Évènements

1958

Décolonisation française en Afrique occidentale

Les colonies françaises d’Afrique occidentale sont réunies au sein de l’Afrique-Occidentale française (A-OF). À l’inverse du Royaume-Uni, la France décide d’élaborer une politique d’ensemble pour ses colonies d’Afrique qui mènera aux indépendances de 1958-1960. Toutefois, jusqu’au milieu des années 1950, la France n’envisage pas de donner l’indépendance totale à ses colonies d’Afrique, mais imagine plutôt une communauté autonome dont la politique extérieure serait aux mains de la France. De plus, les futurs leaders des États indépendants ne sont pas d’accord entre eux sur le futur des relations avec la France ni sur le fait de maintenir ou non une fédération pour l’A-OF.

La Conférence de Brazzaville (janvier-février 1944) rassemble les administrateurs coloniaux. On s’accorde sur l’amélioration des conditions de vie, la fin des pratiques oppressives (travail forcé notamment), et la nécessité d’inclure les élites africaines dans la gestion des colonies. Toutefois, il n’est pas question d’envisager une indépendance de ces territoires. Les colonisés deviennent des citoyens français, et on assiste à un développement économique et social des territoires. Des assemblées élues sont créées dans chaque colonie. On reconnait une certaine autonomie aux territoires au sein d’une République indivisible, mais le suffrage universel ne sera instauré qu’en 1956 avec la loi-cadre Deferre. Avant cela, seule une minorité de la population peut voter. Les partis politiques dans l’Afrique-Occidentale française ont la particularité de regrouper plusieurs territoires comme le RDA (Rassemblement démocratique africain) fondé à l’initiative  de Félix Houphouët-Boigny. Malgré une certaine ouverture de la France, les répressions continuent, et de nombreux acteurs politiques africains subissent arrestation, tortures, et violence diverses.

Après l’effervescence des années 1940, on ne parle plus vraiment d’autonomie jusqu’à la fin des années 1950 et le retour au pouvoir, en France, du général de Gaulle. On se préoccupe davantage de l’avenir de la fédération des États d’Afrique occidentale, souhaitée entre autres par Léopold Sédar-Senghor (Sénégal), et Lamine Gueye (Sénégal). Houphouët-Boigny (à la tête de la Côte-d’Ivoire et territoire le plus riche d’Afrique occidentale) rejette finalement l’idée. En 1958, la France organise un référendum en Afrique pour savoir si les territoires souhaitent maintenir leurs liens avec la France au sein d’une communauté franco-africaine, et donc au sein de la République française . Seule la Guinée refuse l’idée et accède à l’indépendance en 1958. Un gouvernement et un parlement propres sont établis dans chaque territoire, mais la France gère toujours la politique extérieure. Les différents territoires tentent de créer des projets de fédération, mais tous échouent. Finalement, les États accèdent à l’indépendance en 1960 dans leurs frontières coloniales, et la mort du projet de fédération permet à la France de garder l’ascendant sur ses anciennes colonies.

Sources :

  • Robequain Charles. L’Afrique occidentale française. Dans: Annales de Géographie, t. 60, n°320, 1951. pp. 218-220.

  • eguil-Bayart Jean-François. L’Union des populations du Cameroun et la décolonisation de l’Afrique « française ».. Dans: Cahiers d’études africaines, vol. 18, n°71, 1978. pp. 447-457