Partie 6 : Vers le Congo contemporain. Avant-Propos

Sixième partie
Vers le Congo contemporain

Je crois que, pour tout homme conséquent, l’avenir est la plus importante de ses préoccupations. Ce n’est, en effet, pas ce que nous sommes aujourd’hui qui doit constituer notre souci, mais bien plutôt ce que nous serons demain (P. Lomami-Tshibamba).

Le Congo contemporain est une sorte de synthèse de l’itinéraire ancien et du cheminement colonial, une prise en charge par le Congo d’hier des préoccupations de type colonial, donc d’origine externe. Sa genèse est à situer au cœur même de la période coloniale, de par la naissance du nationalisme congolais, dans la période de l’entre-deux-guerres. Les Congolais d’hier commencèrent à utiliser les recettes coloniales comme armes de combat et s’exprimèrent selon des méthodes créées et mises en place par l’ordre nouveau. La réorganisation du monde qui suivit l’avènement de la Deuxième Guerre mondiale créa une conjoncture particulière pour la naissance de ce Congo nouveau qui revendiquait sa spécificité tant par rapport au monde ancien que par rapport au monde colonial. Ce sont les lettrés autochtones – les Evolués – qui constituèrent le symbole vivant de ce monde nouveau, qui fut incompris du monde traditionnel, manipulé par le pouvoir colonial et ignoré ou minimisé par l’opinion publique métropolitaine. Pourtant ils furent, envers et contre tout, les artisans de la prise de conscience de cette nouvelle mutation, fondement du « Congo d’aujourd’hui ».

Le Congo contemporain mérite d’être étudié dès sa genèse, au cours des trois périodes distinctes qui ont été citées : l’entre-deux-guerres, l’après 1945 et la fin de la période coloniale, et enfin la mutation dans laquelle le pays s’engagea à partir de 1956 et qui fut l’amorce de la gestion nouvelle, menée par les nationaux eux-mêmes, et intégrant les nouvelles normes apprises par la colonisation. Le Congo contemporain lui-même n’est que l’aboutissement de ce processus exaltant, robuste et laborieux.