Partie 4 : Vers les temps nouveaux. Avant-Propos
Avant-propos

Partie 4 : Vers les temps nouveaux. Avant-Propos

Isidore Ndaywel è Nziem

Dans Histoire générale du Congo (Afrique Éditions)

Quatrième partie
Vers les temps
nouveaux

On s’est efforcé jusqu’ici de rendre compte des éléments de l’héritage légué par le passé lointain. On a constaté sa richesse prodigieuse et sa complexité mais aussi sa perméabilité à l’évolution, suivant les impératifs du milieu, les influences subies et les innovations qui naissaient en son sein. Restait à préciser que ce Congo ancien, une fois le secret de ses côtes dévoilé, était voué à subir une pression d’origine externe de plus en plus grande, le contraignant à se transformer suivant des impératifs jusque-là inconnus. L’Europe était aux portes de l’Afrique, déterminée à en faire usage pour son propre bien-être. Ce tournant annonçait une mutation qui ne se concrétiserait qu’avec l’émergence d’un Etat de type nouveau, un Etat qui englobera les multiples réseaux politiques qui prévalaient jusque-là.

Le premier événement qui imposa à l’histoire locale une puissante révision fut la traite. Il s’est réalisé comme un mode de rentabilisation de l’Afrique « découverte ». Tout fut soumis au rythme des côtes, y compris l’arrière-pays qui fut contraint à des réaménagements en fonction de cet impératif. Ce premier changement a opéré une première révision des sociétés autochtones et remodelé leur identité, telle que l’ethnologie coloniale et missionnaire a pu l’observer à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, à l’occasion des traversées du continent et des premiers voyages dans l’arrière-continent. Dans la suite, l’abolition de la traite et surtout sa mutation en commerce légal créa d’abord le besoin d’une cueillette ; il imposa ensuite sa mise en valeur pour rationaliser et maximiser la production des matières revendiquées. L’heure de la colonisation avait sonné. Elle fut précédée du besoin d’assouvir des curiosités scientifiques. Ainsi naquirent de nouvelles motivations, aussi stimulantes les unes que les autres ; d’abord celle, humanitaire, d’apporter un secours religieux et de poursuivre la lutte contre l’esclavagisme jusqu’à l’intérieur des pays ; ensuite celle, réaliste, de s’emparer des richesses insolentes étalées çà et là, à portée de main.