Supports pédagogiques

-20000 (Congo (RDC))

Bâtons d'Ishango

Bâtons d’Ishango, os, quartz, 10 cmsource: © Institut royal des sciences naturelles de Belgique

Clés de compréhension du document

A. Approches possibles du document dans le cadre d’un cours d’histoire
  • Une déconstruction des préjugés sur l’Afrique “sans histoire”, en montrant une invention intellectuelle très ancienne.
  • Les origines de la pensée scientifique : Ce document archéologique témoigne d’une forme de calcul ou de symbolisation datant de plus de 20 000 ans.
  • Les savoirs scientifiques dans les sociétés « préhistoriques » africaines.
  • L’histoire des techniques préhistoriques : L’usage de l’os, les marques gravées, les outils de chasse et les objets du quotidien montrent les capacités d’abstraction et d’adaptation des populations préhistoriques.
  • Un patrimoine africain oublié ou méconnu : Le bâton est un objet conservé dans un musée européen, ce qui permet d’ouvrir un débat sur la conservation, la restitution et la valorisation des savoirs africains.
B. Contextes du document
1. Ishango

Le site d’Ishango se situe dans le nord-est de la République démocratique du Congo, au bord du lac Édouard, dans le Parc national des Virunga. Il a été découvert en 1935, puis fouillé dans les années 1950 par Jean de Heinzelin, géologue belge.

Les objets les plus célèbres mis au jour sont deux bâtons d’os gravés d’encoches, datés d’environ 20 000 ans avant notre ère. L’un d’eux présente des séries de marques qui ont été interprétées comme des calculs mathématiques (doubles, moitiés, nombres premiers…), ce qui en ferait un des premiers témoignages de pensée mathématique dans le monde.

Ces objets sont souvent considérés comme une forme de proto-calculatrice, ou du moins un outil de comptage complexe, soulignant une maîtrise abstraite des nombres dans une société préhistorique de chasseurs-pêcheurs.

Certaines hypothèses interprètent ces encoches comme :

  • des systèmes de comptage (par 10, 12, ou 60) ;
  • une forme de calendrier ;
  • un outil de calculs (avec des opérations d’addition, de soustraction, de doublement ou de division) ;
  • un objet rituel ou symbolique lié à la fécondité ou à l’astronomie.

Pour aller plus loin  :

C. Points d’attention 
  • Ne pas surinterpréter : Le sens précis des marques reste inconnu. Plusieurs hypothèses existent, mais aucune n’est définitivement prouvée. Il est important d’aborder le document avec prudence, sans projeter des savoirs contemporains sur une réalité préhistorique.
  • Remettre en cause les récits eurocentrés : Ce document préhistorique africain montre que les mathématiques ou les formes d’écriture symbolique ne sont pas nées uniquement en Mésopotamie ou en Grèce, mais qu’elles ont aussi des racines africaines.
  • Penser les savoirs hors des écrits : Ce n’est pas parce qu’une société ne laisse pas de textes qu’elle n’a pas développé de savoirs complexes. Ishango en est une preuve matérielle puissante.
  • Un objet africain dans un musée européen : Le bâton d’Ishango est conservé à Bruxelles. Cela interroge les circulations et appropriations du patrimoine africain, ainsi que les questions de restitution et de visibilité.
D. Pour aller plus loin :