Personnages Historiques

1684 — 1706 (Angola / Congo (RDC))

Kimpa Vita

Kimpa Vita, Kimpa Mvita, Cimpa Vita, Tshimpa Vita ou encore Béatrice du Congo, née vers 1684 à Mbanza Kongo (Angola actuel) et décédée en 1706, est une figure emblématique de l’histoire du Kongo, une région aujourd’hui partagée entre le nord de l’Angola et le sud-ouest de la République Démocratique du Congo. Elle est reconnue non seulement pour son rôle religieux, mais aussi comme un symbole puissant du nationalisme et de la résistance anti-coloniale. 

À la fin du XVIIe siècle, le royaume du Kongo est plongé dans une crise politique, sociale et religieuse exacerbée par les conflits internes, les incursions portugaises et l’influence croissante des missions chrétiennes européennes. Dans ce contexte troublé, Kimpa Vita émerge comme une prophétesse charismatique. Elle revendique des visions mystiques de Saint Antoine de Padoue et fonde un mouvement messianique connu sous le nom de « Kimpasi » ou « Antoineïsme ». Ce mouvement ne se contente pas de prôner un retour aux traditions religieuses locales ; il constitue également une réaction directe à l’oppression coloniale portugaise. 

En affirmant que son apparition divine vise à restaurer la grandeur du royaume du Kongo et à libérer le peuple de l’occupation portugaise, Kimpa Vita incarne un puissant symbole de résistance contre la colonisation. Elle développe une version syncrétique du christianisme qui fusionne les éléments de la religion traditionnelle du Kongo avec les enseignements chrétiens, tout en affirmant l’autonomie culturelle et nationale face à l’influence étrangère. 

Cependant, ses idées et son action sont perçues comme une menace par les autorités coloniales portugaises et les élites locales. En 1706, Kimpa Vita est arrêtée, jugée pour hérésie et sorcellerie, puis brûlée sur le bûcher. Son mouvement est réprimé, mais son héritage perdure. 

Kimpa Vita est célébrée non seulement comme une héroïne religieuse, mais aussi comme une figure majeure du nationalisme et de l’anti-colonialisme. Son histoire illustre la complexité des interactions entre les cultures africaines et les puissances coloniales européennes, et elle reste un symbole de la lutte pour la préservation de l’identité culturelle et de l’autonomie politique en Afrique centrale. 

 Sources :

  • Sylvia Serbin, Reines d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire, éditions Sepia, 2018.  
  • Catherine Coquery-Vidrovitch, Les Africaines : Histoire des femmes d’Afrique subsaharienne du XIXe au XXe siècle, La découverte/poche, 2013. 
  • Voir aussi « Béatrice du Congo » dans « Femmes, d’Afrique ».