1375
Atlas catalan
Clés de compréhension du document
A. Approches possibles du document dans le cadre d’un cours d’histoire
- Introduction aux grands empires d’Afrique de l’Ouest (Mali, Ghana, Songhaï) dans le programme du Moyen Âge.
- Réflexion sur les représentations croisées : comment un souverain africain est représenté par un cartographe européen au XIVe siècle.
- Travail sur les sources visuelles médiévales, en croisant les approches géographiques, historiques et artistiques.
- Déconstruction des stéréotypes : valoriser l’image d’un souverain africain puissant, riche, et intégré aux circuits mondiaux, loin des clichés sur une Afrique en marge de l’histoire mondiale.
B. Contextes du document
1. L’Empire du Mali
L’Empire du Mali s’est développé à partir du XIIIe siècle, dans la région du haut Niger, en Afrique de l’Ouest. sous le règne de Soundiata Keïta (1217 – 1255). Il atteint son apogée au XIVe siècle, sous le règne de Kankan Moussa (aussi appelé Mansa Musa, mort vers 1337). Le Mali contrôlait les principales routes commerciales transsahariennes, notamment celles du sel, de l’or, et des esclaves.
Son organisation politique reposait sur une capitale (Niani), des provinces gouvernées par des représentants du Mansa, et des alliances avec des élites locales. L’islam y jouait un rôle croissant, en particulier dans les villes comme Tombouctou ou Gao.
Le pèlerinage de Mansa Musa à La Mecque (1324-1325), accompagné de milliers de personnes et de centaines de kilos d’or, marque un moment symbolique de reconnaissance du pouvoir malien sur la scène internationale.
2. L’atlas catalan
Réalisé vers 1375 à Majorque par le cartographe juif Abraham Cresques, l’Atlas catalan est un ensemble de cartes mêlant savoirs arabes, européens et africains. Il représente le monde connu de l’époque, en y intégrant des personnages, des anecdotes et des légendes. Cet atlas est un cadeau destiné au roi de France Charles VI.
Sur la carte de l’Afrique, Mansa Musa y apparaît assis sur un trône, couronné, tenant un gros lingot d’or dans la main droite, avec cette légende :
« Ce roi est le plus riche et le plus noble seigneur de toute cette région par l’abondance de l’or qui se receuille en ses terres. »
Cette image européenne, bien que stylisée et stéréotypée, atteste de la notoriété du souverain africain jusqu’en Méditerranée. Elle montre également comment les richesses du Mali alimentaient l’imaginaire médiéval et les circuits commerciaux vers l’Europe et le Moyen-Orient. La représentation de Kankan Moussa n’est pas réaliste et les symboles royaux qu’il arbore sont des figurations européennes conventionnels de l’époque.
Cartes disponibles sur Bokundoli :
Leçon sur Bokundoli Les anciens Etats de l’Afrique occidentale.
C. Points d’attention
- Faire travailler les élèves sur les codes de représentation médiévaux : Mansa Musa y est représenté selon des conventions européennes (couronne, trône), qui ne correspondent pas à la réalité locale. L’Atlas catalan place l’Afrique dans une représentation symbolique et partielle du monde. La géographie est mêlée à des éléments imaginaires, religieux ou politiques. Il ne faut pas confondre carte scientifique et carte idéologique.
- Soulever la question de la diffusion de l’information au Moyen Âge, entre oralité africaine, écriture arabe, et iconographie européenne.
- Insister sur le rôle de l’Afrique dans les circuits économiques mondiaux, loin des discours de marginalisation. La présence de Mansa Moussa dans cette carte montre que l’Afrique de l’Ouest était connue et intégrée aux réseaux commerciaux mondiaux, notamment par les routes transsahariennes et les circuits du pèlerinage. Cela contredit l’idée d’une Afrique isolée ou en marge.
- La figure de Mansa Moussa et la question de l’or. La carte met en avant Mansa Moussa (Kankan Moussa) avec une couronne, un sceptre et une boule d’or dans la main. C’est l’image d’un roi immensément riche, et c’est cela que retiennent les Européens. L’Atlas catalan fixe ainsi un mythe de l’Afrique dorée, nourri par le pèlerinage de Mansa Moussa à La Mecque (1324), où il aurait distribué tant d’or qu’il fit chuter son prix en Égypte. Il faut veiller à ne pas présenter Mansa Moussa uniquement comme « l’homme le plus riche de l’histoire », une lecture réductrice très présente sur internet. Ce document est aussi une porte d’entrée vers une compréhension plus globale du fonctionnement politique, économique et culturel de l’Empire du Mali.
D. Biographies
E. Pour aller plus loin :
- François-Xavier Fauvelle, Ghâna, Mâli, Songhay, royaumes courtiers du Sahel occidental, dans François-Xavier Fauvelle, dir. L’Afrique ancienne, Belin, 2018, p. 171 – 198.
- Djibril Tamsir Niane, Le Mali et la deuxième expansion manden, dans Histoire générale de l’Afrique, IV : L’Afrique du XIIe au XVIe siècle, 1987 p. 141 – 196.