1956 (Léopoldville)
Le manifeste de Conscience africaine - 29 juin 1956
La publication du manifeste de Conscience africaine, le 29 juin 1956, peut être considéré comme le point de départ de la prise de conscience nationaliste, comme la première déclaration publique demandant un processus de changement politique la part des Congolais.
Ci-dessous, nous reprenons le texte intégral de ce manifeste:
« L’équipe de rédaction de « CONSCIENCE AFRICAINE » a consacré de nombreuses réunions à l’étude des difficiles problèmes de l’avenir du Congo.
Nous ne sommes qu’un petit groupe, mais nous pensons pouvoir parler au nom d’un grand nombre ; parce que nous nous sommes volontairement limités à dégager et à formuler les aspirations et les sentiments de la majorité des Congolais qui réfléchissent.
Nous l’avons fait dans un esprit de sincérité et avec le désir de faire du travail constructif. Nous ne prétendons d’ailleurs à aucun monopole, ni de l’amour de noire pays, ni de la clairvoyance sur son avenir.
Le présent manifeste n’est qu’un point de départ. Nous le préciserons et le compléterons, ensemble avec ceux qui viendront nous rejoindre.
NOTRE VOCATION NATIONALE
Dans l’histoire du Congo, les 80 dernières années ont été plus importantes que les millénaires qui ont précédé. Les 30 années qui viennent seront décisives pour noire avenir. Il serait vain de vouloir baser notre sentiment national sur l’attachement à un passé révolu. C’est vers l’avenir que se tournent nos regards.
Nous croyons que le Congo est appelé à devenir, au centre du continent africain, une grande nation.
Noire vocation nationale : travailler à édifier, au cœur de l’Afrique, une société nouvelle, prospère et heureuse, sur les fondements d’une société ancienne -la société clanique -fortement ébranlée par une évolution trop rapide, et qui cherche son nouvel équilibre.
Cet équilibre nouveau, nous ne pouvons le trouver que dans la synthèse de noire caractère et de noire tempérament africains avec les richesses foncières de la civilisation occidentale.
Cette synthèse, personne ne peut la réaliser en lieu et place des Congolais, avec l’aide fraternelle des Occidentaux qui vivent au Congo.
Pour que l’on puisse parler d’une nation congolaise, composée d’Africains et d’Européens, il faut que tous soient animés du désir de servir le Congo. Nous avons le droit de demander aux Européens qui partagent notre vie nationale, d’être avant tout des citoyens congolais ; c’est-à-dire de ne pas poursuivre uniquement le bien de la communauté belge au Congo et leurs intérêts personnels ; mais de rechercher, ensemble avec nous, le bien de la grande communauté congolaise.
UNITE DANS LA DIVERSITE Un principe est pour nous essentiel : la couleur de la peau ne confère aucun privilège. En dehors de ce principe, l’union est impossible.
Mais égalité foncière ne signifie pas identité. Nous voulons être des Congolais civilisés, non des « Européens à peau noire » … Nous comprenons également que les Européens désirent garder leur propre manière de vivre.
Maintenir des privilèges à l’un des deux groupes, serait source de conflits. Ne pas reconnaître leurs caractères propres et vouloir les uniformiser, créerait également des tensions dangereuses. Il faut admettre, dans un esprit de compréhension, qu’une différence n’est pas nécessairement une infériorité ou une supériorité.
Nous rejetons, avec véhémence, le principe : « Egaux, mais séparés ».•. Il nous blesse profondément… Les milieux européens et africains doivent se compénétrer. Des contacts humains sur pied d’égalité doivent s’établir ; non seulement sur le plan individuel ; non seulement dans des associations créées spécialement pour favoriser ces contacts ; mais également dans toutes les relations : familiales, professionnelles et sociales.
UNE TACHE EXALTANTE A POURSUIVRE
A partir de l’action civilisatrice de la Belgique au Congo, se développe une civilisation moderne qui sera la nôtre. Déjà les éléments principaux de la civilisation occidentale pénètrent de plus en plus profondément au Congo. L’enseignement primaire atteint les masses, tandis qu’une élite intellectuelle fait des études universitaires. Les progrès incessants de la science et de la technique luttent contre la maladie et la misère et jettent les bases d’une prospérité croissante. La religion chrétienne nous enseigne le sens profond de la vie, la dignité éminente de la personnalité humaine et la fraternité de tous les hommes.
Mais nous ne sommes encore qu’à mi-chemin … Nous voulons une civilisation complète. Un nombre croissant de Congolais ont le désir de prendre plus de responsabilité et plus d’initiative dans l’avenir de leur pays. Ils veulent assimiler dans leur vie nationale d’autres valeurs foncières de la civilisation occidentale qui sont encore absentes ou insuffisamment développées : le respect de la personne humaine et de ses libertés fondamentales, sans distinctions de races ; la recherche plus poussée de la justice sociale ; le droit des peuples, arrivés à maturité, de se gouverner eux-mêmes ; la véritable démocratie basée sur l’égalité de tous les hommes et la participation du peuple au gouvernement du pays …
Ceci est un programme à longue échéance, qui peut se réaliser dans l’union des Africains et des Européens qui vivent au Congo.
COMMUNAUTE BELGO-CONGOLAISE ?
Nous constatons que l’opinion congolaise réagit avec une certaine méfiance lorsqu’on lui parle de « communauté belgo-congolaise ». Ces mots peuvent couvrir en effet des réalités fort différentes :
Pour parler clairement, les Congolais qui réfléchissent à ces problèmes, craignent que certains ne déforment l’idée de la communauté belgo-congolaise, pour en faire un frein à l’émancipation totale du peuple congolais ; un moyen aussi pour perpétuer indéfiniment la domination ou tout au moins l’influence prépondérante d’Européens, formant une caste de privilégiés.
Dans le sens que nous lui donnons, une telle communauté, loin d’être un empêchement, doit être le moyen de réaliser notre émancipation totale.
Pour nous, la vision évoquée par Monsieur le Gouverneur Général Pétillon n’est autre que l’idéal dont nous rêvons pour la nation congolaise de demain : une fraternité humaine basée sur l’égalité foncière des bommes sans distinction de races.
EMANCIPATION PROGRESSIVE MAIS TOTALE
La Belgique ne doit pas voir dans notre désir d’émancipation, un sentiment d’hostilité. Bien au contraire. La Belgique doit être fière que -à l’inverse de presque tous les peuples colonisés -notre désir s’exprime Sans haine et sans ressentiment. C’est là une preuve indéniable que l’œuvre des Belges dans ce pays n’est pas un échec.
Si la Belgique parvient à mener à bien l’émancipation totale du Congo, dans la compréhension et dans la paix, ce sera le premier exemple dans l’histoire, d’une entreprise coloniale aboutissant à une réussite complète.
Mais il faut pour cela que les Belges comprennent dès maintenant que leur domination sur le Congo ne sera pas éternelle. Nous protestons énergiquement contre une certaine opinion, parfois exprimée dans la presse, et qui ne fait pas de différence essentielle entre 1a présence des Belges au Congo et leur domination sur le Congo.
A ceux qui posent la question : dans combien de temps les Belges devront-ils quitter le Congo ?… Nous répondons : pourquoi certains Belges posent-Ils le dilemme : ou bien dominer… ou bien tout abandonner ? …
A ceux qui posent ce dilemme, nous avons envie de proposer, pour le bien du Congo et de la présence belge au Congo, qu’ils fassent leur valise sans plus attendre …
Il est temps que l’élite européenne réagisse avec vigueur, ici au Congo et, peut-être plus encore en Belgique, contre une mentalité aussi dangereuse.
A qui la faute, si déjà trop de Congolais sont persuadés que les Européens seront incapables d’abandonner leur esprit de domination politique, d’exploitation économique et de supériorité raciale ?
EMANCIPATION POLITIQUE
Nous avons lu qu’il était question d’un plan de 30 ans pour l’émancipation politique du Congo. Sans nous prononcer sur l’ensemble de ses éléments, nous croyons qu’un tel plan est devenu une nécessité, si l’on veut que cette émancipation se réalise dans la paix et la concorde.
Ce plan devrait exprimer la volonté sincère de la Belgique de mener le Congo à l’émancipation politique complète dans un délai de 30 ans. Une déclaration sans équivoque sur ce point est le seul moyen de conserver la confiance des Congolais à l’égard de la Belgique.
Ce plan qui serait un compromis entre l’impatience des uns et le conservatisme des autres, doit fixer nettement les étapes intermédiaires à réaliser dans des délais précis. C’est la seule façon d’éviter que chaque projet de réforme ne donne lieu périodiquement à des discussions, à des marchandages et à des épreuves de force entre deux blocs antagonistes qui finalement deviendraient irréconciliables.
Pour l’émancipation politique, nous pensons qu’il y a moyen de partir des institutions existantes en les faisant évoluer progressivement dans un double sens.
Pour la masse des travailleurs, il faut augmenter rapidement le salaire minimum légal qui ne permet pas une vie décente, surtout dans les centres où la vie est chère. Ces salaires minima doivent être basés, non sur le budget d’un célibataire, mais sur celui d’une famille. Il doit en être ainsi, même pour les célibataires adultes, afin qu’ils puissent rassembler l’argent nécessaire pour se marier, sans devoir se priver pour autant de manger à leur faim.
Les possibilités de formation et de perfectionnement doivent être considérablement amplifiées ; non seulement par l’enseignement professionnel à tous les degrés, mais par une meilleure organisation de l’apprentissage dans les entreprises.
Au-delà du minimum vital, le salaire doit être réellement en rapport avec la qualification et le rendement. Pour ceux qui rejoignent la qualification des Européens, il faut combler l’abîme qui sépare les deux barèmes de rémunération.
La famille congolaise qui a tant de peine à se dégager des servitudes du passé est soumise dans les centres à des conditions d’existence qui rendent impossible son épanouissement. Dans le domaine de l’habitation, notamment, l’Etat a fait de gros efforts ; mais le problème reste très grave et nous avons de nombreux griefs concernant les solutions adoptées,
Dans le passé, le paternalisme a été une chose nécessaire. Les Congolais commencent à prendre conscience des responsabilités sociales qu’ils peuvent et doivent prendre eux-mêmes. Nous demandons, non seulement que l’on n’entrave pas cette tendance qui marque une évolution sociale favorable, mais que les organisations libres que les Congolais prennent l’initiative de créer, soient encouragées. Nous demandons en particulier la liberté syndicale.
NOTRE ATTITUDE A L’EGARD DE LA BELGIQUE
Nous sommes reconnaissants envers la Belgique ; mais qu’on ne nous demande pas un patriotisme factice.
A la question si nous désirons plus tard rester unis à la Belgique, nous répondons : nous ne désirons d’aucune manière que Je Congo soit intégré dans l’Etat Belge unitaire. Nous n’admettrons même jamais qu’une fédération belgo-congolaise nous soit imposée sans notre libre consentement, on que l’on en fasse la condition de notre émancipation politique.
Nous souhaitons qu’une telle communauté soit un jour Je fruit d’une libre collaboration entre deux nations indépendantes, liées par une amitié durable.
Cette amitié de la Belgique, nous ne la mesurerons pas au montant des capitaux investis, mais à l’attitude des Belges du Congo à l’égard des Congolais, et à la sincérité avec laquelle la Belgique nous aidera à réaliser notre autonomie politique totale.
Il y a un an, le Congo réservait un accueil triomphal au Roi Baudouin. Tous les Congolais ont compris que notre Roi aimait son peuple. Nos acclamations n’exprimaient pas seulement notre reconnaissance, mais aussi notre espoir que l’attitude du Souverain servirait d’exemple à tous les Belges, au Congo et à la Métropole.
ORDRE ET RESPECT DE L’AUTORITE
Notre volonté est que l’émancipation du Congo se réalise dans l’ordre et la tranquillité. Et nous croyons que c’est possible.
Nous sommes décidés à ne pas nous laisser entraîner à la violence, parce que la violence rend les problèmes insolubles. Nous n’avons qu’un seul but : le bien de la nation congolaise. Ce but, nous le ferons triompher dans la légalité et par des moyens pacifiques. Ceux qui usent de la violence montrent qu’ils ne sont pas mûrs pour la vraie démocratie.
Nous voulons continuer à respecter l’autorité ; mais nous désirons que, plus que par le passé, on nous demande notre avis et qu’on en tienne compte. Et si l’on estime ne pas pouvoir nous suivre, qu’on nous dise pourquoi.
Nous demandons notamment, de la manière la plus formelle, à être directement intéressés à l’élaboration du plan de 30 ans dont il est question. Sans cette participation, un tel plan ne pourrait avoir notre assentiment.
APPEL AUX EUROPEENS
Les Européens doivent bien comprendre que notre désir légitime d’émancipation n’est pas dirigé contre eux. Notre mouvement national n’est pas inspiré par la haine, mais par la fraternité et la justice.
Nous savons que la réalisation de nos aspirations dépendra de nos propres efforts et nous ne manquerons pas de rappeler souvent aux Congolais la dure vérité que nous ne pouvons revendiquer nos droits que si nous prenons pleinement conscience de nos devoirs et de nos responsabilités.
Mais la communauté congolaise de demain, composée de Blancs et de Noirs, n’est réalisable que dans une ambiance de respect et d’estime mutuels, ainsi que de franche amitié.
Il faut pour cela que beaucoup d’Européens modifient leur attitude vis-à-vis des Congolais. Nous pensons que c’est possible. Nous nous plaisons d’ailleurs à reconnaître qu’il y a eu de sensibles progrès ces dernières années ; mais ils sont encore le fait d’un trop petit nombre pour créer vraiment l’ambiance nécessaire à une vraie communauté.
Nous demandons aux Européens d’abandonner leur attitude de mépris et de ségrégation raciale ; d’éviter les vexations continuelles dont nous sommes l’objet. Nous leur demandons aussi d’abandonner leur attitude de condescendance qui blesse notre amour-propre. Nous n’aimons pas être toujours traités comme des enfants. Comprenez que nous sommes différents de vous et que tout en assimilant les valeurs de votre civilisation, nous désirons rester nous-mêmes. Nous vous demandons aussi un effort pour comprendre nos aspirations légitimes et pour nous aider à les réaliser.
« La main tendue trop tard risque d’être refusée » proclamait le Gouverneur Général Jungers, dans un solennel avertissement. Nous croyons que pour un rapprochement sincère entre Européens et Congolais, il n’est pas trop tard…mais il est temps …
Nous voyons avec satisfaction qu’un nombre croissant d’Européens sont disposés à céder progressivement aux Congolais, toutes les responsabilités qu’ils se montreront capables de tenir. Bien des Européens aussi, animés d’un sincère esprit de justice, acceptent de partager plus largement avec les Congolais, les richesses que ceux-ci aideront à augmenter par un travail plus qualifié et plus productif. Ces Européens se heurtent malheureusement trop souvent à l’incompréhension de leurs compatriotes.
Ensemble, Congolais et Européens de bonne volonté, nous convaincrons par notre effort constructif ceux qui restent indifférents à l’avenir de notre communauté. Quant à ceux qui s’obstinent dans une attitude d’égoïsme et d’orgueil méprisant, nous les contraindrons au besoin par l’usage juste et digne de la force invincible de notre union.
NECESSITE DE L’UNION NATIONALE
Nous n’avons qu’une chance de faire triompher notre cause : c’est d’être et de rester unis.
Unis, nous seront forts, divisés nous serons faibles. C’est l’avenir de la nation qui est en jeu.
L’union nationale est nécessaire parce que toute la population du Congo doit prendre avant tout conscience de son caractère national et de son unité. Comment serait-ce possible si le peuple est sollicité par plusieurs partis qui se combattent ?
Ceci nous amène à prendre position à l’égard de l’introduction au Congo des partis politiques de Belgique. Notre position est nette : ces partis sont un mal et ils sont inutiles.
Les partis politiques ne répondent à aucune nécessité dans la structure politique et administrative actuelle du Congo, puisque nous n’avons ni Parlement, ni élections. De plus, les divisions politiques belges n’ont pas de sens au Congo ; elles sont nées de circonstances historiques propres à la Belgique.
Mais surtout, nous ne voulons pas actuellement de partis, parce que ce qui caractérise les partis, c’est la lutte ; tandis que ce que nous voulons, c’est l’union.
Si nous nous laissons diviser, nous ne réaliserons jamais l’idéal d’une grande nation congolaise. Même si certains partis marquent l’émancipation politique à leur programme, l’existence même de ces partis est un obstacle radical à cette émancipation.
Les Congolais qui seraient tentés de se laisser entraîner dans cette politique de partis, ne connaissent-ils pas le vieil adage appliqué par tous les dominateurs : « Divide et impera » … Diviser pour mieux dominer …
Qu’on nous comprenne bien. Nous ne voulons être ni « un parti contre les partis » ni un « parti unique ».
Nous sommes convaincus, qu’il est fort bien possible à des païens, à des catholiques, à des protestants, à des salutistes, à des musulmans … de s’entendre sur un programme de bien commun qui respecte les principes de la morale naturelle qui sont gravés au cœur de tout homme digne de ce nom. Ce programme, les Congolais peuvent le réaliser le plus sûrement dans l’union et dans le respect sincère des convictions de chacun.
Plus tard, lorsque les structures politiques du Congo le rendront nécessaire, nous pourrons nous grouper selon nos affinités, nos intérêts et nos conceptions politiques. Il est fort probable, qu’à ce moment-là, les partis spécifiquement congolais ne se calqueront pas sur les partis de Belgique.
COMMENT REALISER CETTE UNION DE TOUS ?
Pour commencer, nous souhaitons que le présent manifeste suscite, parmi les Congolais et aussi parmi les Européens, un vaste mouvement d’opinion qui se cristallise autour de notre modeste journal. Nous avons déjà décidé d’élargir notre équipe de rédaction pour qu’elle soit plus représentative de toutes les opinions compatibles avec les principes qui sont ici résumés.
Toutefois, nous sommes persuadés que, dans un avenir plus ou moins rapproché, il sera nécessaire de donner une forme plus précise au mouvement d’idées que nous voulons promouvoir et qu’il faudra une organisation. Celle-ci pourra créer des sections, affilier des membres, tenir des réunions ; réaliser le travail considérable d’éducation qui s’impose auprès de l’élite et de la masse de notre peuple.
L’organisation que nous prévoyons se ferait au grand jour, en pleine légalité et en se conformant aux lois et règlements en vigueur.
En attendant, nous invitons nos lecteurs, Africains et Européens, à nous écrire pour entamer le dialogue. Nous serions heureux notamment d’apprendre leur point de vue sur l’opportunité du mouvement national populaire que nous proposons.
Que ceux qui partagent notre idéal, même s’ils ne partagent pas toutes nos positions, s’abonnent immédiatement à « CONSCIENCE AFRICAINE » et se fassent les propagandistes de notre journal.
APPEL AUX CONGOLAIS
Notre appel s’adresse d’abord à cette large élite qui existe déjà au Congo et que nous croyons vraiment capable d’être le levain dans la masse.
Nous comptons sur ceux qui ont eu la faveur de faire des études et qui sont dans l’enseignement, les bureaux et l’administration. Nous comptons spécialement-sur nos universitaires congolais qui étudient aux universités du Congo et de Belgique.
Mais nous voulons aussi les travailleurs des mines, des chantiers, des usines, de l’agriculture ; les artisans et les commerçants. Parmi eux aussi monte une élite véritable dont le pays a un absolu besoin.
Que personne parmi nous ne cherche, dans le mouvement que nous voulons créer, ni son intérêt personnel, ni la satisfaction de ses ambitions.
Nous devons accepter d’être, avec générosité et désintéressement, au service de notre peuple. Celui-ci n’est pas une réalité abstraite et vague, mais une masse d’hommes, de femmes, de jeunes, d’enfants qui vivent autour de nous, que nous devons aimer profondément et que nous devons aider de toutes nos forces à monter et à grandir.
Nous ne devons pas nous payer de mots. Il ne suffit pas de l’écrire et de le crier pour que notre idéal se réalise. Il faudra de longs efforts semés de difficultés, entravés par des échecs. Il faudra de la ténacité, de la persévérance, de la patience aussi.
Nous voulons, par notre attitude digne, intelligente et courageuse, par notre respect de l’autorité et des hommes qui la représentent, mériter l’estime et la confiance pour que celles-ci rejaillissent sur la cause que nous voulons promouvoir.
Nous avons une totale confiance dans l’avenir de notre pays. Confiance aussi dans les hommes qui doivent y vivre dans la concorde et dans la joie.
Avec toute la sincérité et tout l’enthousiasme de nos cœurs, nous clamons…
VIVE LE CONGO !
VIVE LA BELGIQUE !
VIVE LE ROI !