Partie 2 : Le Congo ancien méridional. Avant-Propos

Deuxième partie
Le Congo
ancien méridional

L’espace méridional, de la côte atlantique au Katanga, forme à coup sûr un ensemble, malgré ses diversités d’une évolution complexe qui a produit une pluralité de réseaux socio-économiques. En effet, l’identité commune de la région, qui fait d’elle le paradis par excellence de la savane, s’est trouvée renforcée par l’importance de l’activité politique. Le statut démographique mais aussi la facilité des échanges ont certainement favorisé cet état de choses et provoqué le brassage et la redistribution des mêmes principes d’organisation, comme l’attestent l’héritage des mythes fondateurs et les ressemblances des « manières de roi » d’une organisation politique à une autre (De Heusch, L., 1972). On dirait que trois foyers d’innovation politique se sont partagés cet espace comme les trois sommets d’un seul triangle, le foyer des lacs Tumba-Maindombe surplombant ceux des terres occidentales (côte atiantique-pool Malebo) et orientales (Haut-Lualaba). Il n ‘est donc pas étonnant que l’histoire constitutionnelle de cet ensemble ait suivi, pour l’essentiel, la trajectoire d’une centralisation grandissante qui a conduit à l’émergence des chefferies et de principautés et, finalement, à la constitution de royaumes et d’empires.

Cette région est aussi l’une des plus présentes dans l’africanisme congolais, ce qui explique l’imposante littérature ethno-linguistique disponible de nos jours. On y trouve les textes historiques les plus anciens qui existent sur le Congo, mais aussi et paradoxalement, la meilleure défense et illustration de la pertinence de l’oralité comme source historique : nous pensons aux travaux de Vansina qui ont utilisé le cas Kuba comme paradigme pour l’assimilation de la grammaire des traditions historiques de la région, voire d’Afrique noire. Trois situations particulières seront analysées ici : celle de la côte atlantique avec la création politique Kongo et sa gestion ; celle des abords de la grande forêt de la Cuvette et pour laquelle le royaume kuba constitue l’une des réalisations les plus expressives ; celle enfin des empires luba et lunda, un modèle de réussite de la colonisation culturelle et de la conquête politique à grande échelle.