Frans Buelens, "Capitalisme"
« (…) Le Congo belge maintient un certain nombre de pratiques de l’État Indépendant du Congo, comme la confiscation de terres. (…) L’accent est mis sur un développement plus durable en vue de maximiser les rendements. Un rapport présenté au Sénat en 1920-1921 le formule comme suit : »Le principe (…) est (…) d’outiller la Colonie de manière à ce qu’elle puisse donner à la Belgique le rendement dont elle est susceptible, comme une usine, qu’on désire faire produire [qui] doit d’abord être montée. » (…) Pendant longtemps la colonisation a été présentée comme une entreprise généreuse et pleine d’abnégation, motivée par le désir de « développer » le Congo. Or, rien n’est moins vrai. Le Congo fut conçu comme un paradis des affaires. (…) Le Congo devait ‘rapporter » : fournir des matières premières à la « métropole », générer des revenus, procurer des bénéfices aux investisseurs, tout en étant financièrement autosuffisant. Ces ambitions se réalisèrent : le Congo belge devint l’une des colonies les plus rentables au monde. Mais au prix de conséquences désastreuses pour le pays et sa population à bien des égards. »
Frans Buelens, Capitalisme, dans Idesbald Goddeeris, Amandine Lauro et Guy Vanthemsche, Le Congo colonial. Une histoire en questions, Waterloo, La Renaissance du Livre, 2020, p. 136-139.
Frans Buelens est un économiste belge, senior researcher à l’Université d’Anvers.