XIIe siècle (Afrique du Sud)
Rhinocéros d'or de Mapungubwe

Clés de compréhension du document
A. Approches possibles du document dans le cadre d’un cours d’histoire
- Introduction aux sociétés africaines anciennes : ce document peut servir à montrer l’existence de royaumes d’Afrique australe structurés, hiérarchisés et ouverts sur le monde.
- Travail sur les sources archéologiques : l’absence de traces écrites pousse à interroger la manière dont les historiens peuvent reconstruire le passé à partir d’objets, de mobilier funéraire, et d’indices matériels.
- Étude des circulations commerciales : l’objet permet d’aborder les échanges intercontinentaux médiévaux, via la côte swahilie et l’océan Indien.
- Déconstruction des préjugés : il s’agit d’un excellent support pour remettre en question l’idée reçue d’une Afrique ancienne isolée, sans élites ni arts raffinés.
B. Contextes du document
1. Mapungubwe
Le site de Mapungubwe, situé au confluent des rivières Shashe et Limpopo, dans l’actuelle Afrique du Sud, a été occupé à partir du XIe siècle. Il s’agit de la première société connue d’Afrique australe ayant développé une organisation politique centralisée avec une élite bien identifiée.
Au sommet de la colline aux chacals (« Mapungubwe »), on a retrouvé des sépultures prestigieuses où les défunts reposaient avec de nombreux objets en or, des perles en pâte de verre filée (originaires de la région indo-pacifique), de la vaisselle importée de Chine, ainsi que de la céramique locale. Ces indices indiquent un pouvoir centralisé, fondé sur le contrôle des ressources (or, ivoire, bétail) et des routes commerciales de longue distance.
Mapungubwe semble précéder et annoncer le développement du royaume du Grand Zimbabwe, plus au nord.
2. Le rhinocéros d’or
Découvert en 1932 par de jeunes colons blancs, ce petit rhinocéros est fabriqué à partir de feuilles d’or martelées et fixées sur une structure périssable (probablement en bois). L’animal fut retrouvé dans une tombe élitaire, avec d’autres objets en or : sceptre, bol-couronne, parures, etc. Il est l’un des symboles les plus puissants de cette civilisation disparue.
Le rhinocéros était peut-être un emblème royal ou sacré, lié à la richesse, au prestige ou à des croyances spirituelles. Il témoigne surtout du haut niveau d’artisanat, de l’importance de l’or dans la construction du pouvoir, et des échanges intercontinentaux (jusqu’à la Chine ou l’Asie du Sud-Est).
Pour aller plus loin sur les royaumes et Etats d’Afrique australe :
C. Points d’attention
- La richesse archéologique ne permet pas de connaître avec certitude les fonctions précises de ces objets, mais leur contexte funéraire indique un usage lié au prestige et à l’autorité.
- Rappeler l’importance de l’archéologie dans la redécouverte de l’histoire africaine, souvent déniée ou effacée par les discours coloniaux.
- Travailler l’idée de mondialisation précoce, avec la place centrale des royaumes africains dans les réseaux d’échanges bien avant l’arrivée des Européens. Ici, on a des traces du XIIe siècle.
D. Pour aller plus loin :
- Philippe Beaujard, Le monde swahili, dans François-Xavier Fauvelle, dir. L’Afrique ancienne, Belin, 2018, p. 143 – 168.