Chapitre 6. Les conséquences du gangstérisme
Germain Kuna Maba Mambuku
Dans Le phénomène Kuluna à Kinshasa, Pages 95-96 (Editions M.E.S)
CHAPITRE VI
LES CONSEQUENCES DU GANGSTERISME
1. LA RECRUDESCENCE DE LA VIOLENCE
La violence est une pratique nocive qui astreint l’autre dans des conditions non conformes à sa liberté individuelle. Marguerat définit la violence comme « des actes ouvertement et intentionnellement agressifs par les quels on use la force pour imposer sa volonté à autrui, à l’exclusion de diverses situations d’oppression virtuelle. [1]»
C’est ce que font justement les gangsters développent une force contraignante très nuisible leur permettant de défier quiconque, même les autorités publiques. La mise en exergue de cette force correspond à la matérialisation de la violence. Cette violence du reste sauvagement exhibée, remodèle et fait exploser la société. Elle finit par s’imposer comme une réalité sociale normale. Elle arrache même à l’Etat son monopole de la contrainte physique.
Les agressions physiques, les coups et blessures sont devenus monnaie courante. Cette situation déprimante, comme on peut s’en rendre compte, altère considérablement la sécurité des personnes et des biens.
2. LA RECRUDESCENCE DES CRIMES
Les crimes organisés constituent l’apanage des gangsters. C’est chaque jour qu’ils accumulent crimes sur crimes.
C’est ainsi que nous remarquons de manière exponentielle
- un taux toujours croissant des incursions à domicile ;
- un taux surélevé des vols à main armée ;
- de nombreux cas d’assassinats dans la ville,
- l’organisation des hold up en pleine journée ;
- les enlèvements de nombreuses personnes ;
- la justice de la rue, …
Les cas ci haut mentionnés causent un climat d’insécurité constant dans la ville. D’où la phobie de plusieurs personnes qui redoutent de sortir à des heures tardives de la nuit et d’entreprendre une quelconque activité visible. C’est une situation de terreur qui s’installe tant chez l’individu que dans la conscience collective.
Tout porte à admettre que les gangsters sont les auteurs de cette situation affligeante. La situation devient plus alarmante encore une fois que les militaires, déserteurs ou non s’associent à ces gangsters.
3. LES TROUBLES A L’ORDRE PUBLIC
L’œuvre des gangsters consiste aussi à troubler l’ordre public. C’est bien là une nouvelle forme de barbarie que les gangsters viennent d’habituer la population de Kinshasa. Se comportant en maîtres absolus, ils ont appris à dicter et à faire respecter leur loi. Ils se sont donc mués en « autorité publique », bafouant ainsi les lois du pays. Ainsi ont-ils réussi à créer des zones chaudes dans la ville où ils demeurent et se comportent en véritables hobereaux.
Dans un autre axe, les gangsters passent pour des professionnels dans les barricades de la voie publique. Ils sont aussi réputés pour des violents affrontements avec les forces de l’ordre qui les maîtrisent difficilement. Ce sont des scénarios macabres de désordre que ces hors la loi créent dans des quartiers.
Notes de bas de page
[1] MARGUERAT, Y., art.cit, p.667.