Évènements

1960

Décolonisation belge en Afrique centrale

L’autorité coloniale belge fait tout pour retarder la marche vers l’indépendance malgré des mécontentements et des manifestations violentes. La Belgique entreprend quelques réformes timides, mais refuse d’associer l’élite congolaise (qualifiée de « évolués ») à la gestion de la colonie. Le colonisateur renforce l’influence de la chefferie, en contradiction totale avec l’évolution de la société congolaise et de l’apparition d’une  bourgeoisie. Dans les années 1950, la colonie connait un taux de croissance très élevé, et donne l’illusion d’une colonie modèle. Les taux d’alphabétisation, le deuxième d’Afrique, cache une réalité moins reluisante. La Belgique insiste pour le développement de l’enseignement primaire, utile à l’économie de la colonie, mais pas celui de l’enseignement secondaire et supérieur qui reste très peu accessible à la population congolaise. Ce n’est qu’en 1956 que la Belgique commence à prendre conscience qu’elle ne pourra pas maintenir indéfiniment son emprise sur le Congo. L’Abako, un mouvement culturel chrétien devenu parti politique, réclame une indépendance rapide, Lumumba crée le MNC (Mouvement national congolais) en 1958. Des émeutes éclatent en 1959 à Léopoldville (Kinshasa). Dans la précipitation, la Belgique accorde l’indépendance aux Congolais. Deux conférences ont lieu entre les Belges et les Congolais, et l’indépendance est proclamée le 30 juin 1960. À cause d’investissements britanniques, américains, français ou encore sud-africain, la gestion de l’après-indépendance s’internationalise. Le discours anticolonialiste de Lumumba, devant le roi Baudouin va pousser les Européens à se méfier de lui, et marque le début de manœuvres qui entraineront le Congo dans la crise.

La Belgique avait reçu un mandat sur le Rwanda et le Burundi après la Première Guerre mondiale. Ce sont d’anciennes possessions allemandes reçues en récompense par la Belgique. Dans ces territoires, assez semblables, on retrouve une ancienne aristocratie (Tutsi) sur laquelle vont s’appuyer les colonisateurs allemands puis belges, et une masse paysanne importante (Hutu). Après 1945, l’ONU met la pression sur la Belgique pour qu’elle entreprenne une démocratisation de ces territoires, les partis politiques sont autorisés. Au Rwanda, dans les années 1950,  les Hutu s’émancipent des Tutsi, et le pays s’émancipe de la Belgique. En novembre 1959, les Hutu massacrent des dizaines de milliers de Tutsi et le parti hutu le plus puissant le Parmehutu exige l’abolition de la monarchie tutsi qui sera remplacée par une République. En 1962, le pays obtient son indépendance sous la présidence de Grégoire Kayibanda, mais les conflits raciaux ne sont pas finis pour autant.

Au Burundi, la décolonisation sera moins violente, et respecte mieux la hiérarchie traditionnelle. Les Tutsi maintiennent leur prééminence après les élections. Le pays devient autonome en 1961 et indépendant en 1962. Une monarchie constitutionnelle est instaurée, à l’exemple de la monarchie belge. Toutefois, le régime devient autocratique et cède la place à une République en 1966.

Sources :

  • Borgies, Loïc. « L’interprétation du patrimoine colonial belge dans l’espace public Questionner la «décolonisation» par le regard de l’historien. » Mentions légales: 102.
  • Rossinelli Fabio. Une enquête historique sur L’Afrique explorée et civilisée (1879-1894), la revue de Gustave Moynier. Dans: Le Globe. Revue genevoise de géographie, tome 161, 2021. Écologie théorique et pratique. pp. 163-184.