Concepts

Démocratie

La démocratie est un système politique où le peuple est souverain et dirige ainsi l’Etat par le biais de ses représentants. Comme l’a déclaré l’ancien président américain Abraham Lincoln, « La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.» Dans les sociétés occidentales la démocratie s’est imposée face aux autres régimes politiques comme la monarchie absolue, l’autoritarisme et le totalitarisme. La démocratie a ensuite été exportée aux quatre coins du monde par la colonisation et la globalisation.  La communauté internationale voit la démocratie comme un critère indispensable pour un Etat de droit. Ainsi celle-ci a rendu la démocratie une condition de reconnaissance de gouvernement ou d’un Etat.

En Afrique, les années 60 ont été caractérisées par des régimes autoritaires à parti unique. Après les indépendances et le long règne de certains chefs d’Etats, les coups d’états se sont succédé en Afrique subsaharienne. C’est dans les années 90 que de nombreux pays africains ont adhéré au régime démocratique non sans difficulté. Les pays francophones comme la RDC, le Congo, le Bénin, le Gabon, le Togo et le Tchad ont organisé des conférences nationales dans la perspective de transition démocratique. Ces initiatives ont été poussées par des revendications populaires de natures démocratique. La pression de la communauté internationale a également forcé les chef d’Etat africains à la négociation avec la société civile.

Cette transition démocratique pacifique eut du mal à résister face aux despotismes de certains chefs d’états et politiques tribales. L’échec de cette vague de démocratisation fut une désillusion pour la société civile de ces pays et la communauté internationale. Certains observateurs occidentaux en sont arrivés à la conclusion que l’Afrique n’était pas compatible avec les valeurs démocratiques ou du moins qu’elle n’était pas prête pour la démocratie. Cette conclusion peut être mise en déroute par l’histoire précoloniale de certaines nations africaines. En effet, la structure des royaumes d’Afrique subsaharienne était fortement décentralisée avec des pouvoirs locaux forts. La décentralisation du pouvoir politique et le processus de prise de décision dans le royaume n’étaient pas éloignés du système suisse actuel. On peut également voir des ressemblances dans l’organisation de ses royaumes et la monarchie parlementaire britannique. Dans les royaumes d’Afrique de l’Ouest, les affaires locales se réglaient sous l’arbre à palabre où la population et leurs représentants statuaient et légiféraient. Nous pouvons déjà voir une volonté de représentation et une participation des populations dans les affaires publiques. Dans le nord du Togo, le choix des chefs se faisait par une forme d’élection directe. En effet, les peuples s’alignaient derrière leurs candidats favoris. Les systèmes de gouvernances africaines dans les sociétés précoloniales ont donc été remplacé par des systèmes occidentaux sans une prise en compte des spécificités des territoires colonisés. Le morcellement territorial de l’Afrique à partir de la conférence de Berlin, a également modifié et rompu l’équilibre entre les différentes ethnies des royaumes. Créer des nouvelles nations s’est donc avéré nécessaire. Ce constat explique en partie le choix de régime adopté les chefs d’Etat africains après les indépendances. Ces derniers ont opté pour un régime autoritaire à parti unique, justifié par la nécessité de construire une nation unifiée et forte avec des multitudes des minorités ethniques. Ce choix a accentué les conflits inter-ethniques et a renforcé le tribalisme.

Malgré les difficultés des pays africains à adhérer totalement à la démocratie, des avancées notables sont à remarquer dans plusieurs pays. Le processus de démocratisation suit son cours. Des multiples accords, traités internationaux, continentaux et régionaux, contribuent à la construction d’un cadre propice à une véritable démocratie. La Charte africaine de la

Démocratie et des élections est un traité affirmant cette volonté des pays africains à promouvoir la démocratie, le principe de l’Etat de droit et les droits de l’homme. L’exemple du Ghana est assez parlant. Depuis 1993, le pays a un régime démocratique interrompu. Débarrassés de leurs démons, certains pays africains construisent les bases nécessaires pour une véritable démocratie. D’autres sont toujours traversent par des conflits sociaux préparant l’avènement de la démocratisation.

Sources

  • Sakpane-Gbati Biléou, « La démocratie à l’africaine », Éthique publique [En ligne], vol. 13, n° 2 | 2011, mis en ligne le 30 octobre 2012, consulté le 10 octobre 2022. URL : https://journals.openedition.org/ethiquepublique/679
  • Quantin Patrick, « La démocratie en Afrique à la recherche d’un modèle » dans Le Seuil , , n° 129, 2009/2, p. 65-76.