PATRICE LUMUMBA, Le Congo terre d’avenir est-il menacé ?, Bruxelles, Office de Publicité, 1961 (rédigé en 1956), p. 178-179.
« (…) Voilà ce que pensent les Africains dans leur for intérieur. Cette impression générale qu’on les Congolais — impression qu’ils n’expriment pas devant l’Européen par crainte des représailles (…) est produite par les quelques considérations suivantes :
Depuis l’occupation européenne —voilà 80 ans environ — aucun Noir du Congo (on ne parle pas de deux Congolais de Léopoldville ayant terminé récemment leurs études en Belgique, de même que des prêtres autochtones) — même ceux qui ont terminé des humanités complètes et fait en plus quelques années de philosophie — n’a accédé à un poste —même le plus bas — du cadre européen, aussi bien dans les cadres administratifs, judiciaires que de l’armée.
Un Européen (…) même celui ayant fait moins d’études, est toujours supérieur au Noir, même si celui-ci avait fait plus d’études que lui, et partant, plus instruit que lui. (…)
L’autochtone, quelles que soient ses capacités, n’occupe pas encore (…) la place qui lui revient, place qu’il pouvait occuper soit depuis longtemps, soit dès à présent, si les cadres étaient africanisés. — S’il occupe quand même un poste de responsabilité, il n’a pas le même prestige qu’on accorde à un agent européen. Il n’est qu’un petit auxiliaire, toujours sous la dépendance d’un agent européen. »
Patrice Lumumba, Le Congo terre d’avenir est-il menacé ?, Bruxelles, Office de Publicité, 1961 (rédigé en 1956), p. 178-179.