1201 - 1500 (Zimbabwe)
Grand Zimbabwe
Clés de compréhension du document
A. Approches possibles du document dans le cadre d’un cours d’histoire
- Les grandes formations politiques africaines avant la colonisation : une cité puissante, bien structurée, dotée d’une architecture monumentale.
- L’histoire de l’Afrique par ses sources matérielles : vestiges archéologiques, circulation des métaux, artisanat.
- Les récits coloniaux et leur remise en question : longtemps niée, l’origine africaine du site a été effacée par des récits pseudo-historiques racistes.
- L’intégration aux réseaux commerciaux mondiaux : Grand Zimbabwe était connecté à la côte orientale de l’Afrique et participait aux échanges avec le monde islamique et l’Asie.
B. Contextes du document
1. Royaume de Zimbabwe (XIIIe – XVe siècle)
Lorsque les Européens découvrirent les ruines imposantes de Grand Zimbabwe à la fin du XIXe siècle, ils refusèrent d’y voir l’œuvre d’Africains. Influencés par des préjugés coloniaux, ils attribuèrent ces constructions à des civilisations exotiques comme les Égyptiens ou la reine de Saba. Pourtant, ces murs de pierre sèche témoignent du génie architectural des sociétés bantoues.
Capitale d’un puissant royaume entre le XIIIe et le XVe siècle, Grand Zimbabwe contrôlait un vaste territoire et des routes commerciales d’envergure. Grâce à l’or, l’ivoire, le cuivre et les produits d’élevage, ses élites bâtirent leur autorité sur le contrôle des échanges, locaux et internationaux. La ville développait aussi un artisanat textile destiné aux provinces intérieures.
Ce réseau d’enclos monumentaux à travers le Zimbabwe actuel évoque une domination politique structurée, comparable à celle des cités côtières, mais ancrée dans l’intérieur du continent. Avant lui, le royaume de Mapungubwe jouait un rôle similaire sur les rives du Limpopo. Après le déclin du royaume de Zimbabwe, l’empire du Monomotapa se développe sur les mêmes régions mais s’étendra plus au nord. Il poursuivra le commerce avec les marchands arabes et portugais.
2. Grand Zimbabwe
Grand Zimbabwe est un vaste ensemble de ruines en pierre situé dans le sud du Zimbabwe actuel, érigé entre le XIIIe et le XVe siècle, au cœur d’un royaume puissant. Le site se distingue par :
- Un grand enclos en pierre sèche, sans mortier, témoignant d’un savoir-faire technique local exceptionnel.
- Une organisation politique centralisée autour d’une élite dirigeante qui contrôlait les ressources (or, ivoire, bétail, fer) et les échanges.
- Un réseau de cités secondaires similaires réparties sur le plateau zimbabwéen.
Grand Zimbabwe a prospéré grâce à un système complexe d’exploitation et de redistribution des ressources, combinant agriculture, élevage, artisanat (textile, métallurgie) et commerce à longue distance.

C. Points d’attention
- Un récit colonial à déconstruire : les premiers visiteurs européens ont refusé de croire que des Africains aient pu construire un tel site. Ils ont attribué les ruines à des peuples étrangers (phéniciens, égyptiens, etc.), reflétant des préjugés racistes largement répandus au XIXe siècle.
- Un patrimoine africain majeur : reconnu aujourd’hui par l’UNESCO comme patrimoine mondial, Grand Zimbabwe est un symbole de la grandeur historique de l’Afrique précoloniale. Il a d’ailleurs donné son nom au pays actuel.
- Une mémoire encore à reconstruire : longtemps absente des manuels ou marginalisée, l’histoire du Grand Zimbabwe offre un point d’entrée concret pour questionner les absences et silences dans les récits scolaires dominants.
D. Pour aller plus loin :
- Philippe Beaujard, Le monde swahili, dans François-Xavier Fauvelle, dir. L’Afrique ancienne, Belin, 2018, p. 143 – 168.