La révolte des Zandj

Zandj est le nom donné en Irak aux esclaves noirs originaires d’Afrique orientale, et déportés vers l’Irak abbasside. La côte des Zandj s’étendait de la Somalie jusqu’au Mozambique. Les Zandj qui ne sont nourris que d’un peu de farine, de semoule et de dattes sont principalement employés dans les marais salants situés au sud du pays pour dessaler et irriguer les terres destinées à l’agriculture. 

A plusieurs reprises, les Zandj se révoltent contre les mauvais traitements que leur font subir les Arabes Abbasides. Deux révoltes ont lieu en 689/690 et 694, mais la plus importante dure quinze ans (de 868 à 883). Elle va perturber tout le sud de l’Irak actuel et le Khûzistan et entrainer la mort de dizaines voire de milliers de mort. C’est la plus grande révolte d’esclaves dans l’histoire du monde musulman.

On ne possède pas beaucoup d’informations sur le leader de la révolte. On sait qu’il s’appelle Ali ibn Muhammad, surnommé « Sâhib al-Zanndj » (le Maitre des Zandj). C’est un Arabe érudit qui a pu approcher l’élite musulmane, mais on ne connait pas ses origines. Plusieurs raisons expliquent ce soulèvement d’esclaves : la misère des esclaves, la faiblesse du pouvoir musulman, et les qualités personnelles d’Ali ibn Muhammad.

La révolte des Zandj connait deux périodes : la période des conquêtes (869 – 879) et la période de l’effondrement (879 – 883).

• La période des conquêtes (869 – 879)

Les esclaves se procurent des armes et lancent des raids contre les musulmans. Ils prennent des villes importantes du bas Irak et du Khuzistan. Ils parviennent jusqu’à Djardharaya, à 110 km de Bagdad. Leur armée grossit avec les nouveaux esclaves libérés. Les Zandj organisent leur État, et frappe leur propre monnaie. 

• La période de l’effondrement (879 – 883)

A partir de 879, les choses changent. Le prince héritier des Abbassides prend l’offensive décide de s’occuper définitivement de ce problème « zandj ». Il écrase peu à peu la révolte. L’insurrection se termine en 883, après plusieurs années de siège. Ali ibn Muhammad est tué, et ses proches sont faits prisonniers et sont exécutés à Bagdad. 

La révolte va marquer l’Islam dans son ensemble. Elle va contribuer à diffuser une image négative des Noirs dans le monde musulman. Elle a entrainé la mort de centaines de milliers de personnes, et a dévasté la région. Elle a contribué à affaiblir temporairement la force militaire des Abbassides qui ont dû utiliser leurs troupes pour mater la rébellion plutôt que pour poursuivre les conquêtes. 

Sources : Alexandre Popovic, La révolte des Zandj, esclaves noirs importés en Mésopotamie, dans Cahiers de la Méditerranée, n°65, 2002 ; Yusof Talib, La diaspora africaine en Asie, dans Mohammed El Fasi, et Ivan Hrbek, dir., Histoire générale de l’Afrique, vol. III : L’Afrique du VIIe au XIe siècle, Paris, 1990, p. 749 – 778.