congolais reçoivent des avantages matériels, et dans les discours officiels de la métropole, on tait volontairement la contribution de la colonie à l’effort de guerre.
5.5. Les années 1950, un pas vers la modernité et la décolonisation ?
Le « Plan décennal »
Bien que la colonisation dans son ensemble, et la colonisation belge en particulier aient justifié la pratique coloniale comme le moyen d’apporter la soi-disant « civilisation » européenne aux peuples « primitifs », on constate que les conditions de vie de la majorité des Congolais sont toujours aussi médiocres après la Seconde Guerre mondiale. Le Gouverneur général Pierrre Ryckmans, lui-même, constate en 1946 que les populations vivent dans la misère et critique ainsi le colonialisme belge.
L’avènement des Nations unies en 1945, très critiques par rapport aux colonisateurs, et les réflexions d’après-guerre sur le développement et le sous-développement poussent les autorités belges à envisager des réformes pour améliorer les conditions de vie des Congolais. En 1949, le « Plan décennal pour le développement économique et social du Congo belge » est lancé, et doit durer dix ans. Les auteurs du plan constatent que l’économie du Congo est trop tournée vers l’exportation, que l’agriculture stagne, et qu’il n’y a pas de vraie industrie transformatrice, enfin le constat est clair quant aux problèmes de logement, d’hygiène et d’éducation.
On constate une amélioration du niveau de vie dans la colonie dans les années 1950. Les salaires augmentent un peu, et les Congolais bénéficient d’un meilleur pouvoir d’achat ce qui entraine une augmentation de la consommation intérieure. Toutefois, loin de la colonie modèle que défend la propagande belge, des problèmes évidents perdurent : le Congo reste toujours fortement dépendant de l’exportation de matière première, et les problèmes de l’agriculture ne sont pas résolus. Le Congo n’est pas en mesure de se nourrir de sa propre production, et doit importer des produits alimentaires, et ce jusqu’à l’indépendance et au-delà. Enfin, l’augmentation des conditions de vie et du pouvoir d’achat ne concernent que les habitants des villes, et non pas l’immense majorité des Congolais qui vivent en milieu rural. Dès lors, les gens rejoignent de plus en plus les villes, ce qui entraine une augmentation du chômage urbain.
La Belgique refuse de financer le plan décennal qui coute une fortune. C’est le budget du Congo qui doit subvenir aux dépenses. Dès lors, à la veille de l’indépendance, le futur pays indépendant possède une forte dette qui se chiffre en plusieurs milliards.
Les infrastructures médicales et l’enseignement
Dans les années 1950, l’infrastructure médicale au Congo est plus importante que dans les colonies françaises et britanniques. Toutefois, il existe une ségrégation entre hôpitaux pour Blancs bien équipés, et hôpitaux pour Noirs peu équipés. Quant au nombre de médecins par habitant, il est inférieur à celui des autres colonies. Les premiers médecins congolais ne seront diplômés qu’après l’indépendance.
Dans les années 1950, le Congo est le deuxième pays le plus alphabétisé du continent africain. Ce positionnement dont se vantera la Belgique doit être nuancé. En effet, le Congo belge bénéficie d’un enseignent primaire très développé, ce qui lui vaut sa place dans ce classement, mais est à la traine en matière d’enseignement secondaire et encore plus au niveau de l’enseignement supérieur. En effet, l’objectif pour le colonisateur est de produire des ouvriers capables de lire, d’écrire et de compter. L’enseignement primaire suffit amplement. Les Belges craignent que l’accès à un enseignement secondaire et supérieur entraine l’apparition d’une élite revendicatrice et critique par rapport à la colonisation. En 1957, on ne compte que 5% d’élèves dans l’enseignement secondaire, l’immense majorité se trouve dans l’enseignement primaire. En 1960, on ne compte que 0.1% de la population scolaire congolaise dans l’enseignement supérieur, alors que la moyenne africaine est de 0.4 % et la moyenne mondiale est de 3%. La Belgique a trop tardé à lancer des formations secondaires et supérieures, ce qui sera préjudiciable à la reprise correcte du pays par les Congolais lors de l’Indépendance.
Après-guerre, les industries dans un souci de profit et de rendement maximal, mise sur la mécanisation. Toutefois les travailleurs qualifiés européens coutent très cher, donc de plus en plus d’industries forment des Congolais qui exercent des postes plus importants qu’auparavant. Toutefois, même le plus qualifié des Congolais reste inférieur au moins qualifié des Européens dans la logique raciste coloniale.
Les Congolais s’organisent politiquement
Depuis le début de la colonisation, les Congolais ont résisté de différentes façons, parfois de façon violente à la présence étrangère sur leur sol. Mais toutes ces actions ne résultent pas de mouvements politiques organisés. Il faut attendre la seconde moitié des années 1950, pour que de vraies revendications politiques autonomistes voient le jour. L’élite congolaise, qu’on appelle « les évolués » ne voit pas d’amélioration de son sort. Malgré tous les efforts fournis pour obtenir le statut « d’évolué », ils sont toujours considérés comme inférieurs aux Blancs. En 1956, le « Manifeste » paru dans Conscience africaine puis le contre-manifeste du parti ABAKO sont les premiers documents officiels où une revendication politique congolaise souhaite l’émancipation du Congo. En 1958, Patrice Lumumba cofonde le Mouvement national congolais (MNC) et revendique l’indépendance du Congo. De plus en plus de partis politiques réclamant l’indépendance sont créés.
Malgré des signaux évidents de la part des Congolais pour obtenir leur indépendance, le mouvement n’est pas suffisamment pris au sérieux par le colonisateur belge qui se berce d’illusions. Pour preuve, le roi Baudouin se rend au Congo en 1955 afin de faire la tournée de la colonie belge et rappeler les liens solides entre les deux pays. Ce n’est que vers la fin des années 1950 que le colonisateur belge se rend compte qu’il ne pourra plus maintenir très longtemps son pouvoir sur la colonie. Les autres pays colonisateurs ont ouvert la voie à l’indépendance, il ne peut plus se voiler la face. Une véritable panique s’installe quand les Belges prennent conscience qu’ils n’ont pas assez africanisé les cadres de la colonie. Avec une précipitation qui sera néfaste à la stabilité du Congo indépendant, les Belges organisent plusieurs réunions avec les représentants congolais.
Le 30 juin 1960, l’indépendance est proclamée avec Joseph Kasa-Vubu comme président, et Patrice Lumumba comme Premier ministre. La passation de pouvoir s’effectue dans la paix. Mais les lendemains de l’indépendance vont plonger le Congo dans la guerre civile, à cause de la mauvaise politique de passation de pouvoir de la Belgique, et la volonté de cette dernière (et des pays occidentaux) de maintenir leurs intérêts dans ce nouveau pays.
6 ¦ Résumé
- Avant la colonisation de la fin du XIXe siècle, des structures politiques existent dans les territoires congolais. Elles sont bien organisées économiquement et culturellement. L’Europe souhaite mettre la main sur les richesses africaines, et entreprend la colonisation de l’Afrique. Léopold II, roi des Belges, veut une colonie pour son pays, mais devant l’indifférence générale, il va se lancer dans l’aventure entouré d’une partie de la bourgeoisie belge. En 1885, en marge de la conférence de Berlin, les États occidentaux reconnaissent les territoires congolais comme un État : l’État Indépendant du Congo (EIC), sous l’autorité du monarque belge.
- La colonisation du Congo va être difficile, car les populations locales refusent de se laisser dominer par des étrangers, et résistent. La Force publique (armée coloniale) utilise une violence extrême pour soumettre le pays. Cette violence va également être particulièrement brutale dans la gestion économique de la colonie. Afin d’obliger les populations à fournir de grosses quantités de caoutchouc, le colonisateur va user d’une cruauté rare : viols, incendies de village, massacres, etc. Une résistance locale couplée à une campagne internationale va obliger Léopold II à céder le Congo à la Belgique en 1908.
- La Belgique s’engage à mettre fin aux atrocités, mais dans les faits, de nombreuses caractéristiques de l’EIC vont perdurer comme le travail forcé, les violences, ou encore le racisme. Pendant les guerres, le Congo va surtout fournir des matières premières, et permettra à la Belgique de justifier sa place parmi les Alliés. Une amélioration du sort des Congolais des villes est visible dans les années 1950. Mais loin de l’idée défendue d’une colonie modèle, la Belgique ne fait rien pour permettre une bonne transition du pouvoir au bénéfice des Congolais lors de l’indépendance. Le Congo est très rentable économiquement pour le colonisateur, mais les structures établies ne bénéficient que très peu aux Congolais