1668 — 1754 (Maroc)
Lalla Khenatha
Lalla Khenatha a marqué l’histoire du Maroc en exerçant un pouvoir politique que peu de femme avait à l’époque. En tant qu’épouse du sultan, puis mère de son successeur, elle a pu maintenir sa capacité à influer sur la politique de son pays.
Lalla Khenatha bint Bakkar, née vers 1668, est la fille du Cheick Abou Bakkar al-Ghul bin Ali al-Mghafri et originaire de la tribu M’ghafra, une tribu Hassan. Native de Sbouya, appelée Oued Noun par ses contemporains, elle épouse en 1678 le Sultan Moulay Ismaïl, qui règne de 1672 à 1727. Dès lors, bien que ne détenant pas le statut officiel de reine, elle gouverne dans l’ombre et exerce une influence considérable sur le royaume marocain au XVIIIe siècle. Les épouses de souverains marocains n’ont jamais eu un statut officiel de reine, mais elles ont souvent montré leur talent à gouverner et même à diriger une armée. Khnata exerce déjà officieusement le rôle de ministre de son époux avant son décès.
Après la mort de Moulay Ismaïl en 1727, elle joue un rôle crucial dans la politique de succession, soutenant son fils Moulay Abdallah et plus tard son petit-fils Moulay Mohammed dans leurs prétentions au trône. Durant les règnes fragmentés de son fils, elle maintient un rôle actif dans la gouvernance du pays, assumant des responsabilités gouvernementales importantes. Elle est nommée ministre des Affaires étrangères sous le règne de Moulay Abdallah, devenant ainsi la première femme marocaine à occuper ce poste.
Lalla Khenatha bint Bakkar est connue pour son intelligence politique et sa capacité à naviguer dans les complexités de la cour marocaine, son rôle de femme influente dans une société dominée par les hommes étant particulièrement remarquable. Elle a laissé un héritage en tant que figure maternelle et stabilisatrice dans l’histoire du Maroc, contribuant à la continuité et à la solidité de la dynastie alaouite. Sa capacité à exercer le pouvoir dans une période critique a marqué l’histoire du Maroc, faisant d’elle une femme exceptionnelle et une figure clé de la dynastie alaouite.
Sources :
- Magali Morsy, dans Les Africains, t. I., Paris, 1977, p. 169-198.
- Voir aussi « Lalla Khenatha » dans « Femmes, d’Afrique ».