Maarten Langhendries et Reinout Vander Hulst, "Soins de santé"
« (…) S’il est vrai que les Belges se sont préoccupés, pendant la colonisation, de mettre en place des services sanitaires au profit de la population congolaise, il n’en reste pas moins que ces efforts servirent essentiellement leurs ambitions économiques, militaires ou religieuses (…). Dans un premier temps, les soins médicaux furent réservés aux Européens et à leurs subordonnés. (…) La maladie du sommeil, à laquelle les Belges consacrèrent le plus d’argent, de temps, et de personnel, était aussi l’épidémie la plus directement liée à la colonisation elle-même [la maladie va se répandre à cause des mouvements au sein de la colonie]. C’est donc faire preuve d’un certain cynisme que de présenter ce travail médical comme une « réalisation » du colonisateur. (…) La dimension médicale de la colonisation n’eut qu’un très faible impact sur la majorité [des Congolais]. La population qui avait quand même accès à ces soins de santé devait faire face à une approche extrêmement ségrégationniste, voire à l’emploi de la force. (…) Si certains médecins se préoccupèrent réellement du bien-être des Congolais, cela ne signifie pas pour autant que le système médical colonial était altruiste ni même bienveillant. »
Maarten Langhendries et Reinout Vander Hulst, « Soins de santé », dans Idesbald Goddeeris, Amandine Lauro et Guy Vanthemsche, Le Congo colonial. Une histoire en questions, Waterloo, La Renaissance du Livre, 2020, p. 334.
Maarten Langhendries est historien à la KU Leuven. Il réalise une thèse sur les médecins catholiques et la médecine reproductive en Belgique et au Congo belge (1900 – 1968).
Reinout Vander Hulst est historien à la KU Leuven. Il réalise une thèse sur l’enseignement médical catholique en Belgique et au Congo belge (1890 – 1965).