La reine Pokou

Abla Pokou, également connue sous le nom d’Abraha Pokou, Reine Pokou, est une figure historique et légendaire de l’Afrique de l’Ouest, célèbre pour avoir guidé le peuple Baoulé en Côte d’Ivoire.

Née au début du XVIIIe siècle dans le royaume Ashanti, situé dans l’actuel Ghana, elle appartient à la famille royale et est connue pour sa sagesse et son leadership. Au cours de sa vie, des conflits de succession éclatent au sein du royaume Ashanti, entraînant des luttes internes. Pour protéger son peuple des conséquences de ces luttes, Abla Pokou pend la décision courageuse de conduire un groupe de fidèles vers l’ouest. 

La légende raconte qu’au cours de cette migration, le groupe d’Abla Pokou se retrouve face à une grande rivière infranchissable. Pour permettre à son peuple de traverser, elle fait un sacrifice ultime, offrant son propre fils aux esprits de la rivière. À la suite de cet acte, les eaux se seraient retirées, permettant au groupe de traverser et de s’installer dans une nouvelle région. Abla Pokou nomme alors son peuple les « Baoulé », signifiant « l’enfant est mort », en mémoire de ce sacrifice. Sous sa direction, les Baoulé se développent en une communauté prospère et influente, devenant l’un des groupes ethniques majeurs de la Côte d’Ivoire. La légende de leur origine est une composante centrale de l’identité culturelle des Baoulé. 

L’héritage d’Abla Pokou est riche et symbolique. Elle est vénérée non seulement comme fondatrice et chef sage, mais aussi comme un modèle de courage, de sacrifice et de leadership féminin. Son histoire, transmise de génération en génération par la tradition orale, continue d’influencer la culture Baoulé contemporaine. Elle incarne l’idée que les dirigeants doivent parfois faire des sacrifices personnels pour le bien de leur communauté. Abla Pokou est célébrée dans la littérature, le théâtre et les arts visuels africains, et son influence s’étend bien au-delà de la communauté Baoulé, étant reconnue comme une figure nationale et un exemple de leadership en Côte d’Ivoire. 

Sources :

• Véronique Tadjo, Reine Pokou: Concerto pour un sacrifice, Actes Sud, 2005. 
• Sylvia Serbin, Reines d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire, éditions Sepia, 2018.
• Voir aussi « La reine Pokou » dans « Femmes, d’Afrique ».