Personnages Historiques

1830 — 1905 (Namibie)

Hendrik Witbooi

Hendrik Witbooi (vers 1830 – 29 octobre 1905) est un chef traditionnel nama et l’un des principaux résistants africains à la colonisation allemande dans le Sud-Ouest africain, territoire correspondant à l’actuelle Namibie. Chef du peuple ǀKhowesin (aussi appelés Witbooi Nama, du nom de sa famille), il est aujourd’hui considéré comme un héros national namibien.

Issu d’une famille de chefs et éduqué dans les missions chrétiennes, Witbooi est un homme instruit, multilingue et lettré. Il parle le néerlandais, l’allemand, l’anglais et plusieurs langues africaines. Il tient un journal personnel, utilise l’écriture dans ses relations diplomatiques, et entretient une correspondance politique avec certains officiers allemands.

Dès les années 1880, Witbooi observe avec méfiance l’extension de l’influence allemande sur son territoire. Il refuse de signer les traités d’alliance proposés par les autorités coloniales, affirmant son autonomie politique et son refus d’être traité comme un subordonné. Face à l’expansion allemande et aux rivalités entre groupes africains, il tente d’unifier les Nama sous son autorité, ce qui entraîne aussi des conflits avec d’autres chefs comme Simon Koper.

En 1893, les tensions avec l’Empire allemand se transforment en conflit armé. Malgré des victoires initiales, Witbooi subit une défaite militaire importante. En 1894, il accepte de signer un traité de paix avec le gouverneur Leutwein, devenant officiellement un allié de l’Allemagne tout en continuant à protéger ses intérêts locaux.

Mais cette paix est fragile. En 1904, lorsque les Hereros se soulèvent contre la colonisation, Hendrik Witbooi reprend les armes aux côtés d’autres groupes nama. Il meurt au combat le 29 octobre 1905.

Aujourd’hui, Hendrik Witbooi est célébré comme une figure de la résistance africaine. Il incarne la complexité des relations entre les chefs africains et les puissances coloniales : entre diplomatie, guerre, compromis et révolte. En Namibie, il est honoré sur les billets de banque et dans de nombreux lieux publics. Sa maison, ses lettres et son journal sont conservés comme des témoignages historiques majeurs.

Sources :

  • Votre paix sera la mort de ma nation, Lettres de guerre d’Hendrik Witbooi, capitaine du Grand Namaqualand, présentées et annotées par Jocelyn Nayrand et Dominique Bellec, Le Pré-Saint-Gervais, Éditions Le passager clandestin, 2011.
  • Les journaux épistolaires d’Hendrik Witbooi.